Nieregoutte à Saint-Yrieix-le-Déjalat (Corrèze) : la répàladev

TRS le premier, Alyx la seconde et LGF le troisième m’ont donné la bonne réponse à ma dernière devinette. Bravo à tous les trois !

Il fallait trouver Nieregoutte ou Nieregouthe, un lieu-dit de Saint-Yrieix-le-Déjalat, dans le canton d’Égletons de l’arrondissement d’Ussel en Corrèze.

local -Saint-Yrieix-le-Déjalat

cdl e

La toponymie

Nieregoutte : le nom de ce lieu-dit, aussi écrit Nieregouthe sur les cartes IGN, signifie « noire goutte », pour désigner un ruisselet de couleur sombre (de nièro, forme locale pour nègro, « noir » et aussi nom de la puce).

Nieregouthe IGN

Saint-Yrieix-le-Déjalat tout en haut et Nieregouthe tout en bas

Saint-Yrieix-le-Déjalat compte aussi un hameau dit Goutte de l’Est, un autre Goutte de l’Ouest et un dernier nommé Les Gouttes.  À ce niveau-là, ce ne sont plus des gouttes, mais une véritable douche !

Saint-Yrieix-le-Déjalat : attesté sanctus Aredius lo Degalat en 1315, et Sant-Eirièis lou Desjala dans le Trésor du Félibrige, d’après saint Aredius, qui fut chancelier du roi Thibert Ier, roi d’Austrasie, puis disciple de saint Nicet et évêque de Trèves (à partir de 527) et qui fonda le monastère d’Attane autour duquel s’étendit Saint-Yrieix-la-Perche en Haute-Vienne.

Le déterminant le-Déjalat signifie littéralement « le dégelé » mais est donné pour « frileux » dans le Limousin par le Trésor du Félibrige.

Le nom Aredius, devenu Erieis en occitan après la chute du d intervocalique, a été francisé en Yrieix en Limousin (et en Héray en Poitou).

Ce même saint est présent sous la même forme dans les noms de  :

  • Saint-Yrieix-la-Perche (H.-V.), canonicus Sancti Aredii vers 1120 ; le déterminant la-perche n’a pas d’explication bien assurée : le latin pertica désignait « une perche, un long bâton  », particulièrement un pieu fiché en terre pour marquer la limite du finage, mais, par métonymie du sens de « rejeton », il a aussi désigné un bois de jeunes arbres.
  • Saint-Yrieix-sous Aixe (H.-V.), sanctus Aredius Soutayna vers 1315 : le déterminant rappelle la situation du village en aval d’Aixe-sur-Vienne ;
  • Saint-Yrieix- les- Bois (Creuse), sanctus Aredius  vers 1315 ;
  • Saint-Yrieix- la-Montagne (Creuse), Sanctus Aredius vers 1315 ;
  • Saint-Yrieix- sur-Charente (Char), Sanctus Ardeius vers 1300.

CPA St Yrieix le Déjalat

Égletons : attesté de Glutonibus en 1075, de Glotos en 1251, Augloutous en 1410 et Esgletons en 1599-1604, le nom est Aus Gleton en occitan. Ce nom vient du nom de personne germanique Gliuto, au pluriel pour désigner la famille, avec agglutination tardive de la préposition es, « chez les » (TNO*)

Ussel : attesté Oxxello sur une monnaie mérovingienne puis Ussel en 1157, ce nom vient du gaulois *uxello, « élevé » (cf. ce billet). L’adjectif gaulois était usité comme substantif avant la romanisation du pays.

*Les abréviations en gras suivies d’un astérisque renvoient à la bibliographie du blog, accessible par le lien en haut de la colonne de droite.

cdl e

Les indices

indice d 28 05 2023  ■ ce tableau de Gustave Courbet est intitulé Le Ruisseau noir, comme la « goutte noire ».

■ le chef-lieu d’arrondissement Ussel, dont le nom d’origine gauloise signifie « élevé ; hauteur », est bien «  le sommet » de la gauloiserie.

indice c 28 05 2023  ■ cette photo de deux anciens présidents de la république française, tous deux élus de la Corrèze, permettait de réduire les recherches à ce département.

indice b 28 05 2023  ■ il fallait reconnaître, dans cette enluminure du Moyen Âge, le troubadour Bernard de Ventadour de la famille des comtes de Ventadour, dont la  seigneurie eut Égletons comme capitale en 1059.

Les indices du mardi 30 mai 2023

Ma dernière devinette n’a pas eu beaucoup de succès …

Comme d’habitude, j’en recopie l’énoncé , sachant que le mot du jour était « goutte » :

Il vous faudra trouver un nom de lieu de France métropolitaine lié au mot du jour accompagné d’un qualificatif. L’orthographe en est différente selon qu’on consulte les fichiers « officiels » ou les cartes IGN.

La commune qui abrite ce lieu-dit porte le nom du fondateur d’un monastère dans une commune d’un département voisin qui porte elle aussi ce même nom. Au total, six communes portent exactement ce même nom complété par différents déterminants. Celui de notre commune est météorologique.

Le nom du chef-lieu de canton est lié, selon l’hypothèse la plus consensuelle, à celui d’une famille d’origine germanique, avec préposition locative agglutinée.

Un indice :

indice d 28 05 2023

Et je rajoute les traditionnels indices du mardi :

■ le chef-lieu d’arrondissement atteint le sommet de la gauloiserie.

