Le couvert forestier de la France a produit un très grand nombre de toponymes en fonction des essences concernées ( les chênaies, les frênaies, les hêtraies, les châtaigneraies, etc. ) mais aussi et surtout en fonction de la forme qu’il prenait :
- Bois ( du lat. boscus) : très abondant, surtout en micro-toponymie. En langue d’oïl, on trouve bois ou boué comme à Boiscommun (Loiret) ; en Picard, on trouve bosc souvent prononcé [bô] comme à Beaugrenier à Montjavoult dans l’Oise qui est un ancien Boscum Garnerii au XIIè siècle, « le bois d’un certain Garnier » ; en langue d’oc on a des bosc, bos ou bost comme à Malbosc ( Ardèche), qui était un « mauvais bois ».
- Breuil : l’ancien français breuil, d’origine gauloise, désignait un « petit bois » ou un « petit bois entouré d’une haie ». Il a donné Breil ( M.-et-L.) et un très grand nombre de Breuil en langue d’oïl. Son équivalent occitan bròlh ou bruèl se retrouve par exemple à Saint-
PatrickJean-de-Bruel (Aveyron). - Les lieux feuillus ont donné des Feuille, Feuillée, Feuilloux, etc. L’adjectif fouilloux ou fouilleux est fréquent dans le Centre et l’Ouest comme au Fouilloux (Char.-Mar.)
- La forêt a d’abord désigné, au Moyen Âge, la partie du domaine qui se trouvait hors de l’espace cultivé ( du latin foresta, dérivé de fors, «hors »). Ensuite, il désignera une vaste étendue couverte d’arbres comme à Forest-en-Cambrésis (Nord).
- Le gaut ( mot d’ancien français issu du germanique wald) désignait une petite forêt et a laissé par exemple son nom à Le Gault-Perche (L.-et-C.) et aussi à Boisgault ( à Donnery, Loiret) qui est un bel exemple de pléonasme toponymique (« le bois du bois »).
- Le latin lucus, « bois, forêt », a survécu dans de très nombreux toponymes sous la forme Luc ( Gard, etc.), Lux (H.-G., etc), Lutz ( à Viabon, E.-et-L.) et parfois accompagné d’un adjectif comme à Luplanté ( E.-et-L.) ou Grandlup-et-Fay ( Aisne où l’on reconnaît le Fay issu du latin fagetum, « hêtraie », que nous avons découvert dans la précédente leçon, suivez un peu, merde!, le bac arrive!).
- L’ancien français saut, « bois, forêt », issu du latin saltus peut se retrouver tel quel comme à Sault (Vaucluse), Beaussault (Seine-Mar.) et d’autres ou sous la forme sail comme à Sail-les-Bains, Sail-sous-Couzan (Loire) et d’autres.
- Le latin silva, « forêt », a eu un très grand nombre de descendants en ancien français : selve, seuve, sauve, serve, seuve, en occitan: selva, en gascon : séube, etc. tous ayant produit leur lot de toponymes comme La Selve (Aisne), Orveau -Bellesauve (Loiret), La Serve (Savoie), Lasseube (H.-Pyr.), etc.
- La futaie est plus rare et d’apparition plus récente comme à Saint-Mars-sur-la-Futaie (Mayenne) et toujours en déterminant.
- les buissons, halliers, haies, broussailles, taillis et autres bosquets ont fourni une multitude de micro-toponymes qu’il n’est pas question de développer ici.
J’ai volontairement omis dans cette liste un mot en ancien français, issu du pré-gaulois, qui désignait un petit bois et, plus précisément, un boqueteau laissé en place, lors du défrichement, pour séparer les champs. Ce mot n’existe plus aujourd’hui dans nos dictionnaires ( sauf sous la forme d’un homonyme qui n’a rien à voir) mais il est encore très présent, au singulier comme au pluriel, avec ou sans article, tel quel ou au diminutif, etc. comme nom de lieu et nom de famille ( de nombreux anthroponymes sont issus de toponymes).
Il va vous falloir trouver ce mot sachant que :
- deux Français ont porté un de ces noms au XVIIIè siècle et ont traversé l’Atlantique mais pour des raisons radicalement différentes. L’un d’eux a inspiré un romancier du siècle suivant qui a pris de très grandes libertés avec la réalité, allant jusqu’à scinder le nom de son héros en deux et le rendant populaire alors qu’il ne le méritait sans doute pas.
- une ville de bord de mer, qui voit sa population multipliée par 50 en été, porte un de ces noms au diminutif et agrémenté de déterminants dus à un journaliste.
- un écrivain français du XXè siècle porte un de ces noms.
Pour une raison que j’ignore, il m’est désormais impossible d’intégrer des vidéos dans mes billets. Voici donc un premier lien vers Barbara puisque je suis sérieux et un deuxième lien vers eux, puisque je ne le suis pas tant que ça!
Précision utile, sans doute : aucun indice ne se trouve dans ces chansons qui ne sont là que parce qu’elles parlent de petit bois.