Il n’y a pas d’arbre qu’en France ! Je vous propose donc un tour du monde des quelques toponymes liés aux arbres que j’ai rencontrés lors de mes recherches ici ou là.
Je n’ai pas surchargé de liens cette page, je pense que vous êtes assez grands pour aller chercher les infos sur les villes par vous-mêmes.
Acacia
Adigrat (Éthiopie) : dans la langue sémitique locale, le tigrigna, ce nom signifie le « village (‘āddi) des acacias (gerāt) ».
Aulne
Erlangen (Allemagne) : Erlangun en 1017 pourrait être un « bois d’aulnes » (erlen) mais aussi le domaine d’un certain Erlo.
Bouleau
Bérézina : déjà vue dans cet article.
Berkeley et Birkenhead (Angleterre) : déjà vus dans ce commentaire
Chêne
Alburquerque (Espagne ) : de l’arabe abū-al-qurq, « chêne-liège », littéralement « père (abū) du liège (qurq) ». On donnera en 1701 le nom du duc d’Alburquerque, alors vice-roi de la Nouvelle-Espagne, à la ville étatsunienne du Nouveau-Mexique. Il demandera toutefois que la ville soit nommée San Felipe de Alburquerque par déférence envers le roi Philippe V d’Espagne. Plus tard, le nom s’est réduit à Albuquerque, après la chute du premier r, sans doute par confusion avec le navigateur portugais Alfonso de Albuquerque.
Derwent : nom de quatre rivières anglaises et, par exportation, d’un fleuve australien. Le nom est d’origine celtique, dérivé de derw, « chêne », qu’on trouve encore en gallois ( derw) et en breton (derw ou derv) : c’est la « rivière aux chênes ».
Dubrovnik (Croatie) : ce nom est dérivé du croate dubrova ou dubrava, « chênaie », lui-même dérivé de dub, « chêne ». Cf. le russe dub et dubrava, le bulgare dăb et dăbrava, le tchèque dub et doubrova, etc.
Kildare (Irlande) : il s’agit d’une adaptation en anglais de l’irlandais Cill Dara qui signifie « le couvent (cill) du chêne (dara) ». Le terme cill est l’emprunt irlandais au latin cella qui désignait la cellule de l’ermite, puis l’ermitage et enfin le couvent. On connait en français des Celle, Celles, etc. Le chêne en question serait, selon la légende, celui que sainte Brigide a choisi pour y bâtir le monastère dont elle fut abbesse.
Oakland (Californie, USA) : lors de la colonisation espagnole, l’endroit fut appelé Encinal, « le bois de chênes verts (encina) », c’est-à-dire l’yeuse plutôt que le chêne quercus. En 1852, lors de l’incorporation aux États-Unis, le nom fut traduit par Oakland, « pays des chênes », avec ambiguïté puisque l’anglais oak, comme le français chêne, ne distingue pas les espèces. Il faut donc comprendre live oak comme en français chêne vert.
Figuier
Figueira da Foz ( Portugal) : la localité ne reçut le privilège de ville qu’en 1862 et était probablement caractérisé par un figuier (en portugais figueira). On rajouta plus tard l’indication da foz, « de l’embouchure », pour la distinguer de son homonyme Figueira de Castelo Rodrigo.

Grosseto (Toscane, Italie) : ce nom est attesté dès le Xè siècle. Il semble issu d’un latin *grossetum, dérivé de grossus, « figuier dont les fruits n’arrivent pas à maturité » (selon Caton et Pline l’ancien), au moyen du suffixe collectif –etum.
Genêts
Tizi Ouzou (Algérie) : ce nom est la francisation du berbère Tizi uzzū qui signifie « le col ou le passage (tizi) des genêts épineux (uzzū) ».
Hêtre
Bochum (Rurh, Allemagne) : noté Buokheim au XIè siècle, qui signifie « la demeure (heim) des hêtres (buok, à comparer à l’allemand moderne Buche) ».
Buchenwald ( près de Weimar, Allemagne ) : signifie « le bois (wald) de hêtres (Buchen) ».
Buchhorn ( aujourd’hui Friedrichshafen ) : le village nommé « la corne (horn) des hêtres (Buchen)» a servi en 1811 à Frédéric Ier à créer un port sur le lac de Constance, « le port (Hafen) de Frédéric (Friederich)
Bucovine ( région des Carpates, partagée entre l’Ukraine et la Roumanie ) : en ukrainien, bukovina est un dérivé de buk, « hêtre », qui signifie « forêt de hêtres ».
Faial (une des îles des Açores) : faial est le mot portugais pour une « hêtraie », dérivé de faia, « hêtre », lui-même issu du latin fagus. Les navigateurs portugais ont été surpris de découvrir sur l’île une forêt d’arbres fort semblables aux hêtres européens, qu’ils ont appelés faias das ilhas, « hêtres des îles ».
Houx
Hollywood ( faubourg de Los Angeles, Californie, USA) : « le bois (wood) de houx (holly) », c’est-à-dire la houssaie, est un toponyme anglais fort courant, comme en France La Houssaye, qui a été transporté aux États-Unis où il s’appliquait à des variétés américaines de houx. C’est ainsi que les époux Wilcox baptisèrent en 1887 un domaine qu’ils avaient acquis en Californie et dont ils ne soupçonnaient pas la future fortune.
