Où je fais un bide

Je continue mon voyage sur les chemins (cf. ici) en explorant aujourd’hui le Pays basque.

Le basque utilise le terme bide pour désigner un chemin. On le retrouve dans le nom de plusieurs communes des Pyrénées-Atlantiques comme Bidache (Bidezon en 1140 et Bidaxen en 1342) qui est un « chemin (bide) de pierre (aitz) », avec suffixe locatif –un, Bidarray (même nom dès 1268) qui est un « chemin (bide) dans les épineux (arrantz) » et  Bidart (Bidart dès 1339) qui est « entre (arte) les chemins (bide) », c’est-à-dire au carrefour.

CPA Bidache

D’autres noms utilisent ce même terme sous une forme contractée dans laquelle il est plus difficile à identifier : Aldudes (id.), nom d’une commune et d’une montagne, est un composé de aldu, « hauteur, mont » et bide, « chemin », comme le laisse voir la forme Alduide attestée en 1193 dérivée de*aldu(b)ide (le pluriel, tardif, date de l’accord au pluriel en langue romane avec l’expression les monts) ; Souraïde (Surraide en 1249) est composé de soro, « pré, champ » et bide, « chemin ». Notons la ville espagnole de Valcarlos, « la vallée de Charlemagne », qui s’appelle Luzaïde en basque (et portait le nom de Luçaide en 1110 avant son passage à l’Espagne lors des accords frontaliers du XVIIIè siècle) de luza, « long » et bide, « chemin ».

Vidou (H.-P.) attesté Petrus de Bidose en 1095 et Bidol en 1186 et Vidouze (id.), attesté A Bidoza au XIIè siècle et Bidosa en 1300 pourraient être eux aussi issus de bide accompagné du suffixe aquitain –os. Mais certains auteurs, s’appuyant sur la forme plus tardive Vidosa de Vidouze en 1342, ont proposé une origine selon le latin vitis « plante à vrille, vigne », et suffixe osum, a.

Les noms de lieux-dits sont bien entendu beaucoup plus nombreux et le terme bide y apparait le plus souvent accompagné d’une épithète ou d’un complément.

On ne sera pas surpris, connaissant le relief du pays, si le basque gain, « hauteur », est à l’origine des micro-toponymes les plus fréquents (au moins trente-cinq en Pyrénées-Atlantiques) :

Bidegain, Bidegainea et Bidegaïnia représentent le « chemin d’en haut ». Signalons à Amorots-Succos (P.-A.) un Bidegain-de-Gain  qui est le « chemin d’en haut du haut » par opposition au Bidegain-de-Pé (id.) qui est le « chemin d’en haut du bas ». Bidegainberria correspond au même nom avec berri, « nouveau » et  Bidegainekoborda (à Briscous et Saint-Étienne-de-Baïgorry) est « la petite ferme ou métairie du chemin d’en haut », avec borda, d’origine germanique (de bord, « planche », d’où « cabane ») très présent en gascon et en basque.

Bidegaray  est formé avec le basque garai, « hauteur », un dérivé de l’oronyme *gar, : c’est, là aussi, le « chemin en haut ».

CPA-mauleon PA hotel-bidegain

On trouve également d’autres noms composés :

Goizbide (à Saint-Pée-sur-Nivelle) est le chemin de la crête, Ithurbide (plus de 25 occurrences) ou Iturbide (à Estérençuby) celui de la fontaine, Arrozbide (à Lanrabat et Sainte-Engrâce), Arrozpide (à Juxue et Ordiarp) ou encore Arrospide (à Tardets-Sorholus), celui des étrangers, Ahuntzbide (à Lécumberry) celui de la chèvre, Eyherabide (une dizaine d’occurrences) celui du moulin, Orgambide (moins d’une dizaine) celui du charroi et Olhanbidea (à Souraïde) celui de la forêt.

Bidegurutzea (à Saint-Pée-de-Nivelle et Bidart) est l’endroit où se séparent les chemins, la bifurcation, le croisement  (de gurutzatze, « séparation, division », d’où gurutze, « croix »).

Bidegorritako Lepoua (à Larrau) est le « col (lepoua) du chemin (bide) rouge (gorri) ».

Plus difficile à interpréter, Harpidey (à Jaxu) est composé de harri « pierre, roche », bide « chemin » et egi « crête », soit  la « crête du chemin de roche ».

