Voici, comme promis un supplément toponymique à mon petit feuilleton larzacien:
Paysans de l’Aveyron – 1913
Larzac : apparaît sous la forme latinisée Larzacum en 1301. Le suffixe -acum indique un nom gallo-romain. Certains ont cru voir dans le radical le mot larix, nom latin du mélèze. Le Larzac serait alors « la pays du mélèze » : c’était oublier que le causse dénudé et rocailleux se prête mal à la présence de tels arbres. L’explication la plus logique est que le premier élément correspond à un nom de personne Larcius ou Lartius, propriétaire du domaine.
La Cavalerie: on trouve écrit en 1198: La maison del Temple que hom appella de la Cavallaria. Il s’agit de l’ occitan cavalaria « commanderie des chevaliers du Temple » (comme pour un lieu-dit de la commune de Livré en Ille-et-Villaine, ou de la Bastide- des -Jourdans dans leVaucluse). Incidemment, les amateurs d’histoire des mots auront remarqué dans le texte de 1198 ce hom qui n’est plus tout à fait le homo latin mais qui n’est pas encore le on qu’il est devenu aujourd’hui.
Raja del Gorp aussi écrit Rajal del Guorp. De l’occitan raja, « cascade, source, fontaine» avec un sens de jaillissement et gorp, « corbeau».
La ferme de La Blaquière : ce nom est issu du pré-latin blaco, « chêne blanc », accompagné du suffixe latin -aria,« surface, aire ».
La ferme des Truels: issu du latin trulium, qui a donné l’occitan truèlh, «pressoir pour la vendange, fouloir, lieu où l’on foule, où l’on presse». Truel est le nom d’une commune de l’Aveyron que l’on trouve nommée trolium en 1383.
Aveyron: attesté sous ce nom dès 783: alveum Avarionis, « le lit de l’Aveyron ». Mais ce mot ne s’explique ni par le celtique ni par le latin. Il doit donc appartenir à une couche linguistique antérieure. Tout au plus peut-on supposer y trouver un premier élément Av-, de sens hydronymique ( cf. l’ancien nom de Bourges, Avaricum, sur les rives de l’Avara, aujourd’hui Yèvre). Cet élément Av- aurait été rallongé d’abord d’un suffixe -ar, puis d’un autre suffixe –on, tous deux fréquents dans les noms de cours d’eau.
Pour ne pas vexer mes amis bretons ( qui se comptent malgré tout sur les doigts d’une patte de mon rhinocéros préféré), je rappelle que Benodet signifie en breton « pointe, embouchure de l’Odet ». On donne au nom de ce fleuve côtier une origine pré-celtique : il s’agirait d’odonna, que l’on décompose en od-, « torrent » et -onna, « eau ».
Je lis là sur Wikipedia :-Faune et floredu Larzac [modifier]Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !-–
– Il y a du boulot à faire : Pas de mélèze, un chêne blanc qui survit…, Coucous et primevères, pas de rhino, un corbeau peut-être…, des habitants des cours d’eau aussi…
– Voyez, ami leveto, que je lis tout, et compare parfois.
-Moi, c’est la photo qui m’a intéressé : traces d’un passé récent. Peut-être que mes grand-parents s’habillaient comme ça… des paysans rugueux d’une montagne méditerranéenne.
Bien à vous.
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Ben oui, l’amer!
L’habitat naturel du mélèze se situe à plus de 1400m d’altitude, d’où sa présence endémique dans les Alpes et son absence sur le plateau du Larzac. Si on en trouve parfois ailleurs ( Limousin) c’est qu’il y a été planté pour être exploité, ce qui n’était bien sûr pas le cas au Larzac.
Le chêne blanc méditerranéen, ou chêne pubescent, le blaco pré-latin, adapté à la sècheresse, appartient à l’étage méditerranéen et ne se retrouve pas à plus de 1400m.
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Bonjour leveto
désolée de mon absence les fins d’année sont difficiles en terme d’emploi du temps.
Mais cela tire à sa fin.
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Bonjour, Rose ! Content de vous relire!
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L’amer, mes grands-parents non, mais mes arrières grands-parents limousins s’habillaient aussi comme ça, avec une biaude :
« Chaussés d’une paire de sabots neufs, ils vont, vêtus d’un pantalon de serge, d’une blouse, ou « biaude », bleue et coiffés d’un chapeau de feutre de laine à large bord, qui les protège de la pluie et du soleil. »
Et dans le Berry aussi d’après « Péridot ».
Quant aux mélezes, même dans les Alpes, ils ne s’installent pas n’importe où (côté de la montagne, altitude) si je me souviens (pas très bien) de la conférence-promenade faite avec un géologue au-dessus de Briançon. Et je ne les ai jamais vus que tout nus (parce qu’en hiver) et en proie aux tourments de la chenille tordeuse.
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Grrr, j’aurais dû surveiller mes « arrières »…
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merci leveto, moi aussi contente de vous relire ; c’est comme après un long voyage où on a bourlingué et où d’un coup on retrouve le bon vieux copain, bien sympathique et courtois alors qu’on a pris pas mal de coups de chien, de bôme arrachée et de voiles déchirées ; le port quoi, la fin des embruns. L’éloignement des récifs. Je crois que je vais me caler là un moment.
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Argot des Arts et Métiers :
Biaude : Blouse portée par les élèves Gadz’Arts dans les Écoles, traditionnellement de couleur grise.
ça existe encore!
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juste pour saluer : me revient un souvenir de Avon près de Fontainebleau, où j’ai vécu deux ans de ma toute jeunesse. Ce nom de Avon relève-t-il de la même racine Av présentée dans le billet (Tout au plus peut-on supposer y trouver un premier élément Av-, de sens hydronymique)? Dans le cas de Fontainebleau,il y a de l’eau!
http://fontainebleau.evous.fr/Circuit-audio-guide-a-Avon,1523.html
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►biiado:
Avon est effectivement un hydronyme. L’hypothèse la plus vraisemblable le fait dériver du celtique ab-, « eau, rivière », que l’on trouve dans le gaulois abonna , le gallois affon , le breton avon ou encore l’irlandais abann . Le suffixe celtique -onna , « eau ( au sens de divinité) » complète le mot . C’est de là que viennent les noms de rivières Avon et pas seulement en France ( cf. Stratford-upon-Avon) .
Dauzat a émis l’hypothèse que le -v- du radical Av- pourrait être primitif et donc pré-celtique, s’appuyant pour cela sur les anciens noms de Bourges ( Avaricum) ou de l’Aveyron ( Avario).
À noter que le rouergat aven , « gouffre », provient du même radical accompagné cette fois du suffixe ligure -incum , attesté par la première forme du mot avenc .
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avec une biaude[zerb, 23 juin] : et si on s’habillait (tous ?) comme ça, l’hiver prochain ??
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Bonjour , que veut dire le suffixe incum ?? merci !
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►Altair
le suffixe -incum est d’origine ligure, c’est-à-dire qu’il provient d’une langue parlée par les habitants des régions alpines du sud, de la Provence et d’une bonne partie du Languedoc, avant l’arrivée des Celtes. On ne sait pratiquement rien de cette langue, sauf par les traces qu’elle a laissées dans la toponymie justement.
On ne sait pas ce que signifiait précisément le suffixe -incum . Ce que vous pouvez lire çà et là sur des pages internet ne sont que des hypothèses.
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