Des moulins ( troisième partie).

J’ai consacré naguère deux billets aux moulins, que l’on pourra relire ici et.

le-moulin-ribet-saint

Le moulin Ribet, à Fontvieille, d’où Alphnose Daudet n’a écrit aucune lettre.

Depuis, mes diverses lectures et recherches m’ont permis de trouver quelques autres appellations, certaines plaisantes, que je vous livre ici, en précisant qu’il s’agit le plus souvent de micro-toponymes ( noms de hameaux, écarts, quartiers, etc.):

Le tic-tac rapide du moulin a pu faire penser aux kot-kot rapides du coq qui appelle ses poules. En langue d’oïl, le jeune coq était le cocherel, kokerel, coquereau. D’où les noms de Cocherel (Eure-et-L., Essonne, Seine-et-M.) ou Coquerel ( (Somme, Pas-de-C., Manche) donnés à des moulins.

On connaît les Quincampoix *, mais moins  leurs variantes. Quincangrousse (Deux-Sèvres), vient de l’oïl qui qu’en grocie, « qui que ce soit qui en murmure », avec nasalisation de la première syllabe sous l’influence de la deuxième, qui qu’en devenant quinquan. Quiquengrogne ( Deux-Sèvres ) et Quinquangrogne (Vosges) se comprennent aisément.

La mauvaise réputation des meuniers leur a fait donner des surnoms injurieux. C’est ainsi qu’on trouve dans l’Oise un Taussac (Cormeilles-en-Parisis), noté Tolsac en 1183, de l’oïl tol sac, « vole sac ». On trouve aussi les formes Taussacq (Somme), Tolsac (Eure-et-L., Oise) et Toussac ( Vienne). On en trouve deux variantes dans l’Aude sous la forme Arrapesac (occitan arrapa sacs, « saisis les sacs ») et dans le Gers à Panassac du gascon pane!, « dérobe!».

Mais tous les moulins n’apportaient pas la richesse à leur propriétaire et certains, manquant de grain à moudre, en étaient réduits à écraser des poux, comme à Macépédouil (Pyr.-Atl., du gascon massa, « assomme, écrase » et pédoulh, « le pou »), à Matapouil (Ariège, de mato, « tue» et poulh, « pou » ) ou encore Matopesouls (quartier des Juifs à Narbonne, Aude où l’on ne sait pas bien si le nom concernait l’ancien moulin ou les Juifs).

Le moulin lui-même a pu être accompagné de qualificatifs, comme neuf, vieux, bon, etc. Mais il est plus difficile de voir que derrière le Contremoulins (Seine-Mar.) se cachent les « moulins du comte » ( Contemolins en 1050) ou que Séez Moulins (Eure) dissimule  un  pauvre « moulin sans eau »( Sicca Molindina en 1299). Les Moulineux (Essonne) sont neufs ( nouveaux) tandis que Moulineaux (Seine-Mar) est un petit moulin (de l’oïl molinel), comme Meunet (Indre), Molinet (Allier), Molinot( Côte-d’Or), etc. Une variante, toujours en langue d’oïl, molin et suffixe diminutif -ion, a donné molinion, « petit moulin », nom qui, au fil du temps, a été mal compris , subissant l’attraction de mont et oignon pour devenir les Montlognon (Oise), Montlignon (Val-d’Oise) ou Moulignon (Seine-et-M.). Le Moulin Mage( Tarn) pouvait, lui, s’enorgueillir d’être le plus grand.

J’ai aussi trouvé deux autres appellations inclassables: Virollet (Charente-Mar.) tire son nom de l’oïl virolet, « tourniquet, petit moulin à vent (jouets) », probablement pour désigner un vrai moulin à vent minuscule.Tarabel (H.-Garonne) doit son nom à l’occitan tarabèl, « claquet de moulin ».

