De quelques blasons parlants

Déjà abordé dans quelques billets ( comme ici, ici, ou encore   et plus généralement ici ), le thème des blasons parlants semble inépuisable.

Pour les distraits, je rappelle qu’il fut une époque où la plupart des gens ne savaient pas lire. On pensait néanmoins à eux et les blasons des fiefs, villes ou villages comme les enseignes d’artisans, d’auberges ou autres établissements étaient souvent dessinés sous forme de rébus comme celui-ci

Souvent, le sens originel du nom de la ville ayant été oublié, on se contentait d’étymologie populaire … Je vous en propose quelques nouveaux exemples.

  • Oye-Plage :

cette ville du Pas-de-Calais était appelée Ogiam au XIè siècle, devenu Oyam ( 1121 ), Oio (1147) puis Hoia (1164). On y reconnait le germanique *awa donnant auwja, « eau, prairie humide ». Le complément -Plage a été ajouté en 1913, alors que naissait la mode des bains de mer.

Par étymologie populaire, on rapprocha le nom de la ville de celui de l’oie, d’où le blason d’azur à l’oie d’argent, becquée et membrée de sable, surmontée d’une couronnée de vicomte d’argent.

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Cette étymologie fantaisiste est à l’origine du gentilé Ansérien,  formé sur le latin anser, « oie ».  Et quand on en sait rien, on ferait mieux de se taire, oui.

  • Marines  :

Le nom de cette commune du Val-d’Oise provient sans doute d’un nom d’homme latin, Marinus ou  Marius et suffixe -ina ( villa ). Qu’à cela ne tienne, ne reculant devant rien et tandis qu’aucune rivière n’arrose le territoire de Marines, la municipalité choisit en 1803 un blason d’azur au trois-mâts d’argent voguant sur une mer du même.

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Un trois-mâts, mazette ! La Navy n’a qu’à bien se tenir !

  • Moret-sur-Loing :

Cette ancienne commune de Seine-et-Marne, aujourd’hui fusionnée dans Moret-Loing-et-Orvanne était notée Moreth vers 1160, nom dans lequel on peut reconnaître le latin murus, « mur » suivi du suffixe diminutif -ittum ( mais le passage de -u- à -o- fait difficulté) ou, plus vraisemblablement, le radical celtique mor-, « marais », là aussi diminué par -et.

Le « moret » fut pris pour un maure et on blasonna la ville, au XIXè siècle, « d’azur à trois fleurs de lis d’or, au bâton péri en barre du même ; au chef d’argent chargé d’une tête de Maure de sable tortillée d’argent. »

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Notons au passage que les trois fleurs de lys d’or sur fond azur sont réservées aux diverses branches des  familles royales ( c’est Louis VII, dit le Jeune, qui prit le premier des fleurs de lys, par allusion à son nom Loys, comme on l’écrivait alors). Le bâton en barre est, lui, signe de bâtardise. L’histoire de la Mauresse de Moret, peut-être une fille de cachée de Louis XI,  n’est sans doute pas pour rien dans ce blasonnement tardif.

  • Puylaroque :

Ce petit village du Tarn-et-Garonne doit son nom au latin podium, « colline au sommet plus ou moins arrondi », accompagné du pré-latin *rocca donnant l’occitan roca ( et le français « roche ») qui désignait une simple butte rocheuse ( avant de désigner le château-fort bâti à son sommet, puis un château-fort quelque soit son emplacement).

Si « laroque » a été bien compris , le « puy » s’est transformé en « puits » pour donner un blason « d’azur au puits d’argent, maçonné de sable, posé sur un rocher d’or (du même) » :

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La devinette

 

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L’indice du jour

Un village qui porte  un nom d’origine obscure est pourvu d’un blason officiel où est  représenté trois fois le même animal dont le nom latin est à l’origine d’une étymologie populaire. L’une de ces représentations est deux fois plus grande que les deux autres.

Curieusement, sur les documents officiels actuels  de la commune, qui fait sienne cette étymologie en la reprenant jusque dans sa devise, ne figurent que deux représentations inégales de ce même animal, qui est aussi à l’origine d’un sobriquet des habitants.

Quel est ce village ?

 

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Les dessins de blasons, cliquables, sont issus du site l’Armorial des villes et villages de France, avec l’aimable autorisation de leur auteur, Daniel Juric .

Un commentaire sur “De quelques blasons parlants

  1. Non loin de Marines se trouve la commune d’Us.

    J’ai eu à séjourner quelques années dans le Vexin français, dans les années 80, et nous nous amusions toujours (nous avions alors des plaisirs simples) de voir au bord d’une route (peut-être y est-il encore ?) un panneau indicateur indiquant « Us Marines ».

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