■ une photo :

indice c 28 05 2023

■ et ce cadeau :

indice b 28 05 2023

Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

Une ‘tite goutte ?

Le latin gutta, « goutte », est à l’origine de l’occitan gota, « goutte, petite quantité d’eau » et de l’ancien français gote de même sens. Dans le domaine qui nous intéresse ici, la toponymie, les  gouttes sont des sources, des ruisselets, et parfois des mares ou des terrains humides. Plus spécialement, dans la toponymie méridionale, une goutte ou gota est un ruisseau de faible débit, le plus souvent intermittent, une petite rigole, tandis que dans le Centre et l’Est, ce mot peut désigner une petite source mais aussi un cours d’eau plus important, voire sa vallée.

Ce mot et ses dérivés sont extrêmement nombreux en France : il apparaît plus de 2300 fois dans nos toponymes et micro-toponymes, dont près de 500 écrits goute avec un seul t, auxquels on peut rajouter une quarantaine de noms composés comme clairegoutte ainsi qu’une petite cinquantaine d’occitans gouta ou goutal.

La carte suivante essaie de montrer la répartition des toponymes en goutte selon les régions d’avant la réforme de 2015 (choix assumé puisqu’il permet plus de finesse … et que le choix départemental aurait été trop fastidieux) avec le plus clair (ex. la Bretagne) pour moins de 10 occurrences, puis un peu plus foncé (ex. l’Aquitaine et l’Alsace) pour 10 à 50 occurrences, encore plus foncé (ex. la Bourgogne et le Midi-Pyrénées) pour 100 à 200  occurrences, puis (ex. le Limousin) pour 200 à 300 et enfin le plus foncé (ex. Auvergne) pour plus de 300 occurrences :

GOUTTEcarte-france-region-muettecette carte ne prend en compte que les noms en goutte, omettant les variantes citées plus haut dont les occurrences trop rares n’auraient pas modifié l’ensemble de manière significative.

Tout ceci étant posé et j’espère bien clair, il ne nous reste plus qu’à étudier ces 2400 toponymes. J’ai fait une estimation : à raison de cent par semaine et en soustrayant les congés syndicaux, ça devrait nous amener jusqu’à Noël. J’espère que vous serez encore là.

Goutte

Les hydronymes incluant ce terme sont au moins trois cents, le plus souvent avec un déterminant comme la Goutte d’Ulysse (à Lepuix, T.-de-B.), la Goutte de l’Âne (à Saint-Victor-Montvianeix, P.-de-D.), la Goutte de la Font de Madame (à Camarade, Ariège) et l’inévitable Goutte du Curé (à Miellin, Haute-Saône) etc. Ajoutons des Goutte Noire (à Noirétable, Loire, etc.), le Goutteblave (à Blis-et-Born, Dord., « bleu ») etc. Quelquefois le mot goutte sert de déterminant comme pour l’Étang de la Goutte (Xertigny, Vosges, etc.), la Fontaine de la Goutte (à Flée, C.-d’Or etc), le Ruisseau de la Goutte (à  Grazac, H.-G. etc.) et d’autres.

En ce qui concerne les noms de lieux habités sous une forme simple, citons par exemple La Goutte (hameau à Alzon, Gard), La Goutte (lieu-dit à La Peyratte, Deux-Sèvres), La Goutte (lieu-dit à Hadol, Vosges) et de très nombreux autres. Mais la plupart du temps, le nom est accompagné d’une épithète que ce soit un adjectif qualificatif comme pour  Goutte Claire (à Sauvain, Loire etc.), Bonne Goutte (à Commont, Vosges), Goutte Longue (à Pailhès, Ariège), Goutte Morte (à Bézenet, Allier etc.), Goutte Noire (à Ouroux, Rhône etc.), Peute Goutte (Le Tholy, Vosges – « sale, puante ») etc. ou un nom de propriétaire comme pour la Goutte Martin (à Bully, Rhône), la Goutte Baville (à Corcieux, Vosges), la Goutte Bernard (aux Grands-Chézeaux, Haute-Vienne), la Goutte Claudel (à Rupt-sur-Moselle, Vosges), la Goutte-Jean (Saint-Sébastien Creuse, la Goutte-Jouan en 1547) etc. ou encore un nom commun comme pour la Goutte d’Enfer (à La Chabanne, Allier), la Goutte d’Oie (à Saint-Pierre-de-Noaille, Loire), la Goutte au Chat (à Sidailles, Cher) etc.

CPA Village de la Goutte à Bertignat

Les noms de lieux non habités sont le plus souvent là aussi sous la forme simple La Goutte (à  Island, Yonne etc.), accompagnés d’un qualificatif comme Goutte Nègre (à Tarnac, Corrèze, etc.), Goutte Anne (au Nouvion-en-Thiérache, Aisne) ou encore du type Bois de la Goutte (Bors, Char. etc), Terre de la Goutte (à Cussy-en-Morvan, S.-et-L.) etc.

Le pluriel apparait lui aussi dans des noms comme Gouttes (à Seilhac, Corrèze, lo mas de las gotas au XIIIè siècle), le Pont des Gouttes (à Baugy, S.-et-L.), les Gouttes Closes (à Chenay-le-Châtel, S.-et-L.), les Gouttes Chaudes (à Saint-Aignant-de-Versillat, Creuse), les Grandes Gouttes (à Gerbépal, Vosges etc.) et bien d’autres.

