Le député Eric Raoult s’en est pris à Marie NDiaye , lauréate du dernier prix Goncourt, lui reprochant des propos qu’il juge irrespectueux voire scandaleux à l’égard de la France et demande au ministre de la Culture, Frédéric Mitterand, de rappeler aux primés un «nécessaire devoir de réserve».
Raoult voudrait ainsi rabaisser les prix (littéraires) au rang de hochet et faire de ses bénéficiaires des valets serviles de la République.
Outre que cette démarche illustre parfaitement les propos de Marie NDiaye ( sur l’Etat policier, répressif, sur l’« athmosphère de flicage »), on peut se demander quelle mouche a piqué Eric Raoult qui s’en prend à une artiste dont l’expression doit être libre, absolument libre, si on souhaite une création sans freins ni censure. Doit-on lui rappeler que le prix Goncourt n’est pas une récompense étatique ou ministérielle comme le seraient par exemple les Palmes académiques ou la Légion d’honneur, dont les récipiendaires sont tenus à un certain respect, une certaine réserve, voire à un code d’honneur ?
Ne serait-il pas mieux inspiré de s’en prendre à certains qui, décorés de la Légion d’honneur par exemple— et même au plus haut grade — en font pâlir l’éclat par des mensonges éhontés, des paroles indignes, des promesses fallacieuses ou des actes délictueux ?
Eric Raoult n’en est certes pas une déclaration fracassante près. N’oublions pas qu’il voulait, sous prétexte de grippe porcine, interdire le pélerinage de La Mecque aux musulmans de France et qu’il avait comparé sa ville du Raincy à une enclave en “territoires occupés”, voulant sans doute flatter un vote juif (dont il est le seul à être encore convaincu de l’existence) avec ce genre de déclaration anti-arabe.
Du côté des artistes, il conviendrait peut-être aussi de s’interroger sur la pertinence d’accepter une décoration, une distinction ou un prix si l’on n’est pas en complet accord avec ce qu’ils représentent. On a bien refusé le prix Nobel …