De quelques quartiers parisiens

L’envie m’a pris d’une balade à travers des quartiers parisiens. M’accompagnez-vous ?

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Auteuil (Altoil, XIè s.) : issu du latin altum, « élevé », et du gaulois  ialo , « clairière, zone défrichée ». Nous avons-là un bon  exemple de l’appropriation de mots gaulois par les Romains, témoin de la réalité d’une civilisation gallo-romaine.  Auteuil est relativement élevé par rapport au bois qui couvrait alors Billancourt ( Billa cortem, le « domaine de Billa » ). Au XVIIè siècle, un hameau prendra son autonomie : Passy (Passiacum villa, le « domaine de Passius »).

Belleville ne recèle aucun piège : il s’agit bien d’une Bella Villa, un « beau domaine ».

Bercy : il pourrait s’agir d’un ancien vervecile, « bergerie », devenu berbecil puis Bercy. Les vignerons y avaient installé leurs chais pour éviter de payer les lourds droits d’octroi de la capitale.

Charonne vient du nom propre gaulois Carus accompagné du suffixe -onem.

Tarvos trigaranus
Le Tarvos trigaranus

Grenelle : probablement issu de garnella dérivé du bas-latin varenna, « garenne », croisé avec le germanique wardôn,« garder » ou warôn, « garer »: endroit où l’on garde — ou gare — le gibier. Une étymologie d’après le gaulois garanus, « grue », et diminutif -ilio a été aussi proposée. Garanus  est attesté sur la Pierre de Jupiter du pilier des Nautes de Paris, avec la mention « TARVOS TRIGARANVS » (« le taureau aux trois grues »).

Les Batignolles, qui se sont appelées Bastignolles, doivent leur nom à une ancienne bastide, plus petite que la Bastille.

Les Ternes : il s’agissait d’une villa externa ( <i>l’externa</i> , victime d’une mécoupure, devint les ternes ) de l’évêché de Paris, un domaine hors les murs par opposition à la villa episcopa  dont il ne nous reste plus aujourd’hui que la rue de la Ville-l’Évêque.

Ménilmontant : la première partie du nom ne fait pas difficulté : il s’agit de mesnil, dérivé du mot latin mansionile, diminutif de mansio, « demeure, habitation, maison». Une charte de 1124 mentionne Mesniolum mali temporis, « la maison du mauvais temps ». Ce nom évoluera vite en Mesnilium Mautenz (1231) puis l’attraction de « montant « sera la plus forte et on parlera de Ménilmontant dès le XVIè siècle.

Montmartre : cette colline parisienne était coiffée sous l’empire Romain d’un sanctuaire de Mercure et s’appelait Mons Mercurii. C’est là que le premier évêque de Paris, Denis, accompagné du prêtre Rustique et du diacre Éleuthère, au milieu du IIIè siècle y subit son martyre, fut décapité, se releva et ramassa sa propre tête qu’il porta pendant six kilomètres avant de s’écrouler là où on bâtit la basilique qui porte son nom. Cette légende, quand l’Église connut des jours meilleurs, fit qu’on déposséda Mercure de son sanctuaire pour en faire le Mons Martyrum, le « Mont des Martyrs », autrement dit Montmartre.

Vaugirard : il y avait à cet endroit-là, au XIIIè siècle,  un hameau paysan baptisé du nom de son seigneur le Val Boitron ou Vauboitron ( Vallis Bostroniae, en mai 1234) .  En 1249, l’abbaye de Saint-Germain -des-Prés reçut en héritage des vignes à Valboitron ( et à Suresnes) et Gérard de Moret, qui en fut l’abbé de 1258 à 1278, eut l’idée de bâtir là une résidence destinée à accueillir ses religieux convalescents et une chapelle dédiée à Saint-Vincent. Tant de changements firent que Boitron fut vite oublié et que Vaugirard prit la relève.

Et, puisque tout finit toujours en chanson — le choix n’a pas été facile! — j’ai choisi un titre extrait d’Amour Anarchie, allez savoir pourquoi !

2 commentaires sur “De quelques quartiers parisiens

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