Mention spéciale pour la trentaine de Goutte d’Or. Trois cours d’eau seulement portent ce nom (Renève, C.-d’Or ; Serquigny, Eure ; Verneuil, Marne) sans doute en référence à leur couleur. Les lieux-dits habités ainsi nommés peuvent l’être en souvenir d’une enseigne de cabaret où on vendait un vin blanc : c’est le cas du célèbre quartier parisien de la Goutte d’Or (XVIIIè arrondissement) où des vignes étaient déjà mentionnées en 1474. Les lieux-dits non habités peuvent devoir leur nom à la présence de vignes.(on en compte dix rien que dans la Marne, soit la moitié).

Goute

L’orthographe avec un seul t vient de la transcription en français de l’occitan gota, d’où la présence exclusive de ces toponymes dans le Midi de la France.

Les hydronymes sont là aussi très présents avec des Goute Longue et Goute Male (à Boussenac, Ariège etc.)  et de nombreux Ruisseau de la Goutte (à Boulx, H.-G. etc.) ou Fontaine de la Goute (à Massat, Ariège etc.).

Les lieux-dits, habités ou non, sont représentés par des noms comme Goute (à Molère, H.-P. etc.), Goute Sèque (à Capvern, H.-P., « sèche »), Goute-Peyrouse (à Saint-Antonin de Lacalm, Tarn, « pierreuse ») et bien d’autres.

Une trentaine prennent la forme plurielle  Les Goutes (à Tillac, Gers etc.) parmi lesquelles on notera la forme hybride Las Goutes (à Antin, H.-P. et à Vabre, Tarn).

Gota et Goutal

L’occitan gota a été conservé dans peu de noms dont Gota (à Saint-Symphorien-de-Mahun, Ardèche) et Goutalong à Boisset (Cantal) mais la forme goutal, qui désigne plus précisément un pré arrosé par une source, voire un coin verdoyant dans un bois, une clairière humide, apparait dans des noms comme le Ruisseau de Goutal (à Lagineste, Lot etc.), la Source du Goutal à Beaumont (Ardèche) etc. et des lieux-dits comme Goutal (à Alairac, Aude, etc.), les Goutals (à Saint-Urcize, Cantal) ou encore les Goutalles (à la Roche-Vineuse, S.-et.L.), etc. La forme goutalh donnée par le Trésor du Félibrige  se retrouve dans des noms comme le Goutail (à la Beaume, H.-A., etc.), le Goutaillon (à Écoche, Loire etc.), le Goutaillet (à Laborel, Drôme) et quelques autres.

Noms suffixés et composés

Un premier diminutif est représenté par le nom de La Goutelle, commune du Puy-de-Dôme, et par des noms de lieux-dits identiques, au singulier Goutelle (à Espiens, L.-et-G. etc) ou au pluriel Goutelles (à Teyssieu, Lot etc.).

Un autre diminutif (formé sur le latin –iculum) se retrouve dans le nom de Gouteil (à Artigat, Ariège etc), des Gouteilles (à Sainte-Urcize, Cantal etc.), du Goutheil (à La Jonchère-Saint-Maurice, H.-V.) et même sous une forme doublement diminutive dans les noms de la Gouteillotte (à Fresse, H.-S.) et des Gouteillons (à Crozon-sur-Vauvre, Indre).

D’autres diminutifs apparaissent dans des noms comme la Goutine, nom entre autres d’un petit affluent du ruisseau de Couffoulens à La Tourette-Cabardès (Aude, in reco de Gotinis en 1298) et de plusieurs-dits ou La Goutille, nom entre autres d’un ruisseau à Campan (H.-P.) et de plusieurs lieux-dits.

CPA La Goutelle Bière La fauvette

Ah ! La bière La Fauvette ! Brassée à  Clermont Ferrand depuis … longtemps !

Une forme collective se retrouve dans le nom de deux communes Gouttières (Eure, Gutteria en 1210 et P.-de-D., Goteria en 1250-63) et dans celui de nombreux lieux-dits au singulier comme au pluriel.

Enfin, « goutte » entre en composition dans des noms comme Clairegoutte (une commune en Haute-Saône, Clara Gutta au XIVè siècle, et sept lieux-dits), Noiregoutte (une dizaine de lieux-dits), Mortegoutte (une dizaine de lieux-dits) auxquels il convient d’ajouter le nom de Gouttevernisse (H.-G., Gutta vernissa en 1246, du gaulois verno, « aulne » : « la goutte de l’aulnaie »).

Au risque d’en décevoir certains, je signale qu’il n’y a pas plus de goutte à Percha que de goutte en Tag. Il fallait que ce soit dit.

Eh bien, voilà. Z’êtes encore la ? Ça tombe bien, c’est l’heure de la devinette. Oui, c’est ça, Corinne Titegoutte.

rog

La devinette

Il vous faudra trouver un nom de lieu de France métropolitaine lié au mot du jour accompagné d’un qualificatif. L’orthographe en est différente selon qu’on consulte les fichiers « officiels » ou les cartes IGN.

La commune qui abrite ce lieu-dit porte le nom du fondateur d’un monastère dans une commune d’un département voisin qui porte elle aussi ce même nom. Au total, six communes portent exactement ce même nom complété par différents déterminants. Celui de notre commune est météorologique.

Le nom du chef-lieu de canton est lié, selon l’hypothèse la plus consensuelle, à celui d’une famille d’origine germanique, avec préposition locative agglutinée.

