Gwik et Konk chez les Bretons

Je continue et termine mon passage en revue des toponymes bretons issus de mots latins :

Bont que l’on trouve dans les noms de Hennebont (Morb., avec le celtique henn, « vieux ») et Trébont ( Fin., avec tref, « hameau » ) est issu du latin pons, pontis, « pont ».

Gwik, ou Gui, est la transposition du latin vicus, « village ». Accompagné du nom du saint local, on a Guimiliau ( Fin., avec saint Miliau ) et Guisseny ( Fin., avec saint Seny ); avec henn, « vieux », on a Guichen (I.-et-V.) et avec lan, « monastère », on a Guiclan (Fin.).

Ilis est issu du latin ecclesia, « église ». On le retrouve dans le Finistère, dans les noms de Kernilis (  avec kern, « pointe »), de Lannilis ( avec lan, « monastère ») et de Brennilis (avec brenn, « colline »).

Konk est issu du latin concha, « coquille bivalve », cf. le français « conque », d’où son sens toponymique de « baie, petit golfe » que l’on retrouve à Concarneau (Fin.,  Conca au XIIIè siècle), en breton Konk Kernev, où kernev signifie Cornouaille  :«  la baie de Cornouaille  ». Son diminutif se retrouve dans Le Conquet ( Fin.) qui se nomme en breton Konk Leon, « la baie du Léon ».

concarneau

Calme du soir, Concarneau – Paul Signac -. Opus 220 (1891), huile sur toile, Metropolitan Museum of Art,

Porzh, du latin portus, « port », se retrouve à Porspoder ( Fin., avec poder, « potier ») et à Pornic et son diminutif Pornichet ( Loire-A.) avec un anthroponyme breton, Nitos.

le pornic

Gérard GOUVRANT (1946): Le Pornic. Huile sur toile signée en bas à gauche et titrée au dos. Dim.: 46x55cm

Kemenet, issu du latin commendare, a pris le sens de « fief » et a donné Guéméné-sur-Scorff ( Morb., Kemenet-Guégant en 1160, où Guégant est un nom de personne) et Quéménéven (Fin., Kemenetmaen en 1267, avec maen, « pierre » ). Les formes anciennes de Guéméné-Penfao ( Loire-A.) — Les Penfao en 812 avec le breton lis, « demeure seigneuriale»,  puis Wenmened, id est Candidus Mons en 1123 — plaident plutôt pour une origine selon gwen, « blanc », et méné, « montagne ».

Fao vient du latin fagus, « hêtre », et se retrouve dans le nom de Le Faou (Fin.), pris par synecdoque pour la hêtraie. Le Penfao qui complète le nom du Guéméné  vu plus haut, est formé de pen « tête, bout, extrémité » et de fao : il s’agit donc du « bout du bois de hêtres ». Le collectif  fagetum, « lieu planté de hêtres, bois de hêtres », a donné  Le Faouët ( C.-d’A. et Morb.)— qui n’est pas un diminutif!

Pommerit, du bas latin pommeretum, « pommeraie », se retrouve dans les Côtes-d’Armor à Pommerit-Jaudy, Pommerit-le-Vicomte et à Pommeret.

Restent Castel ( issu de castellum, « château ») déjà vu à Plougastel dans l’article précédent et Hôpital ( du latin hospitale, « maison où l’on reçoit des hôtes», souvent gérée  par l’ordre des Hospitaliers de Jérusalem ) ) que l’on rencontre à Hôpital-Camfrout ( Fin.).

Et, puisque tout finit toujours en chanson, voici Léon :

Et vous pouvez me remercier, je vous ai évité ça .

Loc et Plou chez les Bretons

Les Bretons sont des Celtes originaires de Grande-Bretagne. Fuyant les Angles, les Jutes et les Saxons, les Celtes, principalement les Gallois, s’installèrent en Armorique avec peu de bagages et beaucoup d’armes dès le Vè siècle — ils ne faisaient d’ailleurs peut-être que rentrer au pays, puisqu’ils étaient sans doute les descendants de Gaulois ayant fui l’envahisseur romain aux siècles précédents. *

Comme c’était de règle en ces temps-là, ces « réfugiés » prirent le pouvoir et les terres. Au fil du temps, l’Armorique perdit son nom gaulois ( are, « près de », mor « mer» et  suffixe ika , « ceux qui (sont) »),  pour devenir la Bretagne, tandis que la Britania devint la Grande-Bretagne. Le nouveau pouvoir celte eut pour conséquence la résurrection de la langue celtique tandis que le latin fut éliminé et que le gaulois se fondit dans le gallois des envahisseurs ( sauf dans le Vanetais, j’y reviendrai peut-être un jour ) pour donner la langue bretonne.

