Négogousses et Nègue-Guit (les répauxdev)

podium seul TRA est le seul à m’avoir donné les deux bonnes réponses à mes dernières devinettes. Bravo !

Il fallait trouver la rue Négogousses, à Toulouse (H.-G.), et le lieu-dit Nègue-Guit à Campsas, canton de Verdun-sur-Garonne, arrondissement de Montauban (T.-et-G.).

Lettrine-1- La rue Négogousses est mentionnée dans le Trésor du Félibrige (avec trait d’union Négo-Gousses) comme « nom d’une ancienne rue de Toulouse »,  traduit « où les chiens se noient ».

L’occitan gous, pluriel gousses, est issu d’une onomatopée fréquente dans de nombreuses langues basée sur les sons k et s, encadrant ou non une voyelle pour appeler ou exciter les chiens : en suisse-allemand ks-ks, en allemand kusch ou gusch, en espagnol cuz-cuz (d’où l’espagnol gozque, « chien » et le catalan gos), etc. Selon les endroits, l’occitan emploie cus-cuss, gous-gous ou encore guis-guis. On trouve le dérivé gos, gous, « sorte de chien », en wallon et picard d’un côté et en occitan principalement à l’ouest du Rhône.

F. Mistral était sans doute trop correct pour indiquer que l’explication véritable du nom de cette rue tenait au fait que les habitants venaient noyer leurs portées de chiots indésirables dans le ruisseau éponyme. C’est ce que nous apprend cet article – qui donne l’historique de cette rue.

Négogousses

■ Toulouse : au IIè siècle avant notre ère, le site gaulois est en place sur les hauteurs de la rive droite de la Garonne et la nouvelle ville se crée dès le début du Haut-Empire sur ses abords. Elle est attestée d’abord en latin chez César, au Ier siècle av. J.-C., Tolosa, puis en grec chez le géographe Strabon en 7 av. J.-C. Τoλωσσα. Au milieu du Ier siècle, Pomponius Mela l’accompagne d’un déterminant Tolosa Tectosagum, du nom du peuple gaulois des Volques Tectosages dont elle était la capitale. Le nom de la ville est formé de la racine pré-latine et pré-celtique, vraisemblablement ibère * tol, « hauteur » (cf. l’indo-européen *tulo, « renflement ») et du suffixe ibère –osa, probable variante du suffixe méditerranéen –ossa attesté chez Strabon.

Lettrine-2-233x300 Le nom du lieu-dit Nègue-Guit de Campsas signifie littéralement « noie canard ». Lou guit (ou guet) est en Languedoc, Quercy, Gascogne et Guyenne le nom du canard, nous apprend le Trésor du Félibrige. Après avoir mentionné l’expression es chop coumo un guit, « il est trempé jusqu’aux os », F. Mistral rapproche ce mot de l’anglais wet, « mouillé » et de l’italien guitto, « sale, vilain » (d’où le Vilain petit canard qu’Andersen a piqué sans vergogne à l’occitan, peu de gens le savent).

D’apparition récente, ce toponyme est sans doute une manière plaisante de décrire un terrain plus ou moins humide, sujet aux inondations le faisant ressembler plus à une mare aux canards qu’à un terrain agricole.

■ Campsas : les formes anciennes de ce toponyme nous font défaut, rendant son interprétation difficile. Dauzat & Rostaing (DENLF*) se contentent d’y voir un dérivé du latin campus, « champ », accompagné d’un suffixe obscur, tandis qu’Ernest Nègre (TGF*) émet l’hypothèse de l’occitan cance, « lisière d’un champ », avec suffixe augmentatif –as et attraction de l’occitan camp, « champ ».

Campsas église

Personne à l’église …

Campsas café

… tout le monde au café : j’aime bien ce patelin.

■ Verdun-sur-Garonne : attesté Verdun en 1188, du gaulois  ver-, particule intensive , et –dunum, « citadelle, enceinte fortifiée » : il s’agissait donc d’une « super-forteresse », comme je l’expliquais dans ce billet.

■ Montauban : attesté Montalba en 1144, du latin mons, « montagne », et albanus, « blanchâtre, clair », comme je l’expliquais dans ce billet. La ville a été fondée par le comte de Toulouse, Alphonse Jourdain, qui voulait contrer le pouvoir de l’abbaye de Montauriol (aujourd’hui Saint-Théodard) en y accueillant les habitants du village établi autour de l’abbaye. Dans la charte de fondation, il précise qu’avec son fils ils dederunt locum qui vocatur Montalba, quod ipse comes misit ei tale nomen. Il la fonde en opposition directe au bourg monastique de Montauriol, alors Monte Aurioli, c’est-à-dire « mont d’or » où l’or traduit la splendeur, la richesse et la perfection du monde divin, et la nomme donc dans le même esprit « mont blanchâtre, clair » aux connotations plus laïques, ne serait-ce que parce que ce nom traduit simplement la couleur de la roche calcaire locale (et non la candeur des intentions comtales).

*Les abréviations en gras suivies d’un astérisque renvoient à la bibliographie du blog, accessible par le lien en haut de la colonne de droite.

cdl a

Les indices

indice a 14 08 2022  ■ la rubrique du Canard enchaîné intitulée La mare aux canards devait inciter à chercher des lieux où pataugent des canards tandis que le sujet abordé, la SPA (parisienne), devait inciter à aller voir du côté des animaux de compagnie, dont les chiens.

■ on produit à Toulouse le Cachou Lajaunie, une petite pastille carrée noire, que Raoul Volfoni, un des Tontons flingueurs, offre à Fernand Naudin dans la célèbre scène de la cuisine :

indice d 14 08 2022 ■ Rantanplan réanimé par Lucky Luke après une noyade … Que dire de plus ?

