Ubac etc.

Ayant longé l’Ubaye lors de ma dernière devinette, je me suis intéressé aux autres toponymes issus du même adjectif latin opacus, « obscur, sombre », désignant le versant d’une vallée exposé au Nord, donc peu ensoleillé, froid et humide, peu favorable aux habitations et aux cultures, que tous les enfants qui ont bien écouté leur professeur de géographie savent qu’on appelle l’ubac — opposé à l’adret, le « bon endroit», celui qui reçoit directement les rayons du soleil.

Si ubac a fourni de nombreux toponymes, notamment dans les Alpes et le Midi, on trouve ailleurs d’autres mots comme revers, envers, etc. pour désigner le même emplacement peu ensoleillé.

Ubac

La forme la plus courante est bien ubac comme pour L’Ubac, un lieu-dit sur le versant nord de la vallée du ruisseau de Combe Bonne à Saint-Martial (Gard), la serre de L’Ubac, sur le causse Noir à Lanuéjols (Ardèche), le Mas d’Ubac à Barjac (Gard), le Bois de L’Ubac à Alboussière (Ardèche) et une cinquantaine d’autres. On doit rajouter à cette première liste les noms formés avec l’agglutination de l’article comme Lubac à Saint-Jean-de-Muzols et à Toulaud (Ardèche), à Biert (Ariège), etc. et ceux formés après une mécoupure (l’ubac donnant lu bac compris lo bac) donnant des lieux-dits Le Bac éloignés de tout cours d’eau susceptibles de rendre compte de la présence d’un bac, comme le Puy du Bac à Albepierre-Bredons (Cant.), le col du Bac à Vieussan (Hér.), Le Bac à Revens (Gard), à Firmi, Aubin et Taussac (Av.). Dans le Lot, Bach porte un nom qui semble bien être issu d’ubac tout comme  Bach au sud-est d’Espalion (Av.), le Bach à Caudiès-de-Fenouillères (P.-O.), etc.

Notons que quelquefois l’implantation de fermes à l’adret avec maintien de leur rattachement toponymique au versant opposé, en l’occurrence l’ubac, a entrainé des migrations du toponyme d’un versant à l’autre. C’est ainsi qu’on trouve des Ubac exposés au sud, comme Ubac, versant de colline dominant le hameau de Castanet à Pourcharesses (Loz.) ou Ubac à Saint-Julien-Boutières (Ardèche). Si Costubague (avec ubagua, épithète formée sur ubac) est un versant (une còsta) exposé au nord, dans la commune de Mandagout (Gard), Costubague de la commune de Lauroux (Hér.) est exposé au sud.

Une orthographe Hubac, avec un h initial non étymologique, se rencontre avec L’Hubac en Ardèche et Hautes-Alpes, Les Hubacs, aussi écrit Les Hubas à Saint-Étienne-de-Lugdarès (Ardèche), Les Hubacs à Pourcieux (Var) ou encore Les Hubats à Cournonterral (Hér.), qui combine le h parasite et le t pour c par attraction des finales en –at. Saint-Paul-sur-Ubaye (A.-de-H.-P.), une vraie mine toponymique, nous offre, outre Maljasset, plusieurs Hubac (de Melezen, de Mirandol, de Pra Chouvene, de Riouburent, de Serenne, de l’Infernet, du Longet) ainsi qu’un Hubagas (avec suffixe -as augmentatif péjoratif : on ne doit pas y voir le soleil très souvent !). D’autres formes plus rares se rencontrent comme Luba à Grambois (Vauc.) ou Ibac à Saint-Martin-Vésubie, Saint-Jean-la-Rivière et Contes (A.-M.).

Le déterminant de Saint-Michel-de-Vax (Tarn) était mentionné l’Olm ad Avac en 1175 (avec olm pour « orme »), Vaxium en 1404 et Sanctus Michael de Vac au XVIè siècle, est issu de l’occitan ubac, d’abord au singulier (ad Avac serait une mauvaise graphie d’al ubac) puis au pluriel als (u)bacs, « aux terrains exposés au nord ».