Un indice :

indice d 28 05 2023

Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

Cluaye à Vérignon et Ampus (Var) : la répàladev.

podium-vide-2  Vide. Le podium est resté vide : personne n’a trouvé la solution à ma dernière devinette.

Il fallait trouver le lieu-dit Cluaye à Vérignon et le Plan de Cluaye et la Gorge de Cluayes à Ampus, dans le canton de Flayosc du département du Var.

local-Flayosc-1000px

Plus précisément, les lieux-dits sont ici :

IGN CLUAYE Capture

La ligne · ·—  marque la limite communale : à gauche Vérignon, à droite Ampus.

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La toponymie

Cluaye : ce nom est un dérivé provençal de cluo, « cluse ». Cf. le site de Ferdinand Petrucci duquel je récupère cet extrait :

CLUAYE Capture

La logique voudrait que ce nom ait d’abord été donné à la gorge de Cluaye(s) puis qu’il soit passé au plan de Cluaye et enfin au lieu-dit Cluaye.

À ma connaissance, il s’agit des trois seuls exemples de ce nom en toponymie.

Vérignon : attesté Verignum en 1098, castrum Verignoni en 1232 du nom d’homme latin Verinius et suffixe –onem. Ce dernier pourrait avoir été formé sur le nom des Verucini, tribu gauloise mentionnée par Pline dans son Histoire naturelle, qui semble lui-même dériver du gaulois veru, « généreux ».

Ampus : attesté Impuris en 990-997, du latin emporium (du grec ἐμπόριον), « place de commerce » généralement maritime ou fluviale.

Flayosc : attesté Flaiosco au XIè siècle, du nom d’homme latin Flavius et suffixe ligure oscum (cf. ici).

CPA Flayosc Reinesse

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Les indices

indice a 24 05 1953 ■ cette photo représente les restes de l’emporium, port fluvial de Rome et devait montrer le chemin vers Ampus.

■ le culte de la grenouille ou la légende de la Reinesse : « à Flayosc même, près de la porte dite de la « Reinesse », la chapelle du « Père Eternel » dont subsistent quelques vestiges dans une cave, fut construite sur l’emplacement d’un ancien temple christianisé avant le Ve siècle. D’après la légende le nom de « reinesse » viendrait de « rainette », petite grenouille qui était l’objet d’un culte païen.» (ici). Plus vraisemblablement, le nom viendrait de celui de la reine Jeanne Ire qui aurait fait creuser le canal d’irrigation de la ville en 1365.

Les indices du mercredi 24 mai 2023

L’énoncé minimaliste de ma dernière devinette et l’absence d’indice ont eu l’effet qu’on pouvait en attendre : personne n’a résolu l’énigme.

En voici de nouveau l’énoncé :

Il vous faudra trouver un toponyme lié au mot du jour [cluse, clue] que l’on trouve à trois reprises dans deux communes voisines du même canton : une fois comme nom d’un lieu-dit dans la première et deux fois comme déterminant d’un nom de relief dans la seconde.
Le nom de la première commune est issu de celui d’un homme latin avec un suffixe latin.
Le nom de la seconde vient d’un mot latin issu du grec.
Le nom du chef-lieu de canton est issu de celui d’un autre homme latin mais avec un suffixe non latin.

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Et voici donc le traditionnels indices-du-mardi-mais-comme-ils-n’ont-pas-été-publiés-hier-sont- maintenant-les-indices-du-mercredi :

■ la devinette concerne la France métropolitaine ;

■ l’homme latin qui a laissé son nom à la première commune portait (peut-être) un nom issu d’un gentilé gaulois (et ce serait alors le seul exemple) ;

■ pour la deuxième commune :

indice a 24 05 1953

■ le suffixe du nom du chef-lieu de canton n’est ni latin, ni celtique … ni grec.

■ selon la légende, avant la christianisation, les habitants du site où s’éleva le chef-lieu du canton auraient voué un culte à une grenouille, d’où le nom donné à une de ses portes.

Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

Cluses et clues

lettrine M ot principalement alpin et jurassien, une « cluse » désigne une vallée creusée par une rivière en travers d’un axe anticlinal, une gorge, un passage profond resserré entre deux montagnes qui fait communiquer deux vallées.

Ce mot est issu du latin médiéval clusa, « col, gorge, défilé », lui-même participe passé féminin du verbe latin cludere, variante de claudere, « clore », à comparer au gaulois *cleus, « vallée creuse ».  Au Moyen Âge, il pouvait s’agir pour certaines de ces cluses d’une vallée pouvant être facilement fermée ou protégée par un fort.

L’entrée dans les vallées des Alpes du nord se fait par des cluses qui permettent de traverser les massifs préalpins : les cluses de Voreppe, de Chambéry, d’Annecy, de l’Arve.

Dans les Hautes-Alpes, La Cluse (attestée Cluzita en 1150, « la petite cluse » et castrum de la Clusa en 1245) est une ancienne commune dans les gorges de la Béoux qui tranchent la montagne, aujourd’hui simple localité de la nouvelle commune de Dévoluy.

Cluses (Cura de Cluse et Castellionis vers 1344, Clusa au XIIIè siècle) est une commune de Haute-Savoie dans la vallée de l’Arve dont on retrouve le nom comme déterminant de Châtillon-sur-Cluses et de Nancy-sur-Cluses, dans le même département. La forme arpitane de ce nom, avec la finale atone –az, a donné La Clusaz (Cura Cluse loci Dei vers 1344, Clusa Locus Dei en 1354 et La Cluse-Lieu-Dieu jusqu´en 1772) dans le même département ainsi que la Clusaz à Bellevaux (H.-Savoie) et à Saint-Alban-Leysse (Savoie).

