TRS le premier, TRA et LGF ensuite, m’ont donné la bonne solution à ma dernière devinette. Bravo à tous les trois !
Il fallait trouver Courbejarret, un lieu-dit de Saint-Paul-le-Froid, canton de Grandrieu, arrondissement de Mende, en Lozère.
Saint-Paul-le-Froid, ici :
Courbejarret, au sud-ouest de Saint-Paul-le-Froid :

Courbejaret (avec un seul r) chez Cassini (feuillet 54, Saint-Flour, 1779) :

La montée de Courbejarret avec son dernier virage en épingle :


Toponymie
■ Courbejarret : ce nom s’explique par l’effort demandé au jarret des moines qui gravissaient la pente menant au lieu-dit (et aux courbatures qui s’ensuivaient ?).

Églises romanes oubliées du Gévaudan, par Anne Trémolet de Villers et Bernard Delcros (Presses du Languedoc, 1998)
■ Saint-Paul-le-Froid : attesté Sanctus Paulus en 1352, du nom de l’apôtre. Le qualificatif froid apparait en 1801, par allusion au climat habituel de la région.
■ Grandrieu : francisation de l’occitan grant riu, « grand ruisseau », qui est le nom du cours d’eau qui traverse le village.
■ Mende : on ne peut que supposer l’existence d’un oppidum gaulois sur le Mont Mimat ; une petite ville romaine s’est établie à son pied, à l’emplacement même de Mende. C’est Grégoire de Tours, en 575-94, qui évoque le martyre de saint Privat in criptam Memmatis montis, au premier Livre de son Histoire des Francs. Le même auteur cite plus loin la ville, ex Mimate. On comprend que la forme originelle est donc Memmate : accentuée sur la première syllabe, elle est à l’origine de Mende. Le nom est issu du gaulois *Menman, « pensée, prière ; intelligence, esprit », muni du suffixe locatif gaulois –ate. On retrouve ce radical dans des noms de divinités gauloises comme Menmandutiae à Béziers, Minmantiae à Périgueux, Menmanhia à Rome. Il est fort probable que la montagne surplombant Mende a fait l’objet d’un culte, comme c’était alors fréquent ; c’est sur le flanc de cette montagne que se trouvait l’ermitage de saint Privat où il fut découvert et martyrisé par les Alamans. La montagne n’est appelée le Mont Mimat que depuis 1724 environ, mais les paysans locaux ont conservé l’habitude de l’appeler lou Truc (de Saint-Privat) ; l’appellation Mont Mimat est une réfection d’érudits locaux. La forme originelle Mimate a eu pour résultat occitan régulier Memde en 1152, graphié Mende en français en 1318.
■ Gévaudan : ce pays historique du haut Moyen Âge, formé de l’ancien diocèse de Javols (Loz.), est devenu partie de l’ancienne province de Languedoc, dont le chef-lieu est Mende (Loz.) et qui correspond grosso modo à l’actuel département de la Lozère. Le nom du pays est attesté in Gabalitano en 587-93, toujours chez Grégoire de Tours. C’est une formation du haut Moyen Âge, sur le nom de la ville Gabali (l’actuelle Javols) avec le suffixe –itanu couramment utilisé dans l’Empire romain pour nommer des peuples ou des habitants. Le nom originel du peuple est ici Gabali, utilisé par César au milieu du Ier siècle av. J.-C. ; en 77, Pline l’Ancien l’appelle Gabales. Au bas Moyen Âge, le nom du pays est graphié par l’occitan local Javalda en 1219 puis Givaudan en 1387, l’occitan toulousain Gavalda après 1277 et enfin le français Gevaudan en 1388. L’étymologie du nom des Gabales n’est pas assurée. On a pensé à la racine *gab (celle des hydronymes pré-latins de type gave). Après Venceslas Kruta (Les Celtes – Histoire et dictionnaire, R. Laffont, 2000) on s’accorde aujourd’hui pour voir dans le nom des Gabales un dérivé du gaulois *gabal qui désignait une « fourche ». Jacques Lacroix (Les noms d’origine gauloise – La Gaule des combats, éd. Errance, 2003) voit dans ce *gabal l’origine de « javelot » et fait des Gabales les « hommes au javelot ».

Les indices
■ le blason : Parti : au 1er d’azur au cristal de neige d’argent en chef et à l’épée d’or la pointe brochant au centre du cristal, au 2è d’or au château de deux tours, donjonné d’une tour plus élevée, d’azur maçonné de sable, le donjon accosté de deux haches adossées d’argent mouvant du château.
La première partie, dont la couleur bleue rappelle les cours d’eau qui arrosent le village, traduit le toponyme avec l’épée, attribut de saint Paul, et le flocon de neige, symbole du froid : il s’agit d’un blason parlant. La deuxième partie reprend, en les simplifiant comme c’était obligatoire pour les municipalités, les armoiries de la seigneurie, en l’occurrence celles des Langlade du Chayla.
Le dessin du blason est issu du site l’Armorial des villes et villages de France, avec l’aimable autorisation de son auteur, Daniel Juric.
■ le vieillard : Aimé Avignon, né le à Saint-Paul-le-Froid (Lozère) et mort le , a été le doyen des hommes français du au
■ cette photo d’une épée plantée dans la neige rappelait le blason du village (même si TRS me charrie en me faisant remarquer qu’elle est mal orientée).
■ le religieux assassiné : François de Langlade du Chayla, archiprêtre des Cévennes, inspecteur des missions catholiques, est né en 1647 au château du Chayla à Saint-Paul-le-Froid. Il a été tué le au Pont-de-Monvert (Loz.), assassinat qui est considéré comme déclencheur de la guerre des Cévennes ou des Camisards.
■ le pays historique : il s’agit du Gévaudan déjà vu plus haut. La phrase « Et je ne suis pas assez bête pour ajouter un indice supplémentaire » était un indice limpide vers la bête du Gévaudan.