Ce long préambule pour vous parler des restes du latin dans les toponymes bretons. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ils sont nombreux ! En voici les deux plus fréquents :

Plou est le plus répandu de ces termes bretons issus du latin : on compte au moins soixante-quinze noms de communes et un bien plus grand nombre de micro-toponymes qui en sont issus. Il s’agit en fait d’une formation galloise, plwyf, issue du latin plebs, « peuple », qui  avait pris le sens de « église pouvant baptiser, paroisse ». Les Gallois ont importé en Bretagne ce mot qui, toujours accompagné d’un déterminant, a servi à nommer des paroisses puis des communes. Les noms  formés sur ce dérivé du latin plebs sont donc toujours ceux de paroisses anciennes, mais postérieures à l’arrivée des Gallois.

Selon la syllabe qui le suit, plou peut devenir plé-, pleu-, plo-.

Un grand nombre de ces éléments sont déterminés par le nom d’un saint comme à  Pléboulle (Paul, C.-d’A.), Ploubezre ( Plebe Petri au XIVè siècle, Pierre, C.-d’A.), Ploudaniel (Fin.), Ploujean (aujourd’hui rattachée à Morlaix, Fin.), Ploërmel ( Plebs Artmaël en 835, saint breton Arthmael, Morb.) etc.  Si l’on se souvient que les saints bretons sont innombrables, on ne s’étonnera pas que je vous en épargne la liste complète. Je signale toutefois un Plescop (Morb.) formé, lui,  avec le latin episcopus, «  évêque ».

Plou peut aussi être déterminé par un nom de personne (  souvent  le nom ou le surnom du propriétaire ou d’un personnage remarquable) mais, là aussi, la liste est longue, et  je ne cite donc que trois exemples : Ploufragan ( C.-d’A., du brittonique Fracan ), Plourhan ( C.-d’A., Ourhant, héros breton du IXè siècle) et Plouézec ( C.-d’A., hozec, « paisible »).

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Des noms communs ont pu servir de déterminants comme à Plougastel-Daoulas ou Plogastel-Saint-Germain ( Fin.) avec le  latin castel, à Plélan-le-Petit ( C.-d’A.) avec le breton lan, « monastère », à Ploumagoar (C.-d’A.) et Ploumoguer (Fin.) avec  maceria , « ruines », etc.

Le déterminant peut aussi être une simple épithète comme à Pleubian ( C.-d’A.) avec bihan, « petit » ou ses contraires Plomeur (Fin.) et Pleumeur -Bodou ( C.d’A.) avec meur, « grand ». Plonevez-du-Faou (Fin.) et les autres noms approchant sont formés avec nevez, « neuf, nouveau ».

Enfin, il reste un certain nombre de toponymes pour lesquels aucune explication satisfaisante ne peut être donnée. C’est le cas par exemple de Plomarc’h , un hameau proche de Douardenez, dont on ne sait pas s’il s’agit de « la paroisse de Marc » ou « du Cheval » (Le breton marc’h, accompagné de penn, « tête », est à l’origine de Penmarc’h dans le Finistère) Bien d’autres attendent — et attendront sans doute longtemps, faute de traces écrites suffisamment anciennes et fiables—  leur étymologie.

Loc est issu du latin locus, « lieu » et, en général, désignait de petites paroisses et quelquefois l’église ou le monastère. Dans la grande majorité des cas, loc est suivi du nom du saint. Là aussi, la liste est très longue, et je ne donnerai que quelques exemples : Locmélar ( Fin., de Melar forme bretonne de Magloire), Locmalo (Morb.), Locmaria (Fin., Morb.). Locminé ( Morb.) est formé, lui, avec le breton menech, pluriel de menach,  lui-même issu du latin monachus,« moine ».

large

Loc peut être altéré en Lo– ou Lou- : Louannec ( C.-d’A., avec le saint gallois Guennoc), Louargat (  C.-d’A., avec le saint breton Ergat) mais aussi Inzinzac-Lochrist (Morb.) ou Plouvenez-Lochrist (Fin.)

Patience! un prochain billet parlera des autres radicaux issus du latin

utilisés dans les toponymes bretons.

* Qu’on me pardonne ces raccourcis : je ne vais pas récrire l’histoire de la Bretagne en un paragraphe…

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 Je me tiens à la disposition de mes lecteurs pour leur donner — dans la mesure du possible ! — l’étymologie des toponymes en plou et loc  qu’ils me soumettraient.

Et, puisque tout finit toujours en chanson, je vous épargne le bagad de Lann-Bihoué que vous connaissez et qui n’a rien d’un plou ni d’un loc, pour vous présenter le bagad de Ploërmel. N’étant pas breton, je ne puis juger de la qualité de ce bagad et espère ne pas avoir fait le mauvais choix. Peut-être mes lecteurs bretons pourront-ils donner leur avis — en évitant les « faquins » ?

Portiques démontés, c’est la fin de l’été !

Trois communes du Finistère ont eu récemment  leur heure de gloire médiatique, à propos de portiques auxquels elles ont donné leur nom. Dépêchons nous d’en parler avant que les médias ne passent à autre chose …

Melgven tire son nom du celtique mel-, « colline arrondie », et du breton gwenn, « blanche».

