Je continue et termine mon passage en revue des toponymes bretons issus de mots latins :
Bont que l’on trouve dans les noms de Hennebont (Morb., avec le celtique henn, « vieux ») et Trébont ( Fin., avec tref, « hameau » ) est issu du latin pons, pontis, « pont ».
Gwik, ou Gui, est la transposition du latin vicus, « village ». Accompagné du nom du saint local, on a Guimiliau ( Fin., avec saint Miliau ) et Guisseny ( Fin., avec saint Seny ); avec henn, « vieux », on a Guichen (I.-et-V.) et avec lan, « monastère », on a Guiclan (Fin.).
Ilis est issu du latin ecclesia, « église ». On le retrouve dans le Finistère, dans les noms de Kernilis ( avec kern, « pointe »), de Lannilis ( avec lan, « monastère ») et de Brennilis (avec brenn, « colline »).
Konk est issu du latin concha, « coquille bivalve », cf. le français « conque », d’où son sens toponymique de « baie, petit golfe » que l’on retrouve à Concarneau (Fin., Conca au XIIIè siècle), en breton Konk Kernev, où kernev signifie Cornouaille :« la baie de Cornouaille ». Son diminutif se retrouve dans Le Conquet ( Fin.) qui se nomme en breton Konk Leon, « la baie du Léon ».
Calme du soir, Concarneau – Paul Signac -. Opus 220 (1891), huile sur toile, Metropolitan Museum of Art,
Porzh, du latin portus, « port », se retrouve à Porspoder ( Fin., avec poder, « potier ») et à Pornic et son diminutif Pornichet ( Loire-A.) avec un anthroponyme breton, Nitos.
Gérard GOUVRANT (1946): Le Pornic. Huile sur toile signée en bas à gauche et titrée au dos. Dim.: 46x55cm
Kemenet, issu du latin commendare, a pris le sens de « fief » et a donné Guéméné-sur-Scorff ( Morb., Kemenet-Guégant en 1160, où Guégant est un nom de personne) et Quéménéven (Fin., Kemenetmaen en 1267, avec maen, « pierre » ). Les formes anciennes de Guéméné-Penfao ( Loire-A.) — Les Penfao en 812 avec le breton lis, « demeure seigneuriale», puis Wenmened, id est Candidus Mons en 1123 — plaident plutôt pour une origine selon gwen, « blanc », et méné, « montagne ».
Fao vient du latin fagus, « hêtre », et se retrouve dans le nom de Le Faou (Fin.), pris par synecdoque pour la hêtraie. Le Penfao qui complète le nom du Guéméné vu plus haut, est formé de pen « tête, bout, extrémité » et de fao : il s’agit donc du « bout du bois de hêtres ». Le collectif fagetum, « lieu planté de hêtres, bois de hêtres », a donné Le Faouët ( C.-d’A. et Morb.)— qui n’est pas un diminutif!
Pommerit, du bas latin pommeretum, « pommeraie », se retrouve dans les Côtes-d’Armor à Pommerit-Jaudy, Pommerit-le-Vicomte et à Pommeret.
Restent Castel ( issu de castellum, « château ») déjà vu à Plougastel dans l’article précédent et Hôpital ( du latin hospitale, « maison où l’on reçoit des hôtes», souvent gérée par l’ordre des Hospitaliers de Jérusalem ) ) que l’on rencontre à Hôpital-Camfrout ( Fin.).
Et, puisque tout finit toujours en chanson, voici Léon :
Et vous pouvez me remercier, je vous ai évité ça .