Ce même mot entre en composition dans le nom de La Cluse-et-Mijoux (Doubs ; Mijoux est issu du latin medium, « milieu », et jugum, « hauteur, montagne »), de Montréal-la-Cluse (Ain ; il s’agit de la cluse de Nantua) et de Saint-Martin-de-la-Cluze (Isère ; Clusa au XIè siècle).

CPA Fort de l'Écluse Le Fort l’Écluse, construit au-dessus du Rhône pour protéger la cluse, dite défilé de l’Écluse, entre pays de Gex et Jura, est un ancien « fort de la cluse » comme l’attestent les formes anciennes du nom : castrum de Clusa en 1277, Clusa de Gaio (de Gex) en 1286, La Cluse de Gaz en 1292, Domus fortis de Clusa de Gaio en 1305 et Fort-de-la-Cluse au XVIIIè siècle,

Les micro-toponymes sont plus nombreux avec une quinzaine de lieux-dits Cluse(s) comme la Cluse de Bange  à Arith (H.-Sav.),  la Cluse d’Entreportes à Lent (Jura), la Cluse de Préau à Mérignat (Ain) etc.

Les formes diminutives sont représentées par le Cluset (à Aix-les-Bains, Savoie ; à Saint-Julien-la-Brousse, Ardèche ; à Baverans, Jura et quelques autres) ou la Clusette (à Labergement-Sainte-Marie, Doubs).

Avec le sens plus restreint de vallis clusa, « vallée close » on trouve bien entendu les noms de Vaucluse et de son diminutif Vauclusotte (Doubs), de Fontaine-de-Vaucluse (Vauc.) et du département du Vaucluse ainsi que de Verclause (Drôme, Vallis Clausa en 1262). Toujours avec le sens de « fermé », on peut signaler la fontaine de Font-Cluse à Meynes (Gard) et le lieu-dit Foncluse à Claveisolles (Rhône), des « sources closes ».

Dans les Alpes, ces vallées étroites ont pu fournir des alpages encaissés, des « alpes closes », d’où les noms des Chalets d’Arclosan à Saint-Ferréol (H.-Sav.) et des Prés d’Arclusaz (Ad Alpem Clusam au XIè siècle, Alpis de alta clusa en 1251), composés avec ar dérivé de alp, « alpe ».

Dans les Alpes du sud, cluse est devenue clue, comme pour les Clues de Barles (d’abord au singulier dans hospitalis de Clusa en 1351) dans les Alpes-de-Haute-Provence correspondant aux gorges du Bès, la Clue d’Aiglun à Sallagriffon (A.-Mar.), la Clue d’Amen à Guillaumes (id.) et de nombreuses autres dont un étonnant Beau Clue à Prads-Haute-Bléone (A.-de-H.-P.) auxquels s’ajoutent une vingtaine de lieux-dits, dont une Grosse et une Petite Clue à Nans-les-Pins (Var). Un diminutif se voit à La Cluette à Roquestéron-Grasse (A.-Mar.).

Le provençal clua apparait dans sept La Clua des Alpes-Maritimes (à Châteauneuf-d’Entraunes, Lantosque, Daluis, Puget-Théniers, Roquebillière, Tourrettes-Levens et Nice).

Dans les Pyrénées-Orientales la commune nommée Les Cluses (Castrum Clausuras en 673 raccourci en Clusas au IXè siècle) a été à tort appelée l’Écluse jusqu’en 1984. On y trouve la Cluse Basse, la Cluse del Mig et la Cluse Haute. la présence de ce toponyme dans les Pyrénées viendrait du fait que le terme clausuras a pu désigner une douane pour encaisser des droits de passage et un poste de contrôle militaire

Cluseau

Rog-loupe-rouge

 

La devinette

Il vous faudra trouver un toponyme lié au mot du jour que l’on trouve à trois reprises dans deux communes voisines du même canton : une fois comme nom d’un lieu-dit dans la première et deux fois comme déterminant d’un nom de relief dans la seconde.
Le nom de la première commune est issu de celui d’un homme latin avec un suffixe latin.
Le nom de la seconde vient d’un mot latin issu du grec.
Le nom du chef-lieu de canton est issu de celui d’un autre homme latin mais avec un suffixe non latin.

Par manque de temps, je ne peux pas vous proposer plus d’indices ce soir.
Et il n’y en aura probablement pas avant mercredi.

Réponse attendu chez leveto@sfr.fr

Penn Yan (New-York, USA) : la répàladev

Hervé puis LGF ont rejoint Jacques C. sur le podium des « solutionneurs » de ma dernière devinette. Bravo à tous les trois !

Il fallait trouver Penn Yan, une ville du comté de Yates dans l’état de New-York aux États-Unis d’Amérique.

newyork1

Penn Yan : ce nom est constitué des premières syllabes du nom Pennsylvania de l’état étasunien voisin d’où venaient les premiers colons et du nom Yankees qui désignait à l’origine les colons venus de Nouvelle-Angleterre. The Public Universal Friend, né Jemina Wilkinson en 1752, dont la théologie était proche de celle des quakers, mettant l’accent sur le libre arbitre, luttant contre l’esclavage et prônant l’abstinence sexuelle, fonda en 1789 une colonie baptisée Jerusalem près du lac Keuka. Une dizaine d’années plus tard, Penn Yan fut créée non loin de là par ses adeptes et le nom sera officialisé quand la ville, devenue prospère, deviendra, en 1826, le siège du comté de Yates.

