De quelques Mount

Je vous propose aujourd’hui un billet à propos de montagnes baptisées en l’honneur d’un homme et dont le nom est parfois devenu celui de la ville située à leur pied. Les quelques exemples que je vous propose, étasuniens ou australiens, sont composés de l’anglais Mount suivi du nom de la personnalité. On remarquera que la typographie anglo-saxonne n’utilise pas les traits d’union dans ce type de toponymes

Mount Barker (Australie)

Deux villes australiennes portent ce nom, l’une en Australie-Méridionale et l’autre en Australie-Occidentale, toutes deux nommées d’après le même personnage.

Le mont Barker, en Australie-Méridionale, fut aperçu en 1830 par le capitaine britannique Charles Sturt qui l’identifia par erreur avec le Mount Lofty (« élevé ») aperçu et nommé en 1802 par Matthew Flinders lors de son tour du Monde. Le capitaine Collet Barker, qui commandait la première colonie britannique d’Australie-Occidentale à King George Sound de 1829 à 1831, rectifia cette erreur peu de temps avant sa mort. En son honneur, Charles Sturt baptisa la montagne de son nom, qui passa plus tard à la ville Mount Barker qui se développa à ses pieds.

La ville Mount Barker d’Australie-Occidentale a pris elle aussi le nom de la colline voisine, baptisée en 1829 par le chirurgien de la marine Thomas Braidwood Wilson en l’honneur du même capitaine britannique Collet Barker.

Mount Clemens (Michigan, USA)

Cette ville du Michigan doit son nom à Christian Clemens qui s’établit là en 1799 et y bâtit une distillerie avec son ami John Brooks. Cette industrie et ce commerce attirant du monde, l’endroit se développa suffisamment pour qu’en 1818 il soit baptisé Mount Clemens, avant d’obtenir son statut de village en 1851 et de ville en 1879. L’altitude de la ville ne dépassant pas les 184 m, on se demande si le nom de Mount n’est pas un peu exagéré…

Mount Gambier (Australie-Méridionale)

C’est le lieutenant de la Royal Navy britannique James Grant qui baptisa en 1800 le sommet qui domine la ville actuelle du nom de l’amiral James Gambier.

C’est à ce même amiral que James Wilson rendit hommage en nommant les îles Gambier qu’il fut le premier Européen à découvrir le 24 mai 1797,  tandis qu’il se rendait à Tahiti avec des missionnaires. (cf. ce billet et aussi Le Dictionnaire étymologique des îles françaises, de votre serviteur, paru aux éditions Désiris en 2023).

Mount Morgan (Queensland, Australie)

La ville fut fondée en 1882, après que les frères Frederick, Edwin et Thomas Morgan y eurent découvert de l’or, et baptisée en leur honneur. C’est de ses concessions minières d’or, d’argent et de cuivre obtenues dans cette ville que William Knox d’Arcy tira la fortune qui lui permit d’aller prospecter un autre or, noir celui-là, en Iran, où il fonda l’Anglo-Persian Oil Company, devenue la célèbre British Petroleum (BP).

Mount Pulasky (Illinois, USA)

Fondée en 1836, la ville est baptisée en l’honneur de Casimir Pulaski (1745-1779), héros de deux Révolutions, excusez du peu. Opposé au premier partage de la Pologne de 1772, il fonde la Confédération de Bar s’opposant à la Russie et au roi polonais Stanislas considéré comme trop faible. L’échec de cette opposition l’oblige à quitter son pays où il est condamné à mort et c’est sur les conseils de Lafayette qu’il se réfugie en Amérique, où il entre au service de l’armée de Washington, dont il créera le premier régiment de cavalerie, d’où son surnom de « père de la cavalerie américaine « . Il meurt en 1779 lors du siège de Savannah.

Mount Rainier (Maryland, USA)

Le mont Rainier (Mount Rainier en anglais), un volcan de l’état de Washington (USA) a été nommé le 8 mai 1792 par le capitaine George Vancouver en l’honneur de l’amiral britannique Peter Rainier (1741-1808). Le nom apparait sur la carte établie en 1804-06 par Lewis et Clark sous la forme Mt. Regniere avant que l’orthographe actuelle ne soit rétablie en 1890. Cependant, ce nom ne fait pas consensus, les habitants de la région l’appelant d’un de ses noms amérindiens, Tacoma, « montagne couverte de neige ou mère des eaux ». On sait qu’en 2015, le mont McKinley fut rebaptisé Denali, ce qui laisse de l’espoir aux tenants du retour au nom originel.

