Après le millet, qui a fait l’objet d’un récent billet, je m’intéresse aujourd’hui à l’avoine et à l’orge, en cherchant leurs traces toponymiques en France.
Avoine
Le latin avena désignait à l’origine une mauvaise herbe, la folle avoine, et a pu parfois entrer en concurrence avec l’appellatif germanique afesno désignant une « terre pauvre vouée au pâturage ».
Le simple « avoine » se retrouve dans le nom d’Avoine (I.-et-L., Orne) et de Lavoine (Allier, avec agglutination de l’article).
Le pluriel en bas-latin *avenesna, « terre propice à l’avoine », a donné Avesnes (P.-de-C.), A.-Chaussoy (Somme), A.-en-Bray et A.-en-Val (S.-M.), A.-en-Saosnois (Sarthe), A.-le-Comte et A.-lès-Bapaume (P.-de-C.), A.-les-Aubert, A.-le-Sec et A.-sur-Helpe (Nord). Ce même *avenesna se retrouve dans Longavesnes (Somme, Longa avesna en 1101, « avoine à la longue paille » ou « long champ d’avoine »), Haute-Avesnes (P.-de-C.), Hautevesnes (Aisne) et Authevernes (Eure, Altavesna en 1060, avec passage de -sn- à -rn-) et peut-être dans Bouchavesnes-Bergen (Somme) noté Buiscavennes en 1139 avec peut-être le latin bucca, qui a donné l’oïl bouche, « botte, fagot, javelle ».
Le diminutif a donné Avesnelles (Nord). La variante *avernes, déjà vue à Authevernes, se retrouve encore à Avernes (Val-d’Oise) et à A.-Saint-Gourgon (Orne).
Le composé avec le suffixe -arium a donné Les Avenières (Isère) et de nombreux hameaux et lieux-dits du même type comme Avenières (à Feucherolles, Yv.), Avinières (à Cendras, Gard), Les Avenières (à Saint-Donat, Drôme), Venières (à Boyer, S.-et-L.) ou encore La Venière (à Boyer, Somme).
L’oïl avan est à l’origine du nom d’Avanne-Aveney (Doubs, avec Aveney du nom d’homme latin Avenus et suffixe -acum) et l’occitan avena se retrouve dans Labenne (Landes, Avena en 1242 avec agglutination de l’article).
Un autre mot de langue d’oc pour désigner l’avoine, cibado ou civado (du latin cibus, « aliment »), est à l’origine de quelques micro-toponymes comme Civade à Planzolles (Ardèche), La Civadière à Lafare (Vauc.), Civadou à Atur (Dord.), et bien d’autres.
Le breton connait kerc’h pour l’avoine d’où quelques micro-toponymes comme Kerc’has à Nevez (Fin.), Kerc’heu à Briec (id.), etc.
Le germanique hafer a donné les micro-toponymes Hafereck à Sarralbe (Mos.), Haferbusch à Roussy-le-Village (id.), Haferoth à Herbitzheim (Bas-Rhin), Haferstuecke à Weyersheim (id.), etc.
Orge
Le latin hordeum est à l’origine du nom de l’orge, tandis que le dérivé hordearia a donné le français orgère ou orgière, « champ d’orge » avec un sens secondaire de « marché aux grains ».
C’est ainsi qu’on trouve les noms d’Orges (H.-Marne) et d’Orgeux (C.-d’Or, Urgeolum en 1100, avec suffixe -ellum), qui peuvent être d’anciens horreus et horreleum, « grenier ».
Orgères (I.-et-V., May. et Orne) et Orgères-en-Beauce (E.-et-L.) sont des noms composés avec le suffixe –aria.
Un mot occitan pour l’orge, ordi, est à l’origine de quelques micro-toponymes comme le Gro d’Ordi à Lautrec (Tarn), L’Ordière à Valmeinier (Sav.), Les Ordières à Onnion (H.-Sav.), etc.
Les devinettes
Je vous propose de chercher les noms de deux communes de France métropolitaine, liés l’un à l’avoine et l’autre à l’orge.
■ toponyme 1 : il s’agit d’un nom composé qui désigne le terrain où pousse la céréale mais où le nom de celle-ci n’apparait pas sauf en sous-entendu.
■ toponyme 2 : il s’agit d’un nom composé qui indique d’une certaine matière la taille du terrain à l’origine de la commune.
Les réponses sont attendues chez leveto@sfr.fr
Depuis plusieurs années, je n’avais pas acheté de l’orge perlé. On en mettait dans la soupe quand j’étais enfant. Et j’en ai trouvé récemment…Cela changera…
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« Le latin avena désignait à l’origine une mauvaise herbe, la folle avoine, et a pu parfois entrer en concurrence avec l’appellatif germanique afesno désignant une « terre pauvre vouée au pâturage ». »
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Si l’on en croit cet article paru dans le « Revue internationale d’onomastique », il y aurait d’autres concurrents :
https://www.persee.fr/doc/rio_0048-8151_1957_num_9_3_1592
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