Penn Yan Map

Pennsylvanie : au XVIIè siècle, après un début de colonisation suédoise, cette région était passée sous autorité anglaise, mais sans statut et sans nom particulier. William Penn, fils de l’amiral du même nom, s’en avisa. Considéré alors comme excentrique, il avait adopté les idées et les comportements des quakers, avait déjà été arrêté et même emprisonné à cause de ses « scandaleuses » prédications. Pourtant, avec beaucoup d’audace, en 1681, il proposa au roi Charles II de lui concéder cette terre contre l’annulation d’une créance de plusieurs milliers de livres sur la couronne, dont il avait hérité à la mort de son père. Le roi accepta en gardant néanmoins le privilège de choisir le nom de cette province particulière. Avec ironie, il l’appela, officiellement en néolatin, Pennsylvania, un nom qui évoquait à première vue le caractère forestier de la région et en désignait le possesseur. Mais, en filigrane, Penn y apparaissait comme le titulaire, rustre et libertin, d’une terre sauvage. Malgré ses protestations, le nom fut conservé, le roi expliquant qu’il avait voulu ainsi honorer aussi son père, l’amiral William Penn, et que par ailleurs, penn était un mot gallois signifiant « tête, sommet, mont ».

Yankee : Le linguiste Henry Louis Mencken aurait recensé seize étymologies différentes qui ont été suggérées pour ce mot au cours du temps. La page wikipedia en détaille les six principales, trois néerlandaises et trois amérindiennes. Je me garderai bien de trancher.

comté de Yates :  ce comté a été fondé en 1823 et nommé en hommage à Joseph C. Yates, alors gouverneur de l’état de New-York

Yates carte 1897

Le comté de Yates en 1897 avec Penn Yan à la pointe du lac Keuka

Lac Keuka : il fait partie des Finger Lakes (« lacs en forme de doigt ») mais a la particularité d’être en forme de Y contrairement aux autres qui sont longs et étroits,  ce qui lui a valu le nom de Crooked Lake, « lac tordu ». Les Amérindiens de langue seneca l’appellaient Keuka, ce qui signifierait « embarcadère pour canoës » ou « lac avec un coude ».

Pour finir, ça n’a pas été simple, mais j’en ai trouvé deux (ne me remerciez pas, TRS) :

CPA Penn Yan

Penn Yan en 1871

CPA Penn Yan ca 1910

Penn Yan vers 1910

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Les indices

indice-b-14-05-2026 ■ le portrait de Sean Penn (dont je ne sais pas s’il a un quelconque lien généalogique avec William Penn) pour la première partie du nom de Penn Yan.

Yankee doodle pour la deuxième partie du nom de Penn Yan. Le choix de la parade de Dublin était là pour égarer les chercheurs …

indice a 16 05 2023  ■ Cette gravure de D. Roberts datée de 1885 représentant La vallée du Cédron et Jérusalem devait aiguiller vers la ville de Jérusalem (N.Y., USA) d’où étaient originaires les fondateurs de Penn Yan. J’avais déjà utilisé cette même gravure pour la « petite Jérusalem médiévale », surnom de Lunel dans l’Hérault (France).

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Je termine avec une dernière précision à propos de ma réponse à Brosseur qui me proposait un lien vers une list of geographic portmenteaus de chez wiki, sans plus d’explication. Je lui  répondais : « Heureusement, ils n’y sont pas tous ! ». Il semble qu’il ait compris que la réponse à la devinette ne figurait pas dans cette liste … ce qui est faux, puisque Penn Yan y figure bien, tout en bas, dans les Others portmenteaus. Quand je disais qu’ils n’y sont pas tous, c’est simplement que cette liste en oublie quelques uns (oui, ma formulation était trompeuse mais c’était voulu). Et je ne vous dirai pas lesquels sont oubliés, bien entendu : je les garde pour d’éventuelles futures devinettes…

Les indices du mardi 16 mai 2023

Jacques C le seul et très vite m’a déjà donné la bonne réponse à ma dernière devinette. Félicitations !

Pour les fainéants qui n’ont pas cliqué sur le lien précédent et pour ceux qui savent que c’est inutile puisque de toutes façons je recopie toujours l’énoncé de ladite devinette, le voici donc :

Il vous faudra trouver une localité étasunienne dont le nom est constitué de la première syllabe du nom du lieu d’origine d’une partie des premiers colons suivie de la première syllabe du nom qui avait été donné aux autres. Étrangement, ces deux syllabes ne sont (aujourd’hui)  ni collées ni jointes par un trait d’union mais s’écrivent séparément, chacune avec une majuscule initiale — comme s’il existait une ville appelée Fran Boch, de France et Boche.

Les premiers colons étaient en majorité membres d’une communauté religieuse fondée non loin de là à la fin du XVIIIè siècle par une personne qui mettait l’accent sur le libre arbitre, prônait l’abstinence sexuelle et s’opposait à l’esclavage.

Il était accompagné des deux indices suivants :

■ un portrait :

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■ et une vidéo à voir en suivant ce lien  (et toc ! vous voilà obligés de cliquer, fainéants !).

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Et cher public, mon ami, je rajoute aujourd’hui ces indices :

■ la localité à trouver est bordée par un lac tordu qui servait de débarcadère de canoës.

