Mis au défi par TRS sur un billet précédent, me voici parti à la recherche des femmes dont la mémoire a été conservée dans des noms de rues ( on parle d’un « odonyme », du grec ὁδὸς , « route », et ὃνομα, « nom », ce dernier ayant évolué, via le bas latin, en « onyme », mais restant intact dans « onomatopée », mot formé à partir de son génitif ὀνόματος ).
Je me suis principalement basé pour ce travail sur le Dictionnaire des noms de rue de Bernard Stéphane, éd. Mengès, 5è édition, 2000. Il contient plus de 5000 noms et concerne principalement Paris mais nul doute que, depuis près de vingt ans, d’autres sont apparus ; ce billet constitue néanmoins une première approche riche de quelques découvertes. Toutes ces rues sont parisiennes sauf indication contraire.
Je n’ai pas voulu surcharger de liens mon billet, me contentant souvent de biographies succinctes voire lapidaires et faisant confiance à votre talent de wikipédistes si la curiosité vous y incite. Les paragraphes sont classés sans ordre particulier mais, dans chacun d’entre eux, les noms sont classés par ordre alphabétique tels qu’ils apparaissent sur les plaques de rue.
■ les méconnues
Lors de la parcellisation de leurs terres et donc de l’ouverture de voies les desservant, certains propriétaires ont quelques fois baptisé celles-ci du prénom de leur épouse ou de leur fille. C’est ainsi qu’on trouve honorées :
Adrienne, Adrienne Simon, Alice ( épouse Pelletier ), Amalia ( fille de M. Ravel ), Amélie ( fille de M. Pihan de Laforêt ), Angélique Compoint, Antoinette, Berthe, Blanche, Capesse ( à Draguignan —du nom de la veuve de Jean Richard, dit « Gap » du nom de sa ville natale, qui tenait là en 1489 un moulinqui sera dit de la Gapesse puis de la Capesse ) Élisabeth, Élisa Borey, Émélie ( épouse Lambert ), Gabrielle, Georgina, Hélène ( épouse Forissier ), Laurence Savart, Léontine, Louisa, Marie-Anne Colombier, Marie Benoist, Marie-et-Louise, Marie Hermant, Marie-Rose, Pauly (Mme Pauly, épouse Vieillard ) et Virginie. La rue des Deux Sœurs honore les sœurs Deveau pas autrement connues que pour avoir possédé des terrains riverains en 1815.
■ les féministes
Elles sont, allez savoir pourquoi, fort peu nombreuses à avoir été honorées en tant que telles.
Berthie Albrecht ( 1893-1943, née Berthe Wild, fondatrice en 1933 de la revue féministe Le problème sexuel et résistante incarcérée et morte à la prison de Fresnes ), Eugénie Cotton ( 1881-1967, scientifique élève de Marie Curie, compagnon de route du Parti Communiste, elle fonda l’Union des Femmes françaises en 1944 et devint présidente de la Fédération démocratique internationale des femmes à sa création en 1945 ), Maria Deraismes ( 1828-1894, femme de lettres française, elle se battit vigoureusement contre les idées peu féministes de Barbey d’Aurevilly, Dumas fils et Sardou. En 1882, elle créa une loge maçonnique pour femmes et présida la Société pour l’amélioration du sort de la femme et la revendication de ses droits), Suzanne Lenglen ( cf.plus bas le paragraphe consacré à la sportive ).
