Mis en appétit par un billet du blog Langue sauce piquante intitulé délices de la Bérézina, je me suis mis à la recherche d’autres noms de batailles passés dans le langage courant comme noms communs, verbes ou adjectifs ou comme expression. Je précise que je me suis volontairement limité aux batailles connues par le lieu où elles se sont déroulées et que j’ai éliminé les noms d’armes ( comme la baïonnette de Bayonne ou le biscaïen de Biscaye ). Plusieurs batailles ont ainsi retenu mon attention :
Antiquité
- cheval de Troie : cette expression désigne un logiciel informatique dont l’apparence légitime lui permet de faire entrer dans l’ordinateur visé des parasites malveillants. La référence au cheval de bois qui permit aux guerriers grecs de pénétrer dans Troie assiégée est limpide. On fait généralement dériver le nom de Troie, en ancien grec Troia ou Tröia, puis en latin Trōia, de l’étrusque Truìa. Un vase étrusque de Tragliatella, daté du VIIè siècle av. J.-C., est décoré d’un dessin d’un labyrinthe, dont on connait l’équivalent en Crète, accompagné de deux cavaliers qui indiquent qu’il s’agit là du jeu rituel appelé ailleurs, en latin, lusus Troiae. Le glossaire d’Hésychios d’Alexandrie nous apprend que trōa signifie « fil, cordon » et cela fait penser au Labyrinthe crétois et au fil d’Ariane. Il apparait donc que troia ressortit probablement à la mythologie et n’a sans doute jamais été un toponyme. Pour être complet, remarquons que l’autre nom de Troie, Ilion ( en grec Ilios et Ilion ) est rattachable à la racine *wel -, représentée par les verbes eileō et illō signifiant « tourner, tournoyer, virevolter, tortiller » : est-ce un autre nom du Labyrinthe ?
- Marathon : on connait la légende du messager grec Phidippidès, qui aurait parcouru la distance de Marathon à Athènes pour annoncer la victoire contre les Perses en 490 av. J.-C. Le nom de la ville est passé à celui d’une épreuve sportive de course à pied et à une compétition de danse rendue célèbre par le film On achève bien les chevaux. Une acception plus moderne fait d’un marathon une suite de négociations plus ou moins longues et laborieuses entre représentants politiques, syndicaux … Le toponyme est un collectif en -ōn dérivé de marathon ou marathos, « fenouil » : c’est l’endroit aux fenouils.
- Fourches Caudines : la bataille des fourches Caudines eut lieu dans un défilé proche d’une ville nommée Caudium et l’expression « passer sous les fourches Caudines » en est issue — avec une certaine méconnaissance de ce qu’étaient véritablement ces fourches-là. J’écrivais déjà, en 2009 :
Le terme de « fourches » est la traduction du latin furculae employé par Tite-Live et Florus.
Ce mot latin furcula désignait un passage resserré entre deux montagnes. C’est un toponyme bien connu qui a donné son nom à La Forclaz, col des Alpes valaisannes, à quelques Forclaz en Suisse romande, à Forcola dans le Tessin et Fuorcla dans les Grisons.
Il semble que le latin furcula ait été emprunté au samnite (osque). C’est parce qu’on l’a rapproché abusivement du latin furca, « fourche », dont on l’a cru le diminutif, et parce que Valère Maxime et Lucain ont, eux, écrit Furcae Caudinae, que la confusion s’est faite, et que le « défilé » est devenu « fourche ».
Je confirme donc : la légion romaine s’est engagée dans les fourches caudines, y a été piégée par ses futurs vainqueurs et a dû passer sous le joug samnite.Pour mémoire, et pour ceux que cela intéresse:
Caudium, aujourd’hui « Ponteligno di Montesarchio, province Avellino, region Campania », est un nom sans doute issu du latin cudo, cudere, « couper », lui-même issu de la racine indo-européenne kau, au sens d’« entaille dans le bois ou la roche ». Le défilé était suffisamment remarquable pour avoir donné son nom à la ville.
