Hurlus (répàladev)

Ma dernière devinette, que je ne pensais pas si difficile, est restée inviolée …

Il fallait trouver Hurlus, un petit village de la Marne déserté par ses habitants lors de la Première Guerre mondiale après avoir été anéanti.  Il a été officiellement supprimé en 1950 lors de la création du camp militaire de Suippes. Son territoire fut alors rattaché à la commune voisine de Wargemoulin, qui prit le nom de Wargemoulin-Hurlus pour en perpétuer la mémoire. De la même manière Perthes-lès-Hurlus  a été joint à Souain-Perthes-lès-Hurlus tandis que Le Mesnil-lès-Hurlus a rejoint Minaucourt-le-Mesnil-lès-Hurlus.

Tahure_ruines_de_l'église

On trouve écrit Ursluus ( au XIè siècle ) puis Ullus (1303 ), Urlus (1312) et Urlu, Hurlu (1686). Les premiers de ces noms sont difficilement interprétables : on a cru y voir un ursi lucus, « bois de l’ours », sans expliquer la non transformation du u- latin en ou- ou un nom propre germanique Urs + lucus.  En revanche, on sait que la moutarde blanche ( sinapis alba ) avait été nommée hurlu en Champagne. On explique ce mot comme un dérivé avec changement de suffixe de hurel, « hérissé », qualifiant l’aspect irrégulier d’un champ de sénevé. On retrouve ce mot dans les Hurlutières, un lieu-dit des Étilleux ( Eure-et-Loir ). En cherchant « sénevé blanc » dans Google, on trouve ce site en quatrième position…

Les hurlus étaient aussi des protestants calvinistes du XVIè siècle  impliqués dans des attaques et des pillages dans la région lilloise. Ils sont fêtés tous les ans à Mouscron lors du premier week-end d’octobre. L’étymologie de ce nom nous est expliquée ici :

hurlu-1

( Archives historiques et littéraires du Nord de la France et du Midi de la Belgique, 1847).

220px-mouscron_-le_hurlu-_1

Le Hurlu ornant le perron de

l’hôtel de ville de Mouscron

fleuron1

Les indices :

  • Les Cornichons de Nino Ferrer :

pour ces inoubliables paroles :

On est parti, samedi, dans une grosse voiture,
Faire tous ensemble un grand pique-nique dans la nature,
En emportant des paniers, des bouteilles, des paquets,
Et la radio !

Des cornichons
De la moutarde
Du pain, du beurre
Des p’tits oignons
Des confitures
Et des œufs durs
Des cornichons

  • Marinette de Georges Brassens :

pour ces inoubliables paroles :

Quand j’ai couru porter mon pot de moutarde à Marinette,
La belle, la traîtresse avait déjà fini d’dîner…
Avec mon petit pot, j’avais l’air d’un con ma mère,
Avec mon petit pot, j’avais l’air d’un con.

  • la gravure :

indice a 30 01 18

Il s’agit d’une gravure illustrant La Matrone d’Éphèse, une fable de Jean de La Fontaine.

Le latin matrona ( mater et suffixe augmentatif -ona , cf. pater– patron) désignait la femme mariée, la mère de famille. Les Celtes romanisés ont appelé ainsi des déesses de la fécondité. Les rivières étant considérées comme des divinités, certaines ont été nommées Matrona ( avec l’attraction possible du suffixe gaulois -onna, « rivière » ) : ce fut le cas de la Marne.

  • la mousse verte :

indice b 30 01 18

Mouscron, où l’on fête les hurlus, était appelée  Moscheron, dès 1060, ce qui signifie « petite (-eron) terre humide (du germanique *muska « humide, moisi », ou du roman muscus , « mousse, humidité » ) ».

  • les nuances de blanc :

indice 31 01 18

n’étaient là que pour vous orienter vers la moutarde blanche, le sénevé blanc, etc.

  • le loup hurleur :

indice-02-02-18

… devrait maintenant pouvoir se taire.

22 commentaires sur “Hurlus (répàladev)

  1. jsp
    vous ne croyez pas si bien dire!
    Certains ont vu dans l’étymologie de la première moitié de hurluberlu un dérivé de l’ancien français hurel « homme à la tête hérissée » et d’autres un croisement de l’ancien français hurepé « qui a les cheveux hérissés » avec hurler.

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  2. A ben mince ! Ou bien je lis très mal (ce qui n’est pas à exclure…) ou bien c’était trop alambiqué pour moi (pas à exclure non plus…) ou bien j’avais vraiment la tête ailleurs, mais j’ai éliminé les Hurlus !!!

    le mercredi 31 janvier à
    13:17
    Hurlus — Wikipédia
    fr.wikipedia.org

    (d’après l’historique de mon ordi)

    Je suis nulle de chez nuls. Je ne mérite pas de chercher vos devinettes.