■ On produit à Campsas un vin de l’AOP Fronton, dit aussi « vin des Toulousains ». La cuvée Inés a été championne du monde des rosés en 2008 et 2016. Inès comme inestimable, bien sûr.

indice a 15 08 2022  ■ Donald Duck sous l’eau … que dire de plus ?

■ enfin, je note que personne n’a relevé la couleur inhabituelle, rose, de ma signature leveto@sfr.fr. Il fallait y voir une allusion à l’École nationale vétérinaire de Toulouse, la ville rose.

35 commentaires sur “Négogousses et Nègue-Guit (les répauxdev)

  1. C’est avec une satisfaction très relative que je vois confirmé mon autodiagnostic : âge avancé et breuvages puissants vous mettent minable.
    Figurez-vous, Leveto, que l’aut’ matin, avec « l’oncle et sa friandise carrée », je m’étais mis en tête Tati (homophone de Tatie, la femme à Mon Oncle) en vacances à Saint-Marc-sur-Mer… J’avais un vague souvenir d’une sorte de gag avec guimauve au casting. Sauf que la guimauve, je ne l’ai jamais vue adoptant la forme d’un carré. Celle d’un cube, d’un dé, je veux bien.

    D’ailleurs, le carré n’a de sens que dans un espace à deux dimensions et une friandise mérite, pour des raisons d’apport calorique et autres satisfactions vulgaires, d’en avoir trois.
    J’excepte naturellement l’hostie qui ne nourrit pas son homme et ne vise qu’à l’élévation : sa minceur permet de la figurer sous la forme d’un simple disque.
    Faut dire qu’en 5ème déjà, j’avais le compas dans l’œil et le souci de rester d’équerre en toutes circonstances.

    Bref, je suis allé confronter mes souvenirs avec la dure réalité de la guimauve tatitienne : -Las ! syndrome des montres molles à la Dali, la guimauve des bords de mer affecte une géométrie bien confuse pour une confiserie.
    Ainsi la voit-on se manifester dans la danse qui la célèbre… dès les 0:45 :

    La piste de la « confiserie carrée » ne m’ayant conduit nulle part, mon humeur m’a mené vers le ver et le verre… envisagés selon un précepte à haute valeur thérapeutique ajoutée et raccord avec le thème imposé :

    Pour tuer le ver, rien ne vaut le jenever

    Et, de là, vers un standard de la musique cajun, autrement plus enlevé que la piteuse Danse de la guimauve d’un peu plus haut. Je veux parler de La Danc(s)e de (la) Li(e)monade. Un morceau qui, médicalement, a son importance quand il s’agit du traitement adapté à la gueule de bois, un mal chronique auquel n’échappent pas les types comme moi.
    Extrait des lyrics :

    L’hiver arrive. L’hiver arrive
    Et mon petit nègre a pas de couvert.
    Samedi au soir, il a couri au bal.
    Il s’a saoulé comme un gros cochon.
    Dimanche matin, il est tout manière malade.
    Passez-lui le verre de limonade.

    Moi, je bois ma bière et je mange des tartes
    Et tout ça me coûte pas rien.
    Samedi au soir, moi, j’ai été au bal.
    Je m’ai saoulé comme un gros cochon.
    Dimanche matin, je suis tout manière malade.
    Passez-m’en un verre de Carry-on (à 2:20).

    Dans un passé peu glorieux, tandis que je faisais le gugusse au sein d’un band de province, il m’est arrivé de goualer cet hymne à l’intempérance… sans vraiment connaître la teneur en alcool de ce Carry-on.
    A cette époque d’avant Internet, ça ne m’évoquait que le carry on des C,S,N & Y et le blitz sur Londres : « Keep calm and carry on ».

    Maintenant, j’ai vent du CARRY-OUT, celui qui peut signifier une quantité d’alcool qu’on peut emporter avec soi et possiblement sans congé (ou sans droit d’accise ?). Dans cet esprit, un CARRY-ON serait, à l’inverse, ce que l’on se verse généreusement dans le gosier et dans l’urgence, sur place et sans façons.
    Mais ça ne me satisfait qu’à moitié et je compte beaucoup sur mon chum Brosseur (aka « Le Shoeshiner éclairé » aka « Le Moonshiner refoulé »), pour m’en dire davantage.
    Cela lui sera d’autant plus aisé que le Québécois, par nature profiteur, vil accapareur, a su s’octroyer le droit de reprendre cette Dance de Lemonade… en la faisant sonner à la québécoise et parfois même en oubliant le CARRY-ON qui fait chute.
    Par exemple avec la version de Maxime Landry, sur l’album LE PARTY BEAUCERON (sic).
    Je ne mets pas de lien quand ça ne le mérite pas !

    Par contre, le terme moonshiner fait agréablement et judicieusement écho aux Passeurs du clair de lune et, pour finir sur une note qui me soit rassérénante, je me tourne vers Asso, pygmalion et parolier pour qui j’éprouve une sorte de vénération, vénération partagée par Jeff Buckley…

    Et je me plais maintenant à imaginer, sur l’un des plateaux de ma balance, les lyrics de cette jeune Québécoise braillant que « sa vie c’est d’la marde » et, sur l’autre plateau, Mon légionnaire par exemple…

    Prenez largement votre temps pour me répondre, Brosseur, car j’ai bien des urgences notées sur mon agenda : d’abord quelques dévotions à sainte Genièvre puis me consacrer à ce qui sera mon grand œuvre : Prolégomènes à toute métatoponymie* future qui voudra se présenter comme science et surtout comme morale

    * J’avoue que c’est le Lecteur qui m’aura soufflé le titre… avec ses angoisses rapport à Métamachintruc.

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  2. On trouve le mot « guit » dans plusieurs toponymes girondins : à Prignac-et-Marcaomps, à Grignols, à Sainte-Gemme, sans oublier l’allée du Guit à Léognan et pont du Guit près de la gare principale de Bordeaux.

    Mais s’agit-il bien là du palmipède ?

