Continuant mon chemin sur les voies de communications (1, 2, 3, et 4), après les sentes et sentiers, je m’intéresse aujourd’hui à d’autres termes désignant des petites voies qui ont laissé des toponymes : piste, trace, trappe et draille.
Comme les précédents, ces noms ont bien entendu surtout donné des odonymes dont il ne sera pas question ici, où je ne m’intéresserai qu’aux noms de lieux-dits, habités ou non.
Piste
L’indo-européen *peis, « moudre, fouler », a fourni, entre autres, le latin pistare d’où le français « piste », par l’idée d’écrasement des végétaux et du sol par les passages répétés.
Sur un total de plus de 400 toponymes composés avec « piste », vingt-cinq seulement concernent des lieux-dits . Parmi ces derniers les noms La ou Les Piste(s) sont les plus nombreux mais on relève tout de même des noms accompagnés d’un déterminant comme la Piste du Renard (Saint-Clément-Rancoudray, Manche), la Piste de Terrusse (occitan terrus, « tertre, monticule »), la Piste du Mas des Rus, la Piste des Vergières (occitan pour « vergers ») et la Piste du Vallon (Saint-Martin-de-Crau, B.-du-R.), la Piste du Quesnoy (Bermerain, Nord ; « chênaie ») et la Piste de Suzanne (Saint-Symphorien, Gir.). Notons pour finir le Mont Pisté apprécié des randonneurs à Mézidon-Vallée-d’Auge (Calv.) et le hameau Pistelèbe d’Onesse-et-Lahaie (Landes) où lèbe est le nom gascon du lièvre et où, selon certains, piste pourrait être une réfection puritaine du gascon piche, « pisse ».
(PS : euh… si vous me le permettez, j’oserais : en piste ! 1, 2, 3 et 4 — nom de Guy, déjà 13 ans !).
Trace
De la racine indo-européenne *der/dre, « marcher » (d’où le grec dromos, l’anglais tread, les néerlandais trek et trekking), la variante tragh est à l’origine du latin trahere, « tirer » qui a donné notre « trace », l’empreinte laissée par ce qu’on a traîné ou laissé traîner.
Ben, quoi ?
On relève à peine 50 toponymes composés avec « trace », dont la moitié concerne des lieux-dits sans guère d’originalité sauf à relever qu’on pourra marcher sur Les Traces (mais de qui ?) à Colombey-les-Deux-Églises (H.-M.), suivre la Trace au Loup à Mâron (Indre), la Trace de la Viale à la Panouse (Loz.) ou encore sentir les choses de la vie à Tracebouc à Auriol (B.-du-R.).
Ce nom a traversé l’océan jusqu’aux Antilles où il désigne un sentier sinuant dans les bois ou sur les reliefs, d’où des noms comme les Traces des Crêtes, des Étangs, des Monts Caraïbes en Guadeloupe ou la Trace des Jésuites en Martinique. Ah! Flûte ! J’avais dit : « pas d’odonymes ! ».
Trappe
À la même famille que le précédent se rattache la trappe, avec le sens de « sentier » en vieux français.
Si trappe au sens de « piège» est issu du francique trappa de même sens, il existe un autre étymon germanique, le verbe *trappôn, « faire des pas » (indo-européen *trep, « piétiner, trottiner », d’où *tropo, « chemin ») qui explique le sens de « sentier » de l’homonyme trappe. De là vient la difficulté à interpréter correctement les toponymes contenant ce mot.
Parmi près de 180 toponymes en Trappe, plus de 70 désignent des lieux-dits habités. Une grande partie de ces derniers ont dû désigner des chemins ou des sentiers plutôt que des pièges, comme le confirment des noms comme le Chemin de la Trappe ou le Col de la Trappe, qui sont des redondances quand le mot « trappe » a été mal compris. C’est ainsi que certains spécialistes (DNLF*, TT*) expliquent le nom de l‘abbaye de la Trappe de Soligny-la-Trappe qui « loin d’un asile ou piège pour reclus aurait été ouverture et cheminement » ou qui, plus prosaïquement, aurait été bâtie sur un ancien sentier, une trappe (monachi de Trapa en 1180). Le nom de la ville de Trappes (Yv.) pourrait avoir la même origine.
