Le noyer I : la noix du Nord

Je me suis déjà intéressé sur ce blog à beaucoup d’arbres comme au chêne il y a déjà dix ans, au hêtre il y a cinq ans, au tilleul et à d’autres que je vous laisse chercher. J’avais délibérément laissé de côté le noyer qui est si représenté dans notre toponymie (pensez : plus de cinq cents lieux portent le nom tout simple de Noyer(s) !) que la tâche me semblait quasi impossible. Je me lance aujourd’hui en divisant grosso modo le travail entre langue d’oïl et langue d’oc.

France dialectale

Aujourd’hui, c’est le Nord.

 

Le latin nux, nucis désignait à l’origine tout fruit à écale et à amande dont la « noix ». Pour la différencier des autres, on appela cette dernière, portée au pinacle, nux juglans, « gland de Jupiter ». Noblesse oblige, nux finit par ne plus désigner que la noix du noyer. C’est Linné qui choisit d’appeler l’arbre Juglans regia.

C’est le collectif latin masculin nucarius qui est à l’origine de notre « noyer », de la même façon que filix a donné le féminin filicaria puis  « fougère ».

 

 

 

 

 

 

Les habitués de ce blog connaissent mon goût pour le classement (« Je ne suis pas à proprement parler ce qu’on appelle un maniaque. Simplement j’aime que tout brille et que tout soit bien rangé.» ) … mais, bon, ici ça part tellement dans tous les sens que le classement risque de laisser à désirer … Qu’on veuille bien m’en excuser. Bon, oui, d’accord : c’est un classement à la noix. Voilà, celle-là, c’est fait.

 

Noyer simple

Plusieurs communes portent ce nom, le plus souvent au pluriel : Noyers (Eure, Loiret, Haute-Marne, Yonne), Noyers-Pont-Maugis (Ardennes), N.-Auzécourt (Meuse), N.-Bocage (Calv.), N.-Saint-Martin (Oise) et N.-sur-Cher (L.-et-C.). Le singulier se lit dans les noms de Le Noyer (Cher) et de Le Noyer-en-Ouche (Eure).

Le nom de l’arbre peut aussi servir de déterminant comme à Saint-Aignan-des-Noyers (Cher), à Saint-Martin-des Noyers et Sainte-Radégonde-des-Noyers (Vendée) et à La Chapelle-du-Noyer (E.-et-L.).

Where is the Saint ?

L’oïl noier, nouiier se retrouve au pluriel dans le nom de Noards (Eure, Nouiers et Nuces au XIVè siècle puis Nouars en 1484 qui est une réfection sur le latin nucarius)  et au singulier dans le nom de Noé-les-Mallets (Aube, Nucerium vers 1095). Le franco-provençal noyé a abouti de la même façon à Les Noés (Loire, Noyer en 1642).

Les noms de Nods (Doubs, Nox en 1271, aujourd’hui dans Premiers-Sapins) et de Nod-sur-Seine (Nou en 1158) semblent être eux aussi issus du latin nux, « noix », mais une confusion est possible avec le gaulois nauda, « lieu marécageux » qui a donné de nombreux noms comme Les Noés (Aube), Noeux-les-Mines (P.-de-C.), La Noue (Marne), etc.

Les noms de lieux-dits sont beaucoup plus nombreux, plus de cinq cents comme je l’ai déjà dit, avec toutes sortes de déterminants (Grands, Petits, Trois, Quatre, etc.) ou servant de déterminant (Clos du Noyer, Champ, etc.).

Notons que ce nom simple de Noyer(s) est aussi présent en zone méridionale par exemple à Noyers-sur-Jabron (Alpes-de-H.-P.) comme nous le verrons dans l’article suivant.

Noyer suffixé

Avec le suffixe péjoratif latin -aster, on aboutit à Nourard-le-Franc (Oise, Nouerastum en 1124) et à Nouâtre (I.-et-L., Nogastrum en 925), de « vilains noyers ».

Avec le diminutif masculin -eolum on trouve Noreuil (P.-de-C., Nugerol en 1115) et Viry-Noureuil (Aisne) tandis que le féminin -eola a donné Norolles (Calv.).