    [ L’histoire du quartier Saint-Jean-Belcier fait état d’un pont du Guit dès le 18e siècle : d’abord passerelle en bois, puis pont de pierre au 19e siècle, il enjambait alors l’estay de Bègles. Détruit lorsque le cours de l’estay fut détourné, cet ancien pont de Guit trouve une résonance dans le viaduc actuel. Il a été construit pour relier le quartier Belcier au quartier Saint-Jean, l’ensemble ayant été séparé par la création de la gare et la multiplication progressive des voies. Le secteur situé derrière la gare souffrait de son isolement.
    https://www.barnes-bordeaux.com/actualites-bordeaux/tourisme-bordeaux-5/pont-du-guit-bordeaux-132 ]

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  3. RITUEL

    « Rits, ritas et ritous du Quercy et quelquees tirs du Tarn. »
    https://www.etymologie-occitane.fr/2021/12/rit-tir-canard/

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    Avant ma dixième année, mes parents et moi mangions tous les dimanches chez mes grands-parents paternels.

    Le rituel était toujours le même.

    Après le steack-frites dominical, pendant l’absorption duquel mon grand-père nous avait racont – comme toutes les semaines – sa bataille de Verdun, il allait chercher sa bouteille de rhum Négrita, le cognac maison – vraisemblement de la « tête de chauffe » (j’en ai encore, et l’idée d’y mettre une tête de vipère pour l’adoucir, tant il est redoutable, m’a souvent traversé l’esprit) étant réservé aux jours de la semaine.

    Ma mère et ma grand-mère se faisaient un « canard » : un sucre trempé dans le rhum, dont j’avais le droit de croquer un petit morceau (en ces temps civilisés, on considérait dans les campagnes que l’acool était un cocktail de vitamines pour la jéunesse …).

    Le Négrita était donc un vrai Nègue-Rita !

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  4. Pour patienter
    Voir Salebarbes (salebarde au dico.) j’prends mon gin à l’eau salée.

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    bien difficile de sélectionner qqch de représentatif

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  5. @Brosseur
    Je crois bien qu’une fois de plus on ne s’est pas compris. La barrière de la langue ?
    Je n’étais pas en manque d’un boys-band faisant dans le country-cajun… Ah ça non !
    Alors je vous la refais… énoncée autrement :

    1.Leveto mettait, au menu de la semaine, le trépas en milieu humide d’animaux plus ou moins innocents. Noyades accidentelles ou infligées…
    Cette perspective a de quoi révulser l’hydrophobe.

    2. L’expression « tuer le ver » montre qu’un peu d’humanité reste possible et permet de noyer le nuisible dans une quantité généreuse d’alcool. Et avouez que cela a plus d’allure que de perpétrer le crime en loucedé dans un misérable coinceteau tout pourri where it’s pouring adonf.
    Tuer le ver peut se faire dans d’excellentes conditions de confort, à domicile, à sec et même cul sec. La prescription s’établit en ces termes :

    Si d’aventure tu t’es mis minable en soirée et qu’au saut du lit tu présentes tous les symptômes d’une gueule de bois avancée, alors tu tireras avantage à prendre dès ton réveil moultes goulées d’antigel hautement titré.

    3. Dans La Dance de Lemonade, le héros/narrateur nous dit, couplet après couplet, qu’il a abusé des breuvages ce samedi et qu’il réclame, par antiphrase, « un verre de limonade ».
    Jusque là, ça va pour ma comprenette.

    4. Quand arrive la chute (= Donnez m’en un verre de CARRY-ON), j’avoue que reste désemparé… depuis près d’un demi-siècle ! Sauf si ce Carry-on doit être entendu comme « Vas-y, continue, sers m’en un autre ! » Pourquoi pas… même si je trouve cela décevant.

    5. Je comptais sur vous, Brosseur, pour me dire ce qu’il en est de ce breuvage et de tout le sel* qu’il semble apporter.
    Et moi, quand j’comprends pas, ça m’énerve !… tout comme Helmut Fritz vomissant tous ses mojitos au Carré Milliardaire

    * Oubliez le « Gin à l’eau (salée ?) »… oubliez aussi ce Carry-on dont je ne me soucie plus asteure et laissez-moi vous retrouver à l’occasion d’un thème proche avec sa violente implication dans l’austère toponymie.

    (à suivre)

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  6. @Brosseur again

    Permettez que je vous reprenne un instant… sur un sujet qui le mérite bien : la prohibition des mots à haute teneur alcoolique au travers des vastes USA et leur dissimulation consécutive sous des dehors honnêtes.

    Je vous la joue façon easy riddle. Je serai Captain America et je vous embarque à l’arrière de ma trépidante Harley… et, si d’aventure vous n’aviez pas encore tué le ver, mettez-vous en condition morale et physique :

