De quelques îles bretonnes

Les hasards de mes lectures m’ont fait découvrir ces adages bretons en forme de bouts-rimés censés mettre en garde le marin contre les dangers de la navigation auprès de certaines îles

Qui voit Ouessant voit son sang

Qui voit Molène voit sa peine

Qui voit Sein voit sa fin

Qui voit Groix voit sa croix ( variante : sa joie)

Qui voit Belle-Île voit son île ( variante : sa bile)

Et me voilà parti — moi qui me sens assez libre pour ne pas chérir  la mer plus que ça — en mer d’Iroise et même un peu plus bas (voire plus haut mais je garde le meilleur pour la fin).

Accrochez-vous au bastingage ! Ça tangue et ça roule! Entre toutes les langues qui se sont succédé en Bretagne, les prononciations des uns et des autres, les envahisseurs restés à demeure et ceux qui n’ont fait que passer, les greffiers plus ou moins lettrés ou analphabètes, les cartographes instruits et les autres … on a tôt fait de s’y perdre! Suivez le skipper!

ouessant moret

Henry MORET (1856-1913) « Falaise d’Ouessant »

Ouessant : ça commence bien! dès l’Antiquité on lui connaît deux noms. Le premier et plus ancien, sous la plume de Strabon en 7 av. J.-C. est  Oυξισαμη , « Ouxisamé » , qui semble reprendre Érastothène, savant grec du IIIè siècle av. J.-C. Le second, cité par Pline l’Ancien en 77, est Axanthos — avec un -A- initial confirmé par tous les manuscrits. Plus tard, au IIIè siècle, l’Itinéraire d’Antonin, rétablira le -U- initial et  l’appellera Uxantis. Dans les deux noms le radical est identique: il s’agit du gaulois uxu-, « au-dessus ». Le premier est muni du suffixe superlatif  gaulois -isama : c’est « le lieu le plus élevé » ( Ouessant du haut de ses 65 mètres domine Sein et Molène). Le second est accompagné du suffixe gaulois -xanto utilisé pour fabriquer un surnom familier ( pratique surtout utilisée pour les anthroponymes mais connue aussi pour quelques toponymes) ; l’usage sans doute fréquent du nom de l’île par les navigateurs peut expliquer sa transformation en un nom familier. La présence de l’initiale -A- chez Pline s’explique par l’attraction d’un autre mot gaulois gaulois Aps, « eau ». La forme Uxantis a donné la variante dialectale gallo Heissant et le français Ouessant, tandis que la forme Uxisama a donné le breton Eusa.

naufrage boyne

Naufrage du vapeur anglais Boyne à Molène en 1875,

Molène : l’attestation du nom la plus ancienne date de 1330 sous la forme Moelenes. Il s’agit là d’un dérivé de deux mots bretons : moel, « chauve, dénudé » et enes, « île ». La rareté de la végétation, représentée par quelques arbustes rabougris et l’absence d’arbres expliquent le nom de l’île. La graphie Molenes de 1594 est une mauvaise transcription du breton Molenez où le z n’est pas la marque du pluriel. Quelques cartographes ( d’Abbeville en 1650, plus tard Cassini) ont rectifié et la graphie officielle devint Molène en 1801. Cela ne  rectifia toutefois pas la prononciation: le français prononce molènn là où le breton dit molénèss.

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Ile de Sein .Gravure sur acier, gravée par Skelton Fils d´après de la Pylaie. 1838

Sein : Pomponius Mela, un géographe du milieu du Ier siècle dont je ne me lasse pas d’écrire le nom, nous parle de Sena in Britannico mari  qui est selon lui réputée pour  ses neuf prêtresses qui charment les vents et les flots par leurs chants et rendent des oracles fort appréciés. Galli Senas vocant : Les Gaulois eux-mêmes appellent ces prêtresses Senae, du nom de l’île. Ce nom est directement issu du gaulois sena, « vieille », sans que l’on sache s’il qualifie l’île ou ses prêtresses — qui, de toutes façons, ne faisaient qu’une dans l’esprit superstitieux des marins de l’époque. L’île porte aussi  un nom breton, attesté dès 1050 : insula Seidhun. Ce nom est issu du brittonique sextan , « sept » que l’on imagine sans peine désigner les prêtresses de l’île, le passage du nombre 9 à 7 n’ayant rien de choquant quand il s’agit de la transmission orale d’une légende vieille de plusieurs siècles. Le brittonique seidhun est à rapprocher de l’ancien breton seithun devenu aujourd’hui sizun, « semaine ». Le nom breton de l’île en 1576 est Sizun  (cf. le cap Sizun) devenu aujourd’hui  Enez Sun, prononcé éness sunn. Le nom français sera réinterprété plusieurs fois entre le XVIè et le XVIIIè siècle en île des Saincts par exemple en 1663 mais c’est finalement la graphie de Cassini, Sein, qui s’imposera.