■ les personnages historiques
Anne de Beaujeu ( 1460-1522, fille de Louis XI, régente de Charles VIII de 1483 à 1491), Christine ( Christine de France, 1606-1663, fille de Henri IV, duchesse de Savoie ), Clotilde ( 475 -545, sainte Clotilde, reine des Francs, épouse de Clovis ), Jeanne d’Arc ( 1412-1431, pucelle ), Jeanne Hachette ( 1454-?, libraire, de son vrai nom Jeanne Laisné, eut la témérité de résister à Charles le Téméraire-mais-moins-qu’elle), Lamballe ( 1749-1792, Louise de Savoie-Carignan, épouse du prince de Lamballe, amie de Marie-Antoinette, mourut sous la torture à la prison de la Force ), Madame ( Marie-Joséphine Louise de Savoie, épouse de Monsieur le frère cadet de Louis XVI ), Mademoiselle ( fille du duc de Berry, qui posa la première pierre de l’église Saint-Jean Baptiste de Grenelle toute proche de sa rue en 1827), Marbeuf ( marquise qui acheta en 1777 une propriété sur les Champs-Élysées qui devint la célèbre « Folie Marbeuf » ; aucune des deux ne survécut à la Révolution ), Marguerite de Navarre ( 1492-1549, sœur de François Ier, mère de Jeanne d’Albret, et donc grand-mère d’Henri IV ), Marie Stuart ( 1542-1587, reine d’Écosse et reine de France pendant un an par son mariage avec François II ; mère du futur roi d’Angleterre Jacques VI), Montespan (1641-1707, Françoise Athénaïs de Rochechouart, marquise de Montespan, maîtresse de Louis XIV ), Princesse ( Catherine Marie de Lorraine, 1552-1596, sœur du duc De Guise, était duchesse de Montpensier et princesse des Dombes ; elle combattit Henri III avec la Ligue ), Reine ( c’est Marie de Médicis qui fit aménager le cours La Reine en 1616 ), Reine Astrid ( 1905-1935, princesse suédoise épouse du futur roi des Belges Léopold II, morte dans un accident de voiture en Suisse mais pas dans un tunnel ), Thérèse ( 1638-1683, fille de Philippe IV d’Espagne et d’Élisabeth de France, elle dut épouser son cousin germain Louis XIV en 1659), Victoria ( 1819-1901, reine d’Angleterre en 1837 et impératrice des Indes en 1876).
■ les femmes de lettres
Anna de Noailles ( Anna-Élisabeth Brancovan, comtesse de Noailles, 1876-1933, poétesse et romancière ), Christine ( la rue parisienne perpétue la mémoire de Christine de Pisan, 1364-1430, réputée pour être la première femme de lettres française ), Clémence Royer ( 1830-1902, philosophe et femme de science, traductrice de l’Origine des espèces de Darwin ), Colette ( 1873-1954, de son vrai nom Sidonie Gabrielle, romancière ; elle écrivit : « L’amour, ce n’est pas un sentiment honorable »), Comtesse de Ségur ( 1799-1874, fille du comte Rospotchine, autrice de « nigauderies » à l’usage de ses petits-enfants ; elle écrivit : « Un âne à deux pieds peut devenir général et rester âne »), Desbordes-Valmore ( 1785-1859, prénommée Marcelline, poétesse et célèbre élégiaque ), George Sand ( 1804-1876, de son vrai nom Aurore Dupin, baronne Dudevant, romancière ; elle écrivit : « Avez-vous remarqué comme on est bête, quand on est beaucoup ? » ), Juliette Lamber ( 1836-1936, romancière, tenait salon républicain à Paris, fondatrice de la Nouvelle Revue en 1877 qui militait pour l’alliance franco-russe ), Laure Surville ( 1800-1871, autrice entre autres d’une biographie de son frère Honoré de Balzac ), Louise Labé ( 1526-1566, poétesse surnommée la Belle Cordière après son mariage avec Ennemond Perrin, un riche cordier de Lyon ), Louise Weiss ( 1898-1983, écrivain, journaliste et femme politique française), Marguerite Yourcenar ( 1903-1987, de son vrai nom Crayencour, première femme à entrer à l’Académie française en 1980 ; elle écrivit : « La philosophie épicurienne, ce lit étroit mais propre » ), Marietta Martin ( 1902-1944, poétesse morte en déportation ), Palatine ( 1652-1722, Charlotte Élisabeth de Bavière, fille d’un électeur palatin du Rhin, d’où son surnom de princesse Palatine ; mariée à Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV, elle laissa une Correspondance qui donne sur le règne de Louis XIV des détails qu’on ne trouve nulle part ailleurs ), Pernette du Guillet ( 1520-1545, savante et poétesse ), Séverine ( 1855-1910, de son vrai nom Caroline Rémy, épouse Guebhard ; élève puis collaboratrice de Jules Vallès ; directrice du Cri du Peuple militant pour la solidarité sociale ), Sévigné ( 1626-1696 , de son vrai nom Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné ; elle entretint une correspondance de plus de vingt-cinq ans avec sa fille, Mme de Grignan, connue sous le nom de Lettres de Mme de Sévigné), Simone Weil (1909-1943, philosophe et écrivain ), Staël ( 1766-1817, Anne Louise Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein, dite Mme de Staël ; femme de lettres et aussi politique — par son soutien à Marie-Antoinette puis son opposition à Napoléon Ier ).