    Intro : L’ambition de VVLT se trouve clairement énoncée au frontispice : Langue (française), Mots et Toponymes. Sans le moindre doute, vous et moi adhérons à ce magnifique projet.
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    Je ne suis pas sûr concernant le français tel qu’on le cause au Québec, mais ici l’expression « Vous voyez le topo ? », prononcée par un locuteur à jeun, invite celui qui l’entend à faire un effort de compréhension.
    Elle équivaut à «Je ne te fais pas un dessin ! » et, bien souvent, elle profite du double sens que peuvent avoir les mots les plus innocents. L’habile Leveto l’a bien compris qui fait d’une expression bien triviale l’objet d’une science toute de rigueur.
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    1. Il s’agira de retrouver un toponyme fictif T1 qui tient en deux mots dont l’un réfère au relief et l’autre à l’aspect du terrain.
    2. La localisation précise et l’origine de ce T1 importent peu : les exégètes ne font rien qu’à supputer et les tenants du PIE, par mesure sanitaire, ont déjà été pendus.
    3. Un second toponyme, T2, est à considérer. Il signale la division administrative qui a la chance de compter T1 sur son territoire. Genre PARIS (Texas).
    4. L’immense notoriété de T1 tient en ceci : il s’agit du titre d’un standard de la musique bluegrass. Ne cherchez pas du côté des traditionnels, la chanson est signée et date des sixties.
    5. Dans l’univers impitoyable de l’industrie discographique nord-américaine, la country music avide pèse plus lourd que la pureté originelle du bluegrass.
    6. Le standard T1 a donc fait l’objet de moultes reprises dont l’une par la formation à laquelle j’appartenais dans les années 80, ma période Bluegrass. Très simple à jouer, la chanson convenait à mes comparses peu friands de complications inutiles face à un public d’avinés. D’ailleurs, son écriture n’aurait pris qu’une dizaine de minutes aux song writers, c’est dire !… Si la chose est avérée, ces deux-là n’auront pas perdu leur temps, question retombées en droits d’auteur.
    7. Cette chanson avait aussi pour moi tout le charme des double entendres. Je veux dire par là que les lyrics ne font pas explicitement état de la principale activité économique de l’endroit : distilleries clandestines produisant du moonshine, denrée ô combien estimable !
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    Considérations annexes (en forme d’indices possiblement utilisables)

    ■ L’un des double entendres concerne deux types venus d’ailleurs à la recherche d’un paysage somptueux avec clair de lune au programme.
    Au prix de bien des efforts et une fois parvenus à destination, ils ne sont jamais revenus sur leurs pas : extase esthétique avec effet retard ou simple exécution sommaire ? Le doute est d’autant plus permis que l’ambiguïté joue sur un adverbe et un nom commun… ce qui, à moins de gesticulations alambiquées, reste intraduisible en français ordinaire. C’est pourquoi la chanson, à ma connaissance, n’a jamais fait l’objet d’une adaptation. Tout juste a-t-elle été reprise à l’accordéon…

    ■ L’autre double entendre reste une fantaisie sémantique relative au « contenant/contenu » envisagé selon la productivité agricole du terroir T1. Une pointure de la country music n’a pas hésité à mimer la chose en faisant mine de porter à ses lèvres le contenant. Une telle trivialité, en public, semble inconvenante… Imagine-t-on une artiste québécoise, un peu distinguée, se comporter ainsi ??? J’excepte naturellement la bien nommée LeBlanc, robineuse de son état et réduite à s’humecter la tuyauterie avec du blanc de cuisine de chez son dépanneur. Celle-là boira au goulot : – Aujourd’hui, ma vie c’est vraiment d’la marde… – Ostie de gang de pas d’classe, mais p’t-être que demain, ça ira mieux pour moé ?

    ■ Les Irish drunkards, population estimable, n’ont pas besoin de jouer sur l’équivoque : ils savent où trouver ce qui fera leur content.

    ■ Chez moi, une jarre adaptée au transport de gnole a la pudeur de se présenter habillée, habillée d’osier. On l’appelle Dame Jeanne et elle a droit à tous nos égards.
    Dans un autre « chez-moi », en PACA déshydratée, existe une peuplade singulière : les Jarlandins… à quelques kilomètres de Sisteron ! « Chez ces gens-là », on en est resté à la terre cuite si malcommode… sans doute ne sont-ils pas encore entrés dans l’Histoire et ignorent-ils tous les avantages du cubitainer.

    ■ Vous savez, Brosseur, comme je suis attaché à la morale en général et dans la toponymie en particulier. Alors, jugez par vous-même comme l’appât du gain peut conduire aux pires excès. Nègre et Dauzat se retourneraient dans leur tombe si on leur apprenait ce qui suit, garanti sans noms d’hommes douteux et exempt de relents pré-indo-machin.

    Il était une fois une humble localité qui tirait son nom du cours d’eau qui la traversait et qui, lui-même, tirait le sien d’un produit de la terre profonde. Ceci, en toute honnêteté et depuis le début du XIXème siècle. Le toponyme de l’époque a servi à désigner le théâtre d’une guerre qui s’y déroula… un conflit largement documenté sur Wikipedia.en : on y trouve une notice dédiée.

    Dans les années 30, par pur opportunisme, cette localité a adopté un autre nom, en rapport avec les ambitions de la TVA de l’époque.

    Dans la seconde décennie du siècle actuel, une société, menée par le lucre, a souhaité s’implanter dans cette localité à la condition exigée qu’elle renonce à son nom et adopte celui de T1, jugé plus vendeur en raison de l’immense notoriété de la chanson.
    Irruption du blackmail dans la candide toponymie !
    La municipalité s’est dit : -Après tout, pourquoi pas et jamais deux sans trois. Adoptons un nouveau nom !

    Mais ça n’a pas été si simple. Les songwriters, représentés par la maison d’édition qui porte leur nom et gère leurs intérêts, ont chipoté grave question atteinte aux droits d’auteur.
    L’affaire a été portée en justice.

    Au final, la toponymie en est sortie grandie : ce n’est pas tous les jours qu’elle a affaire à un nom de patelin résultant, pour partie, d’une décision de justice et, d’autre part, d’une chanson du répertoire bluegrass…accessoirement considérée comme matériel utilisable par la scène country.

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  7. @Brosseur, plus haut

    No comment hormis ceci, une vanne lamentable qui me vient à l’esprit… si lamentable que j’espère qu’elle reste ignorée des Québécois, peuplade pieuse et respectueuse de la tradition catholique.