La commune d’Aubazine (Corrèze), mentionnée terra abbatis Obasinae en 1287 puis Obasina au XIVè siècle, porte un nom issu du latin opacus suffixé au féminin –ina pour (terra)*opacina, « (terre) exposée au nord » ; l’initiale Au– est une mauvaise graphie de O-.

Upaix (H.-A.), d’abord pagus Epotius sur une inscription à Ventavon, du nom d’homme gaulois Epotius variante d’Epasius, est devenu Opaga en 739, Upsal en 1241 et Upaysio en 1262 après attraction du latin opacus, qui explique le U– initial.

Les oronymes sont bien représentés comme à la Serre de l’Ubac (à Lanuéjols, Gard), au Suc de l’Ubac à Saint-Pierre-du-Colombier (Ardèche), à la montagne de l’Hubac à Andon (1581 m, A.-M.) etc. Les hydronymes sont eux aussi très nombreux avec des ruisseaux, torrents, ravins etc. portant ce nom d’Ubac, auxquels il faut bien sûr rajouter l’Ubaye déjà mentionnée.

Du même domaine de sens, on trouve le nom de Soulom (H.-Pyr.), du gascon solom, « lieu abrité du soleil ».

Revers

Du latin reversus, « retourné », donnant l’ancien français revers de même sens, ce mot a désigné le côté opposé au principal, au meilleur côté. Dans les Alpes, et plus généralement dans le Midi, il s’agit de la pente, du versant de la vallée non exposé au soleil, donc de l’ubac.

On trouve ainsi, pour n’en citer que quelques uns Revers au Vigan (Lot), Le Revers à Beaufort (Sav.), Les Revers à Courpierre (P.-de-D.), etc. et un redondant Malrevers, nom d’une commune de Haute-Loire et d’un hameau à Saint-Front dans le même département.

Une variante méridionale revèst a été formée par croisement avec vest-, de vestit, « vêtement », d’où revers de vêtement. Elle apparait dans cinq noms de communes : Revest-des-Brousses, Revest-du-Bion [ Revesto de Albionis en 1272 avec mécoupure Albion pris pour au Bion ], Revest-Saint-Martin (A.-de-H.-P.), Revest-les-Roches (A.-M.)  et Revest-les-Eaux (Var). Plusieurs hameaux portent le même nom Revest comme à Gourdon (A.-M.), à Oraison (A.-de-H.-P.), etc. ou encore au diminutif Reveston-d’Utelle à Utelle (A.-M.) ou le Revestel à Cassis (B.-du-R.).

Notons, à Chasseradès en Lozère, le Valat de Reversat, où reversat représente un ancien dérivé de revèrs, désignant, avec le suffixe collectif –at, les terres orientées vers le nord.

Envers

L’occitan envèrs, evèrs, evès, « envers, opposé au bon endroit », a lui aussi désigné le côté nord de la vallée ou de la montagne.

On trouve ainsi, pour n’en citer que quelques uns, L’Envers à La Salle (H.-A.), à Entremont, Thônes, La Clusaz (H.-Sav.), Les Envers à Jarrie (Is.) et bien d’autres. Des variantes comme les Enveyres à Ceillac (H.-A.), la Côte Enverse à Argentine (Sav.), l’Enversin à Joux (Rhône) ou à Oz (Is.) sont plus rares.

Le nom de Malviès (Aude), attesté de Malvers en 1071, de Malverio en 1108 et de Malverzo en 1119, est issu de l’adjectif occitan mal, « mauvais », qualifiant l’occitan envèrs, evèrs.

Avec agglutination de l’article apparaissent des noms comme Lévès à Lacaze (Tarn), Lébès à Castres (id.), Lembeye à Lasseube (P.-A.) et d’autres.