■ les religieuses
Abbesses ( de l’abbaye de Montmartre fondée en 1155 ), Anglaises ( à Cambrai — des bénédictines anglaises ayant quitté l’Angleterre quand Henry VIII fonda l’église anglicane en 1539 se sont établies à Cambrai ) Bellefond ( 1658 – 1717, Marie Gigault de Bellefond, abbesse de Montmartre), Dames ( de l’abbaye de Montmartre, on n’en sort pas! ), Capucines ( de l’ordre franciscain fondé en 1528 ), Chassaines ( à Nîmes- les « chassaines » étaient les pensionnaires de l’orphelinat fondé par le chanoine Antoine Chassaing ), Filles du Calvaire ( ancien couvent situé rue de Turenne ; l’ordre fut créé par le Père Joseph, éminence grise de Richelieu, en 1617 ), Feuillantines ( religieuses originaires de l’abbaye des Feuillants à Toulouse ), Filles Saint-Thomas ( couvent de sœurs dominicaines créé en 1640), Haudriettes ( religieuses de l’ordre de l’Assomption-de-Notre-Dame fondé en 1306 par Étienne Haudry —preuve que Clo-clo, Jupé et Balladur n’ont rien inventé ), Jussienne ( du nom déformé de sainte Marie l’Égyptienne devenue Gibecienne puis Jussienne à laquelle une chapelle était vouée et qui fut détruite en 1792 ), Louise de Marillac ( 1591 – 1660, sainte Louise de Marillac, collaboratrice de saint Vincent de Paul, fonda avec lui la congrégation des Filles de la Charité ), Miredames ( à Castres — du nom corrompu du couvent des « Mineures Dames »), Nonnains d’Hyères ( du nom des jeunes nonnes, plaisamment appelées nonnains, de la succursale du couvent de l’abbaye d’Yerres fondée en 1182), Réparatrices ( à Pau — religieuses du couvent des Dames Réparatrices ), Sœur Catherine-Marie ( petite sœur des pauvres de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, née Renée Lechartier, décédée en 1971), Sœur Rosalie ( 1785 – 1856, née Jeanne Marie Rendu, religieuse de Saint-Vincent-de-Paul ), Trois Maries ( à Orléans — trois statuettes de la Vierge Marie, Marie-Madeleine et Marie-Salomé ornaient une niche dans cette rue ), Ursulines ( de l’ancien couvent créé en 1627 et démoli à la Révolution).
■ les femmes « de mauvaise vie »
Chantelouve ( à Valence — la « louve » en question est celle qui essayait d’attirer les passants dans un des lupanars de la rue ), Demoiselles ( à Toulouse — ces demoiselles étaient plus que légères et offraient leurs charmes aux ouvriers venus creuser le canal du Midi vers 1670), Panier-Fleuri ( à Tours —ancienne rue de la Pisserie au Moyen Âge où des « femmes folieuses et deshonestes se habandonnaient à fere péché de leur corps et à pratiquer paillardises et putaceries » ; au XVIIIè siècle, une maison portait un panier fleuri comme enseigne ), Pélican ( déformation de « Poil au Con » ; la rue abritait des étuves et bordels ), Petit-Musc ( déformation de « pute-y-muse », du verbe muser, « flâner, musarder »), Repenties ( à Valence — il y avait là un hôpital-prison où on enfermait les filles de mauvaise vie jusqu’à ce qu’on les juge « repenties »).
■ les philanthropes
Brignole (1822-1888, Mme de Brignole-Sale, épouse du financier italien Galliera ; son fils ayant décidé de ne pas hériter de la fortune paternelle, elle finança l’orphelinat Saint-Philippe, une maison de retraite pour religieux à Meudon, un hôpital à Clamart, des maisons dites « ouvrières », un musée parisien qui porte son nom marital, deux hôpitaux à Gènes, etc.), Élisa Lemonnier (1805-1865, née Élisa Grimail, a fondé des écoles professionnelles pour jeunes filles ), Eugénie Legrand ( 1898-1933, infirmière à l’hôpital Tenon qui mourut victime du devoir), Florence Blumenthal ( 1873-1930, Américaine philanthrope, elle créa des Bourses pour les jeunes artistes ), Furtado-Heine (1821-1896, prénommée Charlotte, fille et femme de banquier, elle créa une fondation, une crèche et une école pour jeunes aveugles et contribua à la création de l’Institut Pasteur ), Galliera ( cf. en tête du paragraphe Mme Brignole ), Jeanne Jugan ( 1792-1870, fondatrice en 1839 de la congrégation des Petites sœurs des pauvres ), Marie de Miribel ( 1872-1959, fondatrice de l’œuvre de la Croix-Saint-Simon ).
■ les résistantes
Contre l’occupation allemande et d’autres.