Et nous voilà sortis de la mer d’Iroise, en route vers Groix et Belle-Île que je vous proposerai dans le prochain billet.

Ah! Oui! Iroise: son nom est la francisation du breton Ervoas avec le préfixe augmentatif er – et le mot boass: « abîme, gouffre ». L’étymologie selon le Dictionnaire de Trévoux qui fait référence à une mer des Irlandais qu’on aurait appelés Irois est … à oublier.

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20 commentaires sur “De quelques îles bretonnes

  1. J’ai été tenté de faire quelques calembours plus ou moins accompagnés de sinuosités graveleuses sur le sein. Mais finalement non, je m’en abstiens. Laissons à d’autres personnes, des personnes liées à la Bretagne, le loisir de s’exprimer sur tout cela.

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  2. Il est dommage que les Charentais n’aient pas de tels adages, Siganus aurait eu de quoi faire avec l’île d’Aix et l’île de Ré…

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  3. Ah! Gus, ne me tentez pas!
    S’île vous plait*, Il m’en reste encore quelques bretonnes à aborder…

    * et mon correcteur d’orthographe de s’affoler!

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  4. et mon correcteur d’orthographe de s’affoler

    Leveto, permettez-moi de vous dire, trois jours après le 8 mars, que je trouve déplorable cette attitude consistant à présupposer que l’entité corrigeant ce que vous écrivez est masculine — même s’il est vrai qu’on peut parfois avoir des doutes.

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  5. La graphie Molenes de 1594 est une mauvaise transcription du breton Molenez où le z n’est pas la marque du pluriel. Quelques cartographes ( d’Abbeville en 1650, plus tard Cassini) ont rectifié et la graphie officielle devint Molène en 1801. Cela ne rectifia toutefois pas la prononciation: le français prononce molènn là où le breton dit molénèss.

    C’est marrant, parce que j’aurais écrit à peu près l’exact contraire.

    La graphie Molènes n’est pas une « mauvaise transcription », puisqu’elle est précisément une bonne transcription phonétique en français. Le « z » final en breton se prononce en effet dans nombre de situations syntaxiques comme un « s » français. Il n’y a aucune faute de la part des premiers transcripteurs à avoir… transcrit scrupuleusement !

    Bien au contraire, c’est la prétendue « rectification » qui se base sur une énorme erreur, supposant subitement que ce « s » serait la marque du pluriel (ce qu’il n’était évidemment pas) et se proposant — en total contresens — de le supprimer pour cette très mauvaise raison. Cette suppression du « s » n’a aucun sens : elle nie l’étymologie du nom et invente un pluriel… pour aussitôt le supprimer (!), voilà qui est franchement abracadabrant. C’est un peu comme si je disais : puisque le « p » de Paris est la marque d’une ville en bord de mer, et puisque Paris n’est pas au bord de la mer, il faut le supprimer et « rectifier » le nom de la capitale française en Aris.

    Et si la prononciation bretonne est restée cohérente (« l’île chauve », ben oui, je ne vois pas pourquoi ils auraient dû soudain la prononcer en baragouin), ce n’est pas une absence de « rectification » mais bien (et heureusement !) une absence de corruption aberrante.

    ——————–

    Après, que les Français s’amusent à faire tomber le z/s de « Moel Enez — Molenes », pourquoi pas. Ce n’est qu’une évolution phonétique d’un toponyme comme vous en narrez des milliers. Tous les toponymes peuvent voir leur graphie évoluer (avant, pendant ou après une évolution de leur prononciation). Mais, de grâce, ne nommons pas « rectification » ce qui est une corruption d’un nom *.

    * J’emploie bien sûr « corruption » dans un sens descriptif. Il ne s’agit pas de porter un jugement de valeur. Même s’il est peu probable que cette chute soit un fait d’usage, puisque vous indiquez qu’elle a été imposée par quelques personnes, je n’ai aucun problème à la considérer comme un fait d’évolution. Mais une « rectification », sûrement pas.

