Cinq avions, un soc et trois quilles.

Voici le huitième épisode* de ma petite série consacrée aux blasons parlants, avec un retour en France après mon voyage chez les Helvètes.

Orly ( Val-de-Marne)  possède un blason ainsi décrit : D’azur au chevron d’argent chargé de cinq avions de sable, le tout enfermé dans un orle d’or.

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On comprend d’emblée que ce blason est moderne et honore l’aéroport qui a fait connaître la ville dans le monde entier. On pense alors pouvoir faire confiance à ces héraldistes modernes, sans doute pétris de science, qui ourlent d’or leur blason  : Orly serait donc un orle, une bordure, peut-être même, suppose-t-on, la marque d’une ancienne frontière ? Il n’en est rien, bien entendu: Aureliacus (851) et Orliaco (1201), les formes anciennes du nom de la ville, nous apprennent que ce nom est issu de l’anthroponyme latin Aurelius suffixé en -acum.

Reillanne ( Alpes-de-Haute-Provence) blasonne ainsi : d’azur à un soc de charrue d’argent posé en pal et accosté en chef de deux fleurs de lis du même.

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Ce qui «parle», dans ce blason, c’est le soc de charrue : son nom provençal, reio, est en effet à l’origine de cette étymologie populaire ( provençal reio, cf. le roman reilha lui-même issu du latin regula). En réalité les noms anciens du village et en particulier du plus ancien d’entre eux, Reglana (909), sont formés sur un anthroponyme latin  de type Regulius ou Regilius à rapprocher de regulus, « petit roi », accompagné du suffixe -ana, féminin de -anum; ce féminin s’explique soit par une référence directe à un personnage féminin — réginale ou  reinette —, soit par un villa sous-entendu — la (villa) royale.

Quillan (Aude) s’honore d’armes ainsi décrites: D’azur au besant d’or accompagné de trois quilles du même.

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Le besant, ancienne pièce de monnaie dont on dit que le nom corrompu serait à l’origine de l’expression « valoir son bpesant d’or », est là pour rappeler le passé essentiellement manufacturier et commerçant de la ville. On retrouvait d’ailleurs ce besant dans les anciennes armoiries de la ville ainsi décrites en 1696 par Charles d’Hozier, généalogiste du roi, auteur du Grand armorial de France : D’azur écartelé d’or à un besant tourteau de l’un en l’autre

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On a cru bon de rajouter — à une date que je n’ai pas pu déterminer — trois quilles censées rappeler le nom de la ville… Mais, même si l’on joue certainement aux quilles à Quillan autant qu’ailleurs, c’est-à-dire assez peu, il s’agit bien sûr là aussi d’une étymologie populaire : Quillan s’appelait en effet Quillianum en 782, du nom de personne latin Quelius suffixé en -anum.

* les épisodes précédents sont accessibles en tapant avec vos doigts agiles sur le clavier de votre ordinateur ou sur l’écran tactile de votre tablette ou de votre smartphone mais en évitant de taper sur n’importe qui ou quoi  passe à votre portée au prétexte que vous n’y arrivez pas, en tapant, donc, le mot « blason » dans la zone « recherche » en haut de la colonne de droite. Et pardon à ceux, que j’ai oubliés, qui  disposent d’une commande vocale pour  leur ordinateur, etc.

Le dessins du blason de Quillan est issu du site l’Armorial des villes et villages de France, avec l’aimable autorisation de son auteur, Daniel Juric : armorialdefrance.fr

5 commentaires sur “Cinq avions, un soc et trois quilles.

  1. leveto peut-être devriez-vous avertir l’auteur du dessin du blason de Quillan qu’il se trompe ; s’il s’agit d’un besant, une pièce d’or, il ne devrait pas comporter ces indications dans le quart sud est qui en font une sphère. L’attractivite des quilles et du nom ont eu raison du besant d’or, devenu boule de jeux de quilles.

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  2. ►Harald
    avec un retard indépendant de ma volonté ( je vous jure que je vous avais répondu aussitôt lu votre commentaire, mais ma réponse s’est évaporée, Miss WordPress seule sait où) je salue votre perspicacité. Ces reflets faisant d’un disque une sphère m’avaient échappé. Finalement, je me demande si on ne devrait pas faire de Quillan la capitale mondiale du strike and spare, ça vaudrait son besant d’or!
    Ah! Et puis une question me brûle les lèvres à propos de Quillan, depuis mes dix ans: toutes les quilles y sont-elle à la vanille ?

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