 

Collectif en –etum

La forme collective du type *nucaretum est à l’origine, après chute du –t– intervocalique, des noms de Nauroy (Aisne, Nogaredum en 1104) et de Beine-Nauroy (Marne, avec Beine du gaulois baua, « boue ») ainsi que de Noroy (Oise), Noroy-le-Bourg (H.-Saône), Noroy-lès-Jussey (H.-Saône, aujourd’hui dans Jussey) et Noroy-sur-Ourcq (Aisne). Neurey-en-Vaux (H.-Saône, Nureto en 1144) et Neurey-lès-la-Demie (H.-Saône) sont aussi d’anciennes *noerei, *noeray, *noeroi, « ensemble de noyers ».

Le doublement non étymologique du –r– a donné Norrey-en-Auge (Calv.), Saint-Manvieu-Norrey (Calv., ex Norrey-en-Bessin), Norrois (Marne), Norroy(-sur-Vair) (Vosges), Norroy-le-Veneur (Mos.), Norroy-le-Sec (M.-et-M.) et Nourray (L.-et-C.).

Where is the Gay ?

Formés sur le même suffixe collectif –etum , on trouve des noms comme celui de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis, Nucitus Superior en 862) ou de Noisiel (S.-et-M., Nucido en 841 ) et Noiseau (Val-de-Marne) qui sont des formes diminutives intervenues après l’an mil. S’appuyant sur l’étymologie assurée de Noisy-le-Sec, la plupart des toponymistes s’accordent pour attribuer la même à Noisy-sur-École (S.-et-M., Noisaco en 1222), Noisy-le-Grand (Seine-S.-D., Nociacum en 1089), Noisy-sur-Oise (Val-d’Oise), Noisy-le-Roi (Yv., Nusiacum au XIIIè s.) et Noisy-Rudignon (S.-et-M., Nosiacum en 1164) en expliquant que les finales pourtant attestées –iaco seraient de mauvaises latinisations, –ce(tum) passant à ci (TGF*). C’est cette même explication qui est donnée pour le nom de Nozay ( L.-Atl., Noziacum en 1076) et aussi, par analogie, pour celui de Nozay (Aube, Essonne). Une discussion est toutefois possible avec ces derniers noms si on les compare avec le nom de Noizé (D.-Sèvres, aujourd’hui dans Plaine-et-Vallées) qui était Nausiacus en 955 où apparait le nom d’homme latin Nautius accompagné du suffixe acum.

Où est Charlie ?

 

… et quelques autres

Noyelles-en-Chaussée (Somme), qui était Noguenariam en 1035 (à lire *Nogueriam), Noguerias en 1053 puis Noyelles en 1121, Noerotes en 1159 et Noerotarum en 1175, est sans aucun doute une ancienne noyeraie en langue d’oïl, « lieu planté de noyers », qui a subi l’attraction du nom de Noyelles-sur-Mer du même département qui est une ancienne Nigella du germanique nige, « nouveau », et latin villa, « domaine ».

Noiremont (Oise) : Noiresmont en 1150, Noeroimont en 1157, Nooroismont en 1174 et Noiremont en 1203 est issu de l’oïl noeroi, « ensemble de noyers » et mont : il s’agissait du « mont de la noiseraie » ou de la « noiseraie du mont ».

Nozeroy (Jura) : Noiseroi en 1262 est la variante masculine de l’oïl noiseraie.

… dans des parlers locaux

On trouve dans des ouvrages spécialisés (notamment le GTD* , dit « le Pégorier ») différents termes dialectaux pour désigner la noix, le noyer ou la noiseraie. Quelques uns d’entre eux ont fourni des toponymes, souvent des lieux-dits, hameaux ou écarts habités mais plus souvent encore des lieux non habités (bois, forêts, champs, etc.). En voici quelques exemples :

  • On parle, notamment en Saintonge, de nougeraie (avec des variantes nougerasse, nougerat, nougère) comme La Nougeraie à Marigny (Deux-Sèvres), La Nougère à Thevel-Saint-Julien (Indre) ou le Nougerat à Melleran (Deux-Sèvres) et bien d’autres.
  • On parle aussi, particulièrement dans le Centre, de noraie ou nôraie comme pour La Noraie à Paulmy (I.-et-L.), Les Noraies à Souzay-Champigny (M.-et-L.), etc.
  • Nouis se dit pour la noix en Normandie comme pour les Grandes et les Petites Nouis à Héloup (Orne) et dans les Pays de la Loire comme pour les Nouis à Beaumont-sur-Sarthe (Sarthe), etc.

Le breton kraonneg, « noiseraie », ne semble apparaitre dans aucun toponyme (mais je me trompe peut-être : s’il y a des Bretons dans la salle…).

