LGF est le seul à m’avoir donné la bonne réponse à ma dernière devinette. Bravo à lui tout seul, donc.
Il fallait trouver Abidjan, ville fondée en 1903, capitale de la Côte-d’Ivoire jusqu’en 1983.
Le site originel est un promontoire lagunaire d’une trentaine de mètres de haut (Le Plateau) occupé par quelques villages indigènes. Il est issu d’un repérage et d’un choix stratégiques précis réalisés en 1897. Le premier plan de lotissement date de 1903, au moment de la fondation, et concerne cette étroite presqu’île.
On découvre dans le Grand dictionnaire encyclopédique de la Côte-d’Ivoire (Raymond Borremans, Les Nouvelles Éditions Africaines, 1987) la légende à l’origine du nom de la ville rapportée par la tradition orale du peuple Ébrié.
Quand les premiers colons français sont arrivés là, ils auraient rencontré un groupe de femmes à qui ils auraient demandé d’où elles venaient. Elles auraient alors répondu, dans leur langue : « T’chan m’bi djan », c’est-à-dire : « On vient de récolter (djan) des feuilles (m’bi) ». L’incompréhension mutuelle fit que cette locution, quelque peu corrompue d’abord en Abijean, devint le nom de l’endroit, puis celui de la ville sous la forme Abidjan.
D’autres versions de cette même légende sont rapportées sur la page wiki consacrée à la ville, mettant en scène un vieil homme. On peut rajouter celle-ci, piochée dans l’eBizguides 2019 consacré à la Côte-d’Ivoire :
L’explication retenue aujourd’hui, plus vraisemblable, mentionne un ancien village ébrié appelé A-Bidjan, du nom d’une fraction des Tchamans (« les élus », dans leur propre langue), plus connus sous le sobriquet d’Ébriés (« les guerriers méchants ») donné par leurs voisins Abourés. Là aussi, un malentendu a fait que les Français venus prospecter crurent que A–Bidjan était le nom de l’endroit où ils se trouvaient tandis qu’il s’agissait de l’endroit d’où venait l’homme qu’ils interrogeaient, c’est-à-dire « le pays (préfixe locatif A) des Bidjans ».
Enfin, un rapport avec les Abidjis est cité par certains toponymistes (L. Deroy et M. Mulon, Dictionnaire de noms de Lieux, Le Robert, 1992) sans plus d’explication. Y aurait-il confusion avec les Bidjans ?
NB : Je parlais de Louis-Gustave Binger, l’éponyme de Bingerville, capitale de la Côte-d’Ivoire avant Abidjan, dans ce billet et je parlais du nom de la Côte-d’Ivoire dans celui-ci, ce qui ne nous rajeunit pas.
Les indices
■ ces trois petites sculptures d’éléphants en ivoire, mentionnées comme un « indice pour le pays », devaient faire penser à la Côte-d’Ivoire, bien sûr — et pas à la Thaïlande !
■ cette photo d’un taxi-brousse baptisé « S’en fout la mort « , à la portière duquel les cinéphiles auront reconnu Robert Dalban, est extraite du film Le gentleman de Cocody avec Jean Marais que j’ai ôté de la photo sinon ça aurait été trop facile !
Cocody est un quartier bien connu d’Abidjan.
■ cette sculpture en bronze d’une femme africaine portant un fagot sur la tête devait faire penser à la légende toponymique ou, au moins, à l’Afrique. J’ai hésité à vous proposer cette photo, mais je l’ai estimée trop « parlante » :