Roumatjon à Lencouacq (Landes) : la répàladev

Bravo à LGF qui est resté le seul à m’avoir donné la solution à ma dernière devinette !

Il fallait trouver le lieu-dit Roumatjon de la commune de Lencouacq, du canton de Haute Lande d’Armagnac, chef-lieu Labrit, dans l’arrondissement de Mont-de-Marsan, dans les Landes.

Lencouacq, c’est ici :

local lencouacq

et Roumatjon, là, tout en haut  :

ROUMATJON Capture IGN

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La toponymie

Roumatjon : le nom de ce lieu-dit, déjà inscrit tel quel sur la carte de Cassini (feuillet 140, Roquefort, 1785) et Roumatgéon sur la carte d’état-major (1820-66), est un diminutif en –on de Roumatge, lui-même collectif en –at du nom occitan de la ronce, rome (cf. le billet). Il s’agissait donc d’une « petite ronceraie ». Un lieu-dit Roumatge est mentionné à Lencouacq dans le fichier FANTOIR mais n’existe pas sur la carte IGN, tandis qu’un lieu-dit Roumatige apparait juste au nord de Roumatgéon sur la carte d’état-major à la fin du XIXè siècle. (On trouve un autre Roumatge à Latrille, toujours dans les Landes).

ROUMATGEON CEM Capture

L’hypothèse d’un nom de famille n’est pas exclue : Roumat est en effet attesté comme patronyme et Roumatjon aurait pu désigner un « fils de Roumat ». À ma connaissance, ce toponyme est un hapax, mais on peut le rapprocher des Rouméjon vus dans le billet.

Enfin, dernière possibilité : supprimant parfois le f- initial des mots, le gascon peut prononcer roumatge pour froumatge, « fromage », mais l’application d’un tel nom à un lieu-dit me semble peu probable.

Lencouacq : cette commune avait fait l’objet d’une devinette il y a sept ans et j’expliquais alors qu’il s’agissait d’un « petit village landais, dont le nom vient du gascon lencoac, littéralement « qui a une grosse langue », sobriquet donné à un bavard ».  Le Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes (Simin Palay, 1961) mentionne le nom de famille Lencoàc comme dérivé de lencoàt, « bavard ». Cette étymologie est reprise par E. Nègre (TGF*).

L’étymologie donnée sur le site de la mairie, soit un ancien locus aquarum, « lieu des sources », est tout à fait fantaisiste — mais elle est sans doute perçue comme plus valorisante par son rédacteur.

Haute Lande d’Armagnac : ce nom fait bien entendu référence à la position du canton au nord de l’Armagnac. Cette région est attestée sous sa forme gasconne en 1040 : archidiaconatus … Armaiag. Il s’agit d’une formation du haut Moyen Âge, sur le nom d’une personne muni du suffixe gaulois latinisé –iacus. Cette personne portant un nom germanique, Hardmannus, a dû être nommée par un roi franc carolingien en charge du pays appelé comté. La graphie du nom du pays a varié : Armegnac en 1262, Armignac en 1304, Armaignac en 1410. La graphie Armagnac ne parait pas antérieure au XVè siècle.

Labrit : attesté Lebret en 1247, francisé en Albret, à l’origine du nom de la famille princière d’Albret, celle du futur Henri IV. Ernest Nègre (TGF*), un des rares toponymistes à émettre une hypothèse sur l’origine de ce nom, pense au nom de personne germanique Liudbret. Roger Brunet (TT*) suggère un lien avec le bas-latin breda, « buisson d’épines » (cf. l’occitan bredo, « buisson, épine, piquant d’aubépines, en Médoc » donné comme féminin et masculin par le Trésor du Félibrige), d’où est issu le nom de La Brède (Gir.).

Mont-de-Marsan : c’est en 1141 que le vicomte de Marsan, avec l’accord de l’abbé de Saint-Sever, fonde un château et une nouvelle ville, appelée castelnau puisque organisée autour du château, au confluent de la Douze et du Midou, les deux rivières qui forment ensemble la Mildouze. Cette ville nouvelle, qui deviendra la capitale du Marsan, sera appelée Montem de Marcham en 1258, associant le latin mons « mont, montagne » au nom du village gersois de Marsan d’où le vicomte était originaire. Ce village devait son nom au cognomen latin Marcianus.

*Les abréviations en gras suivies d’un astérisque renvoient à la bibliographie du blog, accessible par le lien en haut de la colonne de droite.

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Les indices

indice b 12 05 2024

■ Henri IV représenté en Mars : cette toile de Jacob Bunel devait orienter les recherches vers le Béarn, plus précisément vers la maison d’Albret (francisation de Labrit) et vers Mars, donc Mont-de-Marsan.

indice a 12 05 2024i ■ cette photo représente un berger et son chien Berger des Pyrénées à face rase, autrement dit un Labrit.

indice c 14 05 2024■ ces fromages de chèvre landais étaient là pour l’autre étymologie possible de Roumatjon : du gascon roumatge pour froumatge, « fromage ».

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