…de quelques blasons

en retard  Panique à bord ! Pris par le goût du farniente, bercé par le chant des cigales et le tintement des glaçons dans le verre d’anisette *, je n’ai pas fini mon billet hebdomadaire.

Que fait-on quand on est pris par le temps et que rien n’est prêt pour le dimanche soir ? Eh bien, oui !, on ressort des blasons parlants du fond du tiroir…

Désolé pour ceux que cela défrise, mais c’était ça ou rien.

(et on ressert une intro …)

■ Pau (Pyrénées-Atlantiques) :

D’azur à la barrière de trois pals, aux pieds fichés d’argent, sommée d’un paon rouant d’or et accompagnée en pointe et à l’intérieur de deux vaches affrontées et couronnées de même ; au chef d’or chargé d’une écaille de tortue au naturel, surmontée d’une couronne d’azur rehaussée d’or et accompagnée à dextre de la lettre capitale H et à senestre du nombre quatre en chiffres romains, le tout d’azur.

PAU-64

Ce sont bien entendu les « trois pals », traduction du béarnais pau, « pieu, palissade de pieux », qui sont parlants selon une hypothèse étymologique qui fait du nom de Pau un rappel de sa légendaire fondation sur un territoire délimité par trois pieux fichés en terre. Les premières formes attestées du nom de la ville, castrum de Pado (sans doute latinisation maladroite de Palo) et castellum de Pal au XIIè siècle, renvoient au latin palus, « poteau ». Le gascon pau signifie « palissade de pieux », correspondant à la fortification primitive de la ville avant l’érection de la forteresse.

■ Mulhouse (Haut-Rhin) :

D’argent à la roue de moulin de huit aubes de gueules à quatre rais assemblés en croix et au moyeu carré.

MULHOUSE-68

Le nom de la ville a été formé plus tard que ce que peuvent laisser croire les faux documents forgés pour témoigner de sa prétendue ancienneté, tels Mulenhuse en 719-21 et Mülenhusen en 823 (DNLF**). La première attestation hors de doute date de 1004, Mulenhusen. On y reconnait sans difficulté un composé ancien haut allemand de muli, « moulin » et de hus, « maison » : le noyau primitif de la ville était donc une habitation de meunier sur l’Ill. Le blason, dit de « la roue de Mulhouse », est une allusion limpide à la roue d’un moulin à eau. Il était déjà question de Mulhouse dans ce billet consacré aux moulins.

■ Pontoise (Val-d’Oise) :

D’azur au pont à cinq arches sommé d’un château à trois tours, le tout d’argent, ouvert et ajouré du champ, maçonné de sable, accosté en chef de deux fleurs de lis d’or et soutenu par une rivière d’argent ondée de sable mouvant de la pointe.

PONTOISE-95

Le premier nom de la ville était Briva Isare, attesté au IIIè siècle dans l’Itinéraire d’Antonin. On y reconnait le gaulois briva, « pont », accompagné du nom antique de l’Oise, Isara. Dès le VIIè siècle, le nom apparait traduit en latin Pontem Hisera. C’est bien sûr ce pont sur l’Oise qui parle sur le blason.

■ Trois-Fontaines-l’Abbaye (Marne) :

D’azur à la fontaine d’argent à trois jets du même.

TROIS_FONTAINES_L_ABBAYE-51

Attesté Tres Fontes en 1094 (avec une curieuse latinisation en fontes de « fontaines »), ce nom est sans surprise. On remarquera que le blason passe hardiment de trois fontaines à une seule fontaine à trois jets.

■ Le Mas (Alpes-Maritimes) :

D’azur à la maison d’argent posée sur un mont de sinople ; au chef parti au 1er de gueules à la croix d’argent, au 2e d’azur à trois fleurs de lis d’or.

LE_MAS-06

Attesté de Massio en 1092, du latin mansus, terme féodal désignant originellement un domaine agricole occupé par un seul tenancier puis, plus généralement, une demeure, une bâtisse,  une maison … c’est-à-dire un mas, en domaine provençal.

*non, je rigole, c’est juste pour faire couleur locale. Moi, je préfère un whisky d’Islay sans glace.

** Les abréviations en majuscules grasses renvoient à la bibliographie du blog.

Les dessins de blasons sont issus du site l’Armorial des villes et villages de France, avec l’aimable autorisation de leur auteur, Daniel Juric .

rog

Il vous faudra trouver une ville dont le blason montre un objet dont le nom rappelle celui de la ville, accompagné d’un végétal emblème des seigneurs de la région. L’objet comme le végétal y sont représentés en double exemplaire sans raison apparente.

L’objet lui-même était mentionné sur une des portes de la ville dans une adresse calembouresque destinée aux visiteurs.

Cette ville doit son nom à celui d’un homme germanique.

Elle est située dans une région naturelle qui doit le sien à la qualité de sa terre.

Réponse attendue chez leveto@sfr.fr