Pour être complet, citons des hydronymes :

Le nom de La Bidouze, affluent gauche de l’Adour, est composé de bide et dun ancien suffixe us/uz qu’on retrouve peut-être aujourd’hui dans le basque usu, « liquide, sérosité » : c’est la « voie de l’eau ».

Le nom de la Bidassoa semble être formé sur ce même bide accompagné du suffixe hydronymique celte aza ou assa. Une autre hypothèse fait référence à l’ancienne cité vascone d’ OiassoBidassoa signifiant alors  « route d’Oiasso », celle qui longe le fleuve dans la dernière partie de son parcours en venant de Pompaleo, aujourd’hui  Pampelune. Une dernière hypothèse, moins crédible, imagine une expression latine via ad Oeassonem, « chemin d’Oiasso ».

Enfin, mentionnons des faux-amis :

Bideren, aujourd’hui dans Autevielle-Saint-Martin-Bideren (P.-A.) et  hameau de Labastide-Villefranche (id.), vient sans doute du nom d’homme gascon Vital, augmenté du suffixe gascon -enh, puisqu’aucun suffixe basque ne peut expliquer cette terminaison.

Les noms en Bid– hors du domaine basque ont bien entendu une étymologie à chercher ailleurs. Ainsi Bidou (L.-et-G) et ses variantes Bidous ou Bidout sont-ils plutôt à relier à l’occitan bidòs, « tordu, de travers », ou à un arbre comme l’aune ou le sorbier, bidor en gascon. Enfin, le nom d’homme d’origine germanique Bidulfus n’est pas exclu pour certains de ces noms, comme Bidoux à Moncrabeau (L.-et-G.).

herge-.-carte-double-tintin-point-d-interrogation_2069395

Les devinettes

Étant donné que le domaine linguistique est restreint à quasiment un seul département, il m’a été difficile de dénicher des toponymes liés au mot du jour à vous faire deviner : c’est pourquoi je vous en propose deux, en espérant que cela vous occupe suffisamment. Autre difficulté : pour la même raison, il me sera difficile de vous donner des indications trop précises sur la commune, le canton ou l’arrondissement, ce serait quasiment vous donner la réponse grâce aux listes disponibles sur la toile que vous connaissez bien. Bon, ceci dit, allons y !

Le premier toponyme à trouver, qui désigne un chemin difficile à parcourir, se trouve dans une commune dont le nom rappelle la végétation qui en recouvrait le sol.

Le deuxième toponyme, qui précise la qualité du sol du chemin, se trouve dans une commune dont le nom, formé sur un radical très ancien, désigne l’environnement montagneux.

En 2020, les deux communes avaient à elles deux moins de 500 habitants. À presque mi-chemin de la route de 24 km qui les sépare se trouve une commune de près de 2000 habitants qui est homonyme de sept autres (dont quatre ont un déterminant) mais qui n’a pas la même référence.

Un seul indice – qui regroupe les deux toponymes à trouver :

indice a 26 03 2023

Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

 

 

Publicité

19 commentaires sur “Où je fais un bide

  1. Bonjour m Leveto
    Me voici déjà , avec ma liste de ce lundi:
    ————————
    38 NIVOLAS-VERMELLE

    1) wikipedia Nivola = nebula brouillard
    vermelle verno = aulne

    2 ) site de la mairie

    Site Officiel de Nivolas-Vermelle – VIVRE À NIVOLAS-VERMELLE » HISTOIRE ET PATRIMOINE

    Nivola = nivelle = plaine terrain nivellé la nivelle / ou nebula
    Vermelle

    Pour certains étymologistes, le toponyme « VERMELLE » viendrait du gaulois « verno » qui désigne « l’aulne ».

    Pour d’autres, le mot celtique « ver » veut dire « guerrier » ; « bel » signifie le mont, la colline ; ou encore « mola » : la motte, le mollard. Le monticule qui porte la chapelle est-il un tumulus ? Un ancien sanctuaire païen ? Une motte castrale ? Seules des fouilles, permettraient de le savoir.