[Vue_prise_à_Montmartre_Un_[...]_btv1b7740285gEnfin, je ne serais pas complet sans parler de la mort des moulins qui, comme toute chose, ont une fin. Ils peuvent avoir brûlé comme Le Moulin Ars (Seine-et-M.) de l’oïl ars «brûlé» mais ils peuvent avoir été brisés ou simplement être en ruines comme à Frettemeule (Seine-Mar.) ou Frettemolle (Somme) de l’oïl fraite, «brisée » ou encore, au masculin, Fraitmoulin ( Somme).

* Pour ceux qui auraient eu la flemme de suivre les liens, j’en rappelle le sens: cui qu’en poix, « à qui qu’il en pèse, à qui que ce soit que cela déplaise », formule de défi d’un meunier adressé à la concurrence.

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61 commentaires sur “Des moulins ( troisième partie).

  1. Il paraît qu’en russe, une expression argotique dit « écraser des poux » pour dormir profondément. C’est ce que faisait sans doute le pauvre meunier qui n’avait plus rien à faire.

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  2. ►Zerbinette : Je ne connaissais pas cette expression russe très imagée.
    Mais vous conviendrez que

    Meunier tu dors
    Ton moulin ton moulin va trop vite
    Meunier tu dors
    Ton moulin ton moulin va trop fort

    est plus facile à faire chanter aux petits nenfants que

    Meunier t’écrases des poux
    Ton moulin ton moulin va trop vite
    Meunier t’écrases des poux
    Ton moulin ton moulin va comme un fou

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  3. On sort de la toponymie, mais vous serez peut-être intéressé de savoir qu’il reste un dernier moulin à vent encore fonctionnel en Provence, sinon en activité : le moulin de Montfuron, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Un site en donne un aperçu ici.

    Restauré avec soin et patience, ce moulin a conservé la majeure partie de son mécanisme d’origine et on peut le visiter, ce qui permet — pour peu que le temps le permette — d’entendre le fracas (plutôt qu’un tic-tac) envahir cette horloge de bois et de pierre. D’ailleurs pour l’anecdote, le maître des lieux eut l’idée de le « tester » un jour de mistral : « J’ai eu la peur de ma vie, j’ai bien cru qu’il allait s’écrouler sur moi ! ».

    J’ai aussi appris au cours d’une visite, qu’un moulin de ce type pouvait fournir de la farine à 400 personnes en moyenne.

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  4. ►Biscator, j’avais entendu parler de ce moulin, mais n’ai jamais eu l’occasion de m’y rendre.
    En revanche, me souffle wiki, à La Ciotat un des moulins de Saint-Jean (du XVè siècle) fonctionne encore et celui de Porquerolles (XVIIIè) a été restauré en 2007.
    Et — mais nous ne sommes plus en Provence — j’ai eu l’occasion de voir tourner le moulin d’Omer à Cucugnan dans l’Aude, avec un toit pivotant permettant de suivre le vent! mais pas celui de Saint-Pierre-de-la-Fage (Hérault) rénové tout récemment.

    Montfuron: de l’ancien provençal furon , « furet », sans doute employé comme sobriquet plutôt qu’au sens propre.

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  5. Vous m’apprenez l’existence de ces deux moulins provençaux ; merci, je le note pour de futures balades. Je pense que si Montfuron* se prévaut toujours de posséder le seul moulin de Provence en état de fonctionnement, c’est sans doute par l’antériorité de sa restauration, achevée en l’an 2000.
    À moins que ce ne soit le seul moulin à réellement moudre le grain de ses propres ailes, si j’en juge par ce passage relatif à celui de La Ciotat :

    « Le dernier moulin a cessé de fonctionner en 1914, mais il a retrouvé sa girouette et ses ailes qui brassent l’air, grâce à un ingénieux moteur électrique installé en 1935 par M. Dauvergne, dont le plus grand plaisir était de regarder les ailes du moulin tourner… »

    Je n’ai pas pu trouver d’indications sur l’éventuel fonctionnement de celui de Ste Agathe à Porquerolles.