■ une gravure pour la localité d’origine de la communauté religieuse à laquelle appartenaient les premiers colons :

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Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

Retour aux USA

Une nouvelle fois pris par le temps (la retraite est décidément une succession ininterrompue de trois mille mètres steeple …), je ressors aujourd’hui quelques toponymes étasuniens remarquables, notés sur mes fiches lors de mes précédentes recherches.

Les noms des fondateurs

Comme déjà vu dans des billets consacrés aux « topofabs », de nombreuses localités ont été nommées par un mot-valise constitué à partir du nom de leurs fondateurs. En voici quelques autres :

Elwin (Illinois) a été fondée par Elwood et Martin. Son nom est un homonyme de celui du saint irlandais Elwin ou Elouan qui a laissé son nom à Elven (Morbihan, France).

Bucoda (Washington) a été fondée en 1848 par Aaron Webster (1828- 1911) qui revendit sa scierie en 1872 à Oliver Shead, lequel baptisa l’endroit Seatco, d’un mot amérindien signifiant « diable ». La ville fut rebaptisée par la suite à partir des noms de  Buckley, Coulter et Davis, trois entrepreneurs venus s’installer là.

Gilsum (New Hampshire) a été fondée en 1752 sous le nom de Boyle en hommage à Richard Boyle.Les nombreuses attaques amérindiennes eurent raison des premiers pionniers et il fallut attendre 1763 pour que Samuel Gilbert et Benjamin Summer y créent une municipalité qui sera baptisée des premières syllabes de leurs noms.

Eldorado (Illinois) : contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce nom est issu de celui des fondateurs en 1858, le juge Samuel Elder et son voisin William Reed à partir desquels on a fait Elderedo. La tentation était alors grande et la légende locale raconte que le peintre chargé d’écrire le nom de la gare sur son fronton écrivit Eldorado, nom qui est définitivement resté.

Provo (Utah) : d’abord appelé Fort Utah à sa fondation en 1849, la localité fut rebaptisée Provo l’année suivante en hommage à Étienne Provost, un trappeur canadien français qui était arrivé là dès 1825 et fut le premier blanc, dit-on, à avoir vu le Grand Lac Salé. (oui, je sais : il ne s’agit pas d’un mot-valise, mais plutôt d’un mot dévalisé puisqu’on lui a enlevé deux lettres. Où le classer mieux qu’ici ?)

Les noms imaginatifs

Nameless (Georgia) a été ainsi nommée Sans Nom en 1886 après que l’administration a refusé toutes les autres propositions. On sait que Marseille (B.-du-R., France) a été renommée Ville-Sans-Nom durant la Révolution…

Alpha (Ohio), ainsi nommée en 1850 car elle était la première localité officielle de l’endroit.

Key (Ohio), d’après la lettre K sans raison particulière (on sait que l’administration, notamment le Post Office, imposait le choix d’un nom avant d’ouvrir un bureau de poste, signe de la reconnaissance officielle de la municipalité).

Novelty (Ohio) : ainsi baptisée because the name is unique and of unknown origin (« parce que ce nom est unique et d’origine inconnue ») selon la proposition transmise par les fondateurs à l’administration postale qui l’a acceptée. Un célèbre café plus que centenaire de Salamanque en Espagne porte ce même nom, comme un café de Montpellier et d’autres mais je ne sais pas s’il y a un lien entre tous ces noms.

Ogreeta (Caroline du Nord) : ce nom sans signification aurait été fabriqué par souci d’originalité. D’autres sources prétendent qu’il s’agit d’un mot amérindien mais sans pouvoir en préciser ni la langue ni la signification.

Artic (Californie ) : cette minuscule localité minière en plein désert Mojave ne semble plus exister aujourd’hui mais elle a laissé son nom à un Artic Canyon. Les premiers chercheurs d’or, surpris par la chaleur, l’avaient baptisée Artic par dérision.

Les noms mystérieux

Ninety Six (Caroline du Sud) : les explications sur l’origine de ce nom sont nombreuses mais aucune ne fait l’unanimité au point qu’on doute de la connaitre un jour. La première hypothèse est celle d’une erreur qu’auraient faite les premiers trappeurs en estimant la distance qui les séparait du camp de la tribu de Cherokees avec lesquels ils commerçaient : ils auraient mesuré 96 miles (154 km) alors qu’il n’y en a que 78 (126 km). La deuxième hypothèse est celle d’un compte, là aussi erroné, des rivières à traverser pour rejoindre Lexington, la « grande » ville la plus proche. Une troisième hypothèse parle d’une corruption d’une locution galloise nant-synch signifiant « ravin sec », mais rien ne vient confirmer que le premier fondateur, un certain Robert Goudey, ait été Gallois, Anglais, Écossais ou même Allemand. Enfin, une dernière hypothèse imagine des cartes réalisées par les premiers trappeurs sur lesquelles auraient été notées en chiffres les rivières à traverser sur différentes pistes : il y en aurait 9 plein Ouest jusqu’à la Savannah River et 6 plein Sud jusqu’à la Saluda River ; un bourg situé là aurait été ainsi appelé 96  (mais on se demande bien pourquoi ne pas l’appeler 69 ?) …

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Yreka (Californie ) : Mark Twain raconte dans son autobiographie que ce nom viendrait d’une toile devant servir d’enseigne sur laquelle avait été peint le nom BAKERY, « boulangerie »,  qui était en train de sécher à l’envers avec un pli rendant le B invisible lorsqu’un nouveau prospecteur y lut YKERA et crut qu’il s’agissait du nom de l’endroit. Son erreur se répandit et ne fut pas corrigée. Le nom viendrait en réalité du mot amérindien wai’ka qui signifierait « montagne du Nord » ou « montagne blanche », le nom du Mont Shasta en langue shasta.