    Rappel :
    Dans Easy Rider, Nicholson tient un mickey de Jim Beam et déclare : –– C’est le premier de la journée, les potes !…
    Ensuite, il porte un toast à D.H.Lawrence (l’écrivain impie?), avant de s’enquiller une généreuse lampée au travers du gosier. La suite montre que l’effet est immédiat, que le mode communication abandonne l’articulation de mots élocutés pour passer à la gestuelle la plus naturelle…

    C’est très bien… mais, si vous le voulez, camarade Chum, changeons d’ambiance cinématographique :

    Dans Mon curé chez les Cenosillicaphobes, on peut voir le Père Matruchot, la fièvre au front, l’œil hagard, s’approcher du tabernacle et en sortir une bouteille dont on ne distingue pas l’étiquette*.
    Il se tourne alors vers l’Eternel et Lui dit : -C’est le premier de la journée… je l’appelle Adam !
    Il porte ensuite un toast à saint Xxxxx* et la boutanche à ses lèvres. S’ensuit une petite choré’ avec effet garanti lorsque le saint homme retrousse les pans de sa soutane façon French Cancan.

    * Les négociations dans le cadre d’une politique commerciale de « placement de produit(s) » n’ont pu aboutir au moindre arrangement entre le producteur du film et le producteur du breuvage, ce dernier ne souhaitant pas ternir son image dans un tel navet.
    Néanmoins, le spectateur aura reconnu de quel carburant il s’agit.

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    @TRA

    Vous vous doutez bien que votre proposition ne mérite que d’être rejetée : erreur quant à la guerre, erreur quant à l’état et, quant au « conté », je n’en parle même pas !
    Pourtant, votre désinvolture n’a pas manqué de réveiller quelques souvenirs cinématographiques chez le balletomane de Machincourt…

    Comme le Code des bonnes manières en usage chez VVLT m’autorise 2 liens et pas davantage :
    Comme aussi, la chronologie ça compte pour moi :
    1. Irruption d’une improbable formation cajun dans le Wyoming des 1890s :

    2. Autre moment magnifique, la Valse d’Ella :

    Mais l’organologie ça compte aussi… surtout en cas de défaillance quant à la chronologie.
    Examinons les choses d’un œil critique :

    L’oreille, elle, entend clairement une ambiance de fais-dodo cajun. Tout y est : le violon, l’accordéon, la wash-board, le tit’fer…etc.
    Les choses se gâtent si l’on fait quelques judicieux arrêts sur image.
    On voit alors que l’accordéon présenté arrive tout droit du futur, dans sa conception et surtout dans son usage.
    Je ne vous apprendrai pas que les tout premiers mélodéons made in Germany ne furent introduits (et surtout utilisés) dedans le Sud de la Louisiane qu’au début du XX° siècle. Et ceux-là n’avaient pas le même design ni les mêmes fonctionnalités que le modèle utilisé dans le film.

    Quant à Kris Kristofferson, je le trouve épatant quand il fait dans la country et, si vous suivez le déroulé des lyrics de Me and Bobby McGhee, vous tomberez sur « From the coalmines of Kentucky to… ».
    Ce qui vous rapprocherait quelque peu de l’objectif T1 (= le toponyme en vigueur depuis quelques années).

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  8. Amusant : m’arrêtant sur la valse, je me demandai s’il était pertinent que j’intervienne pour signaler l’anachronisme de l’accordéon utilisé — et, reprenant la lecture du commentaire de TRS, je vis que tout était dit.

    J’ajouterais juste un bémol sur l’incongruïté d’un accordéon à cette date : l’instrument était déjà présent sur les côtes américaines, via notamment les marins qui l’utilisaient énormément fin XIXe siècle (et des migrants, aussi, qui en apportaient ponctuellement). Sa présence, y compris très à l’intérieur des terres nord-américaines, n’est donc pas impossible. Même si la forme canonique du mélodéon cajun est postérieure à la date où se situe le film, il existait des accordéons diatoniques sur la côte Est des États-Unis à cette époque (la Louisiane n’est pas le seul État étatsunien où l’accordéon se soit installé, il était également très implanté dans la région de Boston), et par extension quelques-uns pouvaient avoir été emportés/apportés plus loin à l’Ouest. Proposer cet instrument dans l’orchestre est indubitablement audacieux, car pas commun à cet endroit et à cette époque, mais pas totalement invraisemblable.

    En revanche, ce que j’arrive à apercevoir de l’instrument utilisé ne colle pas avec les formes de l’époque, et m’a effectivement fait penser comme TRS qu’il « arrive tout droit du futur ».

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  9. Quant à mon « conté », il ne faut pas en faire un fromage !

    Un lapsus est vite arrivé …

    C’est un peu comme si j’écrivais « Contes d’Anderson » au lieu de « Contes d’Andersen » : cela tomberait à l’eau ! (Dans le lac ou dans la crique, au choix …)

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  10. Zut ! je me suis trompé de lien.

    Ces vieilles chansons folkloriques pour traqueurs de mavericks sont quant même mieux en live !

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  11. @Brosseur

    A mon avis, vous devriez changer d’expert : il s’agit bien d’un verre DE Carry-on.
    J’avais souhaité abandonner le sujet mais, sur votre insistance, v’la qu’j’y r’tourne ! Que maudits soient les Québécois !
    1. Apparemment, le sel de ce Carry-on semble échapper à vos congénères mal équipés : outre Maxime Landry, le fameux leader du Party Beauceron, le groupe GAROLOU fait l’impasse sur la chute avec Carry-on.
    2. Vous n’ignorez pas que l’expansion formidable de la musique cajun à travers le monde civilisé doit presque tout à Dewey BALFA, personnage avec qui j’ai eu l’occasion de boire des bières, au printemps 1975, du côté de Royan. Hélas, le pauvre n’est plus.
    3. Son digne successeur en matière d’aimable vulgarisation est Michael DOUCET, accessoirement le cousin de Zachary Richard.
    Je suis alors allé voir ce qu’il en pensait :

    Grande fut ma stupéfaction quand, vers les 2:15, j’ai cru entendre « Passez-moi un verre de HARD ALCOHOL ! »
    Est-ce que votre oreille confirme ?
    Si oui, mon idée première aura été la bonne : le Carry-on semble être une façon de désigner un breuvage puissant en pays cajun.