De l’envers à l’hiver, la frontière est floue et certains toponymes en sont le reflet. Ainsi de Uvernet-Fours (A.-de-H.-P.), sur la rive droite du Bâchelard, au bas des pentes exposées au nord-ouest, qui doit son nom à l’occitan envers, evers, « partie d’une vallée exposée au nord », accompagné du diminutif –et,  qui a subi l’attraction de l’occitan local uvèrn, « hiver » (attesté dans le Trésor du Félibrige). D’autres toponymes sont encore plus difficiles à interpréter comme ces Évernas et Yvernaux que Xavier Gouvert, dans sa thèse soutenue à Paris IV en 2008, estime représenter des pâturages d’hiver, ne le sont pas forcément tous : l’Évernas de Jeansagnière (Loire), comme l’Éversin tout proche, sont des versants boisés en ubac qui ne ressemblent pas à des prés d’hiver, tout comme les Yverneaux de Saint-Jean-la-Vêtre (id.). On verrait mieux dans ces noms des envers ou évers ayant subi l’attraction d’hiver. De la même façon, Malivert à Saint-Julien-de-Beauchêne (H.-A.) est un mal-evèrs, « mauvais versant », qui a subi l’attraction de l’occitan ivèrn, « hiver ». Selon E. Nègre (TGF*), le nom de Livernon (Lot) serait issu de l’adjectif ivernós, « exposé au nord » (attesté dans le Dictionnaire Occitan-Français de Louis Alibert, 1965).

L’occitan avèrs n’est pas, comme en français, le contraire de « revers » : il désigne ce qui est opposé (latin adversus) à l’endroit, à l’adrech, c’est donc un synonyme d’ubac. On retrouve ce nom dans celui de quelques Avers à Bersac (Gers), à Sommant (S.-et-L.), du Bois de l’Avers à Saint-Laurent-les-Bains (Ardèche), des Avers à Savilly (C.-d’Or), du Mont d’Avers à Lalley (Is.) etc. Des variantes comme L’Avès à Chambonas (Ardèche) ou Lavès à Venteuges (H.-L.) sont plus rares. En pays de langue d’oïl, l’Averse Côte de Beaulieu, à Bar-le-Duc (Meuse), doit son nom à l’adjectif féminin averse, « exposé au nord ».

Les corses Inversu (à Loreto-di-Tallano), Ambarscia ( à Bocognano ) et Unverccia ( àCardo-Torgia) semblent être des variantes de ce même envèrs.

PS : et tout ça, sans côté obscur mentionner une seule fois j’ai.

Sérieux manque d’inspiration pour une devinette … et le temps me manque.

Peut-être pourrez-vous néanmoins vous amuser à chercher le nom de cette montagne de France métropolitaine ?

Son nom, en deux mots, évoque sa forme élancée et sa situation côté sombre, obscur.

Simple coïncidence, le nom de la commune sur le territoire de laquelle se trouve cette montagne évoque lui aussi une forme élancée, mais avec un mot différent.

Non loin de là se trouve un ensemble de grottes où la Vierge Marie serait apparue à deux reprises, à la fin d’une épidémie de peste, donnant lieu à un pèlerinage et à la construction d’une chapelle qui lui est dédiée.

Une famille d’artistes baroques a habité la commune, œuvrant à la décoration de nombreuses églises de la région, dont celle de la commune.

Réponse attendue chez leveto@sfr.fr

5 commentaires sur “Ubac etc.

  1. Bonjour M Leveto

    toujours des toponymes

    02 THIERNU
    tigerno – ialon ?
    CHEF ? SEIGNEUR

    THIERS Castrum TIGERNUM ?

    42 massif du Pilat

    CARAMONTRAN à 42 st-jean-bonnefond

    42 PLATEAU DE TOMBERIMAUX

    42 le COTATAY au CHAMBON-FEUGEROLLES
    vallée du cotatay , grotte de Lourdes du Cottatay

    42 gorges du VIZEZY ( hydronyme ves / vis ? )

    RIBALASSE

    CHASSENOUD Col de Chassenoud
    CUMINAILLE

    42 CALOIRE ( Caluire ? )
    la pierre BENEYTIERE
    en forme de bénitier ?

    42 à Chavanay

    le GRAND EMBUENT / le PETIT EMBUENT

    RICHAGNEUX

    La VALENCIZE

    42 LURIECQ

    dolmen de ROCHE-CUBERTELLE = pierre couverte ??

    ———————————————
    42 Luriecq hameau de SOMMERIECQ

    42 saint-martin-en-COAILLEUX

    LA CROIX de PARAQUEUE

    Col de la perdrix
    -la pierre de rix ? ? LA PIERRE DU ROI ?

