Les Suisses ont donc approuvé lors d’une votation l’interdiction de nouveaux minarets sur leur territoire provoquant de nombreuses réactions — négatives pour la plupart mais aussi approbatrices pour certaines.
Daniel Cohn-Bendit dans un entretien paru dans Le Temps leur donne ce conseil :«Les Suisses doivent revoter».
Que l’on me comprenne bien : le vote suisse, stigmatisant une communauté religieuse et à travers elle une population immigrée, me déplait singulièrement. Mais il s’agit d’un vote, c’est-à-dire d’un bulletin mis dans une urne par un citoyen libre et responsable dans un pays que l’on ne peut pas accuser de tricherie sur le décompte des voix: c’est un choix démocratique. Que l’on puisse envisager de revenir sur un tel choix me chagrine. Je repense alors au référendum français rejetant la Constitution européenne dont le résultat n’a pas eu l’heur de convenir à nos dirigeants, qui n’en ont pas tenu tenu compte et ont fait adopter cette Constituion par un autre moyen; les Irlandais eux-aussi avaient dit non à ce projet en 2008 avant qu’on ne les refasse voter en octobre 2009. Voilà donc une bien curieuse façon d’envisager la démocratie. Le résultat du vote ne vous convient pas ? Ce n’est pas grave! Faites revoter !
Sur la façon dont nos dirigeants se fichent pas mal de la démocratie, on peut aussi rappeler la fameuse loi sur le CPE votée par l’Assemblée Nationale (c’est-à-dire les députés, les représentants du peuple — ne riez pas!) mais que le chef de l’Etat — élu au suffrage universel, faut-il le rappeler — après l’avoir promulguée a demandé de ne pas appliquer!
Encore une fois, je précise bien qu’il ne s’agit pas ici de discuter le résultat du vote (qu’on soit pour ou contre) mais de se demander quelles sont ces démocraties— et ces démocrates — dans lesquelles les dirigeants proposent de revoter quand le résultat ne leur convient pas. Ne seraient-ils pas mieux avisés de se demander pourquoi le vote va à l’encontre de leurs désirs? Ont-ils tout bien expliqué à leurs concitoyens, n’ont-ils pas oublié quelques vérités et sous-entendus au passage ? Bref : sont-ils bien en phase (comme on dit à la télé) avec leurs concitoyens ?
Ou alors, je leur propose la solution idéale: organiser un référendum sans poser de question et déclarer, après avoir pris connaissance du résultat, ce sur quoi portait le vote. Ça fera gagner du temps.
Ah ! bien content de vous retrouver en accord avec moi. J’ai écrit dans Twitter « La conception de la démocratie selon DCB me semble toujours aussi ubuesque. » Le résultat suisse ne me plait pas du tout, mais alors pas du tout. Ses raisons encore moins. Il peut encore être entaché d’incapacités constitutionnelles propres à la Suisse ou aux traités qu’elle a signés (elle fait partie d’un grand nombre d’organismes internationaux qui peuvent lui dire que c’est mal). Cependant, il ne me semble qu’il n’existe qu’une solution dans le cas où le vote ne plaît pas, c’est l’insurrection populaire ! La révolution ! Le mot qui fait peur. Je ne crois pas que l’on puisse attendre la moindre révolution en Suisse, tout y est si modéré même l’extrémisme raciste. En revanche, demander de revoter c’est à la fois anti-révolutionnaire et anti-démocratique. On voit quel anarchiste en peau de lapin était DCB, il faudrait d’abord une demande des citoyens suisses pour autoriser des minarets avec le nombre de signatures nécessaires pour permettre une votation nouvelle en sens contraire. Là, c’est de la démocratie selon les règles suisses, mais DCB ne l’a pas compris. Et il ne comprend pas plus la démocratie des autres pays européens.
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Je pense que la seule limite qu’il serait possible d’imposer à un vote de ce genre, serait une participation insuffisante (25 ou 33% des inscrits peut-être). Dans ce cas, on revoterait en acceptant le résultat, quelle que soit la participation.
Cela n’aurait hélas rien changé dans ce cas puisqu’ils se sont déplacés à 53 %.
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Oulà, Dominique règle ses comptes avec DCB mais … sort largement du sujet 😉 ! Sur le coup, OK avec Dominique, la seule façon de faire revoter c’est que le nombre minimum de citoyens dépose une nouvelle demande de votation (et c’est possible) – la proposition de DCB est donc absurde. Mais bon, pour le reste, Dominique tire des conclusions et énonce des généralités sur le député européen qui sont de l’ordre du procès d’intention voire de la pure médisance :-(. De vieilles rancœurs qui remontent ?
Sur le fond maintenant, je ne suis pas totalement d’accord avec l’idée du billet initial de leveto, selon laquelle il serait forcément indécent de revoter un texte. Figurez-vous qu’il m’est arrivé de présider une AG constitutive, avec quelques tensions, où un vote avait donné un résultat qui ne satisfaisait personne (suite à des procédures de vote un peu tordues – et une mauvaise compréhension du vote par les participants). Nous avons décidé à l’unanimité de recommencer le vote, une fois que tout le monde avait compris. J’en ai pris la responsabilité (ce que j’aurais pu refuser au motif de « on ne revient pas sur un vote ») – et l’on est arrivé à une solution qui, évidemment, ne satisfaisait pas à 100% tout le monde, mais ne laissait personne frustré et correspondait à un vrai choix (non seulement majoritaire mais quasiment de consensus).