    .
    * Wikipedia donne l’étymologie Monte Furono, nom formé de l’occitan Mont et de Furon, nom propre. Elle cite la Toponymie générale de la France d’Ernest Nègre.

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  6. rein surement de nouveau sur l’étymologie ici mais le lien a d’intéressants croquis:
    « Angers était autrefois ville de moulins : moulins à eau surtout dans les premiers siècles du Moyen Âge, puis moulins à vent – dont on a la première mention en 1339 – jusqu’au dernier successeur, la minoterie industrielle des Grands Moulins, promenade des Fours-à-Chaux, elle-même démolie en 1984. Des documents inédits, retrouvés dans le dossier du chemin de Saint-Barthélemy, permettent de se représenter
    parfaitement l’un d’entre eux, le Grand Moulin de Pierre-Lise.
    http://www.angers.fr/decouvrir-angers/histoire-d-angers/chroniques-historiques/pour-s-informer/le-grand-moulin-de-pierre-lise/

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  7. ►Biscator: merci pour vos recherches! Comme vous le dites: il ne reste plus qu’à se rendre à Porquerolles et à son moulin du Bonheur pour goûter aux miches de sainte Agathe …
    Pour Montfuron, l’utilisation de furon comme nom de personne ne fait aucun doute. En provençal, ce mot désigne le furet et, employé comme adjectif signifie « farouche, sauvage ». Nous sommes donc sans doute là en présence d’un surnom devenu patronyme.
    ►Iado: je ne connais pas Angers et encore moins ses moulins. Je constate malgré tout que l’histoire de cette ville confirme, s’il en était besoin, que les moulins à vent que tout le monde a en tête quand on parle de moulins ( la faute à Cervantès et à Daudet, sans doute) ne sont venus que bien longtemps après les moulins à eau, et qu’ils n’ont jamais été aussi nombreux.
    Pierre-Lise : Petra Lizea au XVè siècle: peut-être « pierre lisse » (une borne gallo-romaine a été trouvée non loin de là), peut-être « pierre arrachée » ( petra elisa ), peut-être un rapport avec une carrière d’ardoises ou encore une « pierre large », petra lata qui a donné son nom à Pierrelez (S.-et-M.)

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  8. J’ai fait, il y a longtemps, un championnat de France de mots-croisés, dont une des grilles commençait par cette définition : « Le moulin de la galette ».
    Allez! Vous avez … pas longtemps.

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  9. Dans le doute, puis-je faire deux propositions ?

    En 6 lettres : PICK-UP
    (en tant que dispositif rotatif destiné à la lecture des disques microsillons)

    En 4 lettres : SEXE
    (en tant que force motrice de la passion du lucre ; « Money does not make the world go round : sex does it » — auto-citation)

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  10. « pour tourner la question » : de la meunière à la meulière, 2 lettres
    « Au temps où les moulins broyaient le grain, les meuniers utilisaient des pierres aux propriétés particulières et qui provenaient de carrières spécifiques, les meulières . Aériennes ou souterraines, immenses ou minuscules, ces meulières existent encore à des milliers d’exemplaires à travers l’Europe en général et la France en particulier. Leurs vestiges constituent un patrimoine remarquable de l’histoire du travail et de la vie quotidienne . »

    http://larhra.ish-lyon.cnrs.fr/Database/Meuliere_fr.php

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  11. « Mais il est plus difficile de voir que derrière le Contremoulins (Seine-Mar.) se cachent les « moulins du comte » ( Contemolins en 1050) »
    Je découvre grâce à vous l’origine du nom de « Contremoulins », commune que je connais bien. Je m’interroge cependant : ce petit village se trouve sur un coteau boisé qui domine la vallée de la Ganzeville, près de Fécamp. Les moulins se trouvent donc… précisément en contrebas, moulins à eau au bord de la rivière. En savez-vous plus ?