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  3. P.S. à Zerbinette, si je puis me permettre :
    — soit vous vous adressez à un nommé Ben qui serait mince selon vos critères et il vous faut écrire : « À Ben mince » ;
    — soit il s’agit d’une interjection, dans ce cas de dépit, et il vous faut écrire : « Ah ben, mince! ».

    Ah ben, maintenant, c’est à vous de voir ( ou à Ben ? )

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  4. – Ah ben, mince!… moi, c’est un peu comme Zerbinette : – Je n’ai pas cru au «hurlu», for two reasons :

    1. Ernest Nègre, un garçon sérieux et respecté partout, même dans le Vaucluse, n’a pas relevé le moindre goût de moutarde, cote 146*.
    Pas davantage de fragrances d’ypérite.
    Faisant confiance à son flair légendaire, il a juste senti l’odeur de l’homme, de l’homme germanique avec ses phéromones au fumet de choucroute:

    Hurlus, Marne; Ursluus. déb. XIe s., Urlus, 1303-12 (DR); = NP germ. Urs- (NPAG, I, 209 a) + lat.

    Un freluquet picard irait-il mettre en doute « la Parole définitive », celle qui fait foi ? -Pas moi !

    2. Cependant et par sotte défiance, inopportune et sacrilège, j’ai demandé à Google de me fournir un démenti patent… à savoir une attestation montrant un lien quelconque entre la moutarde à fleurs et ce territoire martyre.
    Rien n’est venu.

    Un peu plus tard, quand j’ai « eu vu » le loup – au sens propre car je ne suis pas vraiment une fraîche déniaisée- je me suis dit que s’il y avait un loup, c’est qu’il y avait du flou…. ou l’inverse, et ceci reste à voir avec Martine Aubry.

    Idem avant, avec les 50 nuances de gris très pâle du carrelage proposé en indice… sauf si la colorimétrie appliquée à mon écran plat est à revoir ou si mon nuancier intime, avec l’âge, aura défailli. Ce qui est bien possible.
    ___________________

    * La cote 146 ?


    Madeleine votre nom comme une rose incertaine rose des vents ou du rosier
    Les conducteurs s’en vont à l’abreuvoir à 7 km d’ici
    Perthes Hurlus Beauséjour noms pâles et toi Ville-sur-Tourbe**
    Cimetières de soldats croix où le képi pleure
    L’ombre est de chairs putréfiées les arbres si rares sont des morts restés debout
    Ouïs pleurer l’obus qui passe sur ta tête…

    ______________

    ** Le Brosseur, cet infatigable promoteur de la signalétique et du diacritique, aura noté que j’ai laissé le texte sans ponctuation (selon les vœux de l’auteur) mais que je me suis permis deux traits d’union à ‘Ville-sur-Tourbe’ : -On ne transige pas avec les impératifs de la graphie réglementaire, appliquée à la dénomination des patelins.
    Malheureusement, la Tourbe évoquée n’est pas l’une ou l’autre de ces terres incultes, telles qu’attendues au feuilleton en cours, genre fagnes fangeuses. C’est juste une rivière décevante… et bien ordinaire.

    Je m’en console en imaginant – et « Moult me tarde !» – le moment délicat, poétique et musical où «les mouches métalliques petits astres d’abord » iront, en essaims sanitaires diplomatiques, entrer en négociation avec la PACA et ses officines (à couverture toponymique) qui font rien qu’à abuser la clientèle… à coups de devinettes qui humilient les concurrents.

    La SDN et Machincourt comptent donc sur le fair-play possible du Boss d’Orange et sur une certaine décence de sa part : -Plus jamais d’embrouilles (à 10 bandes de billard) ni d’approximations qui embuent l’oeil, façon « fable de La Fontaine = matronne = un fleuve innocent = un département invité », invité pour la déco’ et certes pas pour faire sens… ni pour aider son prochain.

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  5. TRS, vite fait :

    Je précise préventivement que d’autres étymologies ont été proposées pour ce toponyme, à base d’animaux sauvages ou d’un patronyme germanique, mais semblent plus douteuses

    .

    écrivais-je naguère.

    Plus douteuses pour les raisons que je vous ai données dans ce billet.

    Ma source principale figure dans ma bibliographie.

    Vous êtes passé à côté de la solution, voilà tout.

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  6. Aux uns et aux autres qui me disent avoir pensé aux Hurlus, peu importe pour quelle(s) raison(s), mais sans aller plus loin : comment avez-vous fait pour passer à côté :
    — de la moutarde blanche ou du sénevé blanc ?
    — des protestants calvinistes de Mouscron ?
    — des communes disparues de la Marne ?

    En réalité, je suis trop fort !