*Les abréviations en gras suivies d’un astérisque renvoient à la bibliographie du blog, accessible par le lien en haut de la colonne de droite.

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La devinette

Il vous faudra trouver un micro-toponyme, bien entendu lié au noyer, qui n’apparait (que je sache) qu’à cinq exemplaires, tous dans le même département de France métropolitaine et de langue d’oïl : deux fois pour des lieux-dits habités (et leur voie d’accès que je ne compte pas), deux fois pour des lieux-dits non habités et une fois au féminin pour un autre lieu-dit inhabité — qu’on numérotera par commodité de T1 à T5. (j’ai l’impression de faire du TRS !).

■ géographie :

Les communes C1 et C2, abritant T1 et T2, sont séparées par une vingtaine de kilomètres et situées dans le même arrondissement dont le chef-lieu sera dit A1.

La commune C3 qui abrite T3 est à une centaine de kilomètres de C1 et de C2 et dans un arrondissement dont le chef-lieu sera dit A2.

Les communes C4 et C5, abritant T4 et T5, sont séparées par une vingtaine kilomètres et situées dans le même arrondissement dont le chef-lieu A3 est aussi la préfecture du département.

La commune C3 est à une cinquantaine de kilomètres de C4 et à soixante-quinze kilomètres de C5.

■ toponymie :

C1 et A1 sont des toponymes formés chacun d’un nom d’homme germanique différent accompagné d’un suffixe lui aussi germanique.

C2 est un hagiotoponyme déterminé par le nom de la région (dont l’étymologie est si discutée que je ne me risque pas à vous donner d’indices à ce sujet …).

Le nom d’A2 a quelque chose à voir avec une figure géométrique — mais ça, c’est plutôt vache !

Le nom de C3 signifie « terrain clôturé ».

Le nom de C4 est issu de celui d’un homme gaulois.

Le nom de C5 est lié au travail du fer.

■ un tableau :

indice b 05 09 2021

Et hop.

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Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

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3 commentaires sur “Le noyer I : la noix du Nord

  1. Bonjour M LEVETO

    Sauf erreur , je crois que vous n’avez pas encore traité de l’ERABLE

    ni des toponymes en : TRIBUNAL


    74 CHAVANOD
    1 CAVANUS homme gaulois

    2 CHAVANNE ( Henri Suter = cabane )

    ———————

    74 MANIGOD
    1 manning – gald burgonde
     » habitant des forêts  »

    2 manning – aulp celte
     » habitant des alpages  »

    38 PONTCHARRA plaine du MANIGLIER
    1 ) manilier = fabricant de manilles


    2) Menneglier , Menéglier, Manéglier,

    de MARREGLIER MARGUILLIER ??
    -Membre du conseil de fabrique
    -sacristain
    -sonneur de cloches

    apparemment , grand fourre-tout ! ( sur internet )
    —————
    FLEURIEUX apparemment , deux origines différentes , pour ces deux villes
    ( selon les données sur internet )

    FLEURIEUX-SUR-L-ARBRESLE 69

    FLEURIEUX-SUR-SAôNE 69
    —–
    TREVOUX 69 trévou ? ( Treb ?)
    ———————
    ARCENS 07
    ————
    QUERRIEU 80 carus rivus ?? , cher rieu ? chère rivière ?
    ——————-
    GUIGNEMICOURT 80 Guignes = cerises sauvages ???
    —–
    SOUDAN 79 bien mystérieux sur internet
    ————–

    en PIEMONT ( lecture récente des vies de Bayard et de Lesdiguières) :

    Fort de Brussol castelo di Bruzolo

    SALBERTRAND :salbeLtran , SalbeLtrand.

    EXILLES

    à Gap( 05) PUYMORE , PUYMAURE

    67 WISCHES-HERSBACH

    ————————–
    Le HAUT-ROGNOL col 686 m
    ROGNOL à ABRESCHVILLER 67
    —–

    13 MAILLANE ( Frédéric Mistral )
    ————
    91 DRAVEIL le CHAMPROSAY
    ——————-
    67 Col de la CHARAILLE dans les vosges
    —-

    37 DIERRé &

    10 DIERREY
    ——————
    88 TRANQUEVILLE-GRAUX
    étymo non claire sur internet.

    liste longue, prenez votre temps! merci.

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  2. RÉPONSE À LA NOIX !

