Le quiz – deuxième épisode : les réponses.

Comme je l’ai dit dans mon précédent billet, TRS et Un Intrus ont trouvé les quatre bonnes réponses à mon petit quiz de la semaine dernière. Qu’ils en soient de nouveau félicités!

Et c’est parti !

1 – Quels habitants portent un drôle de nom d’oiseau issu d’une fausse étymologie ( ou d’un jeu de mots ? ) du nom de la commune qu’ils habitent ?

Il fallait trouver les Ansériens, nom des habitants d’Oye-Plage, charmante bourgade du Pas-de-Calais qui avait fait l’objet d’un paragraphe dans un billet consacré aux blasons parlants il y a un peu plus d’un an, paragraphe que je recopie in extenso ici :

Cette ville du Pas-de-Calais était appelée Ogiam au XIè siècle, devenu Oyam ( 1121 ), Oio (1147) puis Hoia (1164). On y reconnait le germanique *awa donnant auwja, « eau, prairie humide ». Le complément –Plage a été ajouté en 1913, alors que naissait la mode des bains de mer.

Par étymologie populaire, on rapprocha le nom de la ville de celui de l’oie, d’où le blason d’azur à l’oie d’argent, becquée et membrée de sable, surmontée d’une couronnée de vicomte d’argent.

OYE_PLAGE-62

Cette étymologie fantaisiste est à l’origine du gentilé Ansérien,  formé sur le latin anser, « oie », cf. les ansériformes.  Et quand on en sait rien, on ferait mieux de se taire, oui.

L’indice associé représentait les deux oies Amélie et Amélia Jacasse du dessin animé Les Aristochats.

TRS a fait un bel effort qui m’a proposé deux autres solutions tout à fait valables qui m’avaient échappé :

■ les Oisillons et Oisillonnes, habitants d’Oisy dans le Nord. Le nom d’ Oisy vient du nom d’homme latin Otius ou Autius, avec le suffixe -acum.

■ les Loriots et Loriottes, habitants de Lor dans l’Aisne. La page wiki consacrée à la commune nous parle de Loriens ou Lorois mais le site de la mairie parle bien, lui, de Loriots et Loriottes. Le nom de Lor, noté Ortus en 1183, est issu du latin hortus, donnant l’oïl hort ou ort, « jardin », avec agglutination de l’article.

2 – Quel saint ( local et peu connu ) a vu sa rue devenir une rue dédiée à un certain primate servant à son tour d’enseigne à une maison close par Marthe Richard en 1946 ?

Il fallait trouver la rue du Singe Vert à Tours, qui avait été mentionnée dans un billet consacré à la couleur des rues il y a près de sept ans déjà. J’y écrivais qu’elle « doit son nom actuel à une confusion : elle s’appelait rue Saint-Genail, un saint très local, à moins qu’il ne s’agisse d’une déformation du nom de saint Genou vénéré dans le Berry. Toujours est-il que, une fois le nom de ce saint tombé dans l’oubli, la rue de Saint-Genail devint celle du Singe-Vert. Ce n’est que bien plus tard qu’une maison de la rue, une de celles que clora définitivement Marthe Richard en 1946, arbora  un singe vert comme enseigne.

L’indice associé montrait une boite de corned-beef ( le « singe » des Poilus ) made in Irlande ( l’île verte ). Même pas honte.

3 – Quelle rue porte aujourd’hui un nom désignant des quadrupèdes difformes par mauvaise compréhension du nom local d’origine qui désignait des … trophées de chasse ?

Il fallait trouver la rue des Chats Bossus à Lille. Cette rue a été mentionnée dans un billet consacré à quelques chats il y a plus de huit ans. J’écrivais alors : « Le nom de la rue des Chats-Bossus, à Lille, ne doit rien aux chats puisqu’il  vient de la déformation d’un mot local. Les mégissiers, pelletiers et fourreurs accrochaient des têtes d’animaux empaillées à leur devanture en guise d’enseigne, des «caboches », qu’on appelait localement cabochu. ». Une autre hypothèse fait état d’une ancienne enseigne représentant une famille de cats bochus, patois pour « chats bossus » …

L’enseigne du Chat Bossu, au numéro 2 de la rue lilloise

L’indice montrait le Chat saisissant un oiseau, un tableau de Picasso peint en 1939.

4 – Quel petit ensemble de maisons est devenu un faux hagiotoponyme désignant un lieu-dit d’un village ?