Pour la majuscule à Caudines ou son absence, voyez ce que j’écrivais naguère à ce propos.
Guerres napoléoniennes
- Marengo : le nom de cette bataille ( 14juin 1800 ) est utilisé, en apposition, pour définir un mets qu’on a fait revenir dans l’huile avec de l’ail, des tomates, des champignons et du vin blanc. Cette recette aurait été improvisée par Dunan, le cuisinier de Napoléon. Manquant de beurre pour le rôtir dégoulinant de gras comme l’aimait l’Empereur, il utilisa de l’huile et saupoudra le tout d’ail : le poulet marengo était né. Le toponyme, attesté sous la forme Marenco depuis le XIIè siècle, est issu de Marinca qu’on trouve au Xè siècle. Il s’agissait alors d’une étape importante sur une route romaine, la Via Marenca, la « voie de la mer » qui reliait Calliano ( près d’un pont sur le Pô ) à la mer Méditerranée. Le suffixe -(i)ncus est caractéristique du latin de Ligurie.

- Trafalgar : cette bataille navale ( 21 octobre 1805 ) qui vit l’amiral Nelson défaire la flotte franco-espagnole a donné l’expression « un coup de Trafalgar », que la plupart des dictionnaires donnent pour « accident désastreux » ou « événement aux conséquences désastreuses ». Par analogie avec le coup de Jarnac, certains, dont moi, voient plutôt dans le « coup de Trafalgar » une manœuvre audacieuse et inattendue ( celle de Nelson transperçant le centre de la flotte ennemie ) provoquant la défaite des favoris. Trafalgar vient de l’arabe Taraf al-Gharb : « pointe ( taraf ) de l’ouest ( gharb ) ». Ce nom fut donné à cet endroit par les Maures quand ils débarquèrent en Andalousie en 711. Comme pour le Maghreb, el-Maghreb ou al-Maghrib en arabe, désignant « le couchant, l’occident, l’ouest », ou encore pour la province portugaise de l’Algarve, Al-Gharb en arabe, située à l’ouest de la péninsule ibérique, le Taraf al-Gharb procède de la racine verbale arabe gharb-, « s’en aller » ( cf. akkadien erēb, l’hébreu erev‘, etc.) : c’est l’endroit par où le soleil s’en va.
- Bérézina : le passage de cette rivière par la Grande Armée, du 26 au 29 novembre 1812, durant la retraite de Russie, reste dans les mémoires comme une déroute catastrophique, alors qu’elle était l’épilogue de la bataille de Borissov , dont Napoléon sortit militairement vainqueur. « Bérézina » est passé dans le langage familier pour désigner une déroute, un échec total, un désastre. Le nom de la rivière est un dérivé collectif en -ina du russe bereza, « bouleau » ; il signifie « boulaie, bois de bouleaux ». La même racine se retrouve dans d’autres langues indo-européennes, particulièrement germaniques : allemand Birke, anglais birch, néerlandais berk, danois birk, suédois björk, etc.
- Waterloo : la défaite de Waterloo du 18 juin 1815 n’ayant pas laissé de bons souvenirs en France, le mot a pris, avec minuscule, en français argotique, les sens de « désastre » ou « malchance persistante ». Le toponyme est un ancien composé néerlandais. Le second élément –loo signifiait, en vieux néerlandais, « terre déboisée, champ, pâture ». Il correspond linguistiquement au vieux haut allemand lōh ( comme pour Holeloh ), au vieux norrois –ló ( pour Oslo ), au vieil anglais lēah puis –leigh et -ley ( pour Raleigh et Bentley). Il se rapproche d’une racine indo-européenne présente dans le sanscrit lokas, « terre habitée, monde », le lituanien laūkas, « champ, campagne » et le latin lūcus, « bois sacré » mais qui a d’abord désigné la clairière, comme l’attestent les verbes collūcāre, interlūcāre, sublūcāre, « éclaircir un bois ». On remonte ainsi à un indo-européen *loukos et à la primitive nécessité de déboiser un espace de terre pour en faire un champ cultivable, une pâture ou une demeure. Il était alors important de choisir, pour ce faire, un endroit pourvu d’eau. Ainsi en a-t-il été à Waterloo, avec le néerlandais water, « eau ». À noter que la réforme de l’orthographe néerlandaise, qui a fait changer les noms de Tongerloo, Venloo et Beverloo en Tongerlo, Venlo et Beverlo, ne s’est pas appliquée à Waterloo, situé dans le Brabant francophone.