    ——————–
    79 MAISONTIERS
    serait-ce un ancien monasterium ?

    ou un  » mansus » (mona)sterium ? je crée ce mot , par hasard.
    -++++++++++++++++++
    58 FERTREVE
    ——————-
    44 SAINT-LUMINE-de-COUTAIS
    Kernitron-al-lann
    ———————–
    55 JUBECOURT
    ——————–
    92 à puteaux

    quartier de PRESSENSé

    de la famille de Préssensé
    ( origine du patronyme ? )
    ——————————
    84 à beaumes-de-venise ( venaissin )
    le rocher de ROCALINAUD
    roche lunaire
    ———

    29 Moelan-sur-mer breton Molan

    toujours pareil , plusieurs étymologies différentes , sur internet
    homme Moé ? +Lann

    ou molen terre chauve ? ( wiki)

    ———————-
    dolmen de KERGOUSTANCE
    —–
    menhir de KERCORDONER

    plage de KERFANY

    Merci beaucoup.

    J’aime

  2. « L’indice est lumineux :
    c’est dans les Pyrénées. »
    J. C.

    Côté* France ou côté Espagne ?
    ________
    *versant

    J’aime

  3. J’entends ces mots (concepts) quand on parle de la France. Je comprends, par votre commentaire, que ça n’existe pas de façon équivalente en Espagne.

    Donc on cherche du côté Français.

    Merci

    J’aime

  4. lecteur

    ■ 38 NIVOLAS-VERMELLE
    1) wikipedia Nivola = nebula brouillard
    vermelle verno = aulne
    2 ) site de la mairie
    Site Officiel de Nivolas-Vermelle – VIVRE À NIVOLAS-VERMELLE » HISTOIRE ET PATRIMOINE
    Nivola = nivelle = plaine terrain nivellé la nivelle / ou nebula
    Vermelle
    Pour certains étymologistes, le toponyme « VERMELLE » viendrait du gaulois « verno » qui désigne « l’aulne ».
    Pour d’autres, le mot celtique « ver » veut dire « guerrier » ; « bel » signifie le mont, la colline ; ou encore « mola » : la motte, le mollard. Le monticule qui porte la chapelle est-il un tumulus ? Un ancien sanctuaire païen ? Une motte castrale ? Seules des fouilles, permettraient de le savoir.

    ♦ Nivolas : déjà le même nom au XIIè siècle et latinisation Nivolasium au XVè siècle.
    Du franco-provençal nibla, nom du milan, de l’épervier ou de l’aigle, de la famille du latin nebula, « nuage », et suffixe collectif –as (comme l’occitan nivoulas « gros nuage, vol d’oiseau ») pour désigner un lieu hanté par ces rapaces.

    ♦ Vermelle : Eccl. S. Romani de Vermaella au XIIè siècle, , Vermella au XIIIè siècle.
    Peut-être du germanique walm, « ébullition » et diminutif ella, pour désigner une petite source bouillonnante (hypothèse émise par Dauzat & Rostaing) ?
    L’hypothèse d’une origine selon le celtique verno, « aulne », se heurte au fait que ce nom a toujours donné des toponymes gardant le n (parfois transformé en gn, « vergne»). L’arbre isolé a quant à lui donné généralement des toponymes avec t final par attraction de vert. Il n’existe, à ma connaissance, aucun toponyme en verm, avec un m, issu du celtique vern-.
    L’hypothèse selon le gaulois mello, « hauteur, colline », est plus vraisemblable mais le mot serait ici précédé du gaulois ver, vero, « grand, très grand ».
    ——————–
    ■ 79 MAISONTIERS
    serait-ce un ancien monasterium ?
    ou un  » mansus » (mona)sterium ? je crée ce mot , par hasard.

    Attesté Maisum Iters vers 1180, du nom du propriétaire, un certain Itier, comme pour La Maison Tier, un hameau de Blanot (C.-d’Or) qui était Maison Iterii, Maison Ytier vers 1260.
    -++++++++++++++++++
    ■ 58 FERTREVE

    Attesté Fertrèves en 1500 et Fertereve en 1525.. On peut imaginer, avec Dauzat & Rostaing, un nom composé avec Ferté du latin firmitas, « lieu fortifié » et un deuxième élément qui pourrait être ève, « eau », ou *vèvre dérivé du gaulois *vobero, *vabero , « ravin, ruisseau caché » (cf. Vesvres en C.-d’Or).
    ——————-
    ■ 44 SAINT-LUMINE-de-COUTAIS
    Kernitron-al-lann

    ♦ Saint-Lumine : S. Liminii en 1119 et S. Leobinus en 1287, du germanique Liubin, latin Lupinus, évêque de Chartres au VIè siècle.