L’intelligence collective est toujours préférable au dogmatisme statutaire ou constitutionnel. Heureusement, toute société a la possibilité de transgresser sa propre règle pour sortir d’une situation de crise (et sans forcément aller jusqu’à la révolution, non). Et ça arrive régulièrement (c’est plus facile dans les petits groupes, c’est vrai).
Et puis … heureusement que les Suisses ont voté plusieurs fois sur la question d’accorder le droit de vote aux femmes ! Parce que je vous rappelle que les premières votations sur le sujet donnaient un résultat défavorable (sauf dans quelques cantons), et pourtant de nouvelles furent organisées en la belle année 1971 et en fin de compte les femmes ont obtenu l’égalité avec les hommes ! Si les Suisses avait considéré qu’un vote était irrévocable, elles n’y seraient jamais parvenu :-(.
Bref, je ne partage pas la sanctuarisation d’un vote. D’accord pour s’imposer un délai décent ; d’accord pour qu’un nouveau vote ne soit pas imposé d’en haut et par l’arbitraire de l’exécutif (là, je vous rejoins, évidemment : je pense d’ailleurs que c’est là que le bât blesse, puisque vous écrivez Le résultat du vote ne vous convient pas ? Ce n’est pas grave! Faites revoter ! : dans ce cas vous parlez d’un nouveau vote imposé d’en haut, ce qui n’est pas le seul cas de figure possible) ; d’accord pour qu’il n’ait lieu qu’à la condition qu’un nouveau vrai débat soit organisé – et avec de vraies nouveautés dans le contenu ou la façon de mener le débat.
Mais un groupe peut décider qu’il a voté trop vite, ou qu’il ne maîtrisait pas bien le sujet, ou qu’il s’est fait abuser, et choisir de rebattre les cartes. C’est même une « fluidité » sans laquelle la démocratie peut vite devenir ambigüe et … pas si démocratique que ça.
Plutôt que la proposition baroque de DCB, il faudrait tout simplement qu’un groupe de Suisses propose une nouvelle votation soit pour élargir l’interdiction à toutes les tours (ou à tous les édifices religieux) – et dans ce cas les Suisses seraient obligé d’assumer ou pas la discrimination que constitue le vote de dimanche et ne pourraient plus se cacher derrière leur petit doigt ; soit pour autoriser de nouveau la construction des minarets – et dans ce cas il faudra qu’ils préparent une campagne béton pour montrer que la question est hypocrite et discriminatoire.
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Jacques C, nous ne soulignons finalement que la même chose : l’indécence, le mépris de la démocratie, la bêtise qu’il y a à demander un nouveau vote quand le résultat acquis ne plaît pas.
Plutôt que de se demander en quoi la question était mal posée, pourquoi leur campagne électorale ou référendaire a échoué, etc. nos dirigeants préfèrent remettre en question le résultat du vote, c’est-à-dire, je le répète, le fonctionnement de la démocratie. Qu’une autre majorité, qu’un autre parti, etc. une fois arrivé au pouvoir (ou, comme c’est possible en Suisse, ayant réuni un nombre suffisant de signatures) prenne la décision de lancer un nouveau vote, en modifiant la question pour l’adapter aux changements de l’opinion , en menant une campagne explicative plus sérieuse, etc. il n’y a rien là de plus démocratique, mais que le même organisateur du premier vote fasse revoter sur le même sujet le nombre de fois nécessaire à l’obtention d’un vote favorable, ce n’est plus de la démocratie!, c’est du totalitarisme déguisé.
D’ailleurs, nos dirigeants ne s’y risquent pas trop: quand ils savent que le vote de leurs concitoyens ne leur ser jamais favorable, ils ne posent jamais la question. Je vous rappelle par exemple que nous n’avons jamais été consultés sur l’envoi de nos troupes en Afghanistan.
En ce qui concerne DCB, je suis assez d’accord avec Dominique. Une fois salué son rôle de catalyseur en 68 ( mais il n’était pas le seul, loin de là: il était juste le plus médiatique, le plus fanfaron), il a eu tôt fait de rentrer dans le rang et a su profiter à fond de sa « célébrité » pour faire carrière, en oubliant au passage ses engagements de jeunesse (vous souvenez-vous? Il criait « Elections – Piège à cons » avec Sartre et les autres …). Quant à prôner l’insurrection ou la désobéissance civile!, il aurait bien trop peur d’y perdre son siège de député!
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Nous sommes effectivement globalement d’accord sur le sujet du billet.