Guerre de 70
- Gravelotte : la bataille qui opposa du 16 au 18 août 1870, non loin de Gravelotte, les Français commandés par Bazaine aux Prussiens de von Moltke fut particulièrement meurtrière et s’accompagna de tirs de balles et d’obus en telle quantité qu’on eût dit qu’il pleuvait de l’acier, de là l’expression « ça tombe comme à Gravelotte ! » pour signifier concrètement une pluie battante ou, au sens figuré, une succession ininterrompue d’évènements fâcheux. Gravelotte, qui s’est d’abord appelée Graveium, « gros sable », en 1137 s’est vue dotée d’un diminutif pour devenir Gravilette au XVè siècle et a fini par devenir notre Gravelotte, c’est-à-dire gravelle, « gravier », et suffixe diminutif – otte. On a donc le choix entre « gros sable » et « petit gravier ». Mais je me doute bien que ceux qui y sont tombés se fichaient bien de cette nuance-là. ( source ).
Guerre de 14
- Ypérite : le tristement célèbre « gaz moutarde » fut employé pour la première fois en septembre 1917 à Ypres, d’où son autre nom d’ypérite. Ypres, en flamand Ieper, était mentionnée sous les formes Iprensis en 1066, Ipera en 1070 – 1093, Ipram (accusatif) en 1085 et enfin Ipre dès le XIIè siècle. Il s’agit du transfert du nom d’une petite rivière alors appelée Iepere, un nom formé sur le flamand iep, « orme, ormeau », accompagné de l’hydronyme –er, variante du bien connu -ar : c’était donc « la rivière des ormes ». Après détournement de son tracé au XIè siècle pour la faire se jeter dans l’Yser plutôt que directement dans la mer, cette rivière est devenue aujourd’hui un canal baptisé Yperlée. ( source )
Et, puisque tout doit finir en chanson :
Peut être aurez-vous trouvé ce billet un peu long, mais ce n’est pas ma faute si l’Humanité se plait à batailler … et d’ailleurs, voici la devinette :
Le nom d’une ville dévastée par une opération militaire est à l’origine d’un verbe signifiant « détruire totalement » et du mot correspondant, aujourd’hui considérés comme vieillis par les dictionnaires qui les mentionnent.
De quelle ville s’agit-il ?
■ un tableau comme premier indice :
■ une sculpture comme second :
Les réponses sont attendues chez leveto@sfr.fr
Malgré son utilisation par un petit nombre de locuteurs (les soldats de la Légion étrangère, l’expression « faire Camerone » évoque le village d’un village mexicain.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Camerone
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« évoque le nom d’un village »
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►TRA
Mais oui ! Comment ai-je pu oublier cette expression « faire Camerone » ( aller au bout de sa mission, au point de se sacrifier )? Moi qui habite Orange, la ville qui a hébergé le 1er REC pendant de longues années et qui voyait ses légionnaires parader tous les 30 avril !
Camerone est le nom francisé du village mexicain Camarón de Tejeda qui doit son nom aux nombreuses crevettes ( camarón en espagnol ) que l’on trouve dans les rivières proches. Il s’agit de la même étymologie que pour le Cameroun… comme je l’expliquais déjà dans ce billet gastronomiquement titré.