    ♦ Coutais : Coustays en 1409 et Courtaye au XVIIIe siècle . D’origine incertaine, mais la forme du XVè siècle fait plutôt penser à un dérivé du latin costa, « coteau ».

    ♦ Kernitron : « le village (ker) de la (an) dame ( itron) », c’est-à-dire de la sainte Vierge, comme le confirme l’ancien nom S. Mariæ de Llanmeur et la mention en 1678 du « prieuré de N.D. de Lanmeur, dit Kerenitron »
    ———————–
    ■ 55 JUBECOURT

    Attesté Gobticurtis en 1060, Gibertcourt en 1165, Gibescourt en 1245 et Jubescourt en 1642.
    La forme de 1060 est sans doute à lire *Goberticurtis d’après le nom d’homme germanique Gobertus, qui sera remplacé parGibertus , et latin cortem.
    ——————–
    ■ 92 à puteaux
    quartier de PRESSENSé
    de la famille de Préssensé
    ( origine du patronyme ? )

    Sans certitude : peut-être s’agit-il d’un « pré soumis au cens » (impôt) d’où « pré censé », toponyme devenu patronyme.
    ——————————
    ■ 84 à beaumes-de-venise ( venaissin )
    le rocher de ROCALINAUD
    roche lunaire

    J’ai bien vu passer sur divers sites internet ce rocca (ou roca) luna mais je ne suis pas convaincu. Le provençal roca-luna (avec u prononcé ou) aurait donné *rocaloune, rochelune ou roquelune et n’explique pas le i de Rocalinaud.
    En revanche, l’occitan a rocal, de sens indéfini : petit rocher ? gros rocher ? ou bien « amas de roches », un des sens de l’ancien français rochal. On connaît ainsi deux hameaux Le Rocal, l’un à Quissac (Gard), l’autre à Carlus (Dord.).
    Un diminutif en –ino a pu donner *Rocalino pour « petit amas de roches ». Et de *Rocalino à Rocalinaud, il n’y a qu’un pas que je n’hésite pas à franchir (et je constate que le guide du Petit Futé 2016 écrit « rocher de Rocalino »).
    C’est la paronymie qui est à l’origine de cette étymologie par roca luna – sans compter le « prestige » qu’apporte une telle dénomination , c’est bon pour le commerce, ça, coco !

    ———
    ■ 29 Moelan-sur-mer breton Molan
    toujours pareil , plusieurs étymologies différentes , sur internet
    homme Moé ? +Lann
    ou molen terre chauve ? ( wiki)

    On a proposé une étymologie selon mouest lann , « lande humide »
    Il s’agit plus vraisemblablement du nom d’homme breton Moal et breton lan, « ermitage, monastère »
    ———————-
    ■ dolmen de KERGOUSTANCE

    Si on compare ce nom à celui de la saline de Goustance (Guérande) qui était Salline Constance en 1679, Kergoustance serait le « hameau de Constance », dans lequel certains ont vu le nom de l’empereur Constance Chlore mais on n’est pas obligés de les suivre.

    ■ menhir de KERCORDONER

    Kercordonner (avec deux n) : il s’agit probablement là aussi d’un nom formé avec ker, « hameau », suivi d’un nom de personne (Cordonner, dérivé de « cordonnier », originaire du sud-est?)

    ■ plage de KERFANY

    Le nom Kerfany provient, par simplification de Ker Fanny, du prénom de Fanny Rives (1840-1883)95, une parente de l’abbé Stanislas Rosenberg. Ce dernier, né à Tours le 21 juillet 1851 et devenu chanoine à la cathédrale Saint-Gatien, puis précepteur dans des familles riches, fonda en 1892 un pensionnat accueillant des jeunes filles étrangères et des enfants déshérités dénommé « La Lumière Éternelle » à Rueil-Malmaison, grâce à la générosité de Marthe Suchet (1856-1895), comtesse d’Albufera, une demoiselle riche et pieuse qui s’était entichée de lui. Il crée alors au lieu-dit Beg eur Cler’h Burtul un sanatorium, qu’il entoure d’un jardin et de pins. D’une capacité de 50 lits, il recevait « les garçons jusqu’à 10 ans, les filles jusqu’à 13 ans, gratuitement s’ils sont indigents (…) ».