Guiclan est la francisation du breton gwik, issu du latin vicus, « bourg », accompagné de lan, « église, paroisse ». Les anciens noms, attestés jusqu’au XVIIè siècle, Ploelan ou Ploelann sont formés avec le latin plebs qui avait pris en Bretagne au haut Moyen Âge le sens de « église pouvant baptiser » puis « paroisse» et qui a donné les formes plé-, pleu-, plou-, pl- etc. selon la voyelle qui suit.

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La prise de la poudrerie de Pont-de-Buis par les Chouans de Cadoudal le 17 juin 1795

Pont-de-Buis-lès-Quimerch ( selon la graphie officielle, mais on devrait préférer Quimerc’h) doit son nom à la fusion en 1965 des trois communes Pont-de-Buis, Quimerc’h et Logonna-Quimerc’h:

  1. Le pont n’est bien entendu pas fait de buis! Le «Buis » dont il s’agit ici est un micro-toponyme issu du latin Buxus désignant un lieu planté de buis, comme à Bouix (C.-d’Or), à Buis-les-Baronnies ( Drôme), etc. C’est donc « le  pont près d’un endroit où abondait le buis ». Le nom breton, Pont ar Veuzenn, signifie exactement la même chose.
  2. Quimerc’h : on reconnaît dans ce nom les bretons kein, « échine, dos » et marc’h, « cheval ». Ce nom a sans doute été donné à un relief, comme une colline,  évoquant le dos d’un cheval, un dos d’âne.
  3. Logonna : issu du latin locus, «lieu », le breton loc a désigné parfois à l’époque franque l’église ou le monastère. S’appliquant en général à de petites paroisses, il est le plus souvent suivi du nom du saint, en l’occurrence ici un ou une  hypothétique Onna ou peut-être saint Nonna.

Les plus attentifs auront noté que, tel l’Helvétie d’Obélix, le Finistère est plat. Quand ils n’y sont pas arrondis, les reliefs y font un dos d’âne.

Et, puisque tout doit finir en chanson :

D’autres migrants : les Bretons

Je continue l’étude des noms de peuples migrants en Gaule commencée ici et poursuivie , avec les Bretons (les Normands et quelques autres feront l’objet du billet suivant, tant le sujet  breton s’est révélé vaste …)

chapeau rond

La Bretagne

Les Bretons : L’armée romaine du Bas-Empire employait de nombreux étrangers qui obtenaient souvent quelques arpents de terre et le droit de s’établir comme colons. Léon Fleuriot* écrivait qu’« au moins un cinquième de l’armée stationnée en Gaule était recruté en Grande-Bretagne vers la fin du Vè siècle » et que ces Bretons « eurent tendance à se localiser dans le Nord de la Gaule, les Wisigoths et les Burgondes étant maîtres du reste.» Les toponymes contenant le nom des Bretons sont très nombreux, à commencer par celui de leur pays.

Dès le début du IVè siècle, des Britanni — les  habitants de la Grande-Bretagne actuelle —  furent recrutés pour défendre les côtes gauloises et leur installation s’est accélérée pendant les deux siècles suivants. C’est ainsi que le territoire qu’ils occupaient — jusqu’alors la Gallia Aremorica, l’Armorique — fut appelé d’abord en grec Πρεττανια par Étienne de Byzance à la fin du Vè siècle  puis en latin Brittania par Grégoire de Tours en 575-594. Ce nom est le même que celui utilisé depuis César pour désigner la partie de l’île britannique habitée par les Brittani. C’est de ce nom, Brittania, qu’est issu le nom de la Bretagne. Un autre mot était apparu avec Juvénal ( vers 100) pour appeler les habitants : Brittones. Pendant tout le Moyen-Âge, ce nom, qui donnera le français « Breton », désignera aussi bien les habitants de la péninsule gauloise que ceux de l’île. Il faudra attendre le XVIè siècle ( La guide des chemins de France, Ch.Estienne, 1552) pour voir apparaître la distinction entre  la petite Bretaigne continentale et la grande Bretaigne insulaire, distinction aujourd’hui « officielle » entre Bretagne et Grande-Bretagne.

Enfin, c’est l’historien grec Procope de Césarée  au milieu du VIè siècle qui utilise le premier une forme raccourcie Βριττια pour désigner l’île. C’est pourtant ce nom qui fournira la forme bretonne Breizh pour désigner la Bretagne continentale. La signification du nom des Brittani, et surtout de son radical grec Πρετ– ou latin Brit-, est suffisamment controversée pour alimenter à elle seule un billet complet de ce blog ( si vous insistez …).