Denton (Maryland ) : cette localité avait été baptisée Eden Town en 1781, en hommage à sir Robert Eden, le dernier gouverneur royal du Maryland (1769-76). Sans raison apparente, le nom a été raccourci à Denton. Rien ne prouve qu’il y ait eu une influence quelconque du nom de Denton (Texas) qui doit le sien au capitaine John B. Denton (1806-1841) tué lors d’une bataille contre des Creeks.

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La devinette

Il vous faudra trouver une localité étasunienne dont le nom est constitué de la première syllabe du nom du lieu d’origine d’une partie des premiers colons suivie de la première syllabe du nom qui avait été donné aux autres. Étrangement, ces deux syllabes ne sont (aujourd’hui)  ni collées ni jointes par un trait d’union mais s’écrivent séparément, chacune avec une majuscule initiale — comme s’il existait une ville appelée Fran Boch, de France et Boche.

Les premiers colons étaient en majorité membres d’une communauté religieuse fondée non loin de là à la fin du XVIIIè siècle par une personne qui mettait l’accent sur le libre arbitre, prônait l’abstinence sexuelle et s’opposait à l’esclavage.

■ et un indice :

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■ et de deux :

Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

Mennevret (Aisne), la répàladev

LGF est , une fois de plus, le seul à m’avoir donné la bonne réponse à ma dernière devinette. Félicitations !

Il fallait trouver Mennevret, une commune du canton de Guise, dans l’arrondissement de Vervins dans l’Aisne.

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Mennevret, là haut, dans le nord

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Toponymie

Mennevret : le Dictionnaire topographique du département de l’Aisne (Auguste Matton, 1871) nous donne les formes anciennes du nom suivantes : Meslevrel (1217), Meislevrel (1220), Mellevriel (1232), Mainlevrel (1260), Maisnevrel (1550), Mainevrel (1561), Mainlevret (1567), Mainnevret et Mainevrelle (1630), Mainevrette (1642), Mainnevreil (1709) et Mainevreel (1710).

La première forme attestée est composée du dérivé régional mes du latin mansus, « ferme », accompagné du produit levrel du latin leporellus, « lièvre ». Il s’agissait donc de la « ferme aux lièvres ». Au XVIè siècle, le suffixe diminutif –el a été remplacé par –et, plus courant, tandis que l a été dissimilé en n. Cette explication a été donnée par M.-T. Morlet en 1954 (La Toponymie de la Thiérache, in Revue Internationale d’Onomastique, 6e année N°4) puis reprise par Dauzat & Rostaing (DENLF*), S. Gendron (ONLF*) et J. Chaurand et M. Lebègue (NLP*). Ces  derniers auteurs envisagent également la possibilité d’un anthroponyme dérivé du latin leporellus, comme Levret qui est bien attesté.

E. Nègre (TGF*) émet l’hypothèse d’un nom formé du latin mansus, « habitation rurale », et de l’adjectif liberalis « d’hommes libres » par opposition à mansus servilis, « demeure de serfs ». Ces deux locutions sont bien attestées dans le Novum Glossarium (Franz Blatt, 1959) mais E. Nègre est bien le seul à soutenir cette hypothèse.

CPA Mennevret

Guise : attesté Cuciam en 884,  Gusia au XIIè siècle, Guzia en 1161, Wisia en 1164 et Guisa en 1174, du nom d’homme gallo-romain Cutius au féminin pour Cutia villa. La forme Wisia de 1164 a pu faire penser à un ancien haut allemand Wisa, « pré, pâturage », qui serait le nom originel de la ville (DNLF*). Le nom de la localité est à l’origine de celui de la maison de Guise qui s’est illustrée pendant les guerres de religion.

Vervins : mentionné comme Verbinum sur l’Itinéraire d’Antonin (IIIè siècle), Vervinz en 1138, Vervin en 1164, du gaulois verbi, « vache » et suffixe inum (DENLF*, TGF*). De son côté, P.-H. Billy (DNLF*) s’appuyant sur la forme Virobinum dans l’Itinéraire de Macquenoise, propose un composé du gaulois *ver(o), « sur-, super- » avec *bino, « forteresse » et précise qu’« à défaut de vestiges de fortification antique, le site même de la ville se prête parfaitement à l’édification d’une fortification de hauteur » (ben tiens … et à l’élevage de vaches, aussi).

*Les abréviations en gras suivies d’un astérisque renvoient à la bibliographie du blog, accessible par le lien en haut de la colonne de droite.

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Les indices

■ la chanson révolutionnaire Ça ira ! Ça ira ! devait faire penser à un héros de Révolution. Je précisais « si ça peut vous éclairer » en mentionnant qu’il fallait penser au titre d’une brochure écrite par ledit héros. Éclairer ? À la lanterne, bien sûr !, là où devaient se faire pendre les aristocrates.  On pouvait alors penser au Discours de la Lanterne aux Parisiens, une brochure écrite et publiée en septembre 1790 par Camille Desmoulins, né à Guise le 2 mars 1760 et dont une statue orne la ville.

indice a 09 05 2023  ■ la maison de Bugs Bunny, c’est-à-dire la maison du lièvre.