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  12. ►le moulin de la galette : Rolls Royce
    (j’ai bien aimé votre pick-up, Biscator…)
    ► la meulière, Iado , est à l’origine de nombreux toponymes, soit en tant que carrière soit en tant que lieu de fabrication. J’y reviendrai peut-être.
    Pour ce qui est de votre définition «de la meunière à la meulière, 2 lettres», je sèche et tourne en rond…
    Ph.H:
    Après la fin de l’Empire, les préfets romains furent remplacés, dans l’administration du territoire, par les comtes. Ces derniers s’installèrent dans les localités occupées par leurs prédécesseurs : la villa romaine devint souvent château féodal. C’est ainsi que les comtes de Caux choisirent Fécamp comme lieu de résidence principale.Il est donc fort probable que Contremoulins tire son nom des possessions du comte de Fécamp. ( Promenade archéologique de Rouen à Fécamp, …, Léonce de Granville,1853).
    Anciens noms : Contemolins, Contemoulins, de Comitis Molendinis, comte Moulins ( ib.)
    Selon toute vraisemblance, les moulins étaient bien des moulins à eau installés dans la vallée.Que l’on se souvienne que les moulins à vent ne sont apparus que plus tardivement — la première attestation en France, à Arles, date de 1170 — tandis qu’on parlait de Contemoulins en 1050. L’ancienne église de Contremoulins se trouvait d’ailleurs dans la vallée, ce qui est une indication précieuse pour situer le cœur du village( La Seine-Inférieure: historique et archéologique, …L’abbé Cochet, 1856).
    Je ne sais malheureusement pas — encore — à quoi servaient ces moulins.
    Les utilisations des moulins à eau étaient en effet multiples, puisqu’on se servait de l’énergie hydraulique comme on se sert aujourd’hui de l’énergie électrique…

    J’ai découvert, au cours de mes recherches, que Contremoulins possédait une des trois sources d’eau salino-ferrugineuse de la région et j’ai naturellement pensé illico à Bourvil, né natif de la Seine-Maritime.
    À la votre.

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  13. Merci beaucoup pour ces explications éclairantes. Je n’ai jamais entendu parler de l’ancienne église de Contremoulins mais je confirme l’existence de la source, dans la vallée, vers Bec-de-Mortagne. Enfants, nous l’appelions la « source rouge » et allions y prélever des cailloux de cette couleur. Les adultes, eux, allaient y chercher de l’eau « ferrugineuse » car, comme chacun sait, « l’alcooool, non, l’eau fe-fe-ferrugi-neuse, oui ». Je ne sais pas si la source existe toujours et surtout si elle demeure accessible. Tchin.
    Autre mystère : le bois qui s’étend sur le coteau aux alentours de Contremoulins, jusqu’à Fécamp, s’appelle « le Canada ».
    PS André Raimbourg (le village de Bourville n’est pas très loin) est né natif de Seine-Inférieure… devenue Seine-Maritime en 1955.

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  14. >leveto bonjour
    vous rappelle que les moulins sont aussi pour l’huile d’olive ; deux grosses pierres meulent les fruits, les drupes, qui donnent l’huile couleur de l’ambre.

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  15. Bonjour Rose, je vous rappelle que l’huile d’olive est obtenu en deux opérations principales, le broyage des olives avec des meules pour obtenir une pâte, puis le pressage — à froid — de cette pâte qui donne l’huile. De sorte que les moulins à huile sont plutôt des pressoirs bien qu’ils gardent en général le nom de moulin. Est-ce que ces pressoirs ont eu un effet sur la toponymie ?

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  16. >harald bonjour, vous le savez, le principe du moulin est d’utiliser à plein rendement la force motrice de l’eau ou bien du vent pour obtenir la rotation des ailes qui entraine le meulage. C’est une histoire de poulies, d’engrenage, de puissance fédératrice d’énergie. Dans le cas des olives, je me posais la question des noyaux, mais il s’agit bien d’un moulin qui est toujours en activité aujourd’hui. Je sais que la pate d’olives est mise dans des couffins ronds en osier, je ne me souviens pas de la partie pressoir mais de la meule en pierres oui. Je chercherai, je vous dirai. C’est bien d’un moulin dont je vous parle. L’eau actionne la meule.