Les Bretons ont aussi laissé leur nom à un grand nombre de villes ou de lieux-dits dont je vous livre quelques exemples classés selon leurs suffixes ou dérivations et dont quelques uns peuvent surprendre selon leur situation géographique :

  • Britiniacum ( avec le suffixe possessif -acum issu du gaulois -aco : il s’agit là à coup sûr de toponymes datant au moins de l’Empire romain) :  Brethenay ( Haute-Marne), Bretigney (Doubs), Brétigny-sur-Orge (Essonne), Berthenay (avec une métathèse, Indre-et-Loire) etc.
  • Britanniolum, féminin Britannolia ( avec suffixe diminutif latin -ola : même remarque que précédemment) : Le Housseau-Brétignolles (Mayenne), Brétignolles-sur-Mer (Vendée), Bretignolles ( Deux-Sèvres), Bertignolles (Britannolium en 1080, avec une métathèse, Aube)
  • Britannia  ( du nom  de l’ethnie plus suffixe géographique -ia ) : Bretagne (Indre), Bretagne-de-Marsan (Landes), Bretagne-d’Armagnac ( Gers) ainsi que de très nombreux lieux-dits répartis sur toute la France et notamment en Gascogne (ou Guyenne) qui fut province  britannique.
  • Britannorum (villa), c’est-à-dire« le domaine ( agricole ) des Bretons » : Berthenonville (Bretenouvilla en 1156, Eure —  oui! gagné: avec une métathèse!), Bretenoux ( Lot), La Berthenoux ( Indre, métathèse encore, oui, bien vu!)
  • Britta-villa ( autrement dit«  l’exploitation agricole bretonne») : ce sont des noms qui ont évolué en Bretteville ( Manche), B.-du-Grand-Saux  et B.-Saint-Laurent ( Seine-Maritime) ou encore  B.-le-Rabet et B.-sur-Laize (Calvados), etc.
  • Brittonorum villare ou Brittonorum curtis  ( comme le précédent mais au pluriel): Bretonvillers ( Doubs) et Bertoncourt ( Ardennes, avec une mé…, une méta …, une métathèse !, on vous l’a pourtant  dit et répété!)

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Nous venons de voir les toponymes mentionnant avec une quasi certitude les établissements gaulois, gallo-romains ou plus tardifs  de Bretons venus de l’ile. Restent beaucoup d’autres noms issus de cet ethnonyme mais qui n’ont plus de rapport avec les Bretons venus de l’île.

La très grande majorité des Breton, Bretton, Brette(s), Breteau, Breteil, Breteuil, etc. sont des formations tardives faisant référence à un habitant de la péninsule bretonne installé ici ou là ou bien à  un nom de famille lui aussi de formation récente . En ce qui concerne les Bretonnières ( ou Bretenière, etc.) il est quasiment impossible de faire la distinction entre un individu ayant servi en Bretagne, un voyageur ou simplement un individu portant le nom de famille Breton. Sans compter qu’en ancien français on connaît le mot bertainière qui signifiait « endroit boueux ». Et, de Bertinière à Bretinière, il n’y a qu’une métathèse!

*Léon Fleuriot, Les Origines de la Bretagne, Payot, 1980.

De quelques autres îles bretonnes

Comme promis je poursuis ici ma navigation en mer de Bretagne entamée ici.

Me restaient ces deux adages à explorer :

Qui voit Groix voit sa croix ( variante : sa joie)

Qui voit Belle-Île voit son île ( variante : sa bile)

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Henri MORET (1856-1913) L’Ile de Groix

Groix : attesté sous la forme Groe insula en 1037, le nom est issu du breton groa, « cordon ( de galets)». L’île est en effet faite de falaises et de dunes, de plages de galets et de sable. Le breton groa est formé sur la racine celtique graua qui donnera notre « gravier ». Ce sont les graphies Groy de 1327 puis Groys en 1370 qui ont fourni le français Groix, prononcé grwa. Le breton prononce grwé, correspondant aux graphies Groaye de 1357 ou Grouay de 1380.

monet belle île

Les rochers de Belle-Ile -C Monet 1886 musée des Beaux-arts, Reims.

Belle-Île : le nom paraît si simple qu’on se demande bien ce qu’on pourra en dire… L’itinéraire d’Antonin, au IIIè siècle, donne Vindilis comme nom de cette île. Il s’agit d’un dérivé en –ili- du gaulois Vindo, « blanc »*. Selon une évolution phonétique propre à l’ancien breton ce nom va aboutir à Guedel insula en 1026. En français, ce nom a été par la suite régulièrement prononcé Bedel puis, le -d- intervocalique tombé, Beel et enfin Bel. L’attraction paronymique avec l’adjectif « belle » a fait le reste, d’où Belle Isle en 1545. Quant au nom breton actuel Er Gervér il peut se traduire par « la grande place forte ».

*contrairement à ce qu’affirme wikipedia, Belle-Île n’est pas formée que de schiste noir … L’étude de la géologie de l’île en fournit la preuve: le tuf , le schiste blanc et le micaschiste n’en sont pas absents, loin de là! Et l’impression qu’a eue Monet en est une preuve supplémentaire : à qui veut bien voir, Belle-Île peut apparaître blanche.