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  6. Jacques C, je reprends

    On a d’abord pensé que Moel enez était un pluriel et on a écrit Molènes en français, transcrivant ce -z- pris pour la marque du pluriel par le -s- correspondant en français. (Plusieurs écrits parlent des Isles Molènes et cette mauvaise interprétation persistera jusqu’à la fin du XIXè siècle...)
    Plus tard quelques cartographes mieux au fait de la langue bretonne ont corrigé cette erreur (rectifié) et, voulant redonner à l’île son caractère singulier, ont supprimé cette marque du pluriel: il n’y a pas plusieurs Molènes mais une seule Molène. Ils n’en ont pas pour autant remis le -z-, puisque la prononciation française du nom de l’île l’avait laissé tomber elle-aussi…

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  7. Je serais presque d’accord avec Jacques C (je dis presque car mes connaissances en breton et en transcription sont nulles et je ne sais pas quels sont les usages). Puisque l’orthographe était Molènes depuis des centaines d’années et que le ‘s’ final respectait le ‘z’ breton, je ne vois pas bien pourquoi on l’a enlevé. Il ne manque pas en français de toponymes ayant un ‘s’ singulier qui ne se prononce pas !

    PS pour Jacques C : je vous ai répondu avec beaucoup de retard sur Mantegna !
    http://correcteurs.blog.lemonde.fr/2013/02/15/mariage-homo-eh-non/#comment-183824

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  8. « Puisque l’orthographe était Molènes depuis des centaines d’années et que le ‘s’ final respectait le ‘z’ breton, je ne vois pas bien pourquoi on l’a enlevé »
    ( zerbinette, le 12 mars 2013 à 11:23 )
    Mais justement parce qu’on pensait qu’il s’agissait d’une marque de pluriel!L’orthographe a été rectifiée — pour une mauvaise raison, je vous l’accorde — pour redonner sa singularité à Molène vs les Isles Molènes.

    En revanche, la même rectification n’a pas eu lieu pour l’île de Raguénez ( Ar Ragenez) ni pour l’île de Quéménès ( Kemenez .

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  9. @ leveto :

    Je comprends mieux. Il y a donc eu successivement :
    — une transcription phonétique parfaitement correcte,
    — une prononciation en français partiellement erronée (non-prononciation du « s » alors qu’il aurait dû être sonore),
    — confusion avec un pluriel à cause de cette prononciation erronée,
    — alignement de l’orthographe sur ce qui était désormais la prononciation.

    Il s’agit donc plutôt d’un alignement sur la prononciation que d’une rectification (même si, dans l’esprit de toponymistes centralistes et hors-sol, il ne m’étonne pas que cela ait été considéré comme une rectification — surtout dans la logique d’éviter une fausse contextualisation au pluriel).

    ——————-

    @ Zerbinette :

    Je vais donc aller faire un tour sur cette ancienne note. Merci de m’avoir prévenu, autant que votre réponse puisse être lue ;-).

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  10. Puisqu’on parle d’îles bretonnes et de faux-vrai (ou de vrai-faux) pluriel, on pourrait aussi évoquer les Glénans, appellation commerciale d’une célèbre école de voile installée sur l’archipel des Glénan.

    (Ou comment breveter l’orthographe.)

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  11. Bien vu, Aquinze! (et pardonnez-moi de vous répondre si tardivement…)

    Les îles de Glénan : la première attestation* date de 1594 sous la forme Gleran — sans doute une coquille pour Glenan — dans Le Théâtre françois, un recueil de cartes de Maurice Bouguereau. Ce nom est issu du moyen breton glenn « terre, pays, contrée » accompagné du suffixe diminutif -an.

    *celles, antérieures, données sans référence par wiki, sont … à rejeter à la mer.

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  12. Les Senans bénéficient depuis Louis XV d’une exonération de leurs impôts locaux en raison de conditions difficiles, éxonération confirmée par une décision ministérielle de 1914* confirmant une situation de fait ancienne et motivée dès l’origine « tant par les conditions de vie exceptionnellement dures dans l’île que par les services rendus à la navigation dans une zone particulièrement dangereuse. »

    Si donc la vie y est dure au point que l’Etat renonce à y lever l’impôt, quelle chance pour un enfant d’y survivre ? (vous imaginez ça ? ne même pas pouvoir payer l’impôt ? Faut-y que ce soit sauvage !)

    Vu du point de vue d’un juge montpelliérain, qui doit en avoir ras-la-casquette de voir augmenter sa taxe d’habitation, l’argument se tient…

    * La légende locale voudrait même que ce privilège ait été maintenu jusqu’à nos jours du fait de la résistance héroïque de l’île pendant la deuxième guerre mondiale.

