TRS complète le podium des « solutionneurs » de ma dernière devinette, dont les premières marches sont occupées par TRA et Un Intrus. Bravo à tous les trois!
Il fallait trouver le Grun de Chignore, une montagne auvergnate surplombant de ses 1074 m la puydômoise Vollore-Ville :
et, plus précisément, ici, au centre de la forêt d’Ayguebonne :

Frédéric Mistral, dans Le Trésor du Félibrige, donne pour grougn, grounh, groun, les définitions suivantes :
Le terme a été utilisé, dans le Massif Central comme dans les Alpes, pour désigner, par analogie avec le museau du porc, certaines montagnes.
En patois auvergnat, on utilise la graphie grun :

Je compte plus de vingt Grun rien que dans le Puy-de-Dôme, un Grun de Saint-Maurice (à Saint-Firmin, H.-A.), un Grun du Roux (à la Chalp, Isère), un Grougn (à Gourbit, Ariège), etc.
Lors de la francisation à marche forcée, le terme dialectal grun, sans doute considéré comme vulgaire, a cédé sa place à « puy » ( du latin podium), plus « correct » :

et jusque sur la carte d’état-major de 1866 où le nom, mal compris, est écrit en un seul mot Puichignor précédé de St., abréviation de « sommet », pour une certaine tautologie :
Et Chignore, me demanderez-vous ? Eh bien!, la terminaison en -ore nous donne la clef : il s’agit d’un mot composé dont le deuxième élément dūrum ou duro, la « citadelle gauloise », a subi l’évolution phonétique habituelle dans la région. Le premier élément est issu du nom d’homme latin Canius :

L’histoire de Vollore-Ville et celle du Grun de Chignore est racontée sur le site officiel de la ville ainsi que sur cette page qui insiste particulièrement sur les curieuses fouilles.
Vollore-Ville était notée Lovolautrum castrum au VIè siècle par Grégoire de Tours qui fait de ce même Lovolautrum le nom d’un cours d’eau. E. Nègre (TGF*) donne ce nom comme un dérivé des gaulois lovo, « eau », et lautron , « bain, bassin, auge, canal », pour désigner d’abord le cours d’eau (si vous avez été attentif, vous avez noté un Mas sur Vollorre sur la carte de Cassini, au sud-ouest de Vollorre). *Lovollaure a été compris lo Vollaure (avec l’article occitan lo ), écrit Vollore. L’étymologie selon un nom de personne gaulois Volo suivi de dūrum (DENLF*), qui ne tient pas compte du nom attesté chez Grégoire de Tours, est moins crédible.
En 1793, suivant les règles de la Convention, le nom de Vollorre-Ville fut changé pour Vollorre-Chignore.
En 1943, Louis Aragon écrivit Le Conscrit des cent villages parmi lesquels est citée Vollore-Ville :
Adieu Forléans Marimbault
Vollore-Ville Volmerange
Avize Avoine Vallerange
Ainval-Septoutre Mongibaud
Les indices
■ géographiques :
Le forum romain devait orienter vers l’étymologie du Forez : le nom de ce pays, attesté in agro Forensi en 918, est formé sur l’ancien nom de Feurs, Forum Segusiavorum au Ier siècle av. J.-C., soit le marché des Segusiaves.
Il fallait reconnaitre sur l’autre illustration sainte Wigeforte ou Livrade qui aurait donné son nom au Livradois, comme elle l’a donné à plusieurs communes du Sud-Ouest. Le Grun de Chignore est inclus dans le parc naturel régional du Livradois-Forez.
■ historique :
Ce portrait de Thierry Ier (ou Théodoric ), roi d’Austrasie, renvoyait à l’Auvergne et surtout au pillage de Vollorre (ceux qui ont suivi le lien pointant vers l’histoire de la ville ont déjà vu cet épisode).
■ le coupe chou :
cette photo de coupe-chou renvoyait à Thiers, capitale mondiale de la coutellerie. À ce propos, TRS m’a écrit : « le « coupe-chou » mis en indice, m’a rappelé Arconsat, sa « saucisse de chou » et sa proximité d’avec Thiers » ; c’était tout à fait involontaire de ma part!
■ la pièce de monnaie :
cette pièce de 5 toea de Papouasie-Nouvelle-Guinée est illustrée par une tortue à nez de cochon. Et, du nez de cochon papou au grun auvergnat, il ne restait qu’un pas à franchir, vous me l’accorderez.
5 toea = 5 centimes de kina = 1,2 centime d’euro. Pas bézef, quoi.
*Les abréviations en majuscules grasses suivies d’un astérisque renvoient à la bibliographie du blog, accessible par le lien en haut de la colonne de droite.
Chignorait tout de cet endroit – maintenant chignore presque tout de cet endroit
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Et, si vous ne connaissez pas le Forez, demandez : « Où c’est là donc ?
C’es à ce trait que l’on reconnaît les amoureux df la littérature.
[Et, il n’y a pas que du refait ! Même à l’heure du berger …]
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@ brosseur
Logiquement, si l’on continue dans le gaulois, ce devrait être le tout de CALM ce soir.
Avec Montcalm, vous êtes avantagé …!
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Le « nez », ou le « museau » , désigné par un terme différent selon l’animal qu’il évoque du fait de sa forme, désigne aussi d’autres montagnes.
Citons « Le Nez de Bœuf » dans l’île de la Réunion, « Le Museau de la Tanche » dans l’île Amsterdam et, dans le domaine de la fiction, « Le Museau du Yack » dans « Tintin au Tibet ».
http://www.amapof.com/articles.php?id=1087
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C’est moins sûr pour Nax, dans le Valais.
Il me semble aussi avoir rencontré un « Nas de quelque chose » … mais je n’arrive plus à le retrouver.
[Ce Nax me fait penser que, si vous avez une clé laxienne, je suis preneur : depuis que j’ai mis en route mon générateur spontané meldgien, je suis envahi par le tangreese…]
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►TRA
Le « calm », ce sera peut-être pour une fois prochaine : il y a tant à débrouiller entre le PIE, l’IE, le celtique, etc. qu’on s’y perd et ce ,d’autant plus que les grands pontes ne sont pas toujours d’accord entre eux !
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Caramba !
Encore raté …
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Bonjour m Leveto
pour le livradois, je ne comprend pas :
dans le même texte , encadré de rouge
1 vient de ste LIVRADE = LIBERATA ( délivrée par Dieu)
2 vient de LEBOR-ATE
Merci
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PS : lire = comprendS
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►lecteur
Il faut comprendre que l’étymologie n’est pas assurée. L’hypothèse la plus consensuelle jusqu’à récemment est celle qui fait appel à un hagionyme mais P.-H. Billy a proposé une nouvelle hypothèse (encadré).
À vous de vous faire une idée …
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merci beaucoup M leveto
rien d’évident .
c’est plus intéressant ,d’un point de vue , et moins de l’autre.
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