Les Mées

Ceux qui suivent l’actualité n’auront pas échappé aux catastrophes climatiques qui ont frappé le sud-est de la France ce dernier week-end. Outre les morts et les sinistrés qui-ont-tout-perdu, il s’est produit un éboulement de rocher spectaculaire dans le village des Mées ( Alpes-de-Haute-Provence ) qui a mis à mal une formation rocheuse exceptionnelle dite des Pénitents qui fait la fierté ( et la richesse touristique ) du village.

Le village des Mées surplombé par les Pénitents

Cette formation rocheuse, vue de près, a fait penser à une procession de religieux.

Il n’en fallait pas plus pour faire naître une légende à base de moines pétrifiés pour leur éviter le péché de concupiscence devant la beauté de quelques Sarrasines ( cf. Eugène Plauchud, 1897 ).

Géologiquement parlant, il s’agit en fait d’entailles creusées par l’érosion dans un substrat rocheux épais de plusieurs centaines de mètres et d’inégale cohésion ( les spécialistes appellent ce substrat sub-alpin le « poudingue de Valensole » ). Ces entailles s’interrompent brutalement sur un même plan vertical formant ainsi un ensemble de falaises ( dont la plus haute atteint 114 m ) d’un kilomètre de long.

La première attestation écrite du nom du village date du XIè siècle sous la forme Metas, qui sera suivie de las Medas en 1098 et las Mesas en 1202. Il s’agit de la francisation du pluriel de l’occitan meya, « meule de blé, de foin, de paille » attesté dans les parlers alpins et désignant d’abord l’alignement des rochers ( TGF* ). Une origine selon le latin meta, « borne », a été proposée ( TP* ) mais il pourrait sembler plus plausible de voir un alignement de meules plutôt que de bornes, même « si l’ancienneté du toponyme et la situation de la localité aux confins des diocèses médiévaux de Sisteron et de Riez à la limite nord-ouest du territoire de la cité des Reii Apollinares, pourraient militer en faveur du sens de bornes » ( source ).

Les Mées sarthoises, comme Mée en Mayenne et Le Mée en Eure-et-Loir et Seine-et-Marne, sont des paronymes : ces noms sont issus du latin mansus, « terme féodal désignant une exploitation rurale occupée par un seul tenancier » qui est aussi à l’origine des nombreux Mas du Midi.

Je suis passé aux Mées provençales il y a deux ans ( déjà ! ) — un petit restau spécialisé dans les produits de la mer ( à deux pas de la Durance ! ) y est tout à fait agréable, avis aux amateurs ! — toujours avec le même plaisir même si je n’ai plus le courage ni la force de randonner. J’ai une petite pensée pour TRS qui nous parlait de ce village il n’y a pas si longtemps, si je ne m’abuse.

*L’astérisque qui suit les abréviations en majuscules renvoie à la Bibliographie de ce blog, accessible par le lien dans la colonne de droite.

6 commentaires sur “Les Mées

  1. Sur le site de LSP, j’ai copié-collé un extrait de « La Fortune des Rougon », qui raconte un massacre situé par Zola, lors de l’insurrection varoise (et autres lieux circonvoisins, comme Les Mées) de 1851, près de Plassans, ville fictive, qui joue un rôle central dans les Rougon-Macquart.

    La ville de Plassans est inspirée d’Aix-en-Provence, mais le massacre l’est de celui, bien réel, qui eut lieu à Lorgues en 1851 :

    https://1851.fr/documents/lorgues_roux/

    Le poème indiqué siérait bien aussi à ce tragique épisode.

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  2. TRA
    j’avais bien lu votre intervention sur LSP. Elle m’avait d’ailleurs remis en mémoire un projet inabouti de m’attaquer aux toponymes fictifs des Rougon-Macquart …Un jour peut-être m’y mettrai-je sérieusement, mais il faudrait déjà commencer par en établir la liste et rien que ça …

    Par ailleurs, j’avais donné, toujours sur LSP, le lien que nous propose jsp à son tour et dont je n’ai pas encore fait le tour.

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