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  13. http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-SOS-L-ile-de-Sein-part-par-petits-bouts-_3639-640546_actu.Htm
    Un plateau d’herbe rase et de roches au ras de l’eau dont le point culminant, au pied de l’église, est de six mètres et la hauteur moyenne de deux mètres.
    Sein, c’est 180 habitants à demeure, deux patrons pêcheurs, une école avec sept élèves, une armée de lapins dévoreurs de lichen et un bateau ombilical qui navette entre Audierne et ce caillou via un raz fort mal chaussé. Le coin est de basse altitude et de hauts fonds. Il toise 56 hectares. C’est un confetti iodé de toutes parts. Une île médaillée, héroïque, tatouée à tout jamais d’une croix de Lorraine, île gaullienne des heures sombres de 1940, aux avant-postes de l’idée que l’on se fait de la Liberté. Sein, où a élu domicile un petit peuple de la mer, concentre l’idée romantique que l’on se fait des îles. Résistante. Entêtée.
    Depuis Napoléon, Sein est exemptée d’impôts locaux. Le dernier cadastre date d’ailleurs de 1836. Ce « paradis fiscal » est un enfer budgétaire. Remonter un parapet, combler une chaussée, colmater une digue est un casse-tête. Faute de cadastre, pour vendre ou acheter une maison, on doit faire appel à la mémoire des plus anciens. C’est d’ailleurs un problème aussi.
    Car, si le niveau des eaux monte, celui du prix de l’immobilier a explosé pour de bon et défie l’entendement. Ça fait moins de bruit qu’une tempête mais le mal ronge aussi sûrement. Les maisons sont achetées par des estivants très fortunés qui vont clore les paupières des fenêtres pendant onze mois.
    Depuis l’automne, un couple d’épiciers s’est installé au magasin La petite Sénane. Ils logent comme ils peuvent. La mairie leur cherche une maison introuvable. Et pourtant, ils ont trois enfants scolarisés sur place, soit la moitié des effectifs. Une famille veut vivre et travailler ici et n’y parvient pas.

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  14. Waouh! Jsp ! Comment ne pas prendre fait et cause pour les Sénans avec les liens que vous nous donnez et les histoires qu’ils nous racontent?
    Waouh! Aquinze ! Comment ne pas être sensible à vos arguments ( l’augmentation de la taxe d’habitation à Montpellier : imparable!) ? [ Aquinze avocat du diable ? cela est-il possible ?)]

    Conclusion : ne laissez pas mourir les îles.

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  15. Une petite fille est née dimanche matin sur l’Ile de Sein (Finistère), un événement pour l’île qui n’avait pas connu de naissance depuis 1978, a-t-on appris auprès du médecin qui a assisté la maman et du maire de la commune.
    « Un nouvel enfant c’est important » pour cette commune de 215 habitants à la moyenne d’âge élevée où 7 enfants sont inscrits dans les écoles élémentaires et 7 au collège, a détaillé l’élu. « Une naissance ça fait baisser sérieusement la moyenne d’âge sur l’île de Sein, c’est formidable »
    http://www.7sur7.be/7s7/fr/1504/Insolite/article/detail/1750338/2013/12/01/Une-naissance-sur-l-Ile-de-Sein-une-premiere-depuis-35-ans.dhtml

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  16. Félicitations à la maman, au papa et au maire!
    Au fait, l’enfant sera-t-il allaité au sein ? *

    * Désolé, mais il fallait bien que quelqu’un s’y colle!

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  17. Cette info, relatée avec ces mêmes termes sur ma radio de mi-journée, m’a laissé trèèèès perplexe.

    Les 14 enfants inscrits à l’école élémentaire et au collège ont donc plus de 35 ans ? Fichtre !

    Ou alors ils sont tous issus d’étrangers venus s’installer sur l’île après leur naissance ? Il y a donc eu un énorme afflux de nouveaux habitants depuis trois ou quatre ans, ce qui devrait être encore plus mis en exergue !

    Sérieusement : c’est tout simplement qu’il n’y a pas d’hôpital sur l’île de Sein, et que ses habitants vont, comme partout ailleurs en France, généralement accoucher à l’hôpital. Il n’y avait pas eu de naissance à Sein depuis 1978 ? C’est le cas de l’immense majorité des 36.000 communes françaises !

    La seule information ici, c’est que cette naissance « à la maison » est un indicateur (parmi toutes les autres « naissances à la maison » ailleurs en France, ni plus ni moins) du fait qu’il est maintenant possible d’accoucher chez soi dans de bonnes conditions de suivi médical et sanitaire, et que cette pratique sort peu à peu de la marginalité.

    Transformer cette info sur les naissances à domicile… en info sur un prétendu renversement faramineux de dynamique démographique à Sein, c’est un peu du grand n’importe quoi… Je sais bien qu’il est de bon ton de considérer la Bretagne comme une région en déclin, et que tout ce qui peut être réécrit de façon à confirmer cette image d’Épinal (y compris par le contraste du renversement historique de la dynamique, comme ici) fait frétiller d’aise beaucoup de journalistes, mais enfin…

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