Poivre, etc.

De Cayenne au poivre, il n’y a qu’un pas …

Les îles Poivre, un atoll des Seychelles, ont été baptisées en l’honneur de Pierre Poivre, désigné intendant (ou commissaire-ordonnateur) à l’Isle de France ( aujourd’hui Maurice ) en 1767 .

La Côte-du-Poivre est un haut-lieu de la bataille de Verdun. Les Allemands en avaient fait en février 1916 un point d’observation ( Pfefferrücken ) avec un important dispositif défensif qui sera repris par les Français en décembre de la même année. Le village sera entièrement détruit par les bombardements et ne sera pas reconstruit. Louvement-la-Côte-du-Poivre est un des neuf villages français de la zone rouge de la Meuse.

La Côte-du-Poivre ou des Graines ou de la Malaguette est l’ancien nom d’une partie de la côte africaine de l’océan Atlantique entre les actuels Sierra-Leone et Liberia. Comme d’autres côtes africaines ( Côte d’Ivoire, Côte de l’Or, Côte des Esclaves, …), elle doit son nom à une de ses ressources principales, le poivre de Guinée ou maniguette.

Poivres ( Aube, Pipera en 1032 ), Pébrac ( H.-Loire, Piperaco en 1072 ), Pouvray ( Orne) et Pibrac ( H.-Gar.) doivent leur nom à un homme latin Piper.

La Prévière, une ancienne commune du Maine-et-Loire, était nommée Privera en 1095 puis  Piperiaria en 1140 et Piparia vers 1178-1205 : on est tenté d’y voir une piper – aria, « plantation de poivre », dont on dit qu’il pourrait s’agir d’une métaphore sur la nature friable du sol. On peut aussi y voir l’oïl poivrière, « tour ronde surmontée d’un toit en cône », comme les lieux-dits la Poivrière à Cheviré-le-Rouge ou aux Verchers-sur-Layon dans le même département et d’autres ailleurs.

Sait-on assez l’importance du poivre ?

L’assassinat de Raymond Trencavel par Noël Sylvestre (1847-1915)

À Béziers, le 15 octobre 1167, le vicomte Raymond Trencavel fut assassiné dans l’église de la Madeleine, en présence de l’évêque, par des bourgeois de la ville qui lui demandaient des comptes au sujet d’une peine infligée à l’un des leurs par un de ses chevaliers. À titre de réparation, son fils demanda trois livres de poivre par famille et par an à tous les bourgeois de la ville.

Produit rare, cultivé en Malaisie et déjà importé à grands frais au Proche Orient, le poivre était commercialisé en Occident par les Italiens à des prix que seuls les plus fortunés pouvaient supporter. On disait « cher comme le poivre » pour tout produit qui se vendait à son poids d’or. On se servait donc de ce précieux condiment pour capitaliser ( il entrait dans la dot des filles ), pour indemniser ou payer une dette ( comme à Béziers ), pour commissionner ( il entrait dans les frais de justice). Ces fameuses épices où le poivre noir côtoyait d’autres produits aussi rares comme le gingembre, la muscade, le girofle, la cannelle et le piment doux, servirent donc aux paiements « en espèces » ( c’est à dire « en épices » ) où ces denrées avaient plus valeur de monnaie que de produits de consommation. C’est de là que viennent les patronymes Poivre, Poivrier, Pébrier ou Pebrié désignant un « espécier » ou épicier.

Mises à la mode sur les tables médiévales par les chevaliers de retour des Croisades, ces épices étaient toutefois fort prisées et utilisées en abondance dans la préparation des viandes et gibiers.

J’ai eu beau chercher, je n’ai pas de devinette à vous proposer … j’en suis désolé pour mes lecteurs les plus accros.

Il se fait tard, nous fêtons demain l’anniversaire de mon aîné, lundi est déjà gentiment occupé … il vous faudra attendre mardi !