Je ne pouvais pas écrire sur les blasons parlants* sans citer la commune de Rabastens.
Ce village tarnais est bien connu des toponymistes : feu le chanoine Ernest Nègre y a consacré sa thèse de doctorat. C’est sous l’occupation allemande qu’il a parcouru à bicyclette tout le canton pour recueillir auprès des anciens les noms du moindre lieu-dit, du moindre champ, du moindre ruisselet … Il fut pris quelquefois pour un espion en quête de renseignements. Ce travail considérable, ajouté à la collection d’archives municipales, paroissiales et notariales, a jeté les bases de la toponymie moderne, complétant ainsi les travaux des précurseurs qu’étaient Longnon, Grölher et Vincent et faisant de son auteur une autorité mondialement reconnue. La démarche d’Ernest Nègre peut se résumer ainsi : chercher la forme la plus ancienne du nom, la comparer à d’autres bien connues et en déduire le sens. Cela implique une parfaite connaissance des langues anciennes, des dialectes et patois locaux et de leur prononciation, de l’onomastique, de l’histoire et de la géographie des lieux : c’est là affaire de savants érudits, de généralistes spécialistes en tout. Voilà aussi pourquoi je ne me considère que comme un toponymiste amateur.
Mais revenons aux armes de Rabastens qui sont ainsi décrites :
Tiercé en fasce : au premier d’azur à trois fleurs de lys d’or, au deuxième de gueules à la croix cléchée vidée et pommetée de douze pièces d’or, au troisième de sable à trois raves d’argent.
et dessinées de cette façon
Les trois raves sont parlantes en occitan où l’on dit les rabos tres ; il s’agit là d’un calembour sous forme de rébus, pratique courante au Moyen-Âge, plutôt qu’une étymologie fantaisiste. À l’époque, la majorité des gens ne sachant pas lire, il était commode de leur présenter les mots des blasons comme des enseignes sous forme de rébus : nous n’avons rien inventé avec nos pictogrammes!
Déjà écrit Rabastens en 1109, on trouve aussi ce nom sous la forme Rabastengcz en 1185. Il s’agit d’un anthroponyme germanique Ratgast ( les Wisigoths occupaient la région au Vè siècle) suivi du suffixe d’appartenance -ing. L’attraction de l’occitan rabasta, « querelle, dispute » a fini de transformer le nom.
En 1306, le sénéchal Guillaume de Rabastens fonda en Bigorre ( département des Hautes-Pyrénées) une bastide qui prit alors le nom de Rabastens, nom qui fut complété en 1962 en Rabastens-de-Bigorre pour la différencier de sa grande sœur tarnaise. Son blasonnement reprend le même calembour des rabos tres:
De gueules au chevron d’or accompagné de trois raves d’argent feuillées de sinople, à la fleur de lys d’or brochant en abîme sur le chevron.
* Les billets concernant les blasons parlants font l’objet d’une « catégorie » spécifique visible dans la colonne de droite.
Pourquoi pas des raves sur un blason ! Etant donné leur importance dans la nourriture de l’époque.
Ce qui m’a beaucoup intéressée aussi c’est cette croix dite « cléchée » dont je n’avais jamais entendu parler auparavant, Croix des marquis de Provence, Croix de Venasque, Croix de Toulouse, ou Croix « de chez Vous » ?
http://jean.gallian.free.fr/comm2/Croix.htm
« On sait aussi qu’une telle croix, dite » nestorienne » existait dans le Turkestan chinois vers l’an 450. » Mais avaient-ils aussi des raves ?
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►Zerbinette
Sur le site que vous donnez en lien, la croix de Gigondas est décrite ainsi:
« Elle est grecque car les branches sont de même longueur ;
elle est pattée ou atésée car ces branches s’élargissent du centre vers l’extérieur ;
elle est cléchée car les extrémités se referment en formant une pointe saillante ;
elle est vuidiée car évidée de manière pour faire apparaître à l’intérieur une croix plus petite ;
elle est pommetée car les points saillants sont couronnés de boules {trois par branche). »
Je ne connaissais pas non plus ce « cléché » avant de m’être intéressé aux blasons.
Quant à l’origine provençale ( et plus précisément de Venasque) de la croix de Toulouse future croix Occitane, elle semble ne pas faire de doute pour la plupart des érudits qui n’attendent qu’une chose: en trouver la preuve irréfutable puisqu’ils n’en sont aujourd’hui qu’au faisceau de présomption.