    42 à la chapelle-villars

    le MONT MINISTRE

    42 CHAMPOLY

    42 à champoly cascade du CORBILLON

    42 à champoly le château des CORNES d’URFé ( famille d’urfé / L’Astrée)
    ————————————-
    73 Champagny-en-vanoise

    hameau de FRIBURGE ( burgonde ? )

    Chalet de LECHERON

    L’épéna

    le LAISONNAY
    ———————
    73 Beaufort
    le col de la LOUZE

    bonne semaine

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  2. lecteur

    6 pages ( plus de 220 mots!) pour cette réponse ! Je ne chôme pas, avec vous !
    Et, tenez-vous bien, 120 pages (plus de 45 000 mots) depuis le 12 janvier 2021… Ah ça ! Vous nous avez fait voyager et nous avons appris un tas de choses (et je peux me vanter d’avoir été un pionnier pour certains des toponymes que vous m’avez demandé d’étudier).
    En tout cas, tant que j’aurai le temps et les capacités pour le faire (le goût et la curiosité, ça ne me manque pas !) je continuerai.
    Allez, en avant !

    ■ 02 THIERNU
    tigerno – ialon ?
    CHEF ? SEIGNEUR

    Thiernu  : Ternut en 1177, Tiernut en 1189, Ternu en 1193, Tyernu en 1244, (…), Tiernuel en 1266 Saint-Martin-de-Thiernut en 1680 , Ternieu en 1699 et Tierneut chez Cassini.
    Il s’agit en effet probablement du gaulois tigerno, « seigneur », et o-ialo , « clairière ; champ ; lieu habité » puis simple suffixe. Ce suffixe o-ialo devient -uel, -ieu avant de passer à -yu, -u dans cette région (E. Nègre).

    THIERS Castrum TIGERNUM ?
    Thiers (P.-de-D.) est bien un ancien Tigernum , attesté au VIè siècle, du nom d’homme gaulois Tigernos.
    Thiers-sur-Thève (Oise) est un ancien latin tertium (lapidum ), la « troisième » (borne milliaire ») , avec un h parasite, si on s’appuie sur les formes anciennes suivantes :
    apud Tertiam terram (vers 1040) ; Tertia (1163) ; Tertium (1200) ; villam quoe appellatur Tiert (1222) ; Tierz (1243) ; Tercium (1280) ; Thiers (1283) ; apud Tertium (1343) ; Tertio (XVIe) et Thiers-sur-Thève (1948).
    _______________________________________________________________________________
    Pour les toponymes du département de la Loire, on peut s’appuyer sur le Dictionnaire topographique du Forez et des paroisses du Lyonnais et du Beaujolais formant le département de la Loire de Jean-Édouard Dufour publié en 1949 qui recense un très grand nombre de formes anciennes.

    ■ 42 massif du Pilat
    CARAMONTRAN à 42 st-jean-bonnefond

    Les Caramontrans étaient des feux-de joie autour desquels on chantait, dansait et buvait le jour de Mardi Gras, d’où leur nom issu de « carême entrant ». Le lieu ainsi nommé devait être celui où se tenait traditionnellement cette fête

    ■ 42 PLATEAU DE TOMBERIMAUX

    Étymologie populaire : « dans la commune d’Arcon, sur le plateau de Tomberimaux, la tradition place la sépulture de géants. Ils se seraient battus à  cet emplacement ».
    Généralement les toponymes en Tombe désignent un ancien tumulus mais y en avait-il un ici ?
    Rimaux est un nom de famille rare, issu du nom de personne d’origine germanique rimwald , composé de hrim, « repos », et waldan, « gouverner ».
    C’est tout ce que je peux dire à ce propos.

    ■ 42 le COTATAY au CHAMBON-FEUGEROLLES
    vallée du cotatay , grotte de Lourdes du Cottatay

    Le ruisseau est mentionné Rivus de Costa Hastier en 1388 puis Rivus de Coustater en 1454. Le village est d’abord mentionné dans un nom de personne Matheus de Costater en 1355 puis comme Locus de Costa Ater en 1446. Il s’agit donc du latin costa ater , « côte sombre », c’est-à-dire exposée au nord, à l’ubac ( il m’avait échappé celui-là!)