    « Le général Anthony Clement McAuliffe (2 juillet 1898 – 11 août 1975) a commandé les troupes de la 101e division aéroportée de l’armée américaine pendant le siège de Bastogne à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il est renommé pour sa réponse laconique  » Nuts!  » (Des noix ! traduite dans ce contexte par « Des clous » dans le sens « Hors de question, non catégorique… ») face à une demande de reddition formulée par l’attaquant allemand. »

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Anthony_McAuliffe

    —————-
    Quand ils sont dans la m…. et qu’il s’agit de faire Camerone, les Amerloques aussi savent trouver le mot qui convient !

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  3. Sauf erreur , je crois que vous n’avez pas encore traité de l’ERABLE
    ni des toponymes en : TRIBUNAL
    En effet … heureusement, il me reste encore beaucoup de sujets à traiter ! Ça vient selon l’inspiration et l’envie du moment. Veiren bè !

    ■ 74 CHAVANOD
    1 CAVANUS homme gaulois
    2 CHAVANNE ( Henri Suter = cabane )
    Dauzat & Rostaing et E. Nègre sont d’accord : Chavanus, chavano en 1411, du nom d’homme gaulois Cavannus et suffixe -avus.
    ———————
    ■ 74 MANIGOD
    1 manning – gald burgonde
     » habitant des forêts  »
    2 manning – aulp celte
     » habitant des alpages  »
    D&R et E. Nègre sont là aussi d’accord pour une origine selon le nom d’homme germanique Manigold, dérivé de Manigwald, soit manag , « beaucoup », et waldan, « gouverner ».

    ■ 38 PONTCHARRA plaine du MANIGLIER
    1 ) manilier = fabricant de manilles
    2) Menneglier , Menéglier, Manéglier,
    de MARREGLIER MARGUILLIER ??
    -Membre du conseil de fabrique
    -sacristain
    -sonneur de cloches
    apparemment , grand fourre-tout ! ( sur internet )
    ♦ Pontcharra : Pontem Charraz au XIIIè siècle : « pont pour les chars ».
    ♦ Maniglier : Le Dictionnaire topographique de l’Isère donne Les Mannigliers au XVIIIè siècle, Les Maniliers au XIXè siècle puis à nouveau Le Maniglier , mais au singulier cette fois. Les deux étymologies que vous signalez sont plausibles mais le pluriel des premières mentions du nom fait plutôt pencher pour des membres du conseil de fabrique de la paroisse. On voit mal en effet plusieurs fabricants d’anses de paniers, plusieurs sacristains ou plusieurs sonneurs de cloches dans ce village.
    NB un peu dubitatif sur cette déformation de marguillier en maniglier, je suis allé à la pèche et j’ai fini par ramener ce texte de 1886 où il est expliqué que le « manglier » est bien employé comme « sonneur de cloche », au moins dans les diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers (1 florin de pension par an, quand même !).
    —————
    FLEURIEUX apparemment , deux origines différentes , pour ces deux villes
    ( selon les données sur internet )
    ♦ FLEURIEUX-SUR-L-ARBRESLE 69 : Floireu vers 1225, du nom d’homme latin Florus et acum (avec les réserves expliquées dans l’article wiki consacré à la toponymie de la commune suivante)
    ♦ FLEURIEU(X)-SUR-SAôNE 69 : une fois n’est pas coutume, l’article wiki consacré à la toponymie de cette commune est correct et explique bien la difficulté de proposer une étymologie certaine.
    —–
    TREVOUX69 trévou ? ( Treb ?)
    Pas de Trévoux dans le Rhône mais Trévoux dans l’Ain et Le Trévoux dans le Finistère.
    ♦ Le Trévoux (Finistère) : gaulois treb-, breton trev- (D&R)
    ♦ Trevoux (Ain ) : Trevoos en 1010, Trevos, Trevoz en 1243, Trevors en 1279, de Trevorchio en 1344 et apud Trevorcium en 1482 : du nom d’homme roman Tiburtius traité comme *Triburtius (TGF).
    ———————
    ARCENS 07
    Arcenno en 1024
    Dauzat & Rostaing : peut-être hybride latin -gaulois  arcus et suffixe ennu ;
    E. Nègre suivi par les Fénié (Toponymie nord occitane) : du nom d’homme roman Arsenius . Les deux -nn d’Arcenno seraient la transcription d’un n palatal.
    ————
    QUERRIEU 80 carus rivus ?? , cher rieu ? chère rivière ?
    Cherriu en 1102, Carus Rivus en 1145, Kerriu en 1147, Kerriacum en 1164, Kyerru en 1204, Kirieu en 1219, Kierreux en 1300, Kierrieu en 1301, Quierieu en 1445, Querrieux en 1757.