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  17. >harald pardon, je dors comme un sonneur (a cause des cloches) ai trouve pour vous
    « Moulin du XVII fonctionnant avec la force de l’eau de la cascade, a refusé l’AOC pour pouvoir continuer à presser les olives suivant la methode traditionnelle de trituration avec les meules en pierre, scourtins et pressoir à chapelle. »
    scourtins c’est le nom des paniers qui recueillent la pate d’olives
    pressoir a chapelle c’est a cause de la croix qui fait tourner la vis, j’irai revoir, je vous redirai,

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  18. Puis le mecanique (la mecanique aussi) a remplace l’energie hydraulique => les qualites du meunier ont du suivre. J’imagine plutot raspi les proprietaires terriens, et pas les meuniers en voleurs du tout. Mais si vous le dites, leveto, dois y avoir une part de verite.

    « 30 juin 1922: Installation d’un moteur à huile lourde pour le moulin et la dynamo.Le locataire du moulin devra être bon meunier, électricien , mécanicien. Un spécialiste gère provisoirement le moulin. Le maire propose une location avec un bail de trois ans renouvelable »
    trouve sur le blog village ampus 83

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  19. Bonjour rose, je pense peut-être au même moulin à olives que vous, celui qui justement se trouve non loin de chez vous, niché en contrebas de la colline de Lurs : ne s’agirait-il pas du moulin de la Cascade ?

    Pour l’avoir visité plusieurs fois, je sais qu’il fait toujours tourner ses meules à la force de l’eau. Il date de l’époque de Louis XIV, et c’est le rescapé d’une inondation qui a emporté en 1960 trois autres moulins situés au même endroit.
    Quelques explications avec illustrations qui pourront donner du fruit à moudre (je crois qu’on parle de trituration) :

    http://pornichet.quartier.paolini.pagesperso-orange.fr/sigonce/003/36/sigonce_36.htm

    Dans la famille, on l’appelle le « moulin de Sigonce » ; l’été, on apprécie la fraicheur des baignades dans les gours du Lauzon, sous le pont qui enjambe la cascade.

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  20. « De sorte que les moulins à huile sont plutôt des pressoirs bien qu’ils gardent en général le nom de moulin. Est-ce que ces pressoirs ont eu un effet sur la toponymie ?»
    ( harald, le 25 août 2011 à 12:57 )

    Je n’ai trouvé que très peu de références toponymiques à l’huile produite par des moulins. Bien entendu, ces moulins portaient ( et portent) un nom mais en tant que moulins, pas en tant que pressoirs à huile.
    Ollières ( Var) et Ollières-sur-Erieux ( Ardèche) sont les deux seuls que je peux rattacher à un moulin à huile. On parlait pour le premier de villa quam vocant Ollarias en 1008 et de villa Oillarias au XIIIè siècle pour le second. Il Il s’agit là sans aucun doute du pluriel de l’occitan ( molina, « moulin ») + adjectif olièra , « à huile ».
    Les rares pressoirs que j’ai trouvés sont Pressoir , dans la Somme, mais pour les pommes et les raisins, et Truel dans l’Aveyron, pressoir pour les vendanges dont j’ai parlé à propos du Larzac.
    Mais ces recherches m’ont fait découvrir trois autres appellations en rapport avec les moulins dont je parlerai dans un prochain article.

