Les saints à la mode de Bretagne

Comme promis dans mon précédent billet où je parlais des villes françaises qui furent à l’origine vouées à un saint et qui l’ont oublié au fil du temps, je vais vous parler aujourd’hui des bretonnes dont les saints sont tombés.

Les saints bretons ont ceci de particulier que, pour la très grande majorité d’entre eux, ils ne sont pas saints, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas reconnus comme tels par l’Église. La plupart  d’entre eux n’étaient  connus que dans leur village, dans leur pays, faisant ainsi mentir le proverbe; ils ne sont devenus saints que par acclamation populaire et l’on sait que le peuple  acclame facilement: on dit que le seul cimetière de Lanrivoaré* en abriterait 7847! C’est bien en Bretagne que l’on trouve le plus de saints et, bien que ce ne soit sans doute qu’une coïncidence, le plus de pierres dressées.

Les-saints-guerisseurs

Les saints guérisseurs, dans la chapelle du Haut à Trédaniel, prés de Moncontour

La plupart de ces saints bretons sont à l’origine de toponymes, leur nom étant alors accompagnés d’un nom commun, comme lann ou loc, « sanctuaire », pleu ou plu, « église paroissiale » ou encore tré, « église succursale». Cependant, pour certains d’entre eux, leur nom seul a servi à former le nom du lieu : nulle mention de leur supposée odeur de sainteté. Comment savoir alors s’il s’agit bien d’un saint breton? Par recoupements, par comparaisons, voire par l’absurde après avoir éliminé toutes les autres hypothèses, ce qui n’est pas tâche aisée ( ceux que cela intéresse pourront lire cet article fort bien documenté).

Trois départements se partagent ces toponymes: les Côtes-d’Armor, le Finistère et le Morbihan.

  • Côtes-d’Armor:

Cavan  tient son nom de Cadfan, un saint gallois.

Louargat ( Louergat en 1160, Loeargal en 1170 puis Louargat dès1330) tient le sien du saint breton Loarcat.

  • Finistère:

Combrit, Edern et Gouézec  sont des noms de saints bretons . Il en est de même pour le nom de l’Île-Tudy, qui porte le nom du même moine que Loctudy.

Berrien  correspond au saint breton Beryan (nom attesté en 1468 et présent dans le nom d’une paroisse en Cornouailles dite terra sancte Berrione) et Guengat  au saint breton Guengado.

Cast  est le nom d’un saint irlandais.

Le saint gallois Clydwyn a donné son nom à Cleden -Cap-Sizun et à Cleden-Poher  (Cletguen en 1468) et sans doute aussi à Cleder.

Enfin, Audierne s’appelle en breton Goaien ( noté  Goezian en 1410) du nom du  saint breton Guedian.

  • Morbihan:

Guégon (Guezgon en 1283) reprend  le nom d’un  saint breton, comme Guéhenno ( Monster Guezenou en 1260, «le monastère de saint Guethenoaus ») et Gueltas ( Sanctus Gildasius en 1264 : saint Gildas).

Bieuzy ( Sanctus Bilci en 1125  puis Beuzi en 1288) correspond peut-être  au saint gaulois Bilicius ( *Bilitius)

Caudan : Cauden en 1411 sans doute une altération de l’ancien breton Cadoan

Elven : autrement écrit Elouen, doit sans doute son nom à celui du  saint irlandais Elouan ou Elwin.

 Guidel: Guidul au XIIè siècle du nom du saint breton Vitalo

* Lanrivoaré: du breton lann, «sanctuaire» et du nom de saint Riware.

( et je ne résiste pas au plaisir de vous dire que c’est dans ce pays qu’on fait mentir la chanson: le chapeau à Riware est carré.)

P.S. Les courageux qui veulent faire plus ample connaissance avec les saints bretons peuvent se lancer dans la lecture de Joseph Loth disponible en ligne, tout en sachant que, depuis 1910, les recherches ont été affinées et que certains des saints donnés pour tels par J.Loth n’en sont pas!

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54 commentaires sur “Les saints à la mode de Bretagne

  1. >l’Abrincate
    depuis j’ai pensé aux meubles bretons, en bois très sombres et sculptés et aux lits bretons à battants, siégeant dans la cuisine.

    merci pour tous vos liens, pas encore tous visités.

    sur ce dont vous parlez le chemin, celui-ci* ne convient pas vraiment, car pour bien faire, il faut absolument que les ramures se touchent mais il donne une idée de ce que vous signalez. Un autre de ce peintre italien se nomme stradina nel bosco, correspond plus à ce que vous décrivez.
    * http://www.artmajeur.com/?go=artworks/display_mini_gallery&mini_gallery_id=1379392&login=giannitedeschi&image_id=5468203&artist_id=122369
    parfois, effectivement il y a du blanc qui se dégage en fond, à l’issue du chemin, même si l’orée est sombre et je mense que la mort est symbolique de tout chemin, Duchemin.

    sépultures tournées vers le soleil levant, 4000 ans av.- JC. j’ai vu cela dans la nécropole du mas saint gilles, c’est destiné à la résurrection des morts : les mains croisées sur le pubis, le corps tourné vers le soleil levant, la tête calée dans une encoche scapulaire, le tout creusé dans le safre, recouvert de lauzes plates taillées pour protéger la tombe.