En revanche, des noms comme la Trappe au Loup (Oyré, Vienne), la Trappe aux Loups (Cour-sur-Loire, L.-et-C. ; Neuve-Maison, Aisne), la Trappe à Leux (Créquy, P.-de-C.), etc. peuvent faire douter : s’agissait-il de sentiers suivis par les loups ou de pièges destinés à les prendre ?
Cependant, Le Dictionnaire de la Chasse (Pierre-Louis Duchartre, éd. du Chêne, 1973 — ma collection de dicos est inépuisable !) donne pour « trappe » : « N.f. XIIè s.. D’abord lacet, puis a désigné des pièges à bascule ». Ces pièges étant, par définition, temporaires et mobiles, peut-on imaginer qu’ils aient laissé leur nom à des lieux précis ? (je sais bien que les chasseurs sont des gros cons, mais quand même !).
Pour ajouter à la confusion, notons également que le celtique treb, « maison » – à l’origine du latin tribus, « tribu », du gallois tref, « portion de la tribu », de l’irlandais treb, « maison », de l’ancien français tref, « tente, pavillon » et du breton trev, « paroisse » –, a donné le roman trap, « habitation modeste, baraque » qu’on retrouve dans quelques toponymes dans le nord de l’Aveyron et une forme féminine trapa de même sens que l’on retrouve dans quelques toponymes comme Trapes, nom de ferme à Canet-de-Salars (Av.) mais peut-être aussi dans les noms de Latrape (H.-Gar.), de La Trappe (Dord.), etc. C’est en tout cas l’hypothèse émise par J. Astor (DNFLMF*)
Draille ou draye
En pays de langue d’oc, notamment dans les Cévennes mais aussi en Dauphiné, Provence et haute Maurienne, la draille est un ancien chemin empruntant, sur une pente montagneuse, la voie la plus directe, la plus rapide servant par exemple pour la descente des bois coupés ou pour les troupeaux montant à l’estive. D’où le sens le plus courant aujourd’hui de « chemin pastoral de transhumance ». Le même nom peut désigner aussi un chenal de descente d’avalanche (dans le Valgaudemar) ou simplement l’allée centrale de l’étable : « Mais si on me prenait, c’était pour nettoyer la draille ou pour curer le ruisseau. » (J. Giono, Un de Baumugnes).
L’étymologie est discutée : soit de l’occitan dralha dérivé du latin directus, « droit, direct », soit de l’ancien occitan tralha (aujourd’hui traille, « câble de bac, chaîne de puits » servant à tirer), moderne tralh (trace, empreinte de pas), dérivé du latin trahere, « traîner, tirer » et donc apparenté à la « trace » vue plus haut.
Sur plus de 200 toponymes en draye, près de soixante concernent des lieux-dits comme La Draye ou Les Drayes (dix dans les Hautes-Alpes, huit rien qu’en Aveyron etc.) auxquels s’ajoutent quelques Bois ou Champ de la Draye, des Drayères et des diminutifs comme Drayet, Drayette ou encore Drayon, dont un col du Drayon à Praz-sur-Arly (H.-Savoie). Signalons aussi, pour le mystère qu’elle cache, la Draille de l’Homme du Loup à Maillane (B.-du-R.).
Plus rares, les toponymes en draille ne sont qu’une cinquantaine dont moins de vingt concernent des lieux-dits comme le bois des Petites Drailles et la Forêt domaniale de Thiébemont-les-Drailles à Bellefontaine (Vosges) et des Drayes (Ardèche, Gard, Hérault …). Plus rares sont les variantes comme la Draie (Chapareillan, Is.).
L’occitan tralha, « câble de bac, chaîne de puis », est à l’origine de quelques toponymes qui, lorsqu’ils sont situés près de cours d’eau, sont certainement liés au franchissement de celui-ci comme les chemins de La Traille à Roquemaure tandis que le sens de « trace directe, sentier suivi par le bétail » se retrouve, notamment en montagne, dans des noms comme celui de la Tête de la Traille, un petit sommet à Sallanches (H.-Sav.).