    Le nom de Carus Rivus me semble être une réfection latine d’un greffier ou moine copiste qui n’a plus été reprise par la suite.
    Si on prend en compte la première graphie Cherriu et les suivantes Kerriu et Kerriacum (avec l’ajout pseudo-savant d’ un suffixe acum bien connu des copistes), on pourrait penser à un pré-indo-européen ker , « pierre, rocher », muni du suffixe diminutif latin eolus. À Querrieu, la « craie marneuse fut longtemps utilisée pour le chaulage des sols » nous apprend wiki.

    ——————-
    GUIGNEMICOURT 80 Guignes = cerises sauvages ???
    Les formes anciennes, toujours les formes anciennes !
    Gamegnicort en 1190, Gainemicourt en 1196, Gamegicourt en 1267, Gamegnycourt en 1301, Gaignemicort en 1350 et Gameignicourt en 1362. Du nom d’homme germanique Gameno + suffixe acia + cortem. Le -megni- initial a été interverti en -gnemi –. L’initiale Gui est tardive, postérieure au XVIè siècle (exit la cerise !).
    —–
    SOUDAN 79 bien mystérieux sur internet
    Soldanum en 1110 sans doute de l’ethnique Solitanus (attesté chez Varron et Pline) devenu nom de personne roman (E. Nègre) plutôt que du nom d’homme gaulois Solida et suffixe anum (D&R)
    ————–
    en PIEMONT ( lecture récente des vies de Bayard et de Lesdiguières) :
    Fort de Brussol castelo di Bruzolo
    Brosiolae en 726, puis Broxolum en 1001, Brusolium en 1029, Brusolio en 1290, Bruxolium en 1448 , Brosolum, Brusolum, Brusol en 1565, Brusollo en 1589, Bruscolo, Bersuolo, Bruzzolo, Bruzuolo en 1839 et enfin Bruzolo en 1841.
    Deux étymologies ont été proposées. La première fait appel à brusà , « brûlé » [ le Trésor du Félibrige parle plutôt de « cuire, causer de la douleur » pour brusà mais aussi de « brouir, brûler superficiellement » pour brusatea, en précisant bien « dans les Alpes »], pour désigner un essartage par brûlis ou un incendie. La seconde part d’un radical celtique bers, beurs, brus [ que mes dicos ne confirment pas ], « matériau alpestre incombustible » dans lequel il faudrait voir l’amiante qui se trouverait en abondance dans le sol de la vallée … (tout ceci est largement inspiré de ce document . Le nom franco-provençal Bërsoel semble appuyer cette dernière hypothèse …
    SALBERTRAND : salbeLtran , SalbeLtrand.
    Sala Bertani en 1001, avec le germanique sala, « salle seigneuriale, château ». Bertani est la forme régressive de Bertrani dérivée du nom d’homme germanique Berthram ( de Berth , « brillant, célèbre », et hramm , « corbeau »), en français Bertrand.
    EXILLES
    Excingomagus à l’époque romaine. Le nom d’homme gaulois Excingus , « celui qui part pour attaquer », a servi comme appellatif et à nommer Excingo-magus , le « marché des guerriers ». La localité était, dans l’Antiquité, située à la frontière entre l’Italie et la Gaule : rien d’étonnant à ce qu’on y trouve une garnison.
    Je n’ai pas trouvé de formes anciennes du nom postérieures à cet Excingomagus , dont on attendrait une évolution vers *Excingon ou *Exinon, pour expliquer le nom moderne Exilles  : sans doute y a-t-il eu un changement de suffixe, mais quand ?
    NB ver- cing(etorix)  : le grand, le vrai guerrier ; ex-cing  : le guerrier tourné vers l’extérieur. Les fantassins gaulois étaient appelés cingeto (cf. le vieil irlandais cing, « héros ».
    ■ à Gap( 05) PUYMORE , PUYMAURE
    Sans surprise : puy (de podium ), « colline au sommet arrondi », et maure ou more , « sombre, noire ». « La colline s’élève à 894 m d’altitude. Elle est constituée de marnes noires » nous confirme wiki

