Limendous (répàladev)

TRS a rejoint le groupe des « solutionneurs » de ma dernière devinette. Félicitations !

Il fallait trouver la béarnaise Limendous (wiki).

local Limendous

Le Dictionnaire topographique du département des Basses-Pyrénées (Paul Raymond, 1863) nous donne quelques formes anciennes du toponyme :

Limendoux

On remarque qu’en 1385, le nom se découpait en deux parties dont la première, Luc, nous est connue : il s’agit du dérivé du latin lucus qui ne désignait plus à cette époque qu’un « bois », en dehors de tout sentiment religieux.

La seconde partie du nom a fait l’objet de plusieurs hypothèses : selon les uns (DENLF*) il s’agirait du basque mendi, « montagne », accompagné du suffixe aquitain –osus (comme pour Mendousse à Burosse-Mendousse du même département) et selon les autres (TGF*) du latin mendosus, « défectueux ». Une troisième hypothèse (TT*, NLPBG*) s’appuie sur une forme du nom datée du XVè siècle (mais hélas non sourcée), Lucbentous, avec le gascon bentous, « venteux ».

On remarque également que le nom était écrit Limendoux, avec un -x terminal en 1863, sans doute sous l’influence des pluriels en –oux et/ou de l’adjectif « doux », ce qui montre, s’il en était besoin, l’extrême fragilité de l’orthographe des noms propres et la nécessité de s’appuyer sur le plus grand nombre de sources possibles pour en découvrir l’étymologie (d’un Limendoux à un « doux limon », il n’y a qu’un pas …).

60px-Asterism.svg

Les indices :

Jean Bouzet, né en 1892 à Pontacq (chef-lieu du canton où figure Limendous), enseigna l’espagnol à la Sorbonne, où Georges Pompidou et François Mitterrand furent ses élèves. Il fut l’auteur de plusieurs ouvrages dont, en 1936, une Grammaire d’espagnol qui fit longtemps autorité et fut rééditée jusqu’en 1993.

■  indice a 06 06 2021 La palissade faite de pieux rappelait la ville de Pau dont le nom pourrait venir du latin palus, « pieu». Même si cette étymologie est controversée, le blason de la ville montre trois pieux censés représenter la palissade qui cernait la ville originelle.

■  La chanson Gastibelza de G. Brassens était intéressante par son refrain « le vent qui vient à travers la montagne me rendra fou ! ». Vous y êtes ? Oui, c’est bien ça : le vent, comme Lucbentous, et la montagne, comme Lucmendous.

indice c 28 02 21 Ce taureau en céramique rouge rappelait le blason du Béarn sur lequel figurent deux vaches rouges. Cette image avait déjà été utilisée à propos d’une précédente devinette.

cdl3

Je ne pouvais bien entendu pas terminer ce billet sans rétablir une vérité aussi irréfutable qu’immarcescible : il n’y a en France qu’une seule montagne venteuse avec un record de 320 km/h le 19 novembre 1967, c’est le Ventoux, 1912 m. Et que ceux qui me parleraient de la rafale chronométrée à 360 km/h au sommet de l’Aigoual en 1968 ravalent leur morgue :  une « montagne » de 1565 m ? laissez-moi rire ! l’Aigoual n’est qu’une colline à peine un peu plus haute que ses voisines, voilà tout — et une seule rafale ! ventilateur précoce, vai ! le Ventoux sait garder le rythme sur une longue durée, lui !

IR_01197

8 commentaires sur “Limendous (répàladev)

  1. Je suis tout-à-fait disposé à faire l’éloge du mont Ventoux. Mais… Si vous me cherchez sur l’Aigoual, vous m’y trouverez.

    171 km/h de moyenne sur une journée (!!!), appelez-vous ça une rafale ? 335 km/h de vent soutenu (dont rafale à 360 km/h), est-ce une performance de ventilateur précoce ?

    Quant à la hauteur : 1250 mètres de dénivelé direct entre la base et le sommet, ça vous en fait une sacrée putain de montagne, même si l’altitude factuelle est (légèrement) plus faible que celle du Ventoux.

    Et puis chez les rudes Lozériens de l’Aigoual, il ne se contente pas de régulièrement venter : il pleut et il neige aussi. 607 millimètres d’eau en 24 heures (outch, Noë en aurait eu des frissons). 1,86 mètres de neige en 24 heures.

    Maintenant, une fois ces points replacés sur le « i » de l’Aigoual, je n’ai aucune peine à vous concéder que le Ventoux est certainement plus souvent venteux qu’aucune autre montagne française. Et Gastibelza pouvait fort bien parler de lui (même si l’Aigoual est un peu plus près de Nîmes, lieu cité dans le poème).

    J’aime

  2. (De toute façon, pour un habitant des landes de Bretagne que je suis devenu, l’Aigoual comme le Ventoux sont tous deux des géants.)

    J’aime

  3. Ah mais, Jacques C ! vous réveillez là un tiraillement existentiel entre mes père et mère qu’il m’a bien fallu résoudre .
    Maternellement, c’est l’Hérault, donc pas loin de l’Aigoual. Paternellement, c’est le Vaucluse, donc le Ventoux.

    Mais l’Hérault, c’est surtout Béziers et la vigne, et Sète et son étang (vous verrez dans le prochain billet !). tandis que le Vaucluse, c’est le Ventoux.

    Donc : la montagne c’est le Ventoux. C’est clair ?

    PS si je rajoute qu’ils m’ont fait naître en Ardèche, c’est pas gagné !

    J’aime

  4. Oh, mais je comprends bien que le Ventoux marque le paysage du Vaucluse plus que bien des montagnes, tant il est « visible », tant il sort de l’horizon. Il est inévitable qu’il s’impose.

    [Pour ma part, c’est entre Bretagne côté maternel et Lozère côté paternel que s’exerce le tiraillement, mais je le vois plus comme une richesse. Et entre Menez Hom et Aigoual, il n’y a pas vraiment photo en matière de « montagne » — même si la vue que l’on a du Menez Hom est assez extraordinaire, puisque par temps clair l’on peut admirer la sublime presqu’île de Crozon, Brest, Douarnenez et finalement une grande partie du Finistère. Mais en fait ma famille est plutôt de la région du Menez Bré, et là, bof, c’est un petit monticule, quoi. Mais la côte du Goëlo, en revanche, ah, ça c’est de la côte.]

    J’aime

Laisser un commentaire