    Rien à ajouter à ce que dit wiki : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mo%C3%ABlan-sur-Mer#Histoire

    J’aime

  5. ►Brosseur

    -Donc on cherche du côté Français.

    …..
    Votre sens de l’orientation allié à celui de la majusculisation ne laisseront pas d’étonner le public… et vous avez bien raison, l’Espagne ne vaut que par ses châteaux chimériques. Gare à qui s’y égare.

    Côté hexagonal, nous avons nos palais… et c’est pour moi l’occasion de pester un peu contre vos congénères, par ailleurs nantis de la plus sympathique et roublarde naïveté sous leurs dehors de croches:

    Les Canadiens, charmants enfants [… ] sont, comme qui dirait, les Gascons transatlantiques. (Alphonse Allais)

    Passé ce diagnostic d’une pertinence incontestée à ce jour, plongeons-nous dans le sujet qui toujours nous a préoccupés, vous et moi : -Qu’est-ce que les Québécois ont fait de leur héritage, question chansons venues du fond des âges ?

    Il y a le meilleur et je tiens La Marche du Président, cosignée Charlebois/Vigneault, pour une pure merveille.
    Il y a le pire… et c’est avec répugnance que je cite cette niaiserie à caractère identitaire, Sur la Rue du Palais :

    Vous nous aviez déjà prévenus, il y a quelque temps, avec Le plus beau voyage… du même acabit et du même coupable.
    Dieu merci, ce Claude Gauthier jouit d’une notoriété inexistante à Machincourt et ce n’est que justice : la platitude du propos fait écho inversé à la profondeur du lit de la rivière en son mitan. Voilà pour le fond… quand on l’a touché.

    Quant à la forme, c’est pitoyable itou dès le premier vers avec son mésusage de la préposition : -Si l’on met une jolie fille « SUR la rue » ou SUR le trottoir, c’est qu’on la destine au tapin.
    Ce Claude Gauthier, se voulant chantre d’une identité héritée aurait été bien avisé de réviser ses classiques et les Jean-Jacques fameux :

    – Je marche seul DANS les rues qui se donnent et la nuit me pardonne… Je marche seul –
    (Jean-Jacques G., ACI contemporain)
    …………..
    Je marchais seul DANS les rues de Rue (80) quand il m’arriva de marcher SUR une « marde » de chien une déjection canine…
    (Jean-Jacques R. Les Rêveries du Promeneur solitaire)

    Afin d’avoir un avis définitif, je n’ai pas manqué de consulter l’OQLF à ce sujet :

    RUE
    Avec le nom rue, les dictionnaires consignent la préposition dans. La voie de communication, qui est bordée de maisons, est considérée comme un volume. […] Malgré le fait que l’emploi de la préposition sur devant le nom rue soit, à juste titre et par respect pour la langue, dénoncé dans l’immense majorité ouvrages, il demeure, hélas, courant au Québec qu’on le retrouve dans la parlure de quelques sagouins mal dégrossis.

    Toujours gourmand de curiosités lexicodonymiques, je me suis ensuite penché, malgré mon lumbago, sur « la côte en tous ses états » : -La cote peut être mal taillée but my butcher, face à la carcasse, détaille avec expertise la côte de bœuf -les entrecôtes aussi. Il tient boutique au 37, Rue de la Côte Ardue.
    Bref, chez moi…je veux dire en terres civilisées, « la côte » prend un caractère odonymique et ici chacun sait ce qu’il en coûte d’efforts au cycliste s’il veut gravir la Côte de Coupe-Gueule ou la Côte de St-Claude… qui sont nos Tourmalet à nous, avec tout le confort moderne depuis que l’asphaltage a montré ses avantages sur la caillasse, redoutée des usagers.

    Poussé enfin par la curiosité scientifique, je suis allé jusqu’à Québec (Canada) et y ai trouvé une Côte du Palais très convenable… mais pas de « Côte du Palet », cet article dont on trouvera les cotes précises dans la documentation sportive.
    J’en ai aussi ramené un document épatant, signé par l’aptonymée Catherine LACHAUSSÉE

    https://ici.radio-canada.ca/sujet/ca-date-pas-dhier/actualite/document/nouvelles/article/1791161/histoire-cotes-quebec-patrimoine-anecdotes

    Un document dont je retiens toute l’ambiguïté relative à la Côte de la Négresse autrement -et en jouant sur la parophonie- dénommée Côte de l’Allégresse… en raison de son caractère prostibulaire.

