Seul LGF a trouvé la bonne réponse à ma dernière devinette. Bravo à lui tout seul, donc !
Il fallait trouver La Lauzade, micro-toponyme qui apparait en trois exemplaires chez Géoportail : au Luc (Var), à Labastide-Rouairoux (Tarn) et à Troye-d’Ariège (Ariège). Seuls les deux premiers, qui désignent des lieux-dits, nous intéressent, le troisième étant en réalité un « mont, colline, mamelon, sommet » (IGN).
Si on pousse les recherches un peu plus loin, on découvre que La Lauzade du Luc se partage entre Grande et Petite Lauzade, qu’il existe un Roc de la Lauzade à Roquefixade (Ariège) et qu’un ruisseau de la Lauzade coule dans l’Aude. LGF m’en signale « deux autres dans l’Aude, à Villar-en-Val et à La Serpent ».
■ Le nom Lauzade est formé sur l’occitan lausa, « plaque de pierre, ardoise, schiste, dalle », accompagné du suffixe collectif –ada, formant lausada, « lieu pavé de pierres plates ».
On trouvait déjà ce toponyme dans le Trésor du Félibrige :
L’occitan lausa est dérivé d’un thème prélatin *lav- , « roche glissante » ou « roche qui glisse », suffixé *lav-isa où le i bref est tombé avant le passage du v à w, d’où *lawsa donnant lausa. Ce même thème pré-latin *lav a donné les latins labi, « glisser », et labes, « éboulement », d’où le napolitain lave, « lave », dont est issu l’italien lava, emprunté par le français « lave ».
■ Le nom Le Luc (Var.) est issu du latin lucus, « bois sacré », l’absence d’article dans les formes médiévales (Luc en 1113) en attestant l’ancienneté. Le couvert forestier n’occupe plus aujourd’hui que 32% du territoire de la commune.
■ On reconnait, dans le premier élément du nom de Labastide-Rouairoux (Tarn), « la bastide » avec agglutination de l’article (d’où le « bâtie près de » de l’énoncé). Rouairoux (Roairos en 1175, Roayrosio en 1384) représente l’occitan rovièra, « bois de rouvres » accompagné du suffixe –ós, « riche en » ; le dérivé roairós, avec perte du v intervocalique, est ici substantivé avec valeur de collectif : il s’agit d’un « (lieu) riche en bois de rouvres ». Le nom du chêne rouvre (Quercus sessiflora) est issu du latin robur/robor, désignant une catégorie de chêne ; après le passage habituel du b entre voyelles à v et la suffixation avec le collectif –ièra, on obtient l’occitan rovièra. La forêt occupe encore aujourd’hui 78,8 % du territoire communal.
Les indices
■ cet extrait des aventures de Tintin (Le lotus bleu, éditions Casterman) devait faire penser à un sol dallé, comme une lausada.
■ ce tableau qui représente l’érection de l’obélisque de Louxor sur la place de la Concorde parisienne le 25 octobre 1836 devait faire penser à l’ingénieur de la marine Jean-Baptiste Apollinaire Lebas, né au Luc en 1797, qui en fut chargé.
■ il fallait reconnaitre les feuilles et les glands du chêne sessile ou chêne rouvre (Quercus petraea), comme à Labastide-Rouairoux.
https://vousvoyezletopo.home.blog/2020/11/09/de-quelques-roches/
L’ardoise et la lauze
On trouve de nombreux micro-toponymes comme L’Ardoise ou L’Ardoisière sur tout le territoire, mais peu de L’Ardoiserie ( à Sceaux-du-Gâtinais, Loiret, et à La Chapelle-Basse-Mer, Loire-Atlantique). Signalons aussi les Roches Bleues à Mareuil-sur-Lay (Vendée) qui rappelle une ancienne ardoisière. En gascon, l’ardoise est la labassa, d’où le nom de Labassère (H.-Pyr.) et le Pic de Labasse (même dépt.). Ce dernier mot est à rapprocher de l’occitan lausa, « plaque de pierre, dalle, ardoise, schiste », que l’on retrouve dans de très nombreux noms de lieux-dits dans tout le Midi comme La Lauze Nègre à Saint-Julien (Hér.), Les Lausasses à Aigne (id.), Le Lauzet à Saint-Pons (id.), Lauzier à La Salvetat (id.), La Lauzière à Sainte-Croix (Corr.), La Lauzène à Alès (Gard), etc. On aura compris que les toponymes en –ière ou -ier représentent le sens de carrière de lause, les autres étant purement descriptifs.
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Bien vu, briosseur !
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En ce qui me concerne, cette semaine, c’est la loose …
J’avais pourtant creusé mon trou jusqu’au Luc !
Félicitations à LGF !
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… en effet, LGF (qu’il me pardonne !) a torché ce Luc plus vite et mieux que tout le monde.
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