Sur le même latin directus, « droit, direct », qui a donné le latin vulgaire *directiare, s’est formé l’ancien français drecier, « diriger, ajuster », d’où les noms dresse ou drece, « sentier, raccourci ». Le toponyme dressière, avec la signification de « raccourci », existe dans la plupart des régions occitanes, notamment en Aquitaine comme La Dressière à Rabastens (Tarn) ou Les Dressières à Millau (Av.). Le même mot se retrouve dans le nom d’une parcelle à Chambolle-Musigny (C.-d’Or), Les Drazey, anciennement Aux Drassés, et au diminutif dans celui d’une parcelle à Meursault (C.-d’Or), Les Dressoles.
P.S. : j’en ai presque fini avec les voies de communications. Il me reste à étudier, dans un prochain billet (ou peut-être aurai-je besoin d’en écrire plusieurs ? Ce n’est jamais fini ces choses-là !), des noms régionaux (bretons, basques …) voire locaux. Vous n’avez pas fini de me lire !
*Les abréviations en gras suivies d’un astérisque renvoient à la bibliographie du blog, accessible par le lien en haut de la colonne de droite.
La devinette
Il vous faudra trouver le nom d’un lieu-dit de France métropolitaine lié à un des mots du jour. Ce nom est orthographié de deux façons différentes selon les sources (cf. le P.-S.).
Le nom de la commune qui l’abrite est un hagiotoponyme accompagné, depuis le siècle dernier, d’un déterminant traduisant le nom que les Romains avaient donné à l’endroit où elle se situe.
Le saint en question serait né dans une ville non loin de là, puis, après sa conversion à la foi catholique et un séjour à Rome, serait revenu prêcher dans la région. Il fut plus tard martyrisé dans sa ville natale. La légende raconte que ses restes, jetés à la rivière, s’échouèrent dans la commune qui nous intéresse où on éleva plus tard une abbaye. Selon une autre version, il aurait été enterré sur les lieux de son martyre où, là aussi, on éleva une abbaye. Ses reliques furent brûlées pendant les guerres de Religion sauf une partie d’entre elles qui avait été transportée jusqu’à une ville d’un pays voisin où elles sont encore, sauf une partie d’entre elles qui a été plus tard offerte à la commune qui nous intéresse, dans l’église de laquelle elles sont conservées. Une troisième version explique que ces dernières reliques seraient celles d’un saint homonyme martyrisé en Asie Mineure que les moines seraient allés chercher pour accroître le prestige de leur abbaye et attirer les pèlerins.
Cette commune abrite un type de bâtiment public qui serait le plus ancien de France, datant du XIIè siècle.
■ un indice, concernant une caractéristique moderne de la commune :
■ P.-S. : si le toponyme que je vous demande de trouver est bien présent dans le fichier officiel FANTOIR comme sur les cartes et le fichier IGN mais avec une orthographe différente, il en existe un autre parfaitement homonyme, situé dans une autre commune à 120 km de là, qui n’est pas répertorié dans le fichier FANTOIR mais qu’on trouve pourtant bel et bien sur les cartes et le fichier IGN. La commune en question porte un nom issu de celui d’un homme tout à fait en accord avec le thème du jour accompagné d’un suffixe courant qui a donné une terminaison particulière à la région.
Réponse attendue chez leveto@sfr.fr
Bonjour monsieur Leveto
51 VAUDESINCOURT
51 le MONT-SANS-NOM
le 14 juillet 2018 , je suis allé en famille à Vaudesincourt , pour un hommage du centenaire du
» COUP DE MAIN DU 14 JUILLET 1918″
mené par le grand-oncle de mon épouse le Lieutenant Darius BALESTIé ,
du 366e R.I
au MONT-SANS-NOM
Le 14 juillet 1918, Lieutenant au 366e R.I, il exécute avec un détachement de 170 hommes le
» Coup de main historique du Mont-Sans-Nom »
texte de Darius :
Grâce aux précisions qu’il procura , le Général GOURAUD , commandant la 4ème Armée , put faire
exécuter rapidement un vaste mouvement de repli, quelques heures seulement avant le déclenchement
de l’attaque allemande.