Je vous avais prévenus que je gardais le meilleur pour la fin: nous y voilà.

Pour en finir avec ces adages iliens bretons, on m’a raconté que, lors d’une célèbre émission radiophonique qui réunissait d’autoproclamés macrocéphales, un célèbre marin reconverti dans le comique en avait rajouté un de son crû que je vous laisse apprécier :

Qui voit Cézembre, voit son membre.

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Pierre-Henri de Valenciennes (1750-1819)
L’île de Cézembre (baie de Saint-Malo) au soleil couchant,

Cézembre est un petit îlot qui, du haut de ses trente-huit mètres, veille sur la rade de Saint-Malo. La première mention écrite du nom de l’île date du IXè siècle sous la plume de Bili dans sa Vie de Saint-Malo où on lit : ad insulam September. On comprend aisément qu’il s’agit d’une étymologie fantaisiste ou d’un calembour volontaire. Bili, qui parlait le breton, a vu dans la syllabe initiale cez- le breton seiz –, « sept ». La suite logique faisait passer Cézembre à Septembre aussitôt latinisé en September. On trouvera plus tard les graphies qui reprennent le nom d’origine, en le déformant peu ou prou : Sézambre en 1445, Sainct Zambre (!) en 1534, Saizambre en 1593, Cézambre en 1618.

Comme souvent, pour venir à bout d’une étymologie mystérieuse — dont on ne sait même pas exactement de quelle langue il s’agit  —, il nous faut partir de la fin et, pour le nom qui nous intéresse, reconnaître dans la finale -bre le celtique -briga, « hauteur, forteresse ».  Briga s’est souvent réduit, après la chute du -g- intervocalique,  à bria, bra, ou encore brie: ce fut le cas par exemple à Brie-Comte-Robert (et à bien d’autres Brie) ou tout simplement pour le nom de la Brie pour laquelle seuls ses coteaux plus élevés que les coteaux voisins lui ont valu ce nom, sans qu’il soit question de fortifications.  Quand Briga clôt un mot composé il se réduit à bre inaccentué ( comme dans Vinsobres dans la Drôme), l’accent se portant alors sur le premier terme du mot. Briga, que l’on peut rapprocher de l’irlandais bri, du gallois bre ou du breton bre, « mont », est issu de la même racine indo-européenne que l’allemand berg. Il désignait chez les Celtes une hauteur plus ou moins fortifiée, servant de refuge en cas de danger, et sera par la suite supplanté par dunum. C’est bien cette vocation défensive de Cézembre que déplorera César lors de sa conquête de l’Armorique :

Telle était la disposition de la plupart des places de l’ennemi que, situées à l’extrémité de langues de terre et sur des promontoires, on ne pouvait y accéder ni à pied quand la mer était haute, ce qui se produit régulièrement toutes les douze heures, ni sur des navires que la mer en se retirant, eût laissés à sec sur le sable.

Le premier élément du nom de Cézem-bre provient, lui, de l’adjectif celtique segisama formé sur sego , « fort, puissant » ( cf. le dieu gaulois Segomo,  « le Victorieux », un de ceux qui seront identifiés au Mars romain,  l’irlandais seg, « force » ou encore l’allemand Sieg, « victoire ») accompagné du suffixe augmentatif -sama ( que l’on trouve dans le nom Uxisama que donne Strabon à Ouessant et à rapprocher du superlatif larin -issima). Là aussi, la perte du -g- intervocalique a joué son rôle et réduit ségisama à sésam.

Nous voilà donc en possession du prototype de Cézembre ( dont on s’aperçoit qu’il vaudrait mieux l’écrire Sézembre) : il s’agit de  *Segisamabriga qui signifie donc « la hauteur fortifiée la plus puissante».

Notons, pour être complet, qu’il existe un cap Cézambre en Méditerranée face à Sainte -Maxime, ainsi qu’un petit port au sud de Lisbonne appelé Sesimbra, tous deux de même étymologie.

Rajoutons que *Segisamabriga a une petite sœur, mais sans le superlatif, à Segobriga, aujourd’hui Segorbe sur une colline de la Province de Castellón.

Enfin, j’ai dit plus haut que briga avait cédé sa place dans le vocabulaire gaulois  à dunum. Il n’y aurait donc rien de  surprenant à trouver par exemple un Segodunum. Voyons, voyons… Bon sang, mais c’est bien sûr! Les Rutènes : vous savez? ces Gaulois qui, avant que leur nom ne soit donné à leur capitale devenue aujourd’hui Rodez, habitaient une place forte en haut d’une butte abrupte difficile d’accès…?  Eh bien, savez-vous comment ils avaient appelé leur forteresse? Oui : Segodunum.

Et là, comme j’ai  réussi à relier une île de Bretagne à une ville du Rouergue, je n’ai vraiment plus rien à ajouter.