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?
https://pbs.twimg.com/media/Bwc9b09IEAIHWin?format=jpg
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Même si la capitale des Lémovices n’était pas sur le théâtre des opérations, on pourrait peut-être placer « limoger » et « limogeage » dans cette rubrique, puisqu’ils ont été forgés à partir de la décision de Joffre d’assigner les généraux d’état-major incompétents à Limoges, loin des combats.
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►TRA
j’avais bien pensé à inclure « limoger » dans cette liste mais je ne l’ai pas fait pour la raison que vous relevez. Pour cette même raison, j’ai aussi exclu « raguser ».
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« En ce temps-là, Amraphel, roi de Sennaar, Arioch, roi du Pont, Chodorlahomor, roi des Elamites, et Thadal, roi des nations,
2 firent la guerre contre Bara, roi de Sodome, contre Hersa, roi de Gomorrhe, contre Sennaab, roi d’Adama, contre Séméber, roi de Séboïm, et contre le roi de Bala, qui est la même que Ségor. »
(Genèse, XIV, 2, 3)
————–
En revanche, il ne semble pas sûr que le verbe ordinairement associé à la ville de Sodome ait un rapport avec la guerre (restée dans les divines annales) que mena son roi (qui vraisemblablement quitta, en fuyant rapidement, la bataille, laissant son armée mal barrée : d’où son nom).
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« Qui n’a pas entendu parler du chêne de Mambré? Et qui n’a jamais vu la fameuse icône de Roublev (XVe siècle)? Historiquement parlant, Mambré n’est pas un lieu très important. La tradition l’a retenu parce qu’Abraham y aurait résidé, et parce que Gn 18 raconte le fameux épisode de la visite de trois personnages. Autrement, rien. Le chêne de Mambré n’existe plus, bien sûr. Les lieux sont maintenant abandonnés, comme si le sort qui attendait Sodome et Gomorrhe s’était aussi abattu sur les lieux. Et maintenant, il n’y a plus d’Abraham pour négocier avec Dieu… »
http://www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2014/arc_141017.html
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Malgré son utilisation par une multitude de gens modernes, par tous ceux, innombrables, qui possèdent une imprimante réclamant périodiquement d’être ravitaillée en cartouches onéreuses, le MAGENTA vous aura manqué aussi.
Comment avez-vous pu le négliger, Leveto, alors qu’il existe dans votre bonne ville d’Orange, une RUE MAGENTA*… sans doute très fréquentable ?
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NDLR : Avant la déferlante informatique, le MAGENTA était davantage une affaire de photographes que de peintres.
Pour s’en rendre compte, il suffit de taper dans la barre Google, les deux mots « PHOTO + MAGENTA » et alors il y a du monde, question enseignes de labo’ de tirage.
Exemple :
https://www.jingoo.com/magenta-ph/
Tandis qu’en tapant « PHOTO + CYAN », c’est le bide sur le plan commercial !
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Comme je trouve que ce blog manque cruellement de galonnés en illustration, voici un DUC DE MAGENTA très présentable, sobrement traité en noir et blanc :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53120439w/f1.highres
Variations sur un même thème : « Ah ! Dieu que la guerre est jolie ! »
Leveto propose Brassens et moi je dégaine Francis Blanche… tout en ignorant à cette heure lequel des deux aura eu le premier l’idée du name droping question boucheries notoires…
La voici donc cette fantaisie rurale de luxe, ayant conservé sa fraîcheur et sa verve loin de la besogneuse ouvrage de Brassens :
– Ah ! si seulement F.B avait moins consacré de temps à faire le gugusse dans des films pourris, que de merveilles m’aurait-il laissées ? – Poil à mes abcès !
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*Il en existe une aussi dans ma sous-préfecture ainsi qu’une RUE SOLFERINO, ce qui m’amène à vous faire remarquer, cher Leveto, que le « ROUGE SOLFERINO » que vous mentionnez dans le billet du 28 novembre 2012 me semble relever de la berlue. Qui a jamais entendu parler d’un rouge comme celui-là ? Moi, je n’en ai jamais vu
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test
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Retour d’investigation chez Wikipédia :
Il semble que la chanson de Francis Blanche remonte à 1956 et que sa vague adaptation, par Brassens et en forme de produit dérivé, date, elle, de 1962.