    ► Rose : si, si, les meuniers avaient la réputation de voler! Souvenez-vous qu’au Moyen-Âge, le paysan devait apporter ses grains à moudre au moulin, parfois loin de ses terres, patienter plusieurs heures le bon vouloir du vent et du meunier, puis payer au poids et repartir avec sa farine, rentrer chez lui pétrir sa pâte, la laisser reposer, l’amener au château ( ou au four communal s’il y en avait un) pour la faire cuire et rentrer chez lui avec sa miche … Beaucoup de temps et d’argent dépensés pour ramener le pain à la maison! Alors, pensez, si la miche était moins grosse que prévu c’est qu’au passage le meunier se servait ! En volant un sac de farine par-ci par-là, par exemple … D’autres étaient soupçonnés d’humecter la mouture avant de la peser, pouvant ainsi la faire payer plus cher, d’où le patronyme Mouillefarine… Ah! Non, je vous le dis, Rose, sale engeance que ces meuniers! Voleurs ! Escrocs! Affameurs du peuple! Ils ont une grande part de responsabilité dans la Révolution française! Tandis que les fabricants de brioche, eux …

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  21. leveto, vous faites allusion à « ceux et celles qui ne mangeaient pas de pain » aux alentours de la Révolution française, et vous suivez en cela toute la mauvaise réputation qu’on a fait à cette pauvre reine. J’ai oublié mes références, mais on dit (et on écrit) qu’elle ne mangeait pas que de la brioche et qu’elle était meilleure qu’on raconte.
    Par contre « humecter la mouture », je l’ai VU faire, par ici !!!!
    – Vers 1970, j’ai visité le moulin Ribet à Fontvieille. Toujours comme sur votre photo. Ça ne nous(ne ME) rajeunit pas….

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  22. pour le meunier, est-il permis de rappeler :
    « Le Fromage et les vers »: par Carlo Ginzburg ,
    la région étant ici le Frioul!

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  23. Moque-Souris est un ancien quolibet que l’on donnait aux moulins à grains qui n’avaient pas un rendement satifaisant, ou qui ne produisaient plus rien. En effet, même les souris n’avaient rien à se mettre sous la dent.

    Moquesouris (Mayenne), Mocque-Souris (Yonne), Moc-Souris (Aisne, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise), et Trompe-Souris (Cher, Loir-et-Cher, Loiret, Mayenne, Meuse, Eure, Sarthe).

    http://books.google.fr/books?id=2iLxBp1TgboC&pg=PA546&lpg=PA546&dq=Moquesouris+,+Mocque-Souris+Moc-+SOUris&source=bl&ots=IajEe9068K&sig=h5hO_Gcryn_375cKFqcWfuVU9pc&hl=fr#v=onepage&q=Moquesouris%20%2C%20Mocque-Souris%20Moc-%20SOUris&f=false

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  24. Leveto, une recherche sommaire dans les dictionnaires français-latin, me donne trapetum pour pressoir (à olives). Mais le trapetum est bien le système de meules roulant dans une cuve en pierre. Il me semble donc que les romains désignaient eux aussi plus le moulin que le pressoir. Ce trapetum pourrait-t-il avoir subsisté dans la toponymie ?

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  25. je developperai plus tard si je peux me connecter ; oui biscator, c’est bien ce moulin-la, dit de la cascade, mais il n’a pas d’ailes : comme quoi, quel bonheur, on peut etre un moulin sans ailes. Sur la reputation des meuniers, je vais creuser, mes ideaux sur les meuniers, sont mis a bas, las trois fois ! Grrr, m’en remettrai-je ?

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  26. Les meuniers n’étaient pourtant pas tous riches :

    Un meunier ne laissa pour tous biens à trois enfants qu’il avait, que son moulin, son âne, et son chat. Les partages furent bientôt faits, ni le notaire, ni le procureur n’y furent point appelés. Ils auraient eu bientôt mangé tout le pauvre patrimoine. L’aîné eut le moulin, le second eut l’âne, et le plus jeune n’eut que le chat. Ce dernier ne pouvait se consoler d’avoir un si pauvre lot :
    « Mes frères, disait-il, pourront gagner leur vie honnêtement en se mettant ensemble ; pour moi, lorsque j’aurai mangé mon chat, et que je me serai fait un manchon de sa peau, il faudra que je meure de faim.