Source pour Cézembre : Reginca et la baie de Saint-Malo dans l’Antiquité, par Guy Souillet et Loïc Langouet. (Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, vol. 81,  1974    )

De quelques îles bretonnes

Les hasards de mes lectures m’ont fait découvrir ces adages bretons en forme de bouts-rimés censés mettre en garde le marin contre les dangers de la navigation auprès de certaines îles

Qui voit Ouessant voit son sang

Qui voit Molène voit sa peine

Qui voit Sein voit sa fin

Qui voit Groix voit sa croix ( variante : sa joie)

Qui voit Belle-Île voit son île ( variante : sa bile)

Et me voilà parti — moi qui me sens assez libre pour ne pas chérir  la mer plus que ça — en mer d’Iroise et même un peu plus bas (voire plus haut mais je garde le meilleur pour la fin).

Accrochez-vous au bastingage ! Ça tangue et ça roule! Entre toutes les langues qui se sont succédé en Bretagne, les prononciations des uns et des autres, les envahisseurs restés à demeure et ceux qui n’ont fait que passer, les greffiers plus ou moins lettrés ou analphabètes, les cartographes instruits et les autres … on a tôt fait de s’y perdre! Suivez le skipper!

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Henry MORET (1856-1913) « Falaise d’Ouessant »

Ouessant : ça commence bien! dès l’Antiquité on lui connaît deux noms. Le premier et plus ancien, sous la plume de Strabon en 7 av. J.-C. est  Oυξισαμη , « Ouxisamé » , qui semble reprendre Érastothène, savant grec du IIIè siècle av. J.-C. Le second, cité par Pline l’Ancien en 77, est Axanthos — avec un -A- initial confirmé par tous les manuscrits. Plus tard, au IIIè siècle, l’Itinéraire d’Antonin, rétablira le -U- initial et  l’appellera Uxantis. Dans les deux noms le radical est identique: il s’agit du gaulois uxu-, « au-dessus ». Le premier est muni du suffixe superlatif  gaulois -isama : c’est « le lieu le plus élevé » ( Ouessant du haut de ses 65 mètres domine Sein et Molène). Le second est accompagné du suffixe gaulois -xanto utilisé pour fabriquer un surnom familier ( pratique surtout utilisée pour les anthroponymes mais connue aussi pour quelques toponymes) ; l’usage sans doute fréquent du nom de l’île par les navigateurs peut expliquer sa transformation en un nom familier. La présence de l’initiale -A- chez Pline s’explique par l’attraction d’un autre mot gaulois gaulois Aps, « eau ». La forme Uxantis a donné la variante dialectale gallo Heissant et le français Ouessant, tandis que la forme Uxisama a donné le breton Eusa.

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Naufrage du vapeur anglais Boyne à Molène en 1875,

Molène : l’attestation du nom la plus ancienne date de 1330 sous la forme Moelenes. Il s’agit là d’un dérivé de deux mots bretons : moel, « chauve, dénudé » et enes, « île ». La rareté de la végétation, représentée par quelques arbustes rabougris et l’absence d’arbres expliquent le nom de l’île. La graphie Molenes de 1594 est une mauvaise transcription du breton Molenez où le z n’est pas la marque du pluriel. Quelques cartographes ( d’Abbeville en 1650, plus tard Cassini) ont rectifié et la graphie officielle devint Molène en 1801. Cela ne  rectifia toutefois pas la prononciation: le français prononce molènn là où le breton dit molénèss.

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Ile de Sein .Gravure sur acier, gravée par Skelton Fils d´après de la Pylaie. 1838

Sein : Pomponius Mela, un géographe du milieu du Ier siècle dont je ne me lasse pas d’écrire le nom, nous parle de Sena in Britannico mari  qui est selon lui réputée pour  ses neuf prêtresses qui charment les vents et les flots par leurs chants et rendent des oracles fort appréciés. Galli Senas vocant : Les Gaulois eux-mêmes appellent ces prêtresses Senae, du nom de l’île. Ce nom est directement issu du gaulois sena, « vieille », sans que l’on sache s’il qualifie l’île ou ses prêtresses — qui, de toutes façons, ne faisaient qu’une dans l’esprit superstitieux des marins de l’époque. L’île porte aussi  un nom breton, attesté dès 1050 : insula Seidhun. Ce nom est issu du brittonique sextan , « sept » que l’on imagine sans peine désigner les prêtresses de l’île, le passage du nombre 9 à 7 n’ayant rien de choquant quand il s’agit de la transmission orale d’une légende vieille de plusieurs siècles. Le brittonique seidhun est à rapprocher de l’ancien breton seithun devenu aujourd’hui sizun, « semaine ». Le nom breton de l’île en 1576 est Sizun  (cf. le cap Sizun) devenu aujourd’hui  Enez Sun, prononcé éness sunn. Le nom français sera réinterprété plusieurs fois entre le XVIè et le XVIIIè siècle en île des Saincts par exemple en 1663 mais c’est finalement la graphie de Cassini, Sein, qui s’imposera.