    ■ 42 gorges du VIZEZY ( hydronyme ves / vis ? )

    La rivière était Ad aquam Vizeziæ (1229) et Ad aquam Visesie (1229) ; le nom du village apparaît dans Rippariæ illorum de Viseysi (1509) .
    Il s’agit bien d’un hydronyme issu d’une racine pré-celtique *ves/vis accompagnée du suffixe celtique -edia , avec d passé à s sonore comme souvent dans le domaine occitan.

    RIBALASSE

    Pas trouvé dans la Loire.
    Un hameau homonyme ardéchois à Saint-Martial était Rippa Lassa (1179) et Ribelasse (1658) . Plutôt qu’une « berge fatiguée » qui n’a aucun sens, il faut voir dans ce nom l’ancien occitan ribal . correspondant à l’ancien français rival , « rivage, bord de rivière », suivi d’un suffixe augmentatif : on a donc là une « rive étendue, large »

    CHASSENOUD Col de Chassenoud

    Le col était mentionné Chasseno en 1288, nom formé sur le gallo-roman *cassano , « châtaignier ».

    CUMINAILLE  :

    à Chavanay, le hameau Cuminail est un ancien Cuminaille (1877) dans lequel on peut voir une variante de « communal, cominal, cuminal » qui évoquent le lieu de pâturage ou le bois appartenant à communauté rurale ou urbaine d’un lieu.

    ■ 42 CALOIRE ( Caluire ? ) Caluire

    Le nom correct est Çaloire attesté Deçaloire en Cornillon et Saint-Paul-de-Ça-Loire en 1776 ; à comprendre comme le village par deçà la Loire.
    Caluire, Caluere en 1350, est plutôt obscur : peut-être est-il équivalent au mâconnais caloire, « glissoire », formé sur le verbe calo , « glisser » : ce serait un terrain glissant.

    ■ la pierre BENEYTIERE
    en forme de bénitier ?

    Je n’ai pas trouvé de « pierre Beneytière » …
    J’ai trouvé un lieu-dit Benetière à La Tuilière. On trouve mentionné un Johannes de la Beneteri et un Tenementum de la Benetery en 1429, et Benetière chez Cassini.
    Beneterie est un nom formé sur Benêt, nom de personne. On trouve, avec le même suffixe -erie les variantes Benetrie, Benetterie, Benneterie et, avec -ière, Benestière, Bennetière.

    ■ 42 à Chavanay

    ♦ le GRAND EMBUENT / le PETIT EMBUENT

    Le Petit Embuent apparaît d’abord dans des noms de personnes : Bonetus Denbuens.… Bonetus Dembuens (1375) ; Clemens Denbuyens (1375) et Guillermus Dambuens (1375). On trouve ensuite mention des Aquæ del Gaux molendini et de les Bathens siti desubtus Embuens (1375) puis du Petit Ambuen (xviiie siècle)
    Le Grand Embuent est mentionné dans un nom de chemin : iter quo itur Denbuens versus Chavanay (1375) , puis dans celui d’un lieu : Territorium Denbuens le Viol (1375) ; Territorium Dembuens le Viel (1375) ; Locus Dambuens (1473) et enfin Grand Ambuen (xviiie siècle).
    La finale en -ens des premiers noms fait bien sûr penser au suffixe germanique ing. qui accompagne un nom de personne pour désigner son domaine. Il faudrait alors comprendre les premiers noms comme signifiant d’Enbuens ou d’Ambuens. Reste à trouver le nom de personne germanique en question …

    RICHAGNEUX

    Martinus de Rechagneu… Territorium de Rechaigneu (1375) ; Massus de Rechaigneu… Territorium de Rechagneu (1375) ; Martinus de Rochagneu… Versus Rochagnieu (1375) ; Territorium de Rochagnieu iuxta iter quo itur d’Embuens versus Chavaney (1375) ; Massus de Rochagnieu… Le mas de Richanieu (1375)
    Richagneux est une forme lyonnaise de rechagneux , nom issu du verbe rechagner « montrer les dents, avoir un visage courroucé », influencé par ricagner « rire a demi » , surnom d’un homme grognon ayant engendré un patronyme puis un toponyme.