    ______________

    Croche » ?… -Sur une requête du sieur LGF, vous nous aviez informés du sens que prenait ce mot dans votre jargon exotique.
    Tant de science et de générosité déployées m’invitent -Ô Brosseur dévoué aux nobles causes- à vous solliciter encore… pour une affaire de la plus haute importance et qui mérite bien, à elle seule, de figurer dans un commentaire aussi séparé que hors-sujet… et donc à suivre.

    J’aime

  6. Dear Shoeshiner, à jamais chum de mon cœur, content de vous retrouver

    Comme j’imagine que vous baignez à plein temps dans le bilinguisme effréné, je vous sollicite rapport à un passage que je ne m’explique toujours pas… malgré avoir déployé des trésors de supputations.
    Ce profond mystère réside en ces quelques mots : – I’ll be number 409 if you change your mind (= Je deviendrai la numéro 409 si tu jamais tu changes d’avis ???)… – A quoi renvoie ce « number 409 » ?
    Que l’on peut écouter/lire à 2 :37

    Ce renseignement est d’importance car j’envisage sérieusement de devenir le Big Gourou de la Congrégation des Adorateurs de l’Ombilic… une secte garantie sans lucre, réservée aux purs esthètes et avec, pour figure tutélaire, votre compatriote, la somptueuse Shania Twain.

    Faut vous dire, Brosseur, que cette Shania-là me flashe back direct en 1966, l’année où je suis tombé en amour avec Pascale C, une créature en phase avec mon humeur d’alors et avec le goût de l’époque.
    Ce ne fut pas certes pas « Aux marches du Palais (épiscopal) » de Beauvais (60) que se révéla le penchant violent que nous avions l’un pour l’autre mais bien au Kiosque de la Gare, un établissement avec Wurlitzer mis à disposition de la clientèle.
    Nous avions coutume de nous y retrouver et Pascale, en son apparat ordinaire, ne manquait pas de porter son shetland du jour, serré au corps et, suivant l’usage de l’époque, suffisamment court pour que, enfilé à même la peau, il puisse laisser entrevoir le nombril de la belle… dont il est bon de préciser que, si à l’allure générale, elle avait quelque chose et même beaucoup de Shania Twain, son adorable minois tenait plutôt de celui de Linda Ronstadt, autre figure féminine de la country music :

    Mais je vois que je m’épanche tandis que mon chum se penche sur une devinette qui, pour l’heure, semble lui échapper.
    Par pure camaraderie, je l’invite à resonger à cette raffarinade datée du 03.07.2002 et émise depuis la tribune du Palais (Bourbon) :

    Notre route est caillouteuse et la pente est forte

    Pour ma part et pour l’ambiance, je me remets Johnny Kid Jacqueline Taïeb, 7 heures du matin, disponible sur You Tube.

    J’aime

  7. « Babe I can change your world
    Make you a cover girl
    Yeah you could be a beauty queen
    In a magazine
    Now tell me, what’s your sign?
    Why always the same old line?
    I’ll be in number 409
    If you change your mind »

    Pourtant limpide !

    C’est une invitation
    chambre 409

    J’aime

  8. ►Leveto

    -En grande forme, notre beau cousin provincial !

    Si vous le dites et si vous le trouvez beau, pourquoi pas… et même sublime, si vous allez par là… tandis que le subliminal ne semble pas lui avoir fait le moindre effet.
    A vous peut-être, va savoir… et d’ici là :

    Fondu au noir, durant quelques secondes d’éternité… puis

    Défloutage pour « une mise au point sur les plus belles années de ma vie »… remastérisation organisée sous le contrôle de Jakie Q,, historienne du cinéma amateur… voire « à mateurs ».

    Intérieur/jour… voix off… plan fixe sur le septuagénaire impavide qui vide son sac :

    1. Les gens de mon âge, bien souvent, comptent s’entretenir (le moral et la santé) en s’activant dans des domaines que je préfère dédaigner. Il en est, enthousiastes, qui font du vélo d’appartement et prennent leur alpenstock et leur bagnole diéselle pour aller randonner à 150 bornes de chez eux. C’est bon pour le cœur et la planète !… Il en est d’autres qui regardent pousser les carottes qu’ils ont plantées et se chopent un lumbago de derrière les fagots en voulant seulement retirer un brin d’herbe qui nuit grave à l’harmonie de leur potager… Il en est d’autres… Etc.

