La Thune et le Valat de la Thune aux Plantiers (Gard) : les « répàladev ».

podium seul  LGF est resté le seul  à me donner la solution à ma dernière devinette. Félicitations !

Il fallait trouver le Valat de la Thune et le lieu-dit La Thune aux Plantiers, canton du Vigan, dans le Gard.

Les Plantiers, ici :

local-Plantiers

Le Valat de la Thune, là, à gauche :

Valat de la Thune IGN

La toponymie et

■ le Valat de la Thune : F. Mistral (TDF*) définit l’occitan valat comme  « ravin, lit d’un torrent, gorge, défilé ». Il s’agit bien ici d’un petit ravin creusé par un ruisseau intermittent qui va se jeter dans le ruisseau de Borgne. Thune est une variante orthographique de tune, vu dans le billet précédent, de l’occitan tuna, « trou, petite cavité, tanière, souterrain », mot d’origine ligure. L’homonyme La Thune est un affluent de la rive droite de l’Eygues, dans la Drôme, d’environ 4 km. Elle prend sa source au pied de la montagne d’Angèle, passe sous le col de Chaudebonne et se jette en aval de Villeperdrix.

la Thune : ne figurant pas sur la carte ci-dessus, le lieu-dit la Thune est toutefois mentionné dans le fichier FANTOIR :

30198

Les Plantiers

Le Vigan

Le Vigan

Gard

Occitanie

LA THUNE

■ le ruisseau de Borgne : ce ruisseau, affluent rive droite du Gardon de Saint-Jean doit son nom à une racine probablement celtique borna, dont le sens est passé de « trou » à celui de « rivière » en passant par celui de « trou de source ». Le nom de la Borgne entre dans le déterminant de Saint-André-de-Valborgne (Gard), S. Andreae de Vallebornes en 1275 (val de Borne : dans cet hydronyme, borna est tombé dans l’attraction de « borgne »).

Les Plantiers : ce nom est issu du pluriel de l’occitan plantièr, « jeune vigne, vigne nouvellement plantée » (TDF*), du latin plantaria, « jeune plant, rejeton, bouture », cf. également plantarius, « pépinière ».

Les Plantiers CPA

Le Vigan : à Nîmes a été trouvée une inscription, non datée, aux dieux Laribus Augustis sacrum et Minervae, Nemauso, Urniae, Avicanto, c’est-à-dire aux divinités aquatiques que sont Nemausus (à Nîmes), Urnia (l’Ourne, affluent du Gardon d’Anduze) et Avicantus. Ce dernier a été identifié avec Le Vigan : cette commune est située sur l’Arre et on y a découvert au XIXè siècle une nécropole datée de la fin du Bas-Empire. On pense que le nom antique Avicantus a été remplacé voire réinterprété par l’adjectif latin vicanus, « en rapport avec le vicus », fortement employé à l’époque, d’autant que les phonétismes sont très proches. Le théonyme Avicantus ne tire pas son origine d’un hydronyme mais d’un toponyme gaulois composé de ab, « eau » et de canto, « cercle en fer, bord, coin » (d’où le latin cantus, « bandage de jante » et canthus, « cercle »), allusion probable à la courbure de la rivière (l’Arre), à l’extérieur de laquelle le village a été bâti. La présence de l’article (ipsum Vicanus vers 1050, le Vigan en 1435, La Vigan en 1663) s’explique par la réinterprétation à la fin du haut Moyen Âge de Avicantus par ad Vicanum.(DNLF*);

*Les abréviations en gras suivies d’un astérisque renvoient à la bibliographie du blog, accessible par le lien en haut de la colonne de droite.

Les indices

indice b 20 11 2023 ■ Saint-Marcel : l’église Saint-Marcel-de-Fontfouillouse des Plantiers est dédiée à saint Marcel.

indice a 20 11 2023  ■ il fallait reconnaitre le chevalier d’Assas, né au Vigan, célèbre pour le cri « À moi, Auvergne ! Ce sont les ennemis ! » poussé par un autre et dont la statue orne une place du village.

Saint-Marcel-de-Fontfouillouse : je mentionnais déjà ce lieu-dit dans un billet consacré à Fontjoncouse :

Le suffixe -ósa, indiquant une abondance voire un envahissement, se retrouve, pour ne citer que des sources, dans (Saint-Marcel-de)-Fontfouillouse (aux Plantiers, Gard), évoquant un lieu particulièrement feuillu, boisé (…).

Ce nom fut celui de la commune jusqu’en 1874, date à laquelle on lui donna celui du lieu-dit le plus peuplé et prospère, Les Plantiers.

Hierle : je mentionnais ce pays, qui doit son nom à un hameau des Plantiers, dans un billet consacré au Sustantonès :

pays historique du haut Moyen Âge formé sur le diocèse primitif d’Alès puis réduit durant le bas Moyen Âge à l’archiprêtré du Vigan. Ce pays a d’abord été appelé archipresbyteratus Aridiensis, sur le nom que portait la ville d’Alès avant le XIIè siècle, puis a été appelé Hierle à partir du XIVè siècle, après démembrement de l’ancien diocèse d’Alès. Hierle est un nom issu du latin insula, « île » passé à yla puis irla . Ce nom est celui du hameau de La Hierle, sur la commune des Plantiers, attesté mansus de Arisdio vulgariter Yrle en 1371, situé à la limite des archiprêtrés d’Alès et d’Hierle. Le hameau n’étant ni sur ni près d’une île, il ne peut s’agir que d’une appellation métaphorique, comme pour beaucoup d’autres quartiers de villes occitanes.

La Hierle CPA

La Hierle, comme une île à l’écart du village.

Le Vigan : je mentionnais cette commune dans le même billet consacré au Sustantonès et, un an plus tôt déjà, dans un billet consacré au vicus.

Valat : c’est par métonymie que le latin vallum, « palissade, rempart », a fini par désigner le fossé (la fossa en latin classique) qui entourait le rempart et, par la suite, le fossé de drainage, c’est-à-dire le fossé au sens où l’on entend communément ce terme. Mais les dérivations sont allées plus loin : le dérivé occitan valat témoigne de l’extension du sens de « fossé » à celui de « ravin ».  En toponymie, valat répond en effet aux sens de « ravin, gorge, vallée encaissée ». Par métonymie du contenant au contenu, l’appellatif du ravin, de la vallée encaissée ou même simplement du fossé, a désigné le cours d’eau, le ruisseau et même, en raison des fondrières profondes creusées par les eaux sur les pentes montagneuses lors de gros orages, le terme a pris le sens de « torrent ». On compte, dans le Gard, plus de cinq cents noms en Valat dont plus de la moitié désignent un cours d’eau. Le prochain billet sera consacré aux valats.

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