    ♦ La VALENCIZE

    Plusieurs mentions en 1375 (le scribe n’a pas chômé cette année-là!) : Rivus de Valencissa ; Rivus de Valensisa ; Rivus de Valencisa avec une mention en marge : Le rieu de Valencize .
    On reconnaît dans ce nom le val accompagné de l’adjectif encise dérivé d’encisa , « coupure, entaille, incision ». Cet adjectif se retrouve surtout en montagne où il qualifie une tranchée pratiquée dans un col de montagne pour le passage d’une route. Cf. les cols de l’Ancize ou saint-André-de-Lancize

    ■ 42 LURIECQ

    Attestations anciennes : Ecclesia de Lidriaco alias Luyreu (xie siècle) ; Decima de Liureu (1214) ; Apud Liuriacum (1221) ; Ecclesia de Luireu (1225) ; Parrochia de Luriaco (1279)
    La première attestation, Lidriaco peut orienter vers un dérivé en -iaco du gaulois loutrio , « lieu humide ». Mais les formes Luriacum et Luriaco orientent vers un nom d’homme gaulois Lurius et suffixe -iaco. Y a-t-il eu changement de nom ou simple confusion ? Mystère.

    ■ dolmen de ROCHE-CUBERTELLE = pierre couverte ??

    Sans forme ancienne dans le DTL.
    « Cette énorme dalle de granit, reposant horizontalement sur trois autres dalles, de manière à constituer une allée couverte, a les apparences d’un dolmen. Cet assemblage était désigné dès le XVème siècle sous le nom de Roche Cubertella ». ( source)
    ———————————————
    42 Luriecq hameau de SOMMERIECQ

    Formes anciennes : Petrus de Somaire… Villa de Somaireu (1280) ; Apud Somairet (1334) ; Villa de Somayreu (1363) ; Villa de Somayrieu (1389) ; Saumayriec (1416) ; Johannes Ferriou de Saumayrieco (1416) ; Someyriacus (1446) ; Someyriec, … Someriec (1652) ; Saumeriec (1674) ; Someriecq (xviiie siècle) ; Sommeriecq (1926)

    La finale en iecq est issue du gaulois -iaco (comme pour Luriecq). Reste là aussi à trouver le nom gaulois à l’origine de somair-. Le nom d’homme gaulois Solimarus qui a donné son nom à Sommières (Vienne, Solmeria en 1096) et à Sormery (Yonne, Solmeré en 1143, avec suffixe iacum donnant ici é) pourrait convenir.

    ■ 42 saint-martin-en-COAILLEUX LR 38, 201

    Attesté (S. Martino ) Coilliaco au XIè siècle, ce nom reste difficile à interpréter. Le suffixe aco oriente vers un nom d’homme gaulois mais les *Culius ou *Cullius qui pourraient convenir ne sont pas attestés.

    LA CROIX de PARAQUEUE

    Voilà un nom bien mystérieux !
    Le toponyme était Croix-Paraquet au XIX è siècle.
    Ce site propose trois étymologies qui me semblent toutes sujettes à caution : le latin paries aquae , « falaise de l’eau », le latin parata cauda , « le terrain en forme de queue protégé » et enfin un dérivé formé sur le préfixe celtique para, « brillant ».
    Les étymologies latines proposées semblent bien être des astuces pseudo-savantes faites a posteriori qui ne tiennent pas compte de laforme en aquet et je n’ai trouvé dans aucun des ouvrages dont je dispose un celtique para donné pour « brillant ». Nous voilà bien avancés !
    Une chose est sûre : rien à voir avec l’opération Paraquet de la marine britannique en 1982.

    Col de la perdrix

    -la pierre de rix ? ? LA PIERRE DU ROI ?
    L’occitan pendís, « pentu, lieu en pente », s’est souvent télescopé avec perditz , « perdrix », d’où par exemple le nom Perdrix d’un hameau de Nîmes (et aussi les nombreux lieux-dits Perdigals , « perdreau », de même sens).