If
York : déjà vu dans les commentaires accompagnant ce billet.
Yverdon (canton de Vaud, Suisse) : connue à l’époque romaine comme Eburodunum, où on reconnait les celtiques dunon, « forteresse », et eburo, « if ». C’est le même nom qui est à l’origine d’Embrun, avec une évolution phonétique différente, la forme Everdun étant attestée dès 1228.
Mancenillier
Manzanillo ( Espagne et Mexique, Costa-Rica Panama et Cuba) : déjà vu à l’occasion d’une devinette.
Peuplier
Los Alamos (Nouveau-Mexique, USA) : le nom remonte à la colonisation espagnole du XVIè siècle et signifie « Les Peupliers ».
Pin
Curitiba ( Paraná, Brésil) : le nom est issu du tupi et signifie « la pinède ». C’est un composé de ku’ri, « pin », et suffixe collectif -tiba.
Pommier
Alma ( fleuve de Crimée ) : ce nom est d’origine turque et signifie « pomme, pommier », comme en azéri, kazakh, kirghiz, ouzbek et turkmène. Il a servi à désigner anciennement des lieux qui par leur verdure, faite notamment de pommiers sauvages, tranchaient sur la steppe.
Almaty ( ancienne capitale du Kazakhstan) : la « ville des pommes» , en langue kazakh, avait été baptisée Alma-Ata par les Russes avec alma, « pommier » et ata, « père, chef de famille » : c’était le chef-lieu des pommiers.
Apeldoorn (Gueldre, Pays-Bas) : Appoldro en 793 puis Apeldern au XIIIè siècle : c’est la ville des pommiers. Le néerlandais apeldoor procède d’un vieux nom germanique du pommier *apuldrô représenté aussi par le vieux haut allemand afholtra, le vieil anglais apulder ou apuldor, le vieux norrois apaldr.
Affoltern et Affatrach (Allemagne ) et Appledore (Angleterre ) sont des noms identiques au précédent.
Robinier
Oaxaca (capitale de État du Mexique du même nom ) : il doit son nom à un poste militaire construit au XVè siècle par les Aztèques qu’ils nommaient Huaxyacac qui veut dire « au nez (yaca), c’est-à-dire à la pointe, du bois de robiniers » (huaxin) ». Le nom a été hispanisé en Oaxaca et a été rallongé en Oaxaca de Juarez en 1806 en l’honneur de Benito Juarez qui fut président de la République mexicaine de 1858 à sa mort en 1872.
Roseau
Acapulco (Mexique) : le nom de cette ancienne bourgade aztèque provient du nahuatl : acatl-, « le roseau », -pul-, « grand, beaucoup » et -co, suffixe locatif : c’est la cannaie.
Athabaska (rivière et ville du Canada): en cree (algonquin) le nom signifie « l’endroit où il y a des roseaux ».
Cap Canaveral (Floride, USA) : au temps de sa découverte par les navigateurs espagnols, il s’agissait d’une terre basse recouverte de roseaux, d’où le nom de Cabo del Cañaveral, « cap de la Roselière ».
Roulers (Flandre occidentale, Belgique) : le nom d’origine flamande est attesté depuis 821 sous la forme Roslar, composée de ross ou roes, « roseau ( cf. le gotique raus) et de laar ( vieux néerlandais lār), « clairière, essart, lieu habité ». La forme française provient probablement d’une ancienne variante flamande *Rōslēr.
Santal
Vientiane (capitale du Laos) : corruption en français du nom laotien Vieng-Chan qui signifie « la ville (vieng) du santal (chan) ».
Tilleul
Leipzig (Saxe, Allemagne) il s’agissait au Xè siècle d’un village dont le nom slave Lipsk est un dérivé en -sk de lipa, « tilleul » c’était « le village des tilleuls ». Au XIIè siècle, les conquérants allemands ont adapté le nom d’une part en Libzi et, en latin médiéval Lipsia, et, d’autre part, en Lipzic d’où procède la forme moderne Leipzig. Notons que les étudiants de la ville ont savamment et plaisamment créé, à partir du grec lindos, « tilleul », les noms de Lindenstadt, Lindenburg et même Lindopolis.
Lindau (Bavière, Allemagne) : le nom, attesté sous la forme latinisée Lindavia en 1268, a, en allemand, une étymologie facile : c’est « l’île (au) des Tilleuls ( linde, vieux haut allemand linda). Il existe une autre Lindau en suisse alémanique, dans le canton de Zurich.
La devinette
Il vous faudra trouver le nom, issu de celui d’un arbre, d’une grande ville exotique. Ce nom est une traduction, dans la langue des premiers colons, du nom indigène. et sera repris tel quel par les occupants temporaires suivants Le nom français est une adaptation, sans doute influencée par un paronyme, de ce même nom.
■ un indice végétal :
■ un indice historique :
Toutes les cartes sont sur la table : à vous de jouer !
Réponse attendue chez leveto@sfr.fr