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►TRS
en effet, j’ai oublié le magenta ( rouge d’aniline ainsi nommé puisque découvert en 1860 peu de temps après la bataille de 1859 ).
Quant au rouge Solférino, il est attesté dans l’Almanach, vol 6, année 1816-33
https://books.google.fr/books/content?id=YvFdAAAAcAAJ&hl=fr&pg=RA1-PA105&img=1&zoom=3&sig=ACfU3U2hW2Gvl7MA4aOi5RfAC6SAknYtRw&ci=117%2C605%2C713%2C104&edge=0
ou encore chez Maurice Barrès ( Les déracinés ):
« J’avais au cou un ruban de soie, encore rouge solférino, un « suivez-moi jeune homme » avec les pans aussi longs que la robe. » ( ici )
et encore ailleurs.
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« Contester, une maladie ? »
TRS : Il en existe une aussi dans ma sous-préfecture ainsi qu’une RUE SOLFERINO, ce qui m’amène à vous faire remarquer, cher Leveto, que le « ROUGE SOLFERINO » que vous mentionnez dans le billet du 28 novembre 2012 me semble relever de la berlue. Qui a jamais entendu parler d’un rouge comme celui-là ? Moi, je n’en ai jamais vu
REWIND.
TRS, le 27 novembre 2012 à 18 H 59 :
Et hop.
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Quelle mémoire, MiniPhasme !
PS 696 commentaires sue le billet ellespéen du 27 novembre 2012 ! Mais où sont les neiges d’antan ?
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PS Ayant pris la mauvaise habitude de mettre en forme mes « réponses » sur LSP (votre blog m’interdisant l’usage du BaliseLSP de Lebanni ) j’y ai posté par erreur ce commentaire. Puisse le Picard ne pas m’en tenir rigueur…
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C’est la Bérézina.
restant un peu sur ma faim avec la date de 1980 donnée pour l’apparition de cette expression par Le Grand Robert qui s’appuie sur une citation d’Albert Simonin :
j’ai poursuivi mes recherches et j’ai trouvé une interview d’Alain Rey ( qui avouait en 2004 : « J’ai un peu honte de cette date de 1980, qui signifie simplement qu’on n’a rien trouvé d’antérieur » ) qui cite une chanson de Pierre Perret de 1962 intitulée … La Bérésna dont le refrain est :
Nous avons gagné vingt ans !
Et puis, au détour d’une autre recherche, je tombe là-dessus :
Malheureusement, je n’ai pas pu vérifier…mais on a ( aurait ? ) quand même gagné un siècle !
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@ leveto
Je vous ai déjà fait part de mes réserves concernant l’étymologie de Troie.
Vous avez eu alors l’obligeance de me communiquer vos sources : « Le dictionnaire Robert des noms de lieu » (article de Deroy et Mulon).
Cet ouvrage date de 1996. Depuis des découvertes (de nouveaux textes) ont été faites dans le domaine des études hittites. Les auteurs de l’article ne pouvaient donc pas les connaître et il aurait besoin d’être mis à jour.
On a trouvé mention d’une « wilusiya », qui semble correspondre à (Ϝ)ίλιος / (W)ilios / Ilion [attention le digamma (lettre utilisée seulement pour certains dialectes grecs, qui n’est pas écrite dans les textes homériques, mais dont l’existence peut être restituée par la scansion) n’est pas un F, mais un W prononcé à l’anglaise].
Pour plus de détails, je donne le lien avec cet article (voir notamment p. 449 sqq.) :
https://www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_2009_ant_1147_1_2752
Voir aussi les articles de vulgarisation de WP /
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wilusa
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alaksandu
Quant au nom « Troie », on a, dans une tablette en linéaire B retrouvée récemment à Mycènes, le terme to-ro-wo (le linéaire B est une écriture syllabique, comme les kanas japonais actuels), qu’on peut aussi transcrire Τρωος / Trôos, et qui se rapportent à Troie.