Quant à Cohn-Bendit, même s’il m’énerve bien souvent, je vous trouve sévère et injuste quand vous écrivez qu’il est rentré dans le rang. Non, c’est toujours un agitateur d’idées et un provocateur : et c’est bien pour cela que Dominique et vous réagissez ainsi 🙂 ! Il dérange – et ça a toujours été son principal talent. Et il ne cherche pas une grande carrière (sa « rente » de député européen, même si elle est confortable et un peu trop durable, reste quand même fort modeste à côté des postes qu’il aurait pu réclamer et obtenir s’il l’avait voulu, en France ou en Allemagne) : il a toujours refusé d’assumer le rôle de « chef » car il en refuse la responsabilité, il préfère rester libre.
Qu’il provoque parfois inutilement, que son côté « donneur de leçons » soit horripilant, qu’il ait un égo surdéveloppé (mais est-il le seul parmi toutes les personnalités politiques ou médiatiques ?!), qu’il joue toujours « cavalier seul » en demandant aux autres de le suivre et en les mettant souvent devant le fait accompli … OK, il a bien des défauts :-). Mais il reste un électron libre, un provocateur (car il fait bien exprès de provoquer les gens de gauche en parlant au Modem : il ne se comporterait pas ainsi s’il ne savait pas qu’il bouscule ses « amis », c’est son grand plaisir manifestement – et c’est bien parce qu’il reste foncièrement de gauche qu’il se le permet), un agitateur d’idées. À tort ou à raison, c’est une autre question ;-).
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> Jacques C:
Dominique a écrit: “La conception de la démocratie selon DCB me semble toujours aussi ubuesque.”
Vous avez écrit : qu’il joue toujours “cavalier seul” en demandant aux autres de le suivre et en les mettant souvent devant le fait accompli …
Peut-être peut-on considérer que vous dites à peu près la même chose ?
D’autre part, si vous estimez que « parler au Modem » ne signifie pas qu’il est rentré dans le rang, je me demande ce qu’il vous faut! Il s’agit de quelqu’un qu’on appelait Dany-le-Rouge ! Le « Rouge »! Prôner une alliance avec le centre mou ! Au moins, Krivine* n’est pas allé jusque là!
* Je ne dis pas que je préfère Krivine.
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Ca m’agace de le dire, mais je suis entièrement d’accord avec Jacques C.
Ce qu’on peut rajouter à propos de Cohn-Bendit, c’est qu’il a pris le parti du réalisme au détriment de celui de l’utopie. C’est un choix politique qui, même s’il est contestable, n’en fait pas un réactionnaire ni un petit-bourgeois *.
Par contre, sa proposition de revoter (sous-entendu, avec l’organisation d’une nouvelle « votation » organisée au niveau gouvernemental) n’est pas acceptable en l’état.
En France, où le vote populaire n’existe pas, on n’imagine pas qu’une nouvelle consultation soit possible si le pouvoir n’en est pas à l’origine…Donc, la proposition de DCB doit quand même être prise avec des pincettes.
* Lénine lui-même préconisait aux révolutionnaires d’entrer dans tout syndicat, fût-il le plus récationnaire…
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ornicar : Cohn-Bendit, c’est qu’il a pris le parti du réalisme au détriment de celui de l’utopie.
Ben oui, il est rentré dans le rang, quoi… ( Souvenez-vous : « Soyez réaliste, demandez l’impossible! »)
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topo,
Impossible n’est pas français… mais peut-être allemand.
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On voit quel anarchiste en peau de lapin était DCB,
,à part la question D.C.B. sans doute dans « la provocation, mais peut-être pas seulement pour son siège député – n’a-t-il pas dit son désir de France pour son fils ? ,autrement dit dans l’af-filiation- d’où tenez-vous l »expression « peau de lapin », si vous ne l’avez pas là retrouvée là vous-même : je l’ai cherchée- mal,c’est vrai! sur internet -en vain ; elle n’y est pas en tout cas au même titre que « peau de vache », « peau de chagrin » , »peau de balle » ou » « vieille peau » (stop assez de registres différents ); or c’est un « cri de rue », comme vitrier, que l’on n’entend plus aujourd’hui mais que j’ai dans mon souvenir!
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voici, après 68 , les oreilles d’un fameux lapin

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>et si 7 :
» révolutionnaire (socialiste, etc.) en peau de lapin »: faux révolutionnaire, comme une peau de lapin imite une fourrure plus prestigieuse. Expression d’Edouard Herriot ( Notes et maximes, inédits,1931). L’expression ne semble s’employer qu’avec des qualificatifs politiques. [ Rey-Chantreau, Le Robert].
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>leveto
merci, je ne l’avais jamais rencontré sous cet aspect et ça avait fait « tilt » dans différentes « couches » de ma mémoire d’époques de « raisons » différentes : d’ailleurs j’en ai trouvé le cri -comme cri et visant l’enfant (ou l’infantile : dessin de Plantu dans « le monde » !avec un caddie après l’élection!) -sur la toile à « petits métiers » !
j’en profite vous dire que j’étais incapable de retrouver où vous aviez parlé de « tacler » : et qu’en lisant un peu de presse américaine sur la toile, on peut se
convaincre que le français s’aligne sur « l’usage » (souvent le chapeau » d’ailleurs:
« Obama tackles healthcare critics « )
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