    Vous connaissez la suite.

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  27. ►l’amer : content de vous relire. Mon allusion à la brioche se voulait avant tout plaisante et pas polémique! Mais vous aviez sans doute compris.
    ►Zerbinette : merci pour vos recherches et toutes ces références! J’ai bien noté aussi ces Moque-souris qui m’avaient échappé … J’ai apprécié tout particulièrement de voir cité Auguste Longnon, un des pères de la toponymie ( même si de l’eau a coulé sous les ponts depuis ses travaux de défrichement).
    ►harald: votre trapetum ne me dit rien à première vue, mais voilà une piste que je vais explorer, n’en doutez pas!

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  28. Je ne peux pas parler des moulins sans évoquer la Fontaine de Vaucluse et son moulin à papier — qui fut au temps des papes d’Avignon, une des plus grandes fabriques de papier.
    Une roue à aube entraînait un axe qui faisait se mouvoir des maillets chargés de déchiqueter et broyer des chiffons, vieux tissus, etc. pour en faire la pâte à papier.
    Cette usine fonctionna jusqu’en 1968! Rénovée aujourd’hui, elle constitue une attraction touristique très prisée ( et se visite gratuitement, qu’on se le dise!).
    En voici une petite vidéo:

    Et un site un peu plus détaillé

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  29. et le moulin a paroles ? et cui a prieres / boudhiste ?
    Jour anniversaire pour moi ce jour 27 aout. Coeur paisible, atchak, atchak.
    Zerb. et biscator vous me donnez faim, c’est pas top.

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  30. Bonsoir leveto. Si jamais vous ne le connaissiez pas, je vous signale la présence d’un annuaire dont la vocation est de recenser et classer le maximum de sites oueb consacrés aux moulins. C’est en recherchant le site d’un moulin à blé bien précis, site que Gougueule lui-même était inf**tu de retrouver, que j’ai pu découvrir le travail de compilation de ce molinophile bénévolent : http://www.bottin-moulin.com/ .
    J’ai donc pensé que peut-être, cela pourrait vous aider dans vos propres recherches.

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  31. Merci, Biscator pour ce lien vers cet annuaire des moulins que je ne connaissais pas et qui me semble en effet très utile.
    Rose , votre liste de moulins ne saurait être complète sans:

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  32. J’ai pour vous, dans la même veine, une rue Pipe-Souris, en limite de Melun et le Mée-sur-Seine et un hippodrome de Pipe-Souris à la Ferté-Vidame.
    Mais je en garantis pas les moulins.

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  33. Olimalia: voilà donc confirmée une façon indirecte de nommer un moulin, après les Moque-Souris de Zerbinette.
    piper avait autrefois plusieurs sens dont:
    pipeis, pipis, pippis( Godefroy): cri de la souris et pipée, pippée(id.): tromperie.
    La rue Pipe-Souris était-elle envahie de souris en train de piailler, de piper ? Ou bien y avait-il là un moulin dont le meunier voulait tromper (piper) les souris à l’aide de ses chats ?

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  34. >leveto bonjour et merci pour votre ronde ; en découvrir des carrés cela m’a laissée coite, les pigeonniers, je savais, pas les moulins.
    wiki ce n’est pas satisfaisant quant au sens du mot pipistrelle, je cherche ailleurs. Pour le meunier je n’ai pas dit mon dernier mot ;

    http://www.corif.net/site/especemois/pipistrelle.htm
    L’hiver, elle vit au ralenti. L’humidité requise sert à protéger ses ailes.

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  35. juste pour dire bonjour et demander à Leveto s’il a la conscience tranquille de ne pas avoir inspiré le choix de cet emprunt que je lis dans le Monde:
     » L’œuvre de Mondrian dérobée est le Moulin, une toile datant de 1905, »

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