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  7. Oui, vous êtes vraiment ‘trop fort’, Leveto… et moi je reste vraiment trop naïf :
    – Avoir cru un moment en ce que me disait Nègre**, quelle sottise !

    Malgré tout, j’avais tenté « HURLUS + MOUTARDE » sur ma barre Google : mais rien n’est venu à l’appui.
    Les indices «carrelage, matrone et végétation» ne m’ont fait aucun effet.
    Alors je suis passé à autre chose…

    Tout comme aujourd’hui, où je passe encore à autre chose et requiers votre opinion:

    Apollinaire, un poète fréquentable, a servi la France et a servi son canon*, du côté de Hurlus.
    D’une certaine manière, c’est une chose que j’ai apprise grâce à vous, Leveto, hier soir. Et merci : depuis mes 17 ans et Roger Judrin, La Chanson du mal aimé n’a cessé de me ravir.
    Ensuite, et je veux dire ce matin, je suis tombé pour la France sur ce site :

    http://lsgroupe1.blogspot.fr/2015/01/guillaume-apollinaire-poete-de-la.html

    On y voit tout un tas d’occurrences et de photos émouvantes en rapport avec HURLUS et sa proximité.
    On y évoque aussi une sorte d’odonymie de temps de guerre :
    Les tranchées de Hambourg, Thorn, Constantinople ainsi que les boyaux de Goethe, de Nietzsche et de Cologne… etc.

    La question est donc :
    Si les noms attachés à la circulation ordinaire de l’homme méritent le statut d’odonymes, qu’en est-il de ceux qui n’eurent qu’une existence provisoire au regard de l’Histoire ?
    Doivent-ils être relégués à jamais dans les oubliettes de l’onomastique dédaigneuse ?

    Vous me comprendrez mieux, Leveto, quand vous apprendrez qu’il a existé, vraiment tout près de chez moi, une improbable « Tranchée Bornéo ».
    _____________________

    * Pour éviter toute méprise, je signale que «servir un canon» n’est pas «se servir un canon» : si les artilleurs tirent un coup tous les quarts d’heure, les alcoolos consomment selon un rythme plus soutenu, au métronome et au bar.

    ** A propos de « négritude » inside la toponymie, avec ses patelins et ses villages oubliés, quid des ‘Villages nègres » ? Ont-ils été baptisés, ne serait-ce qu’un moment ?

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/2015/05/31/histoires-14-18-les-villages-negres-736175.html

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  8. « Malgré tout, j’avais tenté « HURLUS + MOUTARDE » sur ma barre Google : mais rien n’est venu à l’appui. »

    Si l’on excepte mon blog qui apparait désormais en premier quand on tape« hurlu + moutarde », on trouve :
    — ce site déjà cité
    — cet autre site que je me suis passé de citer pour sa façon de parler de mauvaises herbes

    Que dire d’autre ?

    ____________________________________

    Pour vos autres questions, je vous demande un peu de patience!
    Y a rugby et un billet à écrire !

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  9. Vous connaissez l’AI (Intelligence Artificielle – IA) ?
    Et les algorithmes de l’apprentissage profond ?

    ___________________________
    Ils vous ont dans le (leur) collimateur
    Chez mAIlle aussi (question de moutarde et d’alambic)

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  10. Leveto : – Que dire d’autre ?

    – Rien, si ce n’est qu’avoir tapé HURLUS + MOUTARDE –c’est à dire le nom d’un patelin suivi de celui d’un condiment censé être pour quelque chose dans sa dénomination – n’est pas vraiment la même chose que votre HURLU + MOUTARDE, une redondance botanique, genre BAR + LOUP réclamé à la poissonnerie.

    Mais baste ! Je me suis montré piteux et pis c’est tout…
    __________________

    Le Brosseur,

    Je ne comprends pas grand-chose à vos deux messages précédents.

    « Traducteur traduisez »… comme on dit chez Brigitte Fontaine et Comme à la radio… tout ça n’est rien que du bruit dans le poste.
    Mais on peut toujours changer de longueur d’onde :

    En commençant par une spoonful assaisonnée façon Howlin’Wolf.
    ….
    Vous me demandez aussi si je connais l’AI… -Ma foi oui, Brosseur, je le connais bien. Je partage d’ailleurs avec lui une connivence particulière tandis que désœuvré aux gogues et si lent dans la défécation, je fais quand même des mots croisés.

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  11. TRS
    Nul besoin de connaitre par avance « hurlu » ( puisque c’est le mot qu’on cherche !)
    Je me répète :
    En cherchant « sénevé blanc » dans Google, on trouve ce site en quatrième position et, à partir de là …

    J’aime

  12. Moi je sais mes grand parents habite la bas il me semble que c’est souain perthes les hurlus… Voilà voila merci de me répondre si c’est la bonne réponse salut

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