    Question subsidiaire : -Est-ce que CAJUN rime riche avec A JEUN ?
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    Considérations annexes :

    ■ J’ai toujours eu beaucoup d’estime pour le petit commerce , le commerce de détail, bien sûr, mais aussi celui avec les dames les jeunes personnes consommables.
    Mais il faut être prudent en cette affaire, ne pas se laisser tromper sur la marchandise et, comme disait mon bon maître, Roger Judrin : Les femmes qu’on galope ne sont pas celles qu’on épouse.
    Fort de cette conviction, j’ai toujours eu soin de prendre mes précautions : une personne du sexe, même dotée d’avantages anatomiques, se montrera-t-elle richement dotée dans le cadre d’une perspective matrimoniale ?

    – Dis-moi, délicieuse enfant, que font tes parents ?
    – Et ben mon papa, il fait dans la limonade*
    – Et ta maman ?
    – Elle essuie les verres au fond du café…

    * « Tenir un rade » équivaut à « être/faire dans la limonade », une activité commerciale dans laquelle la limonade ne compte guère question chiffre d’affaires… Même le rouge limé est passé de mode par chez moi.

    ■ Explication de la vanne relative au Père Matruchot baptisant « ADAM » sa première rasade de Saint-James :
    – Pourquoi Adam ?
    – Parce que c’est le « premier rhum » (de la journée)

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  12. @TRA, plus haut et à bien des reprises…

    De la déferlante de vos messages, je retiens que vous êtes parvenu à destination… C’est plutôt pas mal pour un garçon qui n’a toujours montré que condescendance pour les « chansonnettes américaines ».

    Bon, les civilités, ça c’est fait. Au charbon, maintenant !
    Ce sera dans l’ordre qui me convient et probablement en plusieurs livraisons, en raison des limitations imposées question liens proposés.

    ■ L’indice « reprise à l’accordéon »
    A mon avis, c’était la meilleure piste à suivre : -Qui parmi les célébrités du piano à bretelles aurait pu avoir assez de couilles pour aller se confronter aux requins de studio de Nashville (Tennessee) ?
    –Sûrement pas Aimable, Jo Privat, Verchuren et consorts !… Ne restait qu’Yvette.
    Dans les seventies, elle a enregistré un album garanti sans paroles mais avec tout l’étalage de sa virtuosité. Comme elle n’était pas du genre à tirer la couverture à elle, en couverture de l’album elle n’oublia pas Charlie McCoy.
    Dès lors, il n’était nul besoin de posséder comme moi un tel trésor dans sa discothèque, un simple appel à Google-Rescousse aurait suffi à voir énumérés les titres de l’album et, parmi ceux-ci, celui qui évoque le mieux un toponyme est ROCKY TOP.

    http://www.amourdurocknroll.fr/pages/yvette_horner.html

    Comme rien n’est jamais parfait, seul le songwriter mâle figure aux crédits. Oubliée la co-auteuse, Felice BRYANT ! Question égalité homme/femme et partage des tâches, c’est vraiment pas brillant.

    ■ En son premier état, ROCKY TOP n’est rien qu’une chanson écrite vite fait par un couple de songwriters. Elle adopte un ton quasi élégiaque genre. -Oh, si vous saviez comme j’ai en moi la nostalgie du trou qui m’a vu naître et grandir, au milieu des miens et dans une nature à nulle autre pareille… genre Country roads, take me home to the place where I was born… etc. Poncif absolu du répertoire country avec personnages interchangeables : le lonesome cowboy, le poor hobo à la ramasse, le camionneur au long cours, le chien perdu sans collier… etc.
    Vu de chez moi, c’est le syndrome des « imbéciles heureux qui sont nés quelque part » et n’aspirent qu’à y retourner… et, j’vous l’demande, qui, dans la chanson française, a jamais pondu des lyrics sur un thème aussi navrant ? Bon, j’excepte Brassens avec son retour à la case départ, Terminus en gare de Sète. Mais il a sans doute des excuses.

    ■ Les double entendres ?
    Le premier joue sur MOONSHINE (=clair de lune et/ou breuvage puissant) combiné avec STILL (au choix adverbe et/ou alambic)
    Le second joue sur CORN que, dans la chanson, on peut entendre comme MAÏS ou comme, de façon à peine déguisée, ce qui en résulte après passage à l’alambic :

    Corn won’t grow at all on Rocky Top
    Dirt’s too rocky by far
    That’s why all the folks on Rocky Top
    Get their corn from a jar

    La splendide Dolly Parton, que je tiens pour responsable de la plus belle chanson country qu’il m’ait été donné de goûter– je parle ici de JOLENE, laquelle dispute la première place avec Ode to Billie Joe- n’a pas hésité à joindre le geste à la parole.
    Comme on peut le constater dès les 8:30 :

    C’est sans doute un peu appuyé/asséné … mais elle a des excuses, la native de Sevierville (Tennessee aussi) : the place where she was born se trouve à moins d’une heure de l’actuel Rocky Top.
    Chose amusante : Si je cherche combien de km/miles séparent Sevierville de Rocky Top, c’est le bide. Je n’ai obtenu satisfaction qu’en tapant Sevierville et Lake City.

    ■ COAL CREEK, LAKE CITY et enfin ROCKY TOP
    Ce sont les toponymes successifs adoptés par une localité peu convaincue de son identité au fil des décennies. Ravages de la versatilité !
    La chose est documentée sur Wikipedia… qui tient ses fiches à jour, elle. Pas comme les fournisseurs d’itinéraires !

    Bon, je vois que j’ai épuisé mon quota de liens permis par l’octroi d’Orange…
    Alors… à suivre

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  13. NOW PANIC AND FREAK OUT !

    Pour cet album, on aurait plutôt attendu Led Zeppelin :

    ———-
    Mais on est ravi, même si ça vient si tard !

