À cheval !

En 1990, une étude a daté la domestication du cheval de 6000 ans av. J.-C. dans les plaines d’Ukraine, mais on considère qu’elle n’ a vraiment pris son essor que vers 4000  av. J.-C., c’est-à-dire tardivement par rapport à celle du chien ou des bovinés par exemple. Les Mongols et leurs descendants se sont ensuite répandus pendant des siècles vers l ‘Est jusqu’en Chine, le Sud-Est jusqu’en Inde et l’Ouest jusqu’à l’Atlantique, amenant avec eux leurs chevaux. On a commencé à monter à cheval en Europe occidentale dès 3200 av. J.-C. Les Gaulois et les Germains utilisaient un petit cheval d’ à peine plus d’ un mètre au garrot, race qui disparut à l’âge du fer, vers 800 av. J.-C, pour être remplacée par un tarpan méridional plus grand de trente centimètres, utilisé notamment par les Celtes lors de leur implantation en Europe occidentale et ancêtre probable des races domestiques actuelles.

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La cavalerie celte à la parade ( détail du chaudron de Gundestrup ; Danemark –

IIe siècle av. J-C )

Le mot gaulois pour cheval était epo. On ne le retrouve dans aucun toponyme actuel, mais sa présence est pourtant attestée dans Yvois, l’ancien nom de Carignan dans les Ardennes, qui s’appelait Epoisso au IVè siècle, avant de changer de nom en 1662 pour le duc Eugène-Maurice de Savoie, branche des Carignano. Les habitants de Carignan sont pourtant  restés des Yvoisiens. De la même façon, la commune d’Albon, dans la Drôme, s’est d’abord appelée Epao, en 517, avant de prendre un nom d’homme latin, Albus. Les Gaulois avaient un autre mot pour désigner leur petit cheval: il s’agit de manduo, que l’on retrouve dans le nom de Mandeure (Doubs ; Epomanduodurum au IVè siècle, avec –durum, « forteresse », simplifié plus tard en  Mandroda) et qui a fourni le sobriquet Manduos, à l’ origine du nom de Manduel, dans le Gard.

Le latin caballus, cheval, a fourni les noms de La Cavalerie ( Aveyron) et de Cavalière (Var). La commune de Cavalaire, dans le Var également, s’est d’abord appelée Heraclea Caccabaria, d’origine pré-latine, avant de voir son nom rhabillé en Cavallaria, sans doute à cause d’un élevage de chevaux. Quevauvilliers (Somme) est issu du même mot latin caballus, et de villare, ferme.

L’ancien français poutre, « jument », a donné son nom à Lapoutroie (Haut-Rhin), tandis que le basque behor, de même sens, accompagné du suffixe locatif -gui, a donné Behorleguy, dans les Pyrénées-Atlantiques.

Ce sont les langues germaniques qui ont été les plus prolifiques:

  • hros, « cheval », (cf. anglais horse) a donné Rebergues (Pas-de-Calais , Rosberge, en 1120) avec berg, «montagne» et, avec bach, « ruisseau »,  Rebais (S.-et-M.), Rebets (Seine-Mar.), Rebetz (Oise), Robecq (P.-de-C.) et Roubaix (Nord). Rossfeld ( Bas-Rhin) est formé avec feld, «  champ ».

  • marah, autre nom du cheval, a donné Marbache (Meurthe-et-Moselle) et Marbaix (Nord), avec bach, «ruisseau».

  • Le nom d’homme Marcheo, dérivé de marc-, « cheval », a pu donner Marquion, Pas-de-Calais.

  • Le breton marc’h, accompagné de penn, « tête », est à l’origine de Penmarch (Finistère).

  • hangist, « étalon », a fourni Hangest-en-Santerre et Hangest-sur-Somme, tous deux dans la Somme.

6f843-cheval-blanc2528vaucluse2529Pour être complet, il faut rappeler le nom de Cheval-Blanc (Vaucluse) issu d’une enseigne d’auberge.

La liste des micro-toponymes mentionnant le cheval est innombrable, je me contenterai de citer le col de La Baraque du Cheval Mort, dans la Margeride.

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