Il existe, dans le Maryland, une ville nommée également Mount Rainier. Développée dès 1830 à partir d’une station du réseau de tramways, ce sont les géomètres originaires du Nord-Ouest Pacifique, dont fait partie l’état de Washington, qui l’auraient baptisée.

devinette_forum_792_th1

La devinette

Quel était l’intérêt de ce billet, me demanderez-vous ? Eh bien, outre de se cultiver, un des buts pour lesquels il a été écrit était d’introduire la devinette du jour dont je dois l’idée à jsp, une de mes lectrices de longue date, qui m’a signalé par courrier le toponyme que vous allez devoir trouver et que je salue et remercie (mais qui sera privée de devinette cette semaine …).

Il vous faudra trouver, donc, un mount baptisé en l’honneur d’un homme qui avait contribué à financer l’exploration de la région. Ce mount étant situé dans une région assez hostile, il est peu probable qu’une ville s’y développe un jour.

Le nom du mount est en réalité le pseudonyme que cet homme inventa de toutes pièces pour se faire connaître du monde entier dans une activité dont il fut, sinon le fondateur, du moins le plus célèbre des pionniers, il y a plus d’un siècle. Ce pseudonyme devint si célèbre qu’une femme qui vainquit un jour notre homme dans cette activité jugea bon de s’en affubler en le féminisant.

Par antonomase, ce même nom est devenu, en français, celui d’un objet utile connu de tous, largement utilisé par notre homme.

Trois indices en chanson (mais attention ! à ne pas prendre au pied de la lettre …)

■ une chanson pour le vrai nom du personnage :

■ une chanson pour son pseudonyme et l’objet :

■ et une chanson pour la région :

 

Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

3 commentaires sur “De quelques Mount

  1. Bonjour m LeVeto voici ma liste : ———————————06 à castellar : le site de PENDIMOUN ( néolithique cardial méditérranéen ) —————–38  OPTEVOZ  :

    1 octava : 8ème borne-                         

    2 optava vallis : vallée désirée ??

                               3 Atavus autevoux :  « 4ème aieul « —

    – –38 pont-de-chéruy   l’île RUBAINS le hameau de CONSTANTIN : patronyme ?

    ——————- –54  BURIVILLE-

    -60  MORLINCOURT &

    80 MORLAINCOURT   wikipedia peu clair : apparemment n’auraient pas le même sens ? -67  ROUTZENHEIM-AUENHEIM

         runtz ,runz,runs :  » lit d’eau  » ?-

    ————————- 67  GRESSWILLER  < Grasswiller < gresswieler

    ——– -72 à luché-pringé   le moulin de MERVé  / Saint-mervé ———————————-

    -74 le grand-bornand : Bois de la PEZERETTAZ   < épicea  (PESETUM ) ?

    Merci , bonne semaine .

    J’aime

  2. echogradient73

    ■ 06 à castellar : le site de PENDIMOUN ( néolithique cardial méditérranéen )

    On peut penser à un « mont en pente » . Cf. l’occitan pendis, « lieu en pente, incliné » et moun, « mont ».

    ■ 38  OPTEVOZ  :

    1 octava : 8ème borne

    2 optava vallis : vallée désirée ??

    3 Atavus autevoux :  « 4ème aieul « –

    Atavo au XIIè siècle, Eltevi villa, Autevo et Optevo au XIIIè siècle, Autevoux au XVIIIè siècle. Il s’agit d’un nom issu de l’ablatif du latin atavus, « quatrième aïeul ».

    -■ –38 pont-de-chéruy  

    Pour « tout » savoir sur cette ville :

    Cliquer pour accéder à mldkv3lyzsilose.PDF

    ♦ l’île RUBAINS
    C’est l’ancienne île de Charui (de l’ancien nom de la rivière, Charuzius, de charus, « agréable, tranquille, cher » et rivus, « rivière », nom qui deviendra Cheruy) qui a pris au XIVè siècle le nom d’île de Rubains, du nom d’un bois de haute futaie aujourd’hui disparu. On trouve écrit également Rubin. On peut penser à un patronyme (italien rubino, « rubis » désignant un joaillier).

    ♦ le hameau de CONSTANTIN : patronyme ?
    Déjà le même nom chez Cassini (feuillet 118, Belley, 1762). Il s’agit en effet très certainement d’un nom de famille.