Trompée par cette manoeuvre de la dernière heure, l’offensiveallemande du 15 juillet 1918 qui devait
être décisive échoua lamentablement .Ce fut la dernière. »
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51 DONTRIEN , à côté
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74 à passy , le SANCELLEMOZ
Saint-Anselme ? , selon SUTTER ?
En mai 1934 , sa santé se détériore et Eve l’emmène au sanatorium de Sancellemoz,
près de Sallanches en Haute-Savoie.Le voyage est un calvaire.Dès son arrivée……
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38 SAINT-OBLAS , en fait SENTOLATUM
Huitième, octavum, a donné Oytier-et-Saint-Oblas (Isère, à huit milles à l’est de
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SAINTS faux saints :
54 SAINT-BOINGT = cembench ?
62 SAINT-DENEUX sendenodum ?
43 SAINT-DOULY Sandelis ?
24 SAINT-NEXANT : senectianum ?
86 SAINT-DREMOND Sidremum ?
43 SAINT-EBLE : Centebla ?
24 SAINT-SAUD = sensaut ?
63 SAINTE-LINGE = sendelanges ?
44 SAINT-NOM = cennonum ?
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DIABLE et
INFERNET
Avez-vous déjà étudié les toponymes basés sur ces noms ?
Merci , bonne journée
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► lecteur
■ 51 VAUDESINCOURT
Wandrisicurtis</i< (1135) ; Wandececurt (XIIe siècle) ; Wandrencort (1248) ; Vuandresicort (vers 1260) ; Wadesaincourt (1348) ; Vaudesaincourt (1574) ; Wadesaincour, Wadesincourt (1602) ; Vaudseincourt (1720) ; Vaudezincourt (1720) ; Wadsincourt (1777)
Du nom de personne germanique Wandregisilus et latin cortem. Il y a eu ensuite attraction de l’oïl vau, « vallée », et passage de *wandre(gi)sil à *vand(r)esil puis *vaudesin par substitution du n initial au l final
■ 51 le MONT-SANS-NOM
le 14 juillet 2018 , je suis allé en famille à Vaudesincourt , pour un hommage du centenaire du » COUP DE MAIN DU 14 JUILLET 1918″ mené par le grand-oncle de mon épouse le Lieutenant Darius BALESTIé , du 366e R.I ,au MONT-SANS-NOM.
Le 14 juillet 1918, Lieutenant au 366e R.I, il exécute avec un détachement de 170 hommes le » Coup de main historique du Mont-Sans-Nom ».
texte de Darius :
Grâce aux précisions qu’il procura , le Général GOURAUD , commandant la 4ème Armée , put faire exécuter rapidement un vaste mouvement de repli, quelques heures seulement avant le déclenchement de l’attaque allemande. Trompée par cette manœuvre de la dernière heure, l’offensive allemande du 15 juillet 1918 qui devait être décisive échoua lamentablement. Ce fut la dernière. »
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■ 51 DONTRIEN , à côté
Donnus Trajanus (1066) ; Dontereium (1103) ; Donnus Trojanus (1099-1118) ; Domnus Trojanus (1135) ; Donterianum (1200) ; Dontrien, Dontriem, Dontriacum (1221) ; Donterien (1237) ; Duntrien (1242) ; Dontrianum (1248) ; Dontreium (vers 1260) ; Donteranum (1267) ; Dontrian (1285) ; Dontherien (1328) ; Donterain (1343) ; Doictoyan (1556) ; Ontrian (1676) ; Domptrien, Domptrient (1715) ; Domtrien (1758)
C’est la forme de 1135 qui donne l’explication : du latin domnus, « saint » et Trojanus, Trojan de Saintes, évêque au Vè siècle.
On aura noté au fil du temps les tentatives de transcrire la prononciation locale comme Duntrien en 1242 aussitôt recorrigées par des latinisations hasardeuses une fois oublié le nom du saint (Donteranum en 1267). Plus tard, l’écriture avec dom initial montre qu’un vague souvenir de sainteté persistait mais Trojan ayant été définitivement perdu, on passa à Dontrien.
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■ 74 à passy , le SANCELLEMOZ
Saint-Anselme ? , selon SUTTER ?
