Montreuil-aux-Lions ( répàladev )

LGF a rejoint TRA et Un Intrus sur le podium des « solutionneurs » de la dernière devinette. Bravo à lui!

Il fallait trouver Montreuil-aux-Lions, une petite localité du département de l’Aisne.

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Le Dictionnaire topographique du département de l’Aisne ( Auguste Matton, Imprimerie Nationale, 1871)  nous en donne les noms les plus anciens connus :

Monsteriolum en 1573, Monstreul-aux-Lyons en 1607, Montreul-aux-Lions en 1696 et Montreuille-aux-Lions en 1709.  Le nom révolutionnaire est précisé : Montreuil-l’Union en 1793.

Le passage du latin *Monasteriolium, soit le « petit monastère », à Monsteriolum puis à Montreuil ( et à d’autres formes comme Montereau, Montreux, Ménétrol, etc.) est habituel et bien documenté. C’est ainsi que l’on trouve les noms de Montreuil ( Eure-et-Loir, Seine-Saint-Denis, Pas-de-Calais, Vendée) sans déterminant et bien d’autres avec un déterminant particulier.

On comprend que lorsqu’il a fallu, en 1573, différencier le Monstreul qui nous intéresse de ses homonymes, le choix du déterminant s’est fait en recherchant une quasi homophonie avec le nom latin sans doute plus par facétie que par ignorance. « Monstreul » valant pour monasterium, on choisit « aux-lions » pour -olium …

D’autres explications à ce déterminant on été proposées :

  • Montreuil étant sur la route des invasions, ses habitants se seraient battus comme des lions. Malheureusement, l’Histoire ne garde aucune trace de bataille particulièrement sauvage à cet endroit-là. Et quel village ne s’est pas retrouvé, à un moment ou un autre, sur la route des invasions ?
  • Les Romains, dont il reste quelques vestiges dans les bois environnants, auraient conduit là leurs lions pour les acclimater à la région. Là non plus, on ne trouve aucune trace d’une telle ménagerie qui n’aurait pourtant sans doute pas suscité des commentaires…
  • On a dit que ce qualificatif pouvait faire référence aux Templiers qui possédaient une commanderie au lieu-dit Sablonnières mais en 1573  elle n’existait plus depuis longtemps, l’Ordre ayant été dissous par la bulle papale de 1312

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La présence de lions dans le nom du village a motivé leur présence dans les armes de la ville ainsi décrites :  « D’argent à la croisette ancrée de gueules accostée de deux lions affrontés d’or, le tout surmonté d’une cordelette de sable mouvant des flancs, nouée au centre et ployée sur les côtés. »

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Le passage de Montreuil-aux-Lions à Montreuil-L’Union pendant la Première République ne peut s’expliquer que par un excès de zèle du préposé. On attendait plutôt un changement pour Montreuil, les édifices religieux ayant été pour la plupart été bannis, que pour ces pauvres lions qui ne demandaient rien à personne …

Les indices

  • la pierre gravée :

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Il s’agit de la croix ancrée de l’Ordre du Temple que l’on trouve au centre des armoiries.

  • le portrait en pied :

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Il s’agit de Jean Valjean, alias Monsieur Madeleine, alors qu’il était maire de Montreuil ( Pas-de-Calais ) dit Montreuil-sur-Mer.

  • la corde :

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Elle rappelait que Montreuil-aux-Lions était « un centre important de la passementerie. À la fin du XIXè siècle fonctionne l’usine Henri Caen Frères qui fermera ses portes dans les années 1980. Il existait aussi des ateliers à domicile qui travaillaient à façon sur des métiers mécaniques puis électriques. Aujourd’hui, la Passementerie Nouvelle Declerq a pris la relève. » Ceci explique la présence de la cordelette dans le blason.

  • le portrait :

Il fallait reconnaître Jean de La Fontaine né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry, chef-lieu de l’arrondissement dont dépend Montreuil-aux-Lions.

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5 commentaires sur “Montreuil-aux-Lions ( répàladev )

  1. Il m’a toujours semblé que Victor Hugo avait donné comme nouvelle identité à Jean Valjan, ancien forçat, le nom de Madeleine, par évocation du nom de la pécheresse de Magdala devenue sainte.

    Mais, en découvrant la commune de La Madelaine-sous-Montreuil, adjacente à Montreuil-sur-Mer, je me demande maintenant s’il n’y aurait pas quelque facétie du grand homme.

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  2. Il existe (au moins) une autre commune à qualification léonine : Saint-Maurice-des-Lions, dans le Confolentais (Charente).

    Mais, là, cela vient de l’existence de trois lions en granit, d’époque gallo-romaine, dont l’un existe encore aujourd’hui.

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  3. « [La corde] rappelait que Montreuil-aux-Lions était « un centre important de la passementerie. À la fin du XIXè siècle fonctionne l’usine Henri Caen Frères qui fermera ses portes dans les années 1980. »

    Ne s’agirait-il pas plutôt d’une cordelette ecclésiastique (d’autant plus que le cordon se termine par deux houppes), ce qui serait normal, Montreuil étant un ancien monastère ?

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  4. … les deux houppes et les cinq « tortillons » au centre, qui me semblent être une forme particulière de lacs d’amour.

    Y a-t-il un spécialiste d’héraldique ecclésiastique dans l’entourage ?

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  5. CORDON. Ornement qui accompagne l’écusson. C’est un véritable Cordon, qui, dans les armes des prélats, descend du chapeau qu’ils ont pour cimier, et se divise et subdivise en houppes ; les cardinaux l’ont rouge, et trente houppes de même couleur, quinze de chaque côté sur cinq rangs, dont le premier n’en a qu’une, le second deux, le troisième trois, et ainsi de suite ; les archevêques l’ont de sinople, de même que les houppes qui sont de chaque côté, au nombre de dix sur les rangs 1, 2, 3, 4 ; les évêques, de sinople aussi, de même que les houppes, au nombre de six de chaque côté sur les trois rangs 1, 2, 3 ; les protonotaires l’ont de sinople, ainsi que les houppes, au nombre de trois de chaque côté sur les deux rangs 1, 2.

    et aussi :

    Lacs d’Amour : Meuble de l’écu représentant un cordon entrelacé circulairement, dont les bouts traversant les centres, ressortent l’un à dextre et l’autre à senestre ; il se place en fasce sur un écu.

    d’après le Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France
    Nicolas Viton de Saint-Allais (1773-1842) — Paris, 1816

    Cela ne semble pas correspondre à la « cordelette de sable mouvant des flancs, nouée au centre et ployée sur les côtés. » de Montreuil-aux-Lions.

    Ce blason semble par ailleurs ne pas être authentique.Il s’agit plus vraisemblablement d’un blason fabriqué a posteriori. Il est d’ailleurs « fautif », associant métal sur métal ( or sur argent ) ce qui contrevient aux règles de l’héraldique : « Les émaux se partagent en deux groupes : celui des couleurs proprement dites d’une part et celui des métaux d’autre part. Ces deux groupes sont à l’origine de la règle héraldique fondamentale interdisant la juxtaposition ou la superposition de deux émaux d’un même groupe dans la composition des armoiries ». Il est donc vain de vouloir trop le prendre au sérieux …

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