Bertie Albrecht ( 1893-1943, née Berthe Wild, fondatrice en 1933 de la revue féministe Le problème sexuel et résistante morte à la prison de Fresnes ), Dames ( à Marseille — ces dames-là eurent une conduite héroïque au cours du siège de Marseille en 1524 par le connétable de Bourbon ), Dulcie September (1936-1988, militante anti-apartheid, membre de l’African National Congress, assassinée à Paris), Eugénie Éboué ( 1889-1972, née Eugénie Tell à Cayenne en Guyane, épouse de Félix Éboué, s’engagea dans les Forces Françaises Libres féminines, puis eut une carrière politique en Guadeloupe ), Hélène Jakubowicz ( 1925-1942, membre des Jeunesses communistes ; elle mourut en déportation à Auschwitz ), Juliette Dodu ( 1850-1909. Née à Saint-Denis de la Réunion ; receveuse du télégraphe de Pithiviers en 1870, elle cacha ses appareils à l’arrivée des Prussiens et s’en servit pour espionner leurs communications qu’elle transmettait au général Aurelle de Palatines. Dénoncée, elle fut condamnée à mort par les Allemands mais fut graciée par l’empereur Frédéric-Charles ), Marie-Madeleine Fourcade ( 1909-1989, seule femme à avoir dirigé un réseau de résistants durant la Seconde Guerre mondiale ), Nicole de Hauteclocque ( 1913-1993, abondamment décorée pour ses actions clandestines durant la Seconde Guerre mondiale, elle fut conseillère municipale de Paris pendant quarante-deux ans dans le groupe gaulliste et fut la première femme présidente du conseil municipal de Paris), Victor et Hélène Basch ( Victor Guillaume Basch, 1863-1944, président de la Ligue des droits de l’Homme, fut abattu en même temps que sa femme le 10 janvier 1944 à Crépieux-la-Pape dans la banlieue lyonnaise par deux miliciens qui furent exécutés à la Libération ),Yvon et Claire Morandat ( Yvon Morandat, 1913-1972, rejoignit le général de Gaulle dès le début et eut une grande activité dans la Résistance et la Libération de Paris, secondé par sa femme, décédée en 1985), Yvonne Le Tac ( 1882-1957, elle participa activement à un réseau de résistance en Bretagne, aidée de son mari et de ses deux fils, repérant les principales positions allemandes de la côte, accueillant des parachutistes anglais ou canadiens etc. Arrêtée en 1942, elle fut emmenée à la Santé, où elle garda le silence. Elle fut alors envoyée en 1943 à Ravensbruck puis à Auschwitz-Birkenau. Libérée par les Russes en janvier 1945, elle fut emmenée dans un wagon à bestiaux à Odessa d’où un bateau anglais la ramena enfin à Marseille ).
■ les tragédiennes, actrices et chanteuses
Adrienne Lecouvreur ( 1692-1730, joua Corneille, Racine et Voltaire ), Béatrix Dussane ( 1888-1969, elle fut la Madame Sans-Gêne de Victorien Sardou), Julia Bartet ( 1854-1941, de son vrai nom Julia Regnault ), Dalida ( 1933-1987, de son vrai nom Iolanda Gigliotti, chanteuse de variété), Édith Piaf ( 1915-1963, de son vrai nom Giovanna Gassion, connue comme la môme Piaf ), La Champmeslé (1842-1698, de son vrai nom Marie Desmare, maîtresse de Racine dont elle créa Bérénice, Iphigénie et Phèdre. ), Maria Callas (1923-1977, de son vrai nom Maria Kaloghreopoulos, cantatrice ), Marie Laurent ( 1826-1904, de son vrai nom Marie Alliouze-Luguet ), Rachel ( 1820-1858, de son vrai nom Élisa Félix, dite Mlle Rachel ), Réjane (1856-1920, de son vrai nom Gabrielle-Charlotte Réju ), Sarah-Bernhardt ( 1844-1923, de son vrai nom Henriette-Marie-Sarah Bernhardt ).
■ les artistes
Bigot ( 1786-1820, née Marie Kiéné, épouse Bigot, pianiste appréciée de Haydn et Beethoven ), Camille Claudel (1864-1943, sculptrice, élève, collaboratrice et amie d’Auguste Rodin), Dury-Vasselon ( 1860-1924, prénommée Hortense, peintre ), Ginette Neveu ( 1919-1949, violoniste, mourut dans le même accident d’avion que Marcel Cerdan ), Lily Laskine ( 1893-1988, harpiste ), Marguerite Long ( 1874-1966, pianiste ), Rosa Bonheur ( 1822-1899, peintre), Suzanne Valadon (1865-1938, de son vrai nom Marie Clémentine, peintre, mère de Maurice Utrillo ), Vigée-Lebrun ( 1755-1842, née Marie Anne Élisabeth Vigée, épouse Lebrun, portraitiste, entre autres, de Marie-Antoinette).
