Inspiré par le passage au réfrigerium de la Purgatoire river, me voici parti à la recherche du chaud et du froid dans les toponymes. Les occurrences sont extrêmement nombreuses, comme on pouvait s’en douter et concernent tous les pays.
Il s’agit la plupart du temps de sources naturelles chaudes auprès desquelles il était bon de s’installer, quelquefois de sources froides remarquables pour diverses raisons. D’autres fois, il a pu s’agir de ne caractériser que le climat particulier de l’endroit ou de définir une activité humaine liée à la température.
Je me limiterai aux noms de communes ( et de quelques cantons), laissant de côté les innombrables micro-toponymes, et me cantonnerai à la France, laissant de côté les Hot Springs, Aguascalientes, les Onsens, etc. comme les Cold Springs, Iceland, etc.
NB : Chaque toponyme cité en gras possède au moins sa page wiki que je vous laisse chercher, si votre curiosité l’exige …
Le chaud
- Le thème celtique voire pré-cetique * borb, désignant des sources généralement chaudes ( à rapprocher de Bormo ou Borvo, divinité gauloise qui présidait aux sources thermales) est à l’origine des noms de Boulbon ( B.-du-R.), Bourbon-Lancy (S.-et-L.), B.-l’Archambault (Allier), Bourbonne-les-Bains (H.-Marne) et La Bourboule (P.-de-D.).
- le latin călĭdus, a, um a donné Caudebronde ( avec le pré-latin * bron, « source » et attraction de bronda, « ramille », Aude), synonyme de Caudefond ( Dord.) ainsi que Caudecoste ( avec costa, « côte, colline », L.-et-G.) et Caudeval ( avec vallis, « vallée », Aude).
- le même călĭdus, a, um a donné, après chuintement, Chaudefonds-sur-Layon ( avec fons, « source », M.-et-L.), Chaudefontaine (Doubs, Marne, avec fontāna, dérivé récent de fons) et Chaudesaigues ( avec ăqua, « eau », Cantal).
- le latin caldarium,ĭi, « étuve », a donné Caudiès et Caudiès-de-Fenouillèdes (Pyr.-Or.). Caldāria a donné La Chaudière (Drôme), Cauterets ( avec le collectif -ellum, H.-Pyr.), Chaudeyrolles ( avec le diminutif -eola, H.-Loire) et Chaudron-en-Mauges ( avec –onem, pour désigner une source, M.-et-L.).
- le sobriquet latin Caldārĭus, de caldus, « chaud », désignant peut-être un garçon d’étuve, est à l’origine, avec -anum, de Caudéran (Gir.) et, avec -acum, de Caudry (Nord), Chaudeyrac (Loz.) et Chaudrey (Aube).
Le froid
- du latin frīgĭdus, a, um, « froid » sont issus Fridefont (Cantal) et Froidefontaine (Frigidus fons, terr. de Belfort et Jura). Le même frīgĭdus suivi de -aria a donné La Frédière ( Char.-Mar.). Au féminin, frīgĭda villa est devenue Fréjeville (Tarn).
- du français « froid, froide » : Froideconche (de conche, lat. concha, endroit en forme de « coquille », H.-Saône ), Froideterre (« froide, difficile à cultiver », H.-Saône), Froidevaux (« vallée », Doubs), Froideville ( Jura), Froidfond ( « fond de la vallée », Vendée), Froimond-Cohartille (« mont », Aisne) et Froidos ( Froideau en 1571, à un confluent de l’Aire et d’un ruisseau, Meuse).
- du scandinave kald, « froid » : Caudebec-en-Caux et Caudebec-lès-Elbeuf (S.-Mar.) avec bekkr, « ruisseau ». Attention donc aux faux amis avec les premiers de la liste ! Cf. aussi le francique cald, « froid », qui a donné le nom Caudecotte ( avec cot, « habitation») de trois hameaux (Eure et deux en S.-Mar.).
Le tiède
Les deux toponymes suivants devaient constituer la devinette du jour … jusqu’à ce que je constate qu’ils ne sont pas bien cachés sur la toile. D’où aussi le retard pris pour la publication de ce billet.
- le latin ăqua tepida, « eau tiède », a donné son nom à Ayguatébia-Talau (Pyr.-Or.).
- le basque ur-epel, « eau tiède », se retrouve à Urepel (Pyr.-Atl.).
Urepel en hiver. Cherchez l’eau tiède!
La devinette :
Chaud, froid, tiède …
Quelle commune française doit son nom à un autre mot qualifiant la température de son eau ?
Un indice radieux : 1737 .