LGF a rejoint les trois « solutionneurs » de ma dernière devinette. Bravo à lui!
Il fallait trouver la Vallée de Barétous, dans les Pyrénées-Atlantiques, un pays naturel traversé dans sa longueur par le Vert, affluent gauche du Gave d’Oloron.
Et, plus précisément, ici :

Le nom du pays est attesté Baratos en 1264. Il s’agit d’une formation du bas Moyen Âge, sur l’ancien gascon barat, « vallée », muni du suffixe -on et mis au pluriel : il s’agissait de décrire les nombreux petits vallons qui courent sur les flancs de la vallée. Au XVIIè siècle a été créée la forme Valetons (attestée en 1630 et 1663), refaite sur le latin vallis, « vallée », diminué en vallatum et, là aussi, suffixé en -ons. La prononciation gasconne faisant passer le -v– au -b-, on trouvera écrit Barétons sur la Carte de Cassini :
Carte Cassini – Feuillet 108 – Pau – 1779
… et la prononciation locale a fait passer la syllabe finale de -on à –ou pour donner le nom actuel. Dans le Barétous subsistent encore deux noms de lieux qui évoquent son étymon gascon : Barats à Lanne-en-Barétous et Barat à Lissot.

Chaque 13 juillet, au col de la Pierre Saint-Martin, se déroule, dans le cadre des lies et passeries, la cérémonie de la Junte de Roncal . « À cette occasion, les maires béarnais de la vallée de Barétous remettent à leurs homologues de la vallée de Roncal trois vaches en vertu d’un traité vieux de plus de six siècles, considéré comme étant le plus ancien actuellement en vigueur en Europe ».

Les indices
■ une gravure :
déjà publiée à l’occasion d’une précédente devinette, cette gravure représente un mousquetaire en uniforme et avec tout son fourbi. Qui dit mousquetaire, dit Gascogne. La première fois, on devait penser à Athos, cette fois-ci, il fallait penser à Aramis — dont le nom a été inspiré à Alexandre Dumas par Henri d’Aramtiz, qui fut abbé laïc d’Aramits dans la vallée de Barétous. On notera au passage que le nom d’Aramits provient du basque aran, « vallée », muni du suffixe collectif -itz : on n’en sort pas!
■ un tableau :
cette œuvre de Rosa Bonheur (1822-1899), intitulée Trois études d’un bœuf roux dans un pré, devait orienter, pour qui sait compter, vers trois bovins … comme les trois vaches données aux Espagnols du Roncal par les Français du Barétous, lors de la cérémonie multi-séculaire du 13 juillet. Il va sans dire que, si j’avais montré trois vaches dans un pré, la réponse n’aurait nécessité qu’une recherche sommaire sur internet pour être dévoilée, ce qui m’aurait contrarié.
■ le portrait :
il fallait reconnaitre Henri d’Aramitz — si on en croit le site espagnol où j’ai pioché l’image. Cet indice n’était là que pour compléter le premier.
Supplément toponymique
Je ne reviens pas sur le nom d’Aramits déjà expliqué plus haut mais je peux ajouter :
- Lanne-en-Barétous : du gascon lanne, « lande » — mot issu du gaulois ;
- Arette : du basque ar-, « pierre », et suffixe collectif -eta , pour « endroit caillouteux ».
- Ance : du nom d’homme latin Antius et suffixe -a.
- Féas : noté Heaas en 1343. On est tenté de voir dans ce nom le pluriel du gascon heà, « prairie de foin ». Heà est issu du latin fenum avec chute du –n- intervocalique et passage habituel du f– au -h. Dans la cas de Féas, le f- initial se serait maintenu par archaïsme.
- Le Vert : ce cours d’eau doit sans doute son nom au vern gaulois, « aulne ». La forme vern, ou vergne, devrait être en principe assez rare en Aquitaine où les Celtes ont peu pénétré, mais le roman a emprunté et conservé le terme gaulois qui était donc connu en ancien français et en occitan. On le retrouve par exemple dans le nom de Vert (Landes) ou dans celui de Capvern (H.-Pyr.). Les étymologies données par wikipedia sont à rejeter.
- Roncal : suivez le guide.
« Monsieur de Troisvilles, comme s’appelait encore sa famille en Gascogne, ou M. de Tréville, comme il avait fini par s’appeler lui-même à Paris, avait réellement commencé comme d’Artagnan, c’est-à-dire sans un sou vaillant, mais avec ce fonds d’audace, d’esprit et d’entêtement qui fait que le plus pauvre gentillâtre gascon reçoit souvent plus en ses espérances de l’héritage paternel que le plus riche gentilhomme périgourdin ou berrichon ne reçoit en réalité. »
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Trois_Mousquetaires/Chapitre_2
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À une quinzaine de kilomètres d’Aramits, dans la commune de Trois-Villes, on peut toujours voir le château de monsieur de Tréville.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_d%27Eli%C3%A7ab%C3%A9a
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Pas de commentaire …
… mais un documentaire :
https://www.arte.tv/fr/videos/099162-000-A/dans-le-bearn-la-vallee-des-trois-mousquetaires/
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►TRA
Excellente, cette vidéo d’Arte !
Avis aux amateurs : faites vite, elle n’est disponible que jusqu’au 09/09/2022 !
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Pensez; 635 ans d’échanges [profitables] entre les deux villages.
Peu importe les coûts. Sinon quoi … barrer
la frontièretout ?J’aimeJ’aime