Et nous voilà sortis de la mer d’Iroise, en route vers Groix et Belle-Île que je vous proposerai dans le prochain billet.

Ah! Oui! Iroise: son nom est la francisation du breton Ervoas avec le préfixe augmentatif er – et le mot boass: « abîme, gouffre ». L’étymologie selon le Dictionnaire de Trévoux qui fait référence à une mer des Irlandais qu’on aurait appelés Irois est … à oublier.

Ker

Le mot breton ker que nous avons rencontré dans un précédent billet a d’abord désigné la ville, le village et plus tard la maison. Il entre en composition dans d’innombrables noms de hameaux et de lieux-dits bretons qu’il est impossible de tous citer. On va s’intéresser plus particulièrement aux noms de communes.

On trouve ce mot associé à des noms de chose comme avec feunteun, breton issu du latin fontana, «fontaine», à Kerfeunteun (Finistère). Associé à fora, du latin fornus, «four», cela donne  Kerfourn (Morbihan). Avec morhoc’h, «marsouin», nous voici à Kermoroc’h (C.-d’Armor).

kermoroc'h

Avec fao, «le hêtre», ou le vieux français faulx, « garenne, réserve à lapins… » on trouve Kerfot (C.-d’Armor, dont l’étymologie a été corrigée grâce au commentaire de Jacques C.). Au pluriel kerriadou, «les maisons», nous trouvons le nom de Kerriado (Morbihan). La cour, en breton porz, a donné Kerbors (C.-d’Armor), « la cour du village ».

On retrouve ker associé à des noms sacrés comme à Kermaria -Sulard (C.-d’Armor), Kergrist (C.-d’Armor, Morbihan) qui n’est autre qu’un Ker-Christ ou encore Kersaint -Plabennec (Finistère).

Mais la majorité des toponymes formés avec ker le sont avec des anthroponymes. Encore une fois, la liste des hameaux, lieux-dits, etc. étant innombrable, je me cantonne aux noms de communes.

eglise kempertKerien (C.-d’Armor) est un ker-Yann, «de Jean» (peut-être le saint). Kerpert (C.-d’Armor) est un ker-Per, «de Pierre»(id.). Kervignac (Morbihan) d’abord Plebs Veneaca au VIè siècle puis Kerveniac en 1279, est issu du nom d’homme latin Veneius et suffixe -acum.

Kervran (Finistère) rappelle le souvenir du guerrier Bran, tué par les Normands.

Ker a aussi pu être orthographié Caer ou  Car et se retrouver ainsi dans les noms de quelques communes.

Carentoir (Morb.) vient de Caer en Toar, « la ville du couvreur». Carfantin (I-et-V) et Carfentin (C.-d’Armor) sont formés avec fontaine. Carfo comme Carfot (C.-d’Armor) doivent leur nom au  fao, «le hêtre».

Le nom de Carhaix a été rattaché par Dauzat et Rostaing* à cette série. La capitale de la tribu gauloise des Osismes s’appelait en latin Vorgium. Elle fut baptisée Kaer-Ahès par les Bretons, devenu Ker-Ahès et aujourd’hui Karaez, du breton kaer accompagné du nom Ahès.  Ce dernier  serait, selon une légende tenace, l’autre nom de la princesse Dahut dont les dépravations entraînèrent la perte de la ville d’Ys. Une autre explication voit dans le nom d’Ahès une transformation de celui d’Aetius, gouverneur des Gaules sous le Bas-Empire. Auguste Nègre** explique, lui, le nom de Carhaix par le gaulois carrus, «char » et le latin accessus, « accès », devenu en breton ahes, « accès carrossable». Une dernière explication de Bernard Tanguy*** suppose une corruption de quadruvium en carruvium, « carrefour », qui aurait évolué en *Carofum/*Carofensis, comme cela s’est vu à Charroux dans la Vienne, mais les seules formes anciennes que nous connaissons ne correspondent pas.

Souvent, dans les textes écrits, comme nous l’a rappelé Siganus Sutor dans un commentaire du billet consacré aux Kerguelen, ker- était abrégé par un K dont la dernière jambe était barrée par une petite barre verticale

latin_small_letter_k_with_diagonal_stroke. latin_capital_letter_k_with_diagonal_stroke

C’est ainsi que, dans Les Noms des villes et des villages d’Eric Vial, j’ai croisé l’ île de Ksalm: il s’agirait en fait de l’ile de Kersalm (Morbihan) qui, à la suite de mauvaise lecture et de méconnaissance des usages bretons, est devenue Ksalm dans un décret de 1867 portant que la presqu’île de Gavre ( aujourd’hui Gâvres) et l’île de Ksalm sont distraites de la commune de Riantec et érigées en communes distinctes. Mes recherches m’ont permis de retrouver cet îlot sur une carte de 1750 (Riantec en haut, la Pointe de Gaure en bas et Ksalm entre les deux) :

Gavresetportlouis1750

Ksalm … à droite de St-Gildas

Mais il semble que l’île ait aujourd’hui disparu: elle est en tout cas absente des cartes actuelles ( tandis qu’on y retrouve bien La Paix, les 3 Pierres,…), des dictionnaires de toponymes et n’est pas signalée sur la toile. Mes lecteurs bretons sont autorisés à m’en dire plus!