On a aussi rapproché le nom grec de Troie de celui de Taruisa, cité présentée (avec Wilusiya d’ailleurs) comme membre de la ligue d’Assuwa.
Voir (p. 40) :
https://books.google.fr/books?id=_KvJ_FPCWxEC&pg=PA40&lpg=PA40&dq=taruisa&source=bl&ots=px-LrCKmDT&sig=ACfU3U1AptzrLZcfvjBgPQpGe_MugPz7kA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjV57joioHoAhUtzYUKHZAHA6QQ6AEwBHoECAoQAQ#v=onepage&q=taruisa&f=false
Voir aussi :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Assuwa
https://en.wikipedia.org/wiki/Assuwa
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De façon intéressante, pour expliquer la dualité de noms, WP-en propose la distinction « capitale (Ilion) » / « région (Troade) » ou celle « endonyme (Ilion) » / « exonyme (Troie) ».
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Hi, Hideous and Tiny Beastiole (3 mars 2020 à 21 09 30 03303)
Tout autant que votre anatomie supposée, l’insistance que vous montrez à exhumer d’antiques foutaises est pénible à voir pour un garçon comme moi qui n’a jamais gardé en mémoire les propos que vous me prêtez.
Sans doute n’était-ce là que pur badinage à l’époque ?… et, toute répulsion gardée, je ne vous en tiens pas rigueur.
Pas davantage pour vos piètres manières :
Et vous pouvez bien faire comme vous voulez , l’Insecte, et où vous voulez : l’encoprésie on sait ce que c’est, à votre âge.
N’empêche que ce « Rouge Solférino », pour moi, n’existe pas :
-introuvable en magasin tandis que le Magenta reste une denrée commune
-introuvable aux dictionnaires, au rayon noms communs
-introuvable même au registre populo’ et aux micro-trottoirs dans ma sous-préfecture : pour 75% des piétons interrogés, le mot ‘SOLFERINO’ n’évoque rien d’autre que la rue commerçante, celle où, présentement, ils se trouvent.
Seuls 10% des questionnés pensent vaguement à la bataille historique et le reste du panel –ô combien représentatif- est sans avis sur la question ou m’envoie balader.
Bref, cette couleur n’a pas d’existence réelle pour moi… et j’ai connu tellement de tubes coûteux dans ma vie d’artiste que ni Leveto ni vous ne m’entuberez.
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Passé ce moment de stricte contestation sanitaire, il est temps pour moi de retourner à d’autres tubes, ces derniers étant pris non pas au sens de contenant mais bien au sens discographique :
Evidemment le WATERLOO SUNSET des Kinks, cette formation que j’ai adorée en son temps et qui reste associée au qualificatif « acidulé », si joli à prononcer.
Avec eux, le terme WATERLOO n’a pas valeur d’antonomase et ne désigne qu’une gare. Comme il y a chez nous la gare d’Austerlitz… simple affaire de célébration d’une victoire.
Je ne glisse pas de lien, les ignares feront le boulot.
….
Evidemment et surtout, le WATERLOO d’ABBA… et là, avec pertinence et souci aussi de dire combien l’anatomie de la chanteuse blonde m’avait ému, je me risque à un lien vers You Tube :
Alors je constate que, si en France, le terme WATERLOO évoque une défaite cinglante, les Anglais, d’ordinaire si contrariants, n’en font pas le strict équivalent d’une victoire :
https://dictionary.cambridge.org/dictionary/english/meet-your-waterloo?q=waterloo
C’est ainsi que, face à Leveto et sa devinette en cours, je peux dire que le penaud Picard <imeets his Waterloo.
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Et pour ceux qui aimèrent le jazz, sur Europe 1:.
Avec rupture attendue/souhaitée du tempo seulement vers la fin du morceau. Un ex drummer du 84 et ses balais, savent de quoi je cause.