    ■ 67 WISCHES-HERSBACH
    Wichahe, Gericht zu Wiche, Wich, Weych du XIè au XIIIè siècle. E. Nègre y voit le latin vicus, « village », qui est devenu Wich, Weych . Le composé Wich-ahe, « ruisseau de Wich », désigne le cours d’eau.
    ♦ Pour Hersbach, sans forme ancienne, j’en suis réduit à émettre l’hypothèse d’une « rivière du cerf », en rapprochant Hers de l’allemand moderne Hirsch plutôt que de Herz, « qui a du cœur ou du courage».
    ————————–
    ■ Le HAUT-ROGNOL col 686 m
    ROGNOL à ABRESCHVILLER 67
    Le Haut-Rognol : pas de forme ancienne citée dans le Dictionnaire topographique du département de la Meurthe (Henri Lepage, 1862)
    Si j’en crois cet ouvrage en allemand*, rognol signifierait « tête haute » en dialecte haut allemand.
    Ceci dit sans grande conviction (je ne suis pas germanophone et me satisfait rarement d’une seule source).
    *Die Köpfe des Schweinthalerkopfes ( 622 m ) Hohen Kopfes ( im Dialect ha rognol = der hohe Kopf , daher auf Karten Haut Rognol
    —–
    13 MAILLANE ( Frédéric Mistral )
    Maliana au XIè siècle du nom d’homme latin Mallius et suffixe anum, ana ou directement d’un Mallianus + a.
    ————
    91 DRAVEIL le CHAMPROSAY
    ♦ Draveil : Dravernum en 638. Le suffixe -ern(um) est assuré d’origine gauloise. Le premier élément est obscur : Dauzat & Rostaing le rapprochent du gaulois dravoca, « ivraie », cf. l’ancien français drave , « fourrage de grains mêlés », et le français régional droue, « ivraie » ; E. Nègre n’étudie pas ce toponyme. Le suffixe change au XIè siècle pour donner Dravel. NB « l’esprit des aulnes » cité par wiki m’a bien fait rigoler.
    ♦ Champrosay : composé de « champ » et de rosay , du germanique raus, « roseau », suffixé avec le collectif –etum .
    ——————-
    ■ 67 Col de la CHARAILLE dans les vosges
    Pas de forme ancienne citée dans le Dictionnaire topographique du département des Vosges (Paul Marichal, 1941)
    Le nom Charaille désigne une montagne à cheval entre les Vosges et la Meurthe-et-Moselle : il existe d’ailleurs une rue La Charaille à Raon-lès-Leau (M.-et-M.) qui fait référence au mont de la Charaille qui surplombe le village, tandis que le Haut de la Charaille se situe dans les Vosges un peu plus au nord. On trouve dans un ouvrage la description de la Grande-Charaille comme une « belle arrête de montagne » constituée de « grès vosgien. »Charaille semble donc être un toponyme formé sur une racine oronymique pré-celtique *kar, « pierre, rocher », associée au double suffixe -al-ia , formation analogue à celle du cap Canaille vu à propos de Cassis.
    L’explication trouvée ici et là qui prétend que l’appellation provient du fait que le col était une voie de passage très fréquentée par les chars (donc : char avec le suffixe -aille qui aurait eu d’abord une valeur collective avant de prendre un sens secondaire péjoratif) me semble un brin fantaisiste. En général, ce sont les montagnes qui donnent leur nom au col et non l’inverse.
    —-
    37 DIERRé & 10 DIERREY
    ♦ Dierre (I.-et-V., sans accent ) : attesté Daria vicus au VIIè siècle, du nom d’homme gaulois Darius suffixé en a pour Daria (villa) puis le nom est resté féminin quand la villa est devenue vicus
    ♦ Dierrey – St-Pierre (Aube) : attesté Derreium en 1145, du même Darius et suffixe acum
    ♦ Dierrey-St-Julien : attesté Dirreyum en 1203. idem.
    ——————
    ■ 88 TRANQUEVILLE-GRAUX
    étymo non claire sur internet.
    ♦ Tranqueville : Tranculfi villa en 883, du nom d’homme germanique Tranculf et latin villa, « domaine ». Ce nom faisait partie de votre liste du 22/08 (billet consacré aux Bories) à laquelle j’ai répondu le 25/08 sur le même billet …
    ♦ Graux : Graus (1263), Graulz (1403), Graulx (1601) et enfin Graux (1756). À rapprocher de l’ancien français groe , « gravier, caillou », plutôt que de grau , « griffe, croc ». On trouve des Graux dans la Meuse ainsi que des Graux et des Greux dans les Vosges.

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