*Dictionnaire des noms de lieux de France par A.Dauzat et Ch. Rostaing, Larousse, 1963.

** Toponymie générale de la France, volume Ier, Ernest Nègre, Librairie Droz, Genève, 1990.

*** Dictionnaire des noms des communes du Finistère, Bernard Tanguy, ArMen-Le Chasse-Marée, 1990.

Les saints à la mode de Bretagne

Comme promis dans mon précédent billet où je parlais des villes françaises qui furent à l’origine vouées à un saint et qui l’ont oublié au fil du temps, je vais vous parler aujourd’hui des bretonnes dont les saints sont tombés.

Les saints bretons ont ceci de particulier que, pour la très grande majorité d’entre eux, ils ne sont pas saints, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas reconnus comme tels par l’Église. La plupart  d’entre eux n’étaient  connus que dans leur village, dans leur pays, faisant ainsi mentir le proverbe; ils ne sont devenus saints que par acclamation populaire et l’on sait que le peuple  acclame facilement: on dit que le seul cimetière de Lanrivoaré* en abriterait 7847! C’est bien en Bretagne que l’on trouve le plus de saints et, bien que ce ne soit sans doute qu’une coïncidence, le plus de pierres dressées.

Les-saints-guerisseurs

Les saints guérisseurs, dans la chapelle du Haut à Trédaniel, prés de Moncontour

La plupart de ces saints bretons sont à l’origine de toponymes, leur nom étant alors accompagnés d’un nom commun, comme lann ou loc, « sanctuaire », pleu ou plu, « église paroissiale » ou encore tré, « église succursale». Cependant, pour certains d’entre eux, leur nom seul a servi à former le nom du lieu : nulle mention de leur supposée odeur de sainteté. Comment savoir alors s’il s’agit bien d’un saint breton? Par recoupements, par comparaisons, voire par l’absurde après avoir éliminé toutes les autres hypothèses, ce qui n’est pas tâche aisée ( ceux que cela intéresse pourront lire cet article fort bien documenté).

Trois départements se partagent ces toponymes: les Côtes-d’Armor, le Finistère et le Morbihan.

  • Côtes-d’Armor:

Cavan  tient son nom de Cadfan, un saint gallois.

Louargat ( Louergat en 1160, Loeargal en 1170 puis Louargat dès1330) tient le sien du saint breton Loarcat.

  • Finistère:

Combrit, Edern et Gouézec  sont des noms de saints bretons . Il en est de même pour le nom de l’Île-Tudy, qui porte le nom du même moine que Loctudy.

Berrien  correspond au saint breton Beryan (nom attesté en 1468 et présent dans le nom d’une paroisse en Cornouailles dite terra sancte Berrione) et Guengat  au saint breton Guengado.

Cast  est le nom d’un saint irlandais.

Le saint gallois Clydwyn a donné son nom à Cleden -Cap-Sizun et à Cleden-Poher  (Cletguen en 1468) et sans doute aussi à Cleder.

Enfin, Audierne s’appelle en breton Goaien ( noté  Goezian en 1410) du nom du  saint breton Guedian.

  • Morbihan:

Guégon (Guezgon en 1283) reprend  le nom d’un  saint breton, comme Guéhenno ( Monster Guezenou en 1260, «le monastère de saint Guethenoaus ») et Gueltas ( Sanctus Gildasius en 1264 : saint Gildas).

Bieuzy ( Sanctus Bilci en 1125  puis Beuzi en 1288) correspond peut-être  au saint gaulois Bilicius ( *Bilitius)

Caudan : Cauden en 1411 sans doute une altération de l’ancien breton Cadoan

Elven : autrement écrit Elouen, doit sans doute son nom à celui du  saint irlandais Elouan ou Elwin.

 Guidel: Guidul au XIIè siècle du nom du saint breton Vitalo

* Lanrivoaré: du breton lann, «sanctuaire» et du nom de saint Riware.

( et je ne résiste pas au plaisir de vous dire que c’est dans ce pays qu’on fait mentir la chanson: le chapeau à Riware est carré.)

P.S. Les courageux qui veulent faire plus ample connaissance avec les saints bretons peuvent se lancer dans la lecture de Joseph Loth disponible en ligne, tout en sachant que, depuis 1910, les recherches ont été affinées et que certains des saints donnés pour tels par J.Loth n’en sont pas!