Fleurs d’hiver

aubepinearbreOn a vu dans le précédent billet l’aubépine en fleur au début de l’hiver, une période dite de l’été de la Saint-Martin.

On sait que ce dernier est mort en Indre-et-Loire à Candes-Saint-Martin, où les Poitevins et les Tourangeaux se disputèrent sa dépouille. Pendant la nuit, ces derniers enlevèrent le corps, le chargèrent sur une barque et lui firent remonter la Loire. Miraculeusement, bien que l’on fût le 11 novembre, les buissons sur les rives du fleuve se couvrirent de fleurs. Cette floraison de l’aubépine si inhabituelle à cette époque fit donner le nom d’Alba Via, « voie blanche », à cette portion de route qui longe la Loire sur sa rive droite. On en trouve encore la trace dans le nom d’un petit port, entre Chouzé-sur-Loire et La Chapelle-sur-Loire, nommé — après métathèse — Ablevois ( aujourd’hui Le Port-d’Ablevois ). L’ancien nom  La Chapelle-Blanche de La Chapelle-sur-Loire aurait la même origine.

On peut rapprocher cette légende de celle qui a donné son nom à Fleury-sur-Loire, aujourd’hui Saint-Benoit-sur-Loire (Loiret). Au temps des invasions normandes ( IXè s. ), la dépouille de saint Benoit fut mise à l’abri derrière les remparts d’Orléans. Quand la paix fut revenue, on la ramena solennellement dans une barque sans voile ni rame à l’abbaye qui porte aujourd’hui son nom. On était alors un 4 décembre, la Loire était gelée, mais cela n’empêcha pas la barque de remonter le fleuve, brisant la glace. À son arrivée au petit port de l’abbaye, où l’attendaient de nombreux évêques, abbés et moines, les buissons et les arbres alentour se mirent à fleurir.

Fleury fleurit, admirable spectacle dans le pays

Quand le Père [ Benoit ] fait son entrée [ … ]

De là vient son nom, car auparavant il s’appelait

Le Val d’Or, du fait de sa fertilité.

Raoul Tortaire ou Le Tourtier ( 1063 -1122), moine de Fleury, auteur de Miracula sancti Benedicti, (« Les Miracles de saint Benoit »).

Une légende similaire tente d’expliquer les noms de Val-Fleury et de Ver-sur-Mer. Elle raconte comment Saint Gerbold ou Gerbaut, futur évêque de Bayeux, se rend en  Scotie  où il devient sénéchal du roi. Vexée de voir ses avances repoussées, la reine l’accuse injustement de tentative de viol ( cf. la femme de Putiphar ). Il est alors jeté à la mer avec une grosse meule de moulin au cou. Par miracle, la meule se détache et, changée en liège,  flotte même sur les eaux. Après avoir traversé la Manche sur cette bouée inespérée, il aborde les côtes du Bessin. Alors qu’on était en plein hiver, les fleurs s’épanouirent et la verdure perça sous la neige. C’est ainsi qu’on explique le nom du Val-Fleury et de Ver ( autant par l’homophonie avec vert que par le latin vers, «  printemps » ).

D’autres noms de lieux ont été expliqués par des légendes semblables faisant appel à de prétendus miracles. J’y reviendrai sans doute.

Candes-sur-Loire: du gaulois condate, confluent.

Ablevois : d’origine obscure, peut-être en rapport avec le bas-latin avellana, noisetier.

Fleury : du nom d’homme latin Florus et suffixe –acum.

Ver : du gaulois vern-, aulne.

culdecoLa voici, la voilà :

À l’inverse des précédents toponymes que l’on explique par une miraculeuse floraison printanière en hiver, une localité française devrait son nom au phénomène inverse : une manifestation hivernale au printemps ! Quel est ce nom ?

Cette localité est aujourd’hui une commune déléguée. La plus grande commune avec laquelle, comme d’autres, elle s’est associée a fait une très courte apparition dans un de mes billets paru cet été où je signalais un micro-toponyme en rapport avec cette légende — mais sans la mentionner.

Des indices ?

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