■ les muses et les épouses
Clotilde de Vaux ( 1815-1846, grande inspiratrice d’Auguste Comte qu’elle orienta vers un positivisme religieux ), Dames des Roches ( à Poitiers — Madeleine Neveu et sa fille Catherine, dites « dames de Roches » tenaient là un salon littéraire au XVIè siècle ), Pernelle ( Mme Pernelle, femme de Nicolas Flamel, morte en 1397 en laissant à son mari une fortune qui accrédita les propos de ceux qui affirmaient qu’il avait découvert la pierre philosophale ), Récamier ( 1777-1849, Jeanne Françoise Julie Adélaïde Récamier, née Bernard, tint salon à l’hôtel Necker, s’opposa avec Mme de Staël à Napoléon, et se lia à Chateaubriand qu’elle suivit dans la mort un an après lui).
■ les scientifiques :
Jacques et Thérèse Tréfouel ( Jacques, 1897-1977, et Thérèse, 1892-1978, moins connus que les Curie, étaient tous deux chimistes et bactériologistes à l’Institut Pasteur ), Marie Curie (1864-1934, née Marie Sklodowska à Varsovie, épouse de Pierre Curie, avec lequel elle découvrit le radium ; elle reçut deux prix Nobel en 1903 et 1911), Nicole Chouraqui ( 1938-1987, économiste et analyste financier, députée européenne, conseillère de Paris et de la région Île-de-France ), Sophie Germain ( 1776-1831, mathématicienne, elle écrivit des Mémoires sur les vibrations de lames élastiques ).
■ les aviatrices
Trois aviatrices sont célébrées à Paris, autant que des féministes — mais l’un n’empêche pas l’autre. On notera sur la foi de cette liste que deux aviatrices sur trois se prénomment Maryse.
Hélène Boucher (1908-1934, elle détint sept records mondiaux différents et mourut lors d’un vol d’entraînement ), Maryse Bastié (1898-1952, elle détint dix records du monde de distance ou de durée ), Maryse Hilsz ( 1903-1946, effectua des raids à très longue distance et fut détentrice de records d’altitude).
■ la sportive
Il n’y en a qu’une ! n’en déduisez pas pour autant que toutes les sportives se prénomment Suzanne.
Suzanne Lenglen (1899-1938, tenniswoman championne du monde de 1919 à 1923, puis en 1925 et 1926 ; féministe, elle osa, suprême audace à l’époque, montrer ses bras et même ses cuisses, se promener nue dans les vestiaires et recevoir des journalistes en prenant son bain !).
■ les inclassables
Bonnes Femmes ( à La Rochelle ; du nom d’une enseigne d’auberge représentant trois femmes sans tête, donc … bonnes puisque privées de tête et donc de parole ! ), Dragonne ( à Valence — Anne dite « Quatre-Sous » s’est engagée comme dragon dans les armées de la Révolution et ne fut démasquée que des années plus tard ), Fileuses de Soie ( à Salon-de-Provence — elles travaillaient à la filature fondée en 1748 par le sieur Séas ), Fillettes ( on dit que la rue était empruntée par de charmantes créatures qui venaient s’y ébattre mais il se pourrait que le nom vienne du fait que, sous Louis XI, on rassemblait là des prisonniers entravés de lourdes chaînes appelées « fillettes » ), Lingères ( des lingères se retrouvaient là avant ou après leur labeur ), Mandoune ( à Montauban — du nom féminisé de la femme d’un meunier nommé Mandou ), Reine de Hongrie ( Julie Bécheur, porteuse d’une pétition à Marie-Antoine, fut flattée quand cette dernière lui fit part de sa ressemblance avec la reine Marie-Thérèse de Hongrie ; elle rapporta ses propos à son entourage et fut dès lors surnommée la reine de Hongrie et qu’on baptisa de ce nom le passage où elle habitait. Las! poussant trop loin la ressemblance, elle afficha de fortes convictions royalistes et … fut décapitée), Trois Sœurs ( en souvenir de trois sœurs qui tenaient là un lavoir au XVIIIè siècle ).

J’espère ne pas avoir été trop long ni vous avoir lassé … Quoi qu’il en soit, sachez que je serai là pour vous ! … sur l’air du générique de Friends, bien sûr, dont la compositrice Allee Willis vient de décéder à l’âge de 72 ans. À quand sa rue ?