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► TRA
merci pour toutes ces infos sur le nom de Troie. Les choses semblent en effet avoir beaucoup évolué et sont assez diverses, variées et foisonnantes pour que je n’aie pas eu le temps de tout lire ! Mais je garde ça sous le coude.
►TRS
et pourtant, il existe ! ( le rouge solférino )
Sinon, vous pouvez trouver le solferino sous le numéro 17 de cette palette ou encore la laque solferino au milieu de celle-ci ou encore ici…
PS merci pour le Duke !
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Contrairement à ce que l’on croit généralement, la commune morbihannaise de Néant-sur-Yvel [Néant tout court jusqu’à la Seconde (Deuxième ?) Guerre mondiale], bien connue des pompiers car elle se trouve dans la forêt de Paimpont, n’est pas à l’origine du verbe « anéantir ».
Ce n’est donc pas la bonne réponse !
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Néant-sur-Yvel
Rectificatif de la fiche wiki
Néant, noté Neant en 1330 est un anthroponyme. ( Noms de lieux de Bretagne, J.-Y. Le Moing, ed. Bonneton, 2007)
Le déterminant sur-Yvel a été ajouté en 1947 : les Allemands n’y sont pour rien ! le nom de l’Yvel ( dont je n’ai pas trouvé les noms anciens ) doit avoir quelque chose à voir avec le celtique eburos donnant ivos , « if ».
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Profitant des vacances pour faire un peu de rangement dans ma bibliothèque, je tombe sur un ouvrage de Jean Faucounau (auteur controversé mais stimulant), où il hasarde cette étymologie pour Troie :
« Il leur [= aux proto-ioniens] fallait une base près des détroits, où ils puissent attendre des vents favorables. Ce fut la colline d’Hissarlik qu’ils choisirent. Établis dans cette terre étrangère, parmi des populations de langue louvite, ils sentirent très tôt le besoin d’entourer la cité d’une fortification. Ainsi naquit Troie I, dont le nom originel, proto-ionien, remonte peut-être à la racine IE *ters-/tors : « faire sécher » (français « torréfier »). Auquel cas, Troie serait primitivement l’endroit où les marins proto-ioniens faisaient sécher le poisson pour le conserver … »
(« Les proto-ioniens, histoire d’un peuple oublié », Jean FAUCOUNAU, pp. 88-89)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_proto-ionienne
https://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_2002_num_115_1_4489_t1_0424_0000_2
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► TRA
Oui, j’avais croisé les « proto-ioniens » au cours de mes recherches consécutives à votre premier commentaire contestant l’étymologie de Troie. J’avoue que j’ai un peu renoncé à en savoir plus, tant les théories sont nombreuses et parfois contradictoire à propos de cette étymologie. Je me demande s’il n’y a pas là-dessous une querelle d’égos entre linguistes, chacun voulant à tout prix laisser son nom dans les bibliographies savantes … mais je suis peut-être mauvaise langue ( ahah ).
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Je soupçonne Faucounau d’avoir lui-même rédigé la notice relative aux proto-ioniens dans WP tant il y a de similitudes avec l’ouvrage que j’ai cité.
Par ailleurs ce n’est pas un « professionnel de la profession », mais un « amateur éclairé » (avec une formation scientifique : c’est un ancien polytechnicien). Mais cela n’est pas discriminatoire puisque Michael Ventris, qui est à l’origine du déchiffrement du linéaire B, était architecte. En outre, il a le soutien de Paul Faure, spécialiste de la civilisation minoenne, ce qui n’est pas rien.
Mais; quant à l’étymologie de Troie qu’il propose, il ne la présente que comme une conjecture.
Ce qui est sûr, c’est que les connaissances sur le deuxième millénaire, insuffisantes jusqu’à maintenant (sauf en ce qui concerne l’Égypte et la Mésopotamie) progressent considérablement ces temps-ci et vont peut-être nous apporter des éclaircissements.
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… et je connais un vétérinaire qui se prend pour un toponymiste! ( ahah !)
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