    ■54  BURIVILLE

    Burivilla en 1111, Burville en 1120 et Burinivilla en 1152 : nom composé de celui d’un ancien village nommé Bury (nom d’homme gaulois Burius et –acum pour Dauzat & Rostaing ou bien nom d’homme germanique Boro + iacum pour Nègre) suivi du latin villa, « domaine ».

    ■-60  MORLINCOURT & 80 MORLAINCOURT  
    wikipedia peu clair : apparemment n’auraient pas le même sens ?

    ♦ Morlincourt : Mahericurtem à lire *Malericurtem en 988 ; in Morleincurte vers 1030 ; Morilincurtis et Molericurtis en 1050 ; Morlencurtis en 1126 ; in Molencurte (1128) ; Morilincurt (1138) ; in Morlencurte (1179) ; Morlencort (1179) ; Mellerancurtis (1250) ; Mollaincourt (1270) ; Morlaincourt (1292) ; Morllaincort (1301) ; Morlaincort (1310) ; Morlaincourt (1470) ; Molancourt (vers 1510) ; Morlincourt (1575) ‒ du nom d’homme germanique Maurelenus et latin cortem, « domaine ».

    ♦ Morlaincourt : Morleni curtis en 1043 ; Morlensis-curtis (1106) ; Morlencurt (1187) ; Morlincourt (1304) ; Morlanicuria (1402) ; Morlaincuria (1711) ‒ du nom d’homme germanique Morlenus et le latin cortem, « domaine ».

    NB la rubrique toponymique wiki de Morlincourt donne comme seule source un ouvrage de la fin du XIXè siècle : Émile Coët, Notice historique et statistique sur les communes de l’arrondissement de Compiègne (Compiègne, A. Mennecier, 1883, 462 p.) qui invente un molendini curtis nulle part attesté. (lire en ligne [archive]), p. 261-262, sur Gallica. [Je prends toujours le temps de lire les notes de bas de page de wiki , de vérifier et re-vérifier!]
    Heureusement, d’autres ouvrages ont été écrits depuis (dont la Toponymie générale de la France, qui s’appuie sur les formes anciennes citées plus haut).

    ■-67  ROUTZENHEIM-AUENHEIM
    runtz ,runz,runs :  » lit d’eau  » ?-

    Le nom exact est Rountzenheim-Auenheim

    ♦ Rountzenheim :   écrit  Runtzenheim sur la carte de Cassini (feuillet 162, Strasbourg, 1770), où  Runtz semble être en effet un terme moyen haut-allemand, aussi écrit  Runz ou  Runs , traduisible par « lit d’eau ». Cependant la première attestation du nom, datée de 884, est Ruadmundesheim ; elle sera suivie par Runsheim en 1359. La première de ces attestations évoque un nom d’homme germanique formé de rad ou ragin, « conseiller » et mund , « protection » (cf. Raymond). Par simplification phonétique (chute du premier d notamment) et peut-être par attraction du terme runs, le nom a évolué vers Runsheim puis vers sa forme actuelle.

    ♦ Auenheim : Hauuinhaim en 775 puis Oweheim en 1359 et Awenheim en 1596, du nom d’homme germanique Avo et germanique heim.

    ■ 67  GRESSWILLER  < Grasswiller < gresswieler

    Nom d’homme germanique Gretes (Dauzat & Rostaing) ou Crisso (Nègre) et latin villare, « ferme »

    ■ -72 à luché-pringé   le moulin de MERVÉ / Saint-mervé ———————————-

    Le nom est (mal) écrit Menvé, Mervé ou Mermé sur la carte de Cassini (feuillet 65, Tours, 1766), ce qui ne nous avance guère. Mais on trouve le plus souvent écrit Mervé sur les cartes ultérieures.
    Comme pour la commune bretonne de Saint-M’Hervé (I.-et-V.), qui ne porte pas le nom d’ un saint breton mais probablement celui d’un (saint?) franc appelé Mérovée, il pourrait s’agir d’un patronyme dérivé du même nom d’homme franc Mérovée.

    ■ 74 le grand-bornand : Bois de la PEZERETTAZ   < épicea  (PESETUM ) ?

    On trouve également la forme francisée Bois de la Pézerette, où on reconnaît un diminutif en -ette de pesière, « champ de pois, terrain planté de pois », du latin pisum, « pois ».

    J’aime

  3. echogradient73

    Je prends une quinzaine de jours de vacances à partir de ce dimanche 02 juin. Je ne serai donc pas disponible avant le lundi 17 juin (et je serai surtout loin de ma bibliothèque !).

    J’aime

Laisser un commentaire