    2. Moi, quand l’envie m’en prend, je m’adonne à l’oulipisme pratiqué en intérieur… une activité sans grand risque sanitaire. Par le seul fait du prince, j’en détermine la règle et les contraintes.

    3. Pour hier, en écho au N+7 si facile à mettre en place et d’un enjeu dérisoire, je m’étais confronté au difficultueux T+7, à savoir T valant (plus ou moins) pour le toponyme impliqué et 7 pour ses homonymes homologués à l’INSEE.

    4. Il est toujours tentant (et même apprécié du public) d’user du clinamen. J’y ai cédé en admettant la simple homophonie. Par contre, pour le bon ordre des choses, je me suis imposé de faire figurer, à la coda, le chiffre 7.

    5. La « diserte attitude » est facultative.
    __________

    S’il regarde vers l’avenir, un garçon de mon âge ne voit pas grand-chose d’enthousiasmant ni de vraiment bandant. Les fantômes du passé lui sont plus conviviaux… et Pascale C. n’est pas fictive. Elle vit encore et je l’ai eue au téléphone, il y a quelques mois. Quand elle m’a dit :– Souhaites-tu que l’on se revoie… après si longtemps ?, j’ai gentiment décliné sa proposition : – Le nombril des septuagénaires avancées risque d’être décevant et certainement pas « un spectacle qui, du point de vue de l’esthétique, puisse vous élever au pinacle » … tandis que L’Ombilic des Limbes reste timeproof :

    Un ventre fin. Un ventre de poudre ténue et comme en image.
    Au pied du ventre, une grenade éclatée. La grenade déploie une circulation floconneuse qui monte comme des langues de feu, un feu froid.
    La circulation prend le ventre et le retourne. Mais le ventre ne tourne pas… Etc.

    Que dire d’autre ?… -Ah oui, l’année 1966 figure en bonne place dans mon Top 50 des années les plus inoubliables. Excellent cru, gouleyant à souhait avec une persistance en bouche qui défie le temps. La déploration de la disparition de Johnny Kid n’est rien quand je pense au dilemme cornélien rencontré au quotidien par Jacqueline Taïeb cette année-là : -Je mets mon shetland rouge ou mon shetland bleu ?
    Ma petite Pascale chérie était en butte aux mêmes affres mais n’a pas su en tirer matière à écrire une chanson qui serait sortie dès l’année suivante :

    Et moi, rétrospectivement, je me serais damné pour avoir pu être « en capacité »- (comme on dit aujourd’hui)- de pondre une chanson aussi bien foutue. Au sens de « bien foutue » quand on estime d’une fille qu’elle est idéalement carrossée : -Tout est bon, mon cochon, y’a rien à jeter !
    Outre qu’elle témoigne parfaitement de l’air du temps, elle porte en elle les germes d’autres réussites incontestables :
    1967 : 7 heures du matin
    1968 : Il est 5 heures, Paris s’éveille
    1977 : Rockollection
    1982 : Chacun fait (c’qui lui plaît)

    Et pendant c’temps-là, me direz-vous, qu’est-ce qu’il fout l’ACI québécois ?…
    – Claude Gauthier ?
    – Oui.
    – Bah, il sifflote sur un diaporama !… Faut dire que ses ailes de plongeon à la con de nabot l’empêchent de se la jouer atmosphérique et à la Peter Green, avec son Albatross, millésimé 1968.

    __________

    Bon, en voilà assez pour mes exercices du jour, cher Leveto… mais, si jamais vous en avez l’occasion, dites au Brosseur qu’en français ordinaire un « intermède musicale » est réglementairement genré au masculin et s’écrit, de façon ordinaire, intermezzo.
    Quant aux « intermèdes musiqués », du temps de l’ORTF, ça s’appelait Le P’tit train… Tchou tchou !
    Demandez-lui aussi, à ce Gascon transatlantique, si La Côte infidèle correspond à une réalité odonymique propre aux canadian railways ou si elle n’est là que pour la rime :

    Merci pour tout, ce fut un plaisir

    Votre obligé

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s