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@leveto :Il me souvient que vous aviez annoncé, il y a quelques mois[ ou plus ?], vous restreindre à l’Hérault sur ce blog.
Je patiente toujours, en voyant défiler des blasons, des îles lointaines, des corvidés et même un Jacques C. qui proteste contre les « tendances expansionnistes » de notre cher iado…. 😉
Alors, l’Hérault, c’est pour quand ? Ça n’inspire plus ? 🙄
– Joyeux ramadan à tous , jeûne ou pas.
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bonsoir l’amer !
comme vous aurez pu le remarquer, je ne voudrais pas empêcher les personnes désireuses de discussions sur tel ou tel mot clef chez leveto d’en honorer ce dernier : que je salue donc avec tous mes voeux pour qu’il trouve de nombreux commentaires appropriés à ses billets : je veille à interdire à toute idée qui me viendrait de gagner mes doigts qui ne vous en feront donc plus part et ne doute pas que vous en êtes tous ravis, pouvant enfin jouir tous autant que vous le souhaitez de vos fertiles et dynamisants échanges.
bon ramadan , si c’est ce qu’il convient de dire .
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►L’amer:
me restreindre à l’Hérault ? Je ne me souviens pas avoir écrit ça et si je l’ai écrit ce devait être une boutade.
Ce beau département d’une partie de mes ancêtres mérite sans doute à lui seul un ouvrage complet mais je ne peux pas me limiter ainsi.
Nul doute pourtant que de temps en temps je ne vienne piocher y piocher quelque toponyme intéressant.
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Se limiter à l’Herault ?????
Ah que non, j’espère bien que non !
Je ne saurai jamais assez gré au véto et au poisson cordonnier de leur détour par les sentiers si peu battus du K barré, qui n’a pourtant rien d’héraultique…
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Mais oh combien erratique…
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Héraultique, erratique …
Héraultais humanum est!
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M’enfin ! qu’ai-je déclenché là ? 🙄
-►iado :Peu importe« ce qu’il convient de dire » !
Et pourquoi ne répondez-vous pas à « Araméen ou Hébreu moderne » ?
Et POURQUOI vous échapper de ce blog ? Non, non, vous y êtes, vous y restez !!!! sacré iado !
-►Leveto :Je ne saurais retrouver ici vos promesses au sujet de l’Hérault. Zerbinette,elle, saurait. Si elle veut.
-►Aquinze : Depuis que vous avez changé de…’crèmerie’ (= de votre adc à Leveto)on ne vous entend(ou lit) qu’à contretemps. Pourquoi ?
-Et NON, personne (oui, bon, déjà faite, celle-là)n’a oublié LA Minelli. merci.
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@l’amer…ratique
mais bien sûr , mais pourquoi moderne ? alors que vous voyez bien l’anagramme homérique !
donc, je viens lire à loisir ,sans déranger de mots inappropriés !
D’ailleurs à parler d’Afrique et de toponymie, il y en a dans le livre de T.Nathan qui , pour son blog a choisi de rappeler que * »Un autre exemple béninois… Le mot Dahomey qui, selon les récits qui circulent au Bénin, signifie “dans le ventre”, puisque la première pierre aurait été posée par le roi-fondateur dans le ventre de son frère-ennemi, une fois qu’il l’aurait abattu. « Dans son ventre »… Il l’aurait bâtie là, dans son ventre — Dahomey ! »
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Vraiment, l’amer, on ne me lit qu « ‘à contretemps » ?
On ne me lit, en vérité, que quand j’écris, c’est-à-dire désormais peu souvent et chichement – essentiellement parce que Les Belles Histoires de Tonton Leveto sont la plupart du temps si bien ficelées que je ne vois guère ce qu’un commentaire de ma part leur ajouterait.
Mais du coup, votre « à contretemps » m’embête : serais-je, pourtant, encore de trop quand j’y vais de ma prose parcimonieuse ? 😉
Vanitas vanitatum…
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@iado : les grains d’hellébore vous feraient du bien….
@Aquinze : Oubliez cet « à contretemps ».Mes plates excuses.Vous n’êtes jamais de trop sur les blogs.Au plaisir de vous relire.
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