En mai 1934 , sa santé se détériore et Eve l’emmène au sanatorium de Sancellemoz,
près de Sallanches en Haute-Savoie. Le voyage est un calvaire. Dès son arrivée……
Impossible de trouver des formes anciennes de ce toponyme qui pourraient attester ou infirmer l’étymologie selon saint Anselme.
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■ 38 SAINT-OBLAS , en fait SENTOLATUM
Huitième, octavum, a donné Oytier-et-Saint-Oblas (Isère, à huit milles à l’est de
♦ Oytier : attesté in Agro Hoctavensi en 994 puis Octier au XIIè siècle, Oytier est à peine à 2 km de Septème : il s’agit donc bien du huitième milliaire (ad octaven lapidem).
Je parlais déjà de cette commune dans ce billet
♦ Saint-Oblas : en ce qui concerne le « saint », le site de la mairie explique :
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■ SAINTS faux saints :
Un document à lire (notamment page 201)
https://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1929_num_15_67_2504
Nombreux sont les auteurs à avoir signalé ces « faux saints ». Malheureusement, aucun d’entre eux (à ma connaissance) n’explique le « vrai nom » qu’ils se sont pourtant évertués à chercher … Je me contenterai donc, quand j’ai une idée argumentée, de donner quelques hypothèses étymologiques personnelles pour certains d’entre eux.
♦ 54 SAINT-BOINGT = cembench ?
L’article wiki me semble bien écrit et assez complet
https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Boingt#Toponymie
♦ 62 SAINT-DENEUX sendenodum ?
Attestations anciennes : Sendenodum (1170) ; Sainct-Denoef (1338) ; Saindenœuf (1375) ; Saint-Neust (1430) ; Saint-Denoes (1431) ; Saint-de-Noeuf (1515) ; Saint-Noeuf (1520) ; Sainct-Denoeud (1670) ; Saint-de-Neuf (1674) ; Saint-Deneux (XVIIe siècle) ; Deneux-l’Inflexible (1793)
On peut imaginer dans le nom de 1170 un composé celtique senden-o-dum dont le dernier élément se retrouve dans le nom du dieu gaulois Dumiatis avec le sens de « colline, hauteur » d’où le nom du Puy-de-Dôme où ce dieu (assimilé à Mercure) était honoré. On a rapproché ce dum du mieux connu dun, « forteresse en hauteur ».
Le premier élément pourrait être dérivé du gaulois sento, « sentier », ou d’un nom d’homme formé sur cette racine, comme Sentinios rencontré dans le billet sur « sente et sentier » .
♦ 43 SAINT-DOULY Sandelis ?
Attestations anciennes : Mansus de Sandelis (1316) ; Sandeli (1325) ; Sandolis (1373) ; Saindoli (1416) ; Sandoli (1449)
Je n’ai trouvé aucune explication convaincante de ce nom.
♦ 24 SAINT-NEXANT : senectianum ?
Il s’agit de Saint-Nexans :
Anciens noms : S. Naxentius (1295) ; S. Nassentius (1385) ; S. Neyssen (XVe siècle) ; S. Nexens (XVIe siècle) ; S. Nayssans (1560) ; Saint-Naissant ; Saint-Nexans
« Le conservateur actuel du centre d’Onomastique des Archives de France à Paris nous apporte quelques précisions supplémentaires : Naxentius et Nassentius ne correspondent pas au nom d’un saint oublié mais sont des relatinisations opérées par des clercs, du nom de la paroisse, qui était « Saint-Jean-Baptiste naissant ». Il n’y avait donc pas au Moyen Age de culte d’un saint Naxentius ou Nassentius, »
https://neyssensas-neycensas.blogspot.com/2014/11/blog-post.html – juillet 2011
♦ 86 SAINT-DREMOND Sidremum ?