    >bonne soirée à tous

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  2. @Merci Rose!

    Pour votre peinture de G.Tedeschi, elle correspond parfaitement à la description donnée, j’ajoute que la forêt est un intérieur, alors que le citadin la considère, comme un milieu hostile.
    Le mobilier auquel vous faites allusion est le mobilier rustique, du XIXè et début du XXè siècle.
    Mobilier pus riche, plus soigné dans les villes et demeures bourgeoises, plus simple en campagne, le lit clos (pour conserver chaleur et intimité), l’armoire, le coffre, table et banc constituent le mobilier de l’unique pièce quand ils sont présents ( des inventaires montrent l’extrême précarité qui existe souvent, la très mauvaise qualité des objets usuels).

    Meubles, faiences… promenez-vous dans le musée
    http://www.360maville.com/musees/musee-departemental-breton-de-quimper-entree/musee-departemental-breton-de-quimper-bois-sculpte-et-mobilier-spot-1.html
    Ou encore:
    http://histoire-des-arts.over-blog.org/pages/Le_mobilier_breton-2850505.html

    NB: le lit-clos n’est pas une spécialité bretonne, il existe en Auvergne également.

    Les motifs géométriques ou personnages, saints sculptés ornent ce mobilier, dans le « Pays Pourlet », on trouve des panneaux scupltés cloutés.

    Les artisans ébénistes, sculpteurs ont disparus victimes de l’industrialisation et des grandes surfaces.

    Au Moyen-Age, la cour de la La Duchesse Anne était itinérante (Rennes, Vannes..), se déplaçait avec tapisseries, fourrures, coffres, vaisselle, bijoux, à dos de mules il n’existe pas de mobilier de cette époque au château de Nantes, pour cette raison.
    On se tenait près d’une fenêtre ou de la cheminée avec écritoire, livres.

    A partir de la Renaissance et plus tard l’ameublement des châteaux suivra son temps.

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  3. LES SAINTS FONDATEURS

    Les Saints Fondateurs sont les saints qui marquent le parcours du pèlerin dans sa vie, il effectue son Tro-Breizh.

    Ce parcours la Duchesse Anne le fit, en quête de mettre au monde un héritier mâle pour la couronne,tout en soignant sa popularité.

    Au nombre de sept, correspondant aux sept diocèses bretons:
    1. Saint Paterne:
    St Patern, St Patron de Vannes, 1er évêque fondateur de l’évêché, origine Pays de Galles, 5è siècle.
    Fête le 15 avril, au printemps on lui demande la pluie pour les cultures.
    2. Saint Samson de Dol:
    – originaire du Pays de Galles
    – Saint patron fondateur de l’évêché, sous l’égide des Carolingiens, mort en 565.
    – à Trébeurden, Perros-Guirec, Pleumeur-Bodou, guérit les yeux.
    – Chapelles autour de Morlaix, associées à des fontaines christianisées.
    Syncrétisme entre ancienne religion et christianisme, culte des pierres, menhirs côté pile pour obtenir la fécondité, côté face contre les maux de dos; culte des eaux.
    3. Saint Malo, (parfois St Maclou):
    Pays de Galles, fondateur d’Aleth, mit sept ans pour traverser la Manche, arriva à l’Ile Cézembre.
    4. Saint Brieuc, Brieg en breton:
    Moine, né en 409, Pays de Galles
    Monastère de Tréguier, Carnoët contre les pestes; les loups, il convertit les pécheurs.
    Au IV ème siècle le christianisme s’impose en Grande Bretagne, 800 saints bretons en plou et lann + nom.
    5. Corentin:
    Le seul Saint Armoricain, né en Bretagne, Cornouaille en 375.
    Gradlon fonde le diocèse de Quimper, Corentin 1er évêque de Quimper, mort en 401.
    6. Saint Tugdual et sa colombe: « Le PAPE BRETON »
    Evêque de Tréguier en 532, né au pays de Galles au 5ème siècle, dans le Léon, Nord de la Bretagne.
    En 548, Tugdual est à Rome, la colombe se pose sur sa tête, Il est élu Pape.
    Seul Pape de Bretagne sous le Nom de LEO V ( Papa Britigenus), Léon de Bretagne.
    7. Saint Pol de Léon (Saint Paul Aurélien):
    Originaire du pays de Galles, libère l’Ile de Batz du dragon, après être arrivé par l’Ile d’Ouessant.

    A cela, il faut ajouter deux diocèses de Rennes et de Nantes qui sont en relation avec le monde latin et porte le nombre à neuf….(j’aborderai le sujet plus tard).

    A noter aujourd’hui la «Vallée des Saints» à Carnoët, vaste projet qui consiste à faire sculpter 1000 Saints, en granit par des artistes, les premiers sont en place….

    Je vous propose une autre catégorie de saints à Pleumeur-Bodou, un mode de communication avec «l’au-delà» mis en place en 1962, vous qui utilisez vos très «Saints Portables»….
    – les saints fondateurs: Chappe, Morse, Marconi, Bell, Les Frères Lumière… la cité des télécommunications en Bretagne.

    En bas de page à droite vidéo: « vidéo de la Cité des télécoms »
    http://www.cite-telecoms.com/fr/cite-des-Telecoms-video

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