Il fallait trouver le hameau de Saint-Chaise à Yèvres, dans le Loir-et-Cher, qui apparaissait dans un billet consacré à une paire de faux saints, publié il y a huit ans. On pouvait alors y lire : « À ses débuts, un hameau d’Yèvres, en Eure-et-Loir, ne comptait que très peu de maisons. Cinq exactement, pas une de plus : c’est ce que nous indique son premier nom  Quinque Casae en 1050. L’évolution phonétique normale, avec notamment le chuintement du -c- initial a fait évoluer ce nom en Sainchaises en 1523. Une tentative de retour au nom initial eut lieu en 1591 : on trouve alors écrit  Cinq Chèzes dans quelques documents. Chèze, aussi écrit chèse, était  le nom  en langue d’oïl de la maison que l’on retrouve d’ailleurs dans de nombreux toponymes. Mais rien n’y fit : l’attraction du mot « saint » fut la plus forte et l’on appelle aujourd’hui ce lieu-dit Saint Chaise. »

L’indice associé montrait un empilement de cinq chaises.

Si vous avez bien compté, vous avez remarqué que les quatre réponses avaient déjà été publiées dans quatre précédents billets et non pas seulement trois comme je l’avais annoncé par erreur lors de la rédaction du quiz.

Moralité : après dix ans de billets, soit près de cinq cents devinettes, ça devient difficile de se renouveler !

2 commentaires sur “Le quiz – deuxième épisode : les réponses.

  1. Considérations du dimanche

    1. J’’ai un problème avec cette histoire de « trophées de chasse ».

    Dans mon esprit, ce genre de trophée consiste en certaine(s) partie(s) de l’animal que l’on aura trucidé soi-même – à mains nues, à l’arc et aux flèches, au flingue Manufrance ou à la sulfateuse.
    Ce peuvent être les bois d’un dix-cors, une peau de tigre, des défenses d’éléphant, des pattes de dahu ou le balénas d’un cachalot mâle*…etc.

    Tous, à leur façon, témoignent de la vaillance du chasseur qui aura soin d’en assurer la conservation avant exposition sur le mur du salon, au-dessus de la cheminée où se consument quelques bûches de chêne.

    Bref, j’ai du mal à imaginer la corporation des tanneurs lillois d’antan aller à la chasse, les jours ouvrables, sur les terres du seigneur local, pour se fournir en matière première alors que le veau d’étable suffisait au vélin, le cochon (en qui tout est bon) et les vaches, si gentilles par nature, pouvaient suffire à l’approvisionnement en matière première
    Mais pourquoi pas ?

    Chez moi, à 140 km au sud de Lille, on fait un distinguo qui mérite d’être signalé tant il est ambigu :

    Le terme ‘MASSACRE’ désigne à la fois (et chaque fois au singulier) soit le spectacle réjouissant d’une multitude de gibiers à poils ou à plumes, shootés pour la postérité… des oies par exemple :

    https://encrypted-tbn0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQLCbiO0_LgmK99ayOlV2z5zLmYQwdJ0XwKgtP3DTQEWn06ABje&s

    Soit un délicat élément de déco’ … comme ici :

    2. J’ai aussi un problème quant à la technicité de la chose (telle qu’orthographiée) et quand vous me causez de « têtes d’animaux » empaillés à la devanture »
    Selon toute vraisemblance, on n’a pas empaillé le cochon : il aura fini au saloir… et seules les hures furent empaillées, au féminin pluriel et au présentoir, façon enseigne commerciale..

    3. Dernière contrariété, elle aussi à caractère orthographique : – Chez moi, le verbe « échapper » a encore coutume d’être intransitif.
    Aussi je vous propose de rectifier ainsi vos propos : « les deux autres solutions proposées par TRS m’avaient échappé »… et que maudite soit l’inadvertance qui m’accable – Poil au râble !
    __________________

    * On dit bien « aller à la chasse à la baleine », non ?… Alors pourquoi ne pas en ramener témoignage empaillé :

    https://sciencepost.fr/un-penis-de-cachalot-empaille-vendu-5900-dollars/

    4. J’ai enfin un problème avec cette hésitation qu’ont les chasseurs d’ch’Nord à nommer leurs envies de «massacre» et de gloire reconnue**:

    Ch’tis fox days ?… ou Les Journées du Goupil ?

    On hésite alors entre modernisme effréné et tradition littéraire : -Poil à nos ulcères !

    **Voir liens sur Google, j’ai la flemme et l’on m’attend pour une répèt’ Blues/Rock après cantine)

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  2. TRS
    merci pour votre travail de correction ! Comme quoi la relecture par soi-même n’est pas chose aisée…

    Je ne vous suis pas dans votre réticence à employer ici le terme « trophée de chasse ». Croyez-vous vraiment que le chasseur empaille lui-même ses victimes ? Bien sûr que non ! Il a recours pour cela à celui que l’on nomme aujourd’hui un taxidermiste ( ou naturaliste ou empailleur). Il est probable qu’aux temps jadis, de retour de la chasse, on confiait ce travail-là aux tanneurs et autres peauciers, à charge pour eux soit d’en prélever le cuir ou la fourrure et de n’en naturaliser que la tête soit d’empailler l’ensemble. Ces artisans ont pu garder des têtes pour en faire leur enseigne.

    Bon bœuf!

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