    ■ 42 à la chapelle-villars
    le MONT MINISTRE

    Aucune idée sur le pourquoi de ce nom (et si j’en crois l’internet, je ne suis pas le seul).

    ■ 42 CHAMPOLY

    Attesté Campo Polito au Xiè sècle. Plutôt qu’un « champ d’Hippolyte » souvent donné comme étymologie, il vaut sans doute mieux suivre A. Dauzat qui pense à un « champ poli », en remarquant que cet adjectif avait parfois, en Forez, le sens de « beau, joli » (FEW, 9, 128b).

    ♦ 42 à champoly cascade du CORBILLON
    La cascade de Corbillon se trouve dans les gorges de Corbillon qui doivent leur nom à un hameau (et non à un cours d’eau). L’origine selon corbillon , « petite corbeille », s’explique mal sauf par un surnom donné à un fabricant de corbeilles, devenu patronyme puis toponyme (une vingtaine dans le nord et nord-est, quelques uns dans le Centre, un dans la Creuse et, donc, un dans la Loire).

    ♦ 42 à champoly le château des CORNES d’URFé ( famille d’urfé / L’Astrée)
    Le surnom de « cornes d’Urfé » a été donné au XIXè siècle aux tours en ruine du château dont l’aspect, vu de loin, évoquait des … cornes.
    ————————————-
    ■ 73 Champagny-en-vanoise

    ♦ hameau de FRIBURGE ( burgonde ? )
    D´un anthroponyme féminin germanique Fredeburga , « protectrice dans/de la paix », de l’ancien haut allemand fridu , « paix », et burg , « lieu fortifié, protection ».

    ♦ Chalet de LECHERON
    Lieu où poussent des laîches (Carex sp. , plante des lieux humides), mauvaise terre, lieu humide. En patois léçhe, liçhe , du latin populaire lisca , « laîche », lui-même du germanique *liska , « laîche, herbe de marais » — ici avec le suffixe -on . Les laîches étaient fauchées pour servir de litière.

    L’épéna
    Du gaulois et latin spina , « épine », d’où « lieu où poussent des épineux ».

    ♦ le LAISONNAY

    On trouve les formes Le Joney et Le Zoney (cadastre de 1730) puis Leisonney (dans un Guide la Savoie en 1885).
    On peut imaginer que la forme primitive était *Les Sonney ou Les Soney , variantes du nom de famille Sonnet ou Sonet, hypochoristique de Husson, lui-même hypochoristique de Hue, variante de Hugues. Mais rien n’est sûr.

    ———————
    ■ 73 Beaufort

    le col de la LOUZE
    C’est une variante de lausa, lauza, lauze, lose, , pierre schisteuse fournissant des dalles dont on couvrait les toits. L’étymologie de lausa a déjà été vue à propos de La Lauzade.

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  3. « hameau de FRIBURGE ( burgonde ? )
    D´un anthroponyme féminin germanique Fredeburga , « protectrice dans/de la paix », de l’ancien haut allemand fridu , « paix », et burg , « lieu fortifié, protection ». »

    —————-
    Est-on bien sûr de cette étymologie ? Y a-t-il des formes attestées ?

    Ce nom ressemble pourtant aux nombreux Freiburg / Fribourg (= ville franche) sis en terre germanique.

    [Il est vrai qu’il faut beaucoup d’imagination pour faire de ce hameau une « ville ». ]

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  4. TRA

    À ma connaissance, il n’y a pas de forme ancienne répertoriée pour Friburge.
    Je m’appuie sur l’ouvrage du chanoine Gros (Dictionnaire étymologique des noms de lieux de la Savoie , 1935).
    Il faut remarquer que le e final du nom de Friburge est la marque du féminin qui ne peut pas être celui de burg : il s’agit donc bien, selon lui, d’un anthroponyme féminin. On se souvient que, dans la société germanique de cette époque-là, la femme était l’égale de l’homme et que, par exemple, l’épouse héritait des terres de son mari décédé et que, souvent, elle leur donnait son nom;
    Son hypothèse est reprise par d’autres toponymistes, comme ici .

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