Butte de Saint-Dremond dans la commune de Moutiers (Vienne)
Anciennement Sidremum (1090) ; Saint Dremont (1493) ; Saindremont (1565)
Il semble que ce nom ait été l’objet d’une double confusion : la première syllabe a été comprise « saint » et la deuxième, « mont »…
La finale de ce nom semble être issue du gaulois mago , « marché, village » ou, mieux, du gaulois dunum, « enceinte fortifiée » : *sidrem-o-dunum traité comme *sidrem(o)dunum (sans voyelle de liaison) devenu sidrem-um après chute du d intervocalique. Cf Chaumont-le-Bois (C.-d’Or) qui était Casmuum en 1085 interprété comme un ancien *Casam-o-dunum avec le nom d’homme gaulois Casamo
Reste à interpréter le premier terme : il pourrait s’agir d’un nom de personne (mais lequel ? ) ou d’un dérivé de la racine pré-indo-européenne *set, « hauteur » (qui apparaît dans les noms de Sète, Séderon)
♦ 43 SAINT-EBLE : Centebla ?
Attestations anciennes : Santeble (1214) ; Centebla (XIIIe siècle) ; Parochia de Senteble (1310) ; Sainct-Eble (1340) ; Saint-Teble (1379) ; Saint-Euble (1398) ; Saint-Heble (1401) ; Locus Sancti Ebuli, dioc. S. Flori (1458) ; La chastellenie du chapitre de S. Flour en la paroisse de Saint-Ebble (1511) ; Coupet (1793)
L’hypothèse du nom d’homme germanique germanique Ebulo, latinisé en Ebalus , saint obscur, émise par Dauzat & Rostaing, semble difficilement défendable.
♦ 24 SAINT-SAUD = sensaut ?
Anciennement Sanctus Petrus de sen Saut ; Sensaut (1382) ; Eccl. sancti Petri de Sen-Saut ; Saint-Sault (1732)
On peut imaginer un composé en ancien français : « chemin (sen) en ou du défilé (sault) »
♦ 63 SAINTE-LINGE = sendelanges ?
Sendelanges (nom porté dans un pouillé du XVIè siècle) semble être formé avec le suffixe gaulois anica qui, dans la région, évolue en ange comme pour Doranges ou Ruchanges.
Ce suffixe d’appartenance anica accompagnait un nom de personne qui pourrait ici être le gaulois Exingidos, le même qui a donné son nom au hameau Issandolanges de Novacelles dans le même département. On serait passé d’Issandolanges à *Sandolanges puis Sendelangespar une simple aphérèse.
La confusion avec un nom de saint avait déjà été faite en 1384 où apparaît le nom Saint-Holangeas…
♦ 44 SAINT-NOM = cennonum ? Commune de Guérande
« Les terre et seigneurie de Senon, relevant de Lauvergnac, appartenaient dès 1444 à Yves Sorel »
https://gertrude.paysdelaloire.fr/dossier/manoir-de-saint-nom/5b7f2402-a86c-4021-bd0f-f2d48606f028#historique
On lit la forme Sainnon sur le cadastre de 1819
On peut comparer l’ancien nom Senon à celui de Senon (Meuse, Senon en 1127), de Senoncourt (Meuse, Cenoncourt en 1370) et à celui de Senonville (Meuse, Senonville en 1180), tous trois formés sur le nom de personne germanique Sino.
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DIABLE et
INFERNET
Avez-vous déjà étudié les toponymes basés sur ces noms ?
Les toponymes en Diable sont au moins 400 …
Je n’ai fait que des allusions au diable dans ce billet :
Et en signalant l’étymologie de Donzère :
Donzère la première attestation du nom de ce village date de 814 sous la forme monasterio Duserensi, avant de devenir Dusera en 817. Le suffixe -era est d’origine pré-gauloise et a survécu en gaulois. Le radical dus-, lui aussi gaulois, signifie « mal, mauvais » et a été employé pour parler du « diable ». https://vousvoyezletopo.home.blog/2010/01/30/le-diable-dans-les-details/
Quant à Infernet (en comptant vite, j’en trouve plus de 70 … et je neparle pas des Enfer, qui sont plus de 500), pourquoi pas un futur billet ? C’est à voir.
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Saint-Lieux dans le Tarn, l’un près de Lavaur, l’autre près de Lafenasse, pas d’erreur d’accord : il ne s’agit pas des lieux saints , mais de Saint-Léonce, évêque d’Autun, en occitan Sant-Lionç
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Bien vu, jsp !
On retrouve aussi saint Léonce dans les noms de Saint-Lions (Alpes-de-H.-P., Léonce de Fréjus) et de Saint-Léons (Av.)
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