Solitairement confiné, je n’en souffre pas le moins du monde, étant fort peu sociable par nature et disposant, outre mon accès à internet, d’une bibliothèque bien garnie ( c’est fou ce qu’une seule page de dictionnaire peut me faire passer comme temps ! ).
Cela ne m’empêche pas de compatir avec ceux qui, solitaires comme moi, s’ennuient ferme, une fois épuisées les joies des livres, vidéos, patiences, solitaires, jeux en ligne et autres façons classiques de tuer le temps. À ceux-là, je propose quelques idées pour passer le temps loin de leur écran :
■ une chasse au trésor :
Numéroter les pièces de son logement de 1 à 6 ( en rajoutant la salle-de-bain, les chiottes, etc. si nécessaire) ou de 1 à 12 ( pour ceux qui disposent d’un grand logement mais c’est alors honteux pour une personne seule ).
Lancer le dé, une ou deux fois selon le nombre de pièces ( faut suivre un peu, quand même !).
Se rendre dans la pièce désignée par le sort.
Arrivé là, se poser la question : « mais qu’est-ce que je suis venu chercher ici ? »
Le temps de trouver la réponse ( en ouvrant tous les placards, tous les tiroirs, en regardant sous tous les meubles et tapis, etc. ) une heure ou deux seront passées.
On peut rejouer en changeant le numéro des pièces.
■ le cadavre exquis :
Tout le monde connait ce « jeu qui consiste à faire composer une phrase par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes ». Mais comment y jouer en solitaire ?
Avec un ou des dés ! ( mais pas avec Dédé, puisqu’on est seul, c’est le principe, rappelez-vous ! ).
Il convient au préalable de se munir d’un dictionnaire ( un vieux Petit Larousse peut suffire ) et de définir le nombre d’éléments que devra contenir la future phrase, le minimum étant trois, sujet-verbe-complément, auxquels on peut ajouter des adverbes, des adjectifs, des compléments circonstanciels de temps, de lieu, etc.
Le chiffre x désigné par le lancer du dé servira à choisir dans une page du dictionnaire ouverte au hasard le x-ième sujet, puis le x-ième verbe dans une seconde page, le x-ième complément dans une troisième page, etc.
Ma première tentative a donné : « l’état-major gagne un taudis ». On en pense ce qu’on veut, mais ça peut quand même occuper l’esprit quelques quarts d’heure.
À vous de jouer.
■ les bouts rimés
Mis à l’honneur par Les Copains de Jules Romains ( mais si, souvenez-vous! Issoire et Ambert ), on en connait la règle..
De la même façon que dans le jeu précédent, on n’a besoin que d’un ( ou plusieurs ) dé(s), d’un Petit Larousse illustré et, idéalement, d’un dictionnaire de rimes.
Le premier lancer de dé(s) indique le numéro du mot à chercher dans la page ouverte au hasard du PLI à la section des noms propres ( c’est plus drôle ). Le même numéro permet de trouver, dans le dictionnaire de rimes ouvert à la page adéquate, le mot qu’on devra faire rimer avec le premier.
Renouveler l’opération autant de fois qu’on veut écrire de vers.
Exemple : les dés m’indiquent le nombre 7 qui me désignent « Brando » (Marlon) puis Janville (E.-et-L. ) dans les pages ouvertes au hasard. Le dictionnaire de rimes m’indique « calendot » ( oui ! le camembert, comme dans Les Copains ! ) comme septième rime riche à « Brando » et « calville » ( variété de pomme ) pour « Janville ».
Voyons, voyons … voilà :
Confiné comme un con à l’hôtel à Janville,
Contraint de me nourrir d’un peu de calendot
Qu’accompagne un morceau d’une belle calville,
Je ne peux même pas me rêver en Brando !
Bon, c’est un peu plat, mais ce n’est que le premier jet.
■ le jeu de piste :
Le matériel nécessaire est, là aussi, réduit au minimum : un ou des dés et un dictionnaire. Comme précédemment, il s’agit de tirer au sort plusieurs mots, noms propres inclus, sachant que plus il y aura de mots tirés au sort, plus le jeu sera difficile et prendra du temps.
Une fois récoltés les différents mots, il faut les considérer comme des indices permettant de découvrir un objet présent dans le logement. Il s’agira bien entendu d’appuyer sa découverte sur un raisonnement logique à partir des indices découverts.
Exemple : les dés m’ont donné les indices suivants : « magistrat », « épulon » et « ratafia ».
Après réflexion, la solution m’est apparue dans toute sa splendeur : je me suis rendu dans ma cuisine, j’ai ouvert le tiroir du haut, fouillé entre les économes et les pinces à escargot et j’ai pu enfin brandir devant mes yeux ébahis une dosette à alcool anisé !
L’épulon étant chargé des banquets romains, un lien avec la cuisine était évident. Le ratafia étant un alcool ( il y en a de bons !), nous étions dans les boissons. Le magistrat, chargé de juger et donc de doser les peines, me donnait alors la solution éclatante de limpidité. Ça tombait bien, c’était l’heure de l’apéro, je me suis servi un whisky.