    [ Bon ! c’est pas tout : j’ai un avion à prendre, et il faut que je prépare mon carry on – bag … ]

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  14. (Suite et fin)

    ■ La guerre effroyable qui se déroula là où se situe l’actuel Rocky Top ?… Il s’agit d’un conflit social qui trouva son origine dans la participation généreuse de pauvres convicts à l’extraction du charbon à COAL CREEK.
    Les amateurs de violence en connaîtront les détails en tapant « COAL CREEK WAR » sur leur clavier.

    ■ Mon passé de premier magistrat, OPJ par statut et Grand chef de Machincourt , respectueux des traces écrites qu’il convient de laisser derrière soi, m’invite à faire un rêve…
    Toutes les décisions concernant une commune et revêtant une importance quelconque, au fil du temps, demeurent consignées sur un registre dédié.
    Mon rêve, donc, serait que VVLT, dans son souci d’éclairer le public sur les variations successives de graphie ou de dénomination des patelins, produise ce qu’on appelle, administrativement parlant, un Extrait du registre des délibérations lequel concernerait telle ou telle adoption de nouveau toponyme.
    N’importe quel citoyen peut consulter ce registre alors pourquoi pas un toponymiste fervent ?

    Dans le lien qui suit, il conviendra de faire un arrêt sur image à 3:15 :

    Perso’, j’adore l’intervention de Mrs Carl Alley (colonne de droite, en haut) et la saveur qu’elle apporte au débat :

    I like that name for a town. Coal Creek sounds so country.

    Que j’entends ainsi : –[Lake City], c’est un chouette nom pour une ville… parce que, entre nous et c’est rien de le dire, la Crique à charbon, ça fait rien plouc !
    Bien sûr, il ne s’agit pas là d’un extrait du Registre des délibérations : le ton adopté n’est pas administratif. Mais, les séances étant publiques, rien n’interdit à la presse de rapporter les débats.
    Et, au lieu d’aller farfouiller emmi les archives poussièreuses, rien n’interdit aux agences de promotion de la science toponymique de se tourner vers le sérieux des choses… et il ne doit pas manquer de curiosités édifiantes proférées lors des regroupements de communes. Bref, vous voyez l’topo, Leveto ?

    ■ Si je compte bien, il ne me reste qu’un lien disponible. Mon tempérament d’esthète m’interdit de le gâcher pour une triviale futilité… tandis que le spectacle de mignonnes prépubères m’a toujours troublé les sangs :

    On a grand tort de céder au cliché qui veut que le bluegrass soit une affaire de mecs, avec leur galure à la con et qui se la pètent à cause de leur virtuosité.
    -Vous avez maté la mignonne à la mando ? Toujours souriante, le tempo dans la peau mais si sérieuse quand elle prend son chorus comme une grande.

    -Ah, si j’étais Ministre de l’Educ’, sûr que je ferais voter des crédits pour équiper en conséquence les établissements scolaires en mandolines, fiddles, banjos 5 cordes, guitares Martin et contrebasses… Avec moi, ça ne traînerait pas !

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  15. @ TRS

    Il n’y a nulle condescendance dans l’emploi que je fais du terme « chansonnette » : seul le père de Charlotte s’imagine que c’est un « art mineur » ….

    En outre, je pense mériter quelque bienveillance dans mon désir de m’instruire en ce domaine : mon seul pré-acquis en est « Le folklore américain », chanté par Annie Chancel en 1965 !

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  16. Je reviens de Montréal, et les gens de là-bas m’ont dit que chez eux ils se tapaient la cloche plutôt que le carillon.

    Mais bon, Ardéchois un jour, Ardéchois toujours …

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  17. @Leveto, retour du 07

    Qu’est-ce que j’apprends ?

    Le Carillon ne plaît pas aux gens de l’Ardèche ?
    Qu’ils l’offrent alors à ceux* de la cloche, dans la dèche !

    Je compte ferme sur votre entregent pour que la transaction le transfert s’opère au plus vite.
    Dans l’attente d’une peu dilatoire livraison,…etc.
    Votre obligé
    TRS

    P.S : Ne souhaitant pas céder aux inepties de l’inclusivité, je n’ai pas écrit « celleux ». D’ailleurs cela aurait fait un pied d’trop… et, vu du côté de mon pécule misérable, mieux vaut toujours y aller à l’économie.
    Mais croyez bien que je reste à jamais solidaire des petites Mômes de la Cloche. Un simple appel aux mânes d’Edith et, réputés pour leur prodigalité, les « gens de l’Ardèche » sauront alors où elles crèchent.
    -Ah, j’oubliais !… Pour la commodité de la chose, pour éviter tout malentendu sur la marchandise, dites-leur bien que je me contenterai d’une caisse ou deux de ce modèle :

    https://www.millesima.fr/le-carillon-d-angelus-2020.html

    Et, puisque (pour pas un rond) j’ai la permission d’un lien supplémentaire… une petite toune pour pas une thune :

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  18. TRS

    Quand je pense que j’aurais pu aller faire un tour à Montréal, dans l’Aude !
    Je vous aurais alors proposé une Cloche Rouge de Foncalieu, en restant dans le local et le meilleur marché*.

    * parce que se dire solidaire des mômes de la Cloche et réclamer une caisse de pinard hors de prix … fallait oser !

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  19. @ TRS :

    Pas besoin d’invoquer les inepties de l’inclusivité pour se soucier d’inclusivité : ce n’est absolument pas un souci récent. Quand De Gaulle avait remplacé l’habituel « Français !, … » par « Françaises !, Français !, … », cela lui avait été reproché exactement de la même manière. Qui en rirait vraiment aujourd’hui ?

    Et donc, pas besoin d’invoquer un truc récent qui vous gratouille : cela fait belle lurette qu’un terme inclusif est habituel en langage familie : ceusses. Je crois d’ailleurs que c’est vous-même qui aviez attiré mon attention sur le fait que ce terme a le même sens que celleux tout en ayant le mérite d’être ancien (donc mentalement intégré).

    Ne vous embêtez pas à refuser d’écrire celleux, écrivez simplement ceusses. C’est ce que je fais désormais. Et ça n’a rien ni de nouveau ni de militant, beaucoup l’ont utilisé de façon machinale et ordinaire.

    ————-

    Si vous passez plutôt à Montréal dans l’Yonne, vous pourrez déguster du Chablis.

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  20. Jacques C

    je suis peut-être de la vieille école, mais, pour moi (et pas seulement pour moi), « ceusses » n’a rien d’inclusif, c’est un terme plutôt familier, voire argotique, pour dire « ceux ».
    Si vous l’employez dans un sens inclusif, ça revient à employer le masculin « ceux » comme genre neutre, incluant masculin et féminin. Alors, pourquoi changer ?

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  21. ►Jacques C.

    Croyez bien que je vous préfère en commentateur éclairé quand vous vous mêlez de musique qu’en zélote attaché à la promotion de ce que je considère comme une monstruosité une sottise dispensable : l’Écriture inclusive.
    Bon, les civilités d’usage, ça c’est fait. Entrons dans le dur.

    1. Je ne me souviens pas particulièrement d’avoir évoqué ici le terme « ceusses » en lui prêtant les vertus que vous dites. Mais c’est possible après tout…
    2. Je me range tout à fait à l’opinion de Leveto : le terme relève de la familiarité décontractée. Il ne saurait adopter le ton sérieux que réclame la frange (importante ? dérisoire ?) de ceulles de nos compatriotes dont on peut dire qu’ils sont d’obédience féministe.
    3. Prêt à toutes les audaces, je me suis risqué à envisager l’utilisation de ce « ceusses » au lieu de « ceux ». Dès lors, un vers impeccable, entièrement fait main et poli au galuchat, un vers qui coule avec aisance dans le conduit auditif perd alors son charme pour devenir Made in Pagnoland, c’est à dire de « qualité inférieure », tout gonflé qu’il est d’un demi-pied… Pensez aux moutons à 2 pieds et aux moutonSSes, ceusses pointurés à 2,5 pieds.
    La fluidité, comme vous le savez, est une denrée appréciée en musique et en prosodie.
    4. Est-ce utile d’invoquer la Grande Zhora en cette affaire ? On sait que la France c’était lui, là-bas à Londres… tout comme on sait que, devant une porte et les caméras, la République c’est Mélenchon.

    Quand De Gaulle avait remplacé l’habituel « Français !, … » par « Françaises !, Français !, … », cela lui avait été reproché.
    Qui en rirait vraiment aujourd’hui ?

    4.1. Loin de la posture des grands hommes conscients de leur importance face à l’Histoire, il y eut Pierre Mendès-France. Sans jouer de son patronyme, il avait su établir un rapport au public autrement distingué, subtil… et surtout autrement « inclusif » : il n’oubliait pas que parmi les ceusses qui l’écoutaient, à la radio intimiste ou en live, se trouvaient peut-être des étrangers en situation régulière et tout à fait aptes à l’entendre. Peut-être même quelques belles étrangères venues tout droit d’Aragon.
    Ainsi, à Nevers (58 194), entame-t-il ainsi son allocution : « – Mesdames et Messieurs … »
    C’est sobre, élégant et cela ne risque pas de heurter la susceptibilité d’un représentant du Royaume-Uni, en goguette dans la Nièvre (58) :

    https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/caf92034789/discours-de-pierre-mendes-france-a-nevers

    4.2. De ce Françaises, Français, qui en rirait encore de nos jours ?… – Ah, mais moi !… ah mais moi, Jacques… et, ce, depuis tout ce temps que l’émoi m’habite et que Dieu m’tripote.
    Plus précisément, cela remonte aux années 80 et Desproges, dans son emploi de fustigeur radiophonique, en avait fait un gimmick inusable :

    Françaises, Français,
    Belges, Belges…

    Et, s’il faut rester dans la Nièvre (France) :

    5. Maintenant que tout vient d’être dit sur « les ceux zé les ceusses », passons aux gens et aux genSSes .
    De prime abord, on pourrait croire qu’ils s’équivalent, ces deux-là. Rien n’est moins vrai et le terme « gens » dispose d’une prérogative qui, du point de vue orthographicosémantique, donne le vertige et trouble même l’Homme d’Isarie, par nature peu enclin à la confusion qui atteint le genre, rétif à la fréquentation du moindre shemale lexical :

    Chaque dimanche matin que Dieu fait, les bonnes gens se retrouvent à l’église tandis que les gens bons sont à la charcuterie.

    Ce constat à caractère sociologique ne se vérifie pas ne fonctionne pas avec « gensses »… et Bourdieu n’est plus… qui en savait un max sur les habitus.

    6. Idem avec Brel qui, pour un Belge, maîtrisait virilement notre langue et a même su lui faire de beaux enfants* :

    Il y a deux sortes de gens
    Il y a les vivants
    Et ceux qui sont en mer…

    Quant à l’Ostendaise, elle s’enm… et fait rien qu’à ressasser sur sa chaise.

    7. Brel encore… qui avait le sens de l’inclusion vacharde avec les points qui la signalent : quand il sort de sa hargne et de son courroux (coucou !) une énième et définitive merveille sous le titre Les F…, chacun comprend bien que ces points-là sous-entendent et incluent aussi « Mesdames les Flamingantes », toutes complices.
    ____________

    * Faudra qu’un jour je me mette à collectionner/consigner l’intégralité des néologismes bréliens. Mais ça existe peut-être déjà… tant sont légion les gensses qui ont le goût des listes.
    En attendant, je vais relire Sally Mara, l’auteuse de On est toujours trop bon avec les femmes.
    En oubliant